Hanging on, to keep me hanging on
 

Dean & Clay / Déc 2015

 Première droite et c'est moi qui déchante, zéro à un, Dean mène la danse. La mâchoire secouée, j'accuse le coup sans broncher du fait que c'est une habitude, reviens direct le fusiller, pris un court instant par cette hargne qui ne m'anime que lorsque je suis touché. Prendre, recevoir, encaisser jusqu'à ressentir mes sens s'exacerber, c'est tout ce que je connais. Ce n'est que par un heureux hasard, il faut bien l'avouer, que son deuxième crochet se retrouve comme miraculeusement bloqué. Pourtant je n'ai pas bougé, mes pieds fermement ancrés sur leurs positions depuis le début des hostilités. Et bien qu'il s'agisse d'un ami, j'ai peu à peu du mal à me contenir et à me focaliser sur les règles établies. Mauvais perdant je l'avais dit. Et quand je sens le regard des féminines se braquer sur nous, sur moi, les choses s'enveniment. Le jeu me fait très vite rentrer dans un cercle vicieux, emporté par l'adrénaline que ses coups ont provoquée. Tête baissée, je fonce pour venir le brusquer et assène, collé à lui, un coup dans son flanc sans pour autant me protéger avant de reculer, pas mécontent d'avoir joué la tête brulée.

Je n'ai jamais ressentit le besoin de m'excuser jusque là pour mes assauts peu civilisés mais après quelques secondes à jumper, mes poings s'abaissent légèrement en retraçant du regard les traits de Dean. C'est mon ami, confident, allié, partenaire de soirées, celui qui a toujours été là pour me soutenir même ce dans les moments les plus difficiles. Il me revient certains passages de ma vie d'étudiant bourré, de ceux que je ne voudrais plus me rappeler:  la fois où Jessica Ohaner avait voulu, une fois m'ayant attaché à son pieu, me photographier avec une carotte dans le... alors que je pensais simplement l'intéresser. La fois où nous avions volé les dossiers des Cabots pour récupérer quelques renseignements les concernant et que le gardien s'était pointé la gueule enfarinée, lui était là à nous couvrir. Je ne saurais dire combien de fois ce gars m'a sauvé la peau... Alors j'opine de la tête machinalement aux souvenirs de tous ces moments avant d'en sourire bêtement, un peu plus calme à présent.

Et c'est sans doute un peu détendu que je marche tout autour de lui, décrivant un cercle parfait pour ne plus prendre au sérieux ce jeu qui je le sais, serait sans doute plus brutal que ce que nous avions dit. «  Et sinon Scotty? » Certaines enjambées se font plus amples de temps à autres lorsque je le pense vouloir tenter une approche et souffle déterminé, le rire aux lèvres: « Starfleet ne t'a toujours pas viré pour avoir des vues sur certaines de ses cadettes? »