Oui, les choses étaient claires. Je pouvais être vicieuse, glaciale, et incroyablement méchante à l'occasion, mais je n'étais ni fausse ni lâche, jamais. La guerre était déclarée avec Wade, mais au moins tout était dit et les termes, établis. Ouais, enfin ta bonne volonté, c'est surtout pour pas te retrouver à poil les jambes écartées sur le net. N'essaie pas de tourner la situation comme ça t'arrange va. Mes traits se tendirent légèrement, un petit rictus mauvais apparut sur mon visage. Je haïssais son air peinard, et la désinvolture avec laquelle il parlait d'un fait aussi grave. A vrai dire, je le haïssais tout court. Chaque parcelle de son être, chacune de ses manières, de ses paroles, et tout ce qu'il représentait. J'aurais voulu qu'il ne vive jamais, mais puisque c'était le cas, j'allais m'assurer que chaque moment de son existence soit le plus misérable possible. Je n'avais aucune idée de la façon dont j'allais m'y prendre pour lui pourrir la vie maintenant qu'il avait quelque chose d'aussi gros contre moi, mais je me faisais confiance ; je trouverais un moyen.
Mes conditions avaient été données, Wade réfléchit et répondit enfin. C'est d'accord. Mes lèvres s'étirèrent en un sourire satisfait. Et bah, moi qui commençait à le trouver plus fort et buté que je ne l'avais pensé jusque là, je le trouvais à présent bien faible. Ce que je lui avais proposé était moindre comparé à ses conditions de base, et il avait pourtant accepté. Quel con. Mais je veux l'argent demain. C'est pas négociable. Si ça peut te donner l'illusion que t'as gagné les négociations, pourquoi pas. J'aurais tellement aimé le lui dire, mais il ne fallait pas tenter le diable. Considérant la situation dans laquelle j'étais il y a dix minutes encore, je trouvais que je ne m'en sortais pas si mal. Ça me faisait incroyablement chier de devoir céder au chantage de Wade, de lui donner cet argent qui n'avait à mon sens jamais été le sien mais .. objectivement, c'était un bon compromis pour moi. D'accord. répondis-je, ne pouvant cacher un petit sourire satisfait. J'aurais pu lui serrer la main pour celer notre accord, mais Dieu sait où il avait traîné avant. Vu son air misérable et son hygiène douteuse, j'allais pas risquer de choper le tétanos, merci bien. Bon, et bien tout est dit. Un petit sourire froid et sans âme, un dernier regard mauvais et plein de jugement, et je tournais les talons sans un au revoir pour retourner à la Eliot House. Le lendemain, l'argent était viré sur son compte. A la dernière minute, naturellement.