Un mokaccino s’il vous plait, sans chantilly. demandais-je au serveur du starbuck, une fois que ce fut mon tour. J’avais encore quelques actes à relire pour mon cours de théâtre de demain et je comptais bien le faire avec une bonne boisson chaude vu le froid qu’il faisait dehors. Je remercie le serveur après avoir payé et parti du starbuck en direction du bâtiment principal, j’allais bien me trouver un petit endroit tranquille pour finir de lire ma pièce de théâtre. Je finis par trouver un recoin de fenêtre où je pus me hisser les pieds dans le vide. Je dépose ma boisson chaude à côté de moi et sort mon livre que j’ouvre à la page où je m’étais arrêté la dernière fois. Cela faisait quelques minutes que je lisais chaque dialogue tout en dégustant ma boisson chaude, cela me permettait de penser à autre chose et d’oublier tout simplement. Je relève la tête quand j’entendis un bruit venant d’à côté de moi. Je fronce les sourcils me penchant légèrement en avant tout en essayant de ne pas tomber. Il y a quelqu’un ? demandais-je en penchant la tête un peu plus. Ce n’était pas le moment de me ramasser au sol, je failli tomber mais je me rattrape de justesse mais mon moka finit sur le sol explosant et ainsi tâchant mon pantalon et mon livre soit dite en passant… Eh merde ! dis-je en soupirant. Je viens ressuyer la couverture sur mon pantalon car sale pour sale, cela ne change rien. Je relève la tête en soupirant et croise le regard d’une jolie brune que je ne connaissais pas…

Une pomme dans la main, je marchais un peu au hasard dans l'université afin de me trouver une place tranquille pour continuer mes lectures. J'ai énormément de retard dans mes cours et je n'arrive bien évidemment pas à le rattraper. Mon sevrage me prend toute ma concentration, je suis extrêmement fatiguée et je n'arrive plus à me plonger dans un livre comme j'aimais le faire auparavant. J'avais cette impression que je n'allais pas réussir à avoir mon année et cela me stressait au plus haut point. Comment faire ? Je ne pouvais pas aller en cure de désintoxication puisque cela me mettrait totalement sur la touche. Je devais réussir à arrêter la drogue toute seule, sans l'aide de quiconque et me mettre un coup de pied au cul pour rattraper mon retard. Je me disais simplement que la lecture allait me faire penser à autre chose et que peut-être, pendant quelques secondes, j'aurais la satisfaction de ne pas penser à ma source de bonheur : la drogue. Je me retrouvais alors à déambuler dans le bâtiment principal de l'université, assistant à une scène avec quelques frayeurs. Un jeune homme assit à la fenêtre, les pieds dans le vide, fait tomber son café et se retient de justesse à ne pas tomber à son tour. Je reste figée derrière lui avec les yeux écarquillés et je ne parviens pas à faire disparaître ma frayeur quand son regard croise le mien. « Tu ne devrais pas t'asseoir ici, c'est dangereux... » lui confiais-je doucement en m'approchant un peu. Je le connais puisqu'il avait été invité lui et son fils à l'anniversaire des enfants de ma sœur, Feldt.

J’étais mal à droit, ou alors j’étais juste trop absorbé ou curieux pour faire attention à ma personne. Je mettais brûler légèrement la cuisine et mis du café sur mon livre. Je le reçu sur mon pantalon alors que je soupirai, j’étais devenu parano en pensant que j’avais entendu quelqu’un. J’étais peut-être trop dans mon livre pour y penser. Je venais juste de reprendre mon livre pour lire quand j’entendis une voix venir de près de moi. Je penchais la tête avant de relever les yeux, je croisais le regard d’Alaska alors que j’étais perché encore sur la fenêtre au calme. J’arque un sourcil, me demandant si c’était bien elle que j’avais vu durant l’anniversaire des jumeaux de Feldt. Il n’y a que là qu’on peut être au calme… dis-je en haussant les épaules. A voir sa façon de me regarder, je me demandais bien si elle ne s’imaginait pas trop de chose dans sa tête. Je n’ai pas des tendances suicidaire si c’est ça que tu te demandes. dis-je en la regardant sérieusement. J’étais sérieuse, je ne comptais pas sauter, je voulais juste être au calme pour finir ma pièce de théâtre… Mais à croire que mon aura fait penser que j’ai des envies de suicide.

Je me retrouvais dans le bâtiment principal de l'université quand j'assistais à une scène qui aurait pu être dramatique. Surtout que je n'avais pas réussi à décoller mes pieds du sol, restant là à regarder le jeune homme perdre son équilibre avec un air choqué sur le visage. Heureusement, ce n'est que son café qui tombe et il se rattrape pour se remettre en place, essuyant son livre sur sa cuisse. Mon regard croise le mien et je n'arrive pas à enlever la surprise. Je ne sais pas pourquoi je réagis de cette manière... Peut-être parce que depuis que j'ai arrêté la drogue, mes émotions sont comme décuplées. Je m'approchais finalement, arrivant à me déraciner de là où je me trouvais pour dire au jeune homme de ne pas rester assis de cette manière. C'était beaucoup trop dangereux. « Il n’y a que là qu’on peut être au calme… » Je pinçais mes lèvres en le regardant. Être au calme ou rester en vie ? Je connaissais ce jeune homme, je l'avais déjà vu à l'anniversaire des enfants de ma sœur. Si mes souvenirs étaient bons, il avait lui aussi un petit garçon du même âge. Il me semblait qu'à ce stade, quand nous étions parents, nous faisons en sorte de ne plus se mettre en danger. « Je n’ai pas des tendances suicidaires si c’est ça que tu te demandes. » J'étais surprise de ses propos, voire mal à l'aise. « Non... Non... Ce n'est pas ce que je crois ! » m'exclamais-je alors rapidement en sentant la gêne me gagner. « Tu lis quoi ? » demandais-je ensuite comme pour changer de sujet.

Je n’étais pas suicidaire, j’étais reste dans une période assez difficile. Je me disais qu’il était temps pour moi d’avancer et de rencontrer du monde et pourtant quelque chose me bloquait. Je ne savais pas ce qui m’arrivait, c’est comme si le souvenir de Lily restait toujours en moi et m’empêchais d’avancer. J’en avais clairement marre mais j’étais obligé de vivre avec. Cela me rendait même maladroit, je n’étais pas non plus trop en hauteur mais assez pour me faire un peu mal tout de même. Mon café explosé sur le sol, je soupirai tout en ressuyant mon livre. J’avais croisé le regard d’une jeune Mather que j’avais déjà croisé une fois lors d’une soirée d’anniversaire. Je voyais à son regard qu’elle pensait que je voulais mettre fin à ma vie, si j’y avais déjà pensé il y a trois ans –ayant même déjà tenté, les petites marques sur mes poignets le prouvent bien. Je n’avais pas forcément l’envie de le faire maintenant. Tu le pensais, cela se voit dans ton regard. dis-je toujours mon regard plongé dans le sien. Je lui fais un léger sourire au coin qui sonnait juste comme forcé, mais j’avais perdu l’habitude de sourire comme si je ne savais plus le faire sauf en présence d’Alon. la pièce de théâtre « Hamlet », un grand classique… J’ai une représentation à faire en cours bientôt, il faut que j’apprenne mon texte. dis-je en haussant les épaules. Je baisse les yeux et remarquent les livres qu’elle tenait dans ses mains. Et toi ? Tu lis quoi ? demandais-je pour continuer dans le même sujet.

« Tu le pensais, cela se voit dans ton regard. » Quoi ? Non. Je le regardais et je sentais mes joues rougir. C'était si facile de lire en moi ? Ou alors, s'il pensait cela de moi, c'est qu'on lui avait déjà fait la remarque dans le passé et donc, cela veut dire qu'il aurait peut-être des envies suicidaires. Mais si je commence à penser de cette manière, il va croire que je suis complètement tordue. Je décide alors de m'approcher et de m’intéresser à sa lecture puisque c'est mon domaine à Harvard. « la pièce de théâtre « Hamlet », un grand classique… J’ai une représentation à faire en cours bientôt, il faut que j’apprenne mon texte. » Oh c'est vachement cool ça ! Puis, j'aimais beaucoup Shakespeare, d'ailleurs...« Et toi ? Tu lis quoi ? » Je souriais en levant l'un de mes livres marqués par mes lectures intensives. « Macbeth ! » affirmais-je avec un sourire. Littérature anglaise quoi. Je m'approchais alors un peu plus, arrivant cette fois à ses côtés. « Tu as besoin d'aide pour ta lecture ? » Je supposais que c'était du par cœur hein. Alors peut-être que je pouvais le faire réciter. En tout cas, c'était cool de faire du théâtre. Je crois que cela m'aurait plus si j'avais plus de temps.

Je sais reconnaître le regard des autres, j’arrive à comprendre ce qu’il pense. J’ai tellement observé depuis trois ans qu’il est difficile pour moi de passer outre certaine chose. J’eus un léger sourire au coin des lèvres quand je vis le rouge monter aux joues de la jolie brune. Cela lui allait plutôt bien ce genre de couleur aux joues, enfin… Je lui explique que j’étais en train de lire « Hamlet » était forcément en théâtre il me fallait connaître mes répliques par cœur. Bon choix de lecture ! dis-je en approuvant de la tête. J’aimais ce genre de livre, il faut dire que j’en ai tellement lu durant ces trois ans que forcément, j’ai des préférences par moment. Je pose mon regard sur les lignes que j’étais en train de lire quand elle me demande si j’ai besoin d’aide. Il est vrai que réciter mes lignes seraient un moyen d’apprendre plus vite, surtout si on joue le jeu des deux côtés. Je n’ai pas envie de te déranger… Tu as l’air d’avoir beaucoup de chose à faire. dis-je en montrant tous les livres qu’elle tenait en main. Encore une fois, j’avais du mal à accepter l’aide des autres, il faudrait que je m’ouvre un peu plus mais c’est plus dur qu’on le pense.

Je n'ai pas imaginé qu'il pourrait se suicider. Non, j'en étais pas arrivée là. J'ai juste cru que j'allais assister à la mort de quelqu'un. Ce quelqu'un, je le « connais » parce qu'il avait été à l’anniversaire de mon neveu et de ma nièce. Quand je le vois commencer à chuter et peut-être se défenestrer, je revois l'image de ce petit garçon avec des boucles blondes et cuivrées. S'il n'était plus là. Si Willow n'était plus là. Il y aurait un petit orphelin de plus. Je pinçais mes lèvres tristement en m'avançant vers le jeune homme. Je rougis parce que je ne voudrais pas qu'il pense de mauvaises choses. Vous avez vu ma tête en ce moment ? J'ai l'air de quoi ? Je ne peux pas porter de jugement, surtout pas dans mon état actuel. « Bon choix de lecture ! » s'exclame-t-il après que le lui ai montré la couverture de mon livre de poche. Macbeth est une valeur sûre. Tout comme Hamlet. « Je te retourne le compliment ! » affirmais-je avec un sourire. Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas eu une personne « littéraire » avec qui parler et franchement, ça faisait du bien. Cela changeait du traditionnel : Ça doit être chiant de toujours lire des livres. Je lui proposais alors mon aide. Elle était sincère et cela allait me changer les idées, faut pas croire que je demandais seulement par politesse. « Je n’ai pas envie de te déranger… Tu as l’air d’avoir beaucoup de choses à faire. » Je pouffe de rire en le regardant. « J'ai l'air d'une fille occupée ? » lui demandais-je avec un sourire en montant sur le rebord de fenêtre pour m'asseoir.

Il était rare de rencontrer des fans de lecture ancienne, de nos jours on est plus dans le trip de « 50 nuances de grey » et tout ce qui se tourne autour du sadomasochisme et de l’homosexualité. Ce sont certes des points d’actualité mais il ne faut pas oublier notre bonne vieille littérature, passion que je pense partager avec la sœur de Feldt. Tu étudies la littérature anglaise n’est ce pas ? Et c’est tout ? demandais-je tout de même un peu intéressé par cette jolie brune. Elle voulut m’aider à réviser mes vers et si je voulais accepter, je ne voulais pas non plus être un boulet. Je penchais la tête en la regardant ne sachant pas quoi lui dire à sa question. Eh bien, tout le monde est occupé de nos jours. dis-je en haussant les épaules. C’était un moyen pour moi de prendre une pause, j’apprenais mieux seul le soir quand Alon est en train de dormir. Je peux te poser une question ? demandais-je en tournant la tête vers elle alors qu’elle s’était installée à côté de moi. Est-ce que tu penses qu’il est facile d’être heureux dans sa vie ? demandais-je en hésitant quelque peu à lui poser finalement… Elle n’allait sûrement pas comprendre, j’essayais au plus haut point de changer mais comment peut-on changer sans aucun but précis dans sa vie ?

« Tu étudies la littérature anglaise n’est ce pas ? Et c’est tout ? » Je hoche vivement ma tête de haut en bas. Je crois qu'il a percé mon secret. Je suis une littéraire, une vraie. En effet, j'étudie la littérature anglaise, un moyen de me rapprocher de mon pays natale qui me manque régulièrement. « C'est ça ! Oh non ! J'étudie aussi l'histoire de l'art en mineur ! » affirmais-je ensuite avec un sourire sur les lèvres. J'aimais mes études et malgré l'image fêtarde que je pouvais renvoyer aux gens, j'étais extrêmement impliquée. Je m’asseyais finalement sur le rebord de la fenêtre, me disant que j'allais certainement passer un bon moment en compagnie du jeune homme et que pourquoi pas, je pourrais l'aider à réviser un peu. « Eh bien, tout le monde est occupé de nos jours. » Il n'a pas tort. Malgré mon état du moment, j'avais beaucoup de choses à faire, tellement que je peinais à suivre la cadence et que du coup, je ne faisais pas grand chose. Un cercle vicieux. « Je peux te poser une question ? » Hum, je tournais la tête vers le jeune homme sans grande réaction, attendant simplement la suite. « Est-ce que tu penses qu’il est facile d’être heureux dans sa vie ? » Oh, je ne m'attendais pas à ça. Je suis surprise et je finis par réfléchir à la question. « Je crois que ça dépend de chacun et de la volonté que l'on y met... » m'exclamais-je dans un haussement d'épaules.