Assis sur un banc dans le parc le plus connu de Boston, je fumais tranquillement ma cigarette en savourant à l'avance le moment qui allait arriver. Non, l'envie d'aller me balader à Boston en fin de journée ne m'avait pas prise comme ça sur un coup de tête. Si j'étais là, c'était pour retrouver ma demi-soeur, Victoria. Et lui foutre la misère. Presque deux putains de mois que j'étais dans la merde à cause d'elle, à compter le moindre centime et à me demander si j'avais de quoi me payer à bouffer pour la journée. J'me déplaçais à pied comme un clochard, dormait chez des potes à droite à gauche puisque je n'avais pas d'appart... et je taxais de la drogue un peu partout pour éviter de refaire une crise de manque. Mais le pire, c'était ce poids quotidien de me dire que je pouvais me faire expulser du jour au lendemain de l'université pour non règlement des frais de scolarité. Et si ça devait arriver... Tout ce pourquoi je m'étais battu jusqu'ici serait réduit à néant. Mais cette fois, je tenais ma vengeance, je le savais. Et l'idée de voir son visage déconfit en voyant ce que j'avais contre elle me réjouissait. Elle avait voulu jouer ? Et bien elle avait perdu. Avec la caméra que j'avais planqué dans sa chambre il y a plusieurs semaines maintenant, j'avais réussi à obtenir ce que je voulais: des images d'elle en train de s'envoyer en l'air, afin de la menacer de balancer tout ça sur le net et de transformer le tout en sextape. Honnêtement, j'avais aucune pitié. Même le fait de voir des images de ma demi-soeur occupée à prendre son pieds ne m'avait pas choqué dans l'histoire tellement j'étais déterminé à arriver à mes fins. Le seul hic dans l'histoire, c'était que le type avec qui elle avait couché n'était autre que... le petit frère de Briony. Et si il n'y avait pas cette ombre au tableau, je serais certainement déjà en train de faire la danse de la joie sur ce banc. J'avais pas le droit à l'erreur, il fallait que Victoria morde à l’hameçon. Car il était hors de question pour moi de rater l'occasion de récupérer mon fric... mais également de publier une sextape de mon potentiel beau-frère sur internet. Ouais, j'étais dans une position délicate. Mais si je jouais bien mon jeu, je savais que je pouvais gagner. Je prenais mon téléphone en main pour regarder l'heure, et eus un léger rictus en voyant qu'elle était en retard. Evidemment. Fallait qu'elle me fasse chier jusqu'au bout la garce. Je prenais une nouvelle taffe en silence, observant tranquillement le paysage quand enfin, elle pointa le bout de son nez prétentieux. J'espère que ce sera rapide, j'ai pas que ça à faire. Ah ah, toujours aussi aimable. Bonsoir dis-je avec un grand sourire hypocrite. Moi aussi je suis content de te voir, tu vas bien ? T'as une sale tronche je trouve dis-je toujours sur le même ton pour la faire mousser. Elle était anxieuse, ça se voyait. Suffisait de voir son petit air pincé derrière son sourire de façade. Et elle avait de bonnes raisons de s'inquiéter entre nous.

Au fond de moi, je jubilais. Rien que de voir son air pincé et de savoir que j'avais de quoi la faire plonger en enfer, ça faisait ma journée. Je détestais tellement cette fille. Tout chez elle me répugnais. Sa richesse écrite sur sa tronche, cette façon qu'elle avait de prendre les gens de haut... A chaque fois que je la voyais, je me demandais comment c'était possible qu'on ait des liens de sang elle et moi tellement nous n'étions pas fait pour nous entendre. Et d'ailleurs, je reniais ces liens à chaque occasion qui se présentait tellement ça me répugnait. Mais même si je ne pouvais pas la voir en peinture ce soir, j'étais content de la voir, car je savais que ce que j'allais lui montrer allait la calmer et ce, pour un bon moment. C'est dingue que tu sois encore là, deux mois sans thunes et sans drogue, j'suis surprise que tu sois encore en vie. J'eus un petit sourire cynique, tirant une nouvelle fois sur ma clope sans la lâcher des yeux. C'tait marrant qu'elle essaie de me faire chier comme ça. Mais je pense qu'à cet instant, il allait en falloir beaucoup pour me faire sortir de mes gonds. Non cette fois, c'était à elle d'avoir peur et de voir sa vie être menacée de s'écrouler. Comme quoi yen a des plus coriaces que d'autres dis-je en haussant les sourcils. J'en avais chié ça, c'était clair. Le pire, ça avait été le manque. Et rien que l'idée que d'ici quelques jours je pourrais me prendre une putain de défonce parvenait déjà à me faire planer d'avance ah ah. Mais je ne pouvais nier que j'en pouvais plus. J'étais en train de littéralement péter un câble en ce moment, et cette vidéo tombait pile au bon moment. J'veux pas être désagréable, mais j'suis pressée. On sait tous les deux pourquoi t'as voulu me voir, alors autant passer directement aux choses sérieuses dit-elle alors sur un ton plus dur qui me fit largement sourire. Ben alors, elle déposait déjà les armes ? C'était trop pour elle une petite menace comme ça ? Ça me faisait marrer. Mais le fait était que nous n'avions vraiment pas le même caractère elle et moi, et s'amuser à la faire mousser pendant des heures comme elle l'avait fait avec moi, c'était pas mon délire. Très bien dis-je sans quitter mon sourire. Je calais tranquillement ma cigarette entre mes lèvres pour sortir mon téléphone, cherchant la vidéo que j'avais enregistré dedans avant d'appuyer sur play et de tourner l'écran vers elle. Mon sourire s'élargissait au fur et à mesure que la vidéo avançait, ayant presque envie d'éclater de rire.

Son sourire disparut bien vite de ses lèvres alors que de mon côté, je sentais un sentiment de satisfaction immense me gagner. Je voyais bien qu'elle prenait sur elle, qu'elle faisait la fière. Et c'était tellement kiffant. Je pouvais imaginer ce qu'elle était en train de ressentir. C'était une femme, et avec cette vidéo, c'était une part d'elle même des plus intime qui était dévoilée. Je la mettais littéralement à nue, à la portée de toutes les moqueries et des "on-dits". Et pour une personne aussi fière qu'elle, yavait pas pire. Elle finit par relever son regard vers moi et je décidai de stopper la vidéo, le sourire toujours au coin des lèvres. On va arrêter le massacre hein. Parce que mine de rien, ils avaient pris leur temps les coquins. Elle avait vu de quoi il en retournait, c'était l'essentiel et moi, j'étais quand même loin de prendre mon pied à regarder ou même entendre ma demi-soeur en train de se faire sauter. C'est bien. Mais tu réalises que si cette vidéo devient publique, les documents t'incriminant dans une histoire de meurtre le seront aussi ? dit-elle sur un ton neutre. Evidemment, je m'étais douté qu'elle me balancerait ça dans la tronche. Elle avait toujours cette arme contre moi et ça, je n'y pouvais rien. Quel destin dramatique. Tu te rends compte ? Si tu plonges, je plonge. Ça pourrait presque être émouvant dis-je d'une voix faussement émue. Je prenais une nouvelle taffe avant d'écraser la fin de ma cigarette, l'abandonnant au sol. Le truc tu vois... c'est que je pense pas que tu serais prête à voir ta vie ruinée juste pour avoir en contre-partie le plaisir de m'envoyer au taule. Parce qu'avouons-le, la grande Victoria, vice-présidente des Eliot, fille des Wildingham qui se fait culbuter par le premier venu et qui étale tout ça sur le net, ya pas que Cambridge Secret que ça va faire kiffer dis-je d'une voix égale, comme si tout ça était tout à fait normal. Enfin tu me diras, être comparée à Kim Kardashian ça peut avoir son lot de consolation... ou pas en fait ajoutai-je en me marrant. Je savais que je la tenais. Une sextape, yavait pas pire pour une fille comme elle. Et j'tais prêt à la faire craquer. Tu imagines, passer le reste de ta vie à entendre les gens dire que tout ce que tu as réussi, tu y es parvenue juste parce que tu as montré ton cul ?

C'était tellement jouissif de se dire que j'avais sa réputation entre mes mains là, dans ce téléphone, quand on savait que sa réputation était sûrement l'une des choses à laquelle elle tenait le plus. Elle qui vivait dans l'apparence et les bonnes manières.. pauvre fille. Je savais qu'avec ça, c'était non seulement son nom à elle, mais aussi tous les Wildimgham que je faisais plonger vu le nom qu'ils s'étaient fait dans le milieu. Je voyais d'ici les titres de la presse à scandales. J'aurais limite accepté d'aller en taule rien que pour voir ça, mais non, j'étais pas maso à ce point. Et puis yavait ma relation avec Briony qui était en jeu là dedans mine de rien. Comme je m'y était préparé, Victoria n'était pas prête à lâcher l'affaire si facilement. Je savais qu'elle était coriace, que ça allait être dur de la faire flancher elle et sa froideur irritable. J'pourrais toujours étouffer l'affaire, tu sais que j'ai les moyens pour. Toi par contre, tu perdrais vraiment tout. Ton argent, ta liberté, Briony qui restera surement pas après avoir appris pour ton passé .. T'as plus à perdre que moi Wade dit-elle d'un ton déterminé et sûr d'elle. Même dans cette situation, elle cherchait à avoir le contrôle, c'était dingue. Mais au fond, elle n'avait pas tout à fait tord. Même si son nom serait définitivement bafoué, moi, je serais derrière les barreaux... et sans Briony. Au fond de moi, je redoutais tellement qu'elle apprenne la vérité. J'étais même étonné sur le coup d'entendre Victoria me parler d'elle. Que savait-elle à propos de nous au juste ? Ça ne me plaisait pas du tout tout ça. Mais je restais impassible, parce que malgré sa répartie, je savais que j'avais les cartes en mains. Savoir que j'ai ruiné ta vie et celle de ta famille, ton avenir, voire même ta vie sentimentale... ouais, jpense que se sera une belle consolation crois-moi dis-je avec un grand sourire. Parce qu'au fond, c'était tout ce que j'avais toujours voulu: envoyer chier toute cette bande de coincés du cul prétentieux et imbus d'eux-même. Même leur mère avait l'air d'être une belle salope. Je lui balançais ensuite la pure et simple vérité en pleine poire. Si cette vidéo était diffusée, elle n'obtiendrait plus rien sans qu'on dise que c'était parce qu'elle avait montré ses atouts, ou encore parce qu'elle serait passée sous le bureau. Triste réalité pour une fille. Les mecs on leur dirait qu'ils ont simplement abusé alors qu'une meuf elle était immédiatement cataloguée comme étant une pute. La vie est mal faite. Et ce type sur la vidéo, t'y penses ? Je sais que t'auras aucun scrupule à ruiner ma vie, mais la sienne, t'y as pensé ? dit-elle en changeant soudain de discours. Celle-là, je m'y étais pas attendue ah ah. Arrête, n'essaie pas de me faire croire que tu as un coeur, ça ne te va vraiment pas dis-je en prenant un ton moralisateur. Je m'en fous de ce mec, je le connais pas. Pourquoi c'est ton petit copain ? dis-je d'un ton moqueur. Je bluffais à deux cent pour cent évidemment. Oui je connaissais Avery, puisque ce n'était autre que le petit frère de la fille que j'aimais putain de merde. Mais je jouais le jeu à fond sinon, je savais qu'elle allait me griller. Voilà ce que je te propose dis-je d'un ton calme en me sortant une nouvelle cigarette que j'allumais tranquillement. Comme je suis généreux, j'accepte de supprimer cette vidéo. Mais sous plusieurs conditions dis-je avec un sourire. Je veux voir l'intégralité de mon fric sur mon compte en banque d'ici mettons... quatre-huit heures, le temps que tu t'arranges avec ton banquier. Et j'ai dit l'intégralité hein, j'ai le chiffre. Ensuite, je veux que tu supprimes toutes les preuves que tu as contre moi. C'est donnant donnant pas vrai ? ajoutai-je l'air sérieux. Et enfin.. je veux que tu me dises où tu as trouvé tout ces documents et par qui. Tu vois, ce n'est pas grand chose ! Nous sommes tous les deux gagnants dans cette histoire: je reviens au point de départ et toi, tu t'évite un avenir raté ! dis-je comme si je marchandais sur un marché à Marrakech. Et si tu refuse... commençai-je en sortant à nouveau mon téléphone, ... je publie immédiatement cette vidéo sur le site de Cambridge Secret terminai-je en lui montrant la page ouverte, et la vidéo prête à être envoyée en un clic.

En venant ici, je savais que ça ne serait pas gagné d'avance. Victoria était une véritable teigne dans le genre, toujours à chercher la faille chez l'autre et à essayer de retomber sur ses pattes en ayant le contrôle. Est-ce qu'elle savait ne serait-ce que lâcher prise de temps en temps dans sa vie sérieux ? J'en doutais. En tout cas présentement, je sentais bien que la partie n'était pas gagnée d'avance. Elle avait touché un point sensible en parlant de Briony, et vu à quel point elle était vicieuse, je craignais à présent qu'elle ne s'en prenne à elle, et si elle faisait ça.. je crois qu'on ne me reconnaîtrait pas tellement je pourrai faire un malheur. Je vis l'éclair de panique traverser ses yeux quand je sortais mon téléphone, prêt à envoyer la vidéo, et putain ce que c'était jouissif. Pourtant comme je m'y étais plus ou moins attendu, elle ne semblait pas prête à se faire écraser aussi facilement. Non. Je supprimerais pas les preuves contre toi. Je vais pas prétendre le contraire pour te faire plaisir, on sait tous très bien que jamais je ne détruirais le dossier que j'ai contre toi, tout comme tu ne supprimeras jamais la vidéo. Ait au moins la décence de l'admettre. Bon, elle marquait un point pour le coup. Parce que si de mon côté j'aurais été prêt à supprimer cette vidéo, je n'avais pas assez confiance en elle pour le faire en me disant qu'elle ferait de même. Et il était pas question que je me fasse couillonner. Au moins les choses sont claires dis-je en continuant de fumer. Je ne te dirais pas non plus comment j'ai acquis ces preuves. Et là, elle attisait ma curiosité. Pourquoi est-ce qu'elle ne voulait pas me donner cette info hein ? Elle tenait à garder ses sources, d'accord.. mais j'me doutais bien qu'il ne devait pas s'agir de n'importe qui, vu que ces documents n'étaient jamais tombés entre les mains de la police. Et qu'elle veuille absolument garder cette info me montrait qu'elle avait clairement quelque chose qui la dérangeait à cacher. C'était-elle mise hors la loi à son tour pour obtenir tout ça.. ? Voilà ce que je te propose. Chacun garde ses preuves. Je ne dirais rien de tes petits exploits de jeunesse, pas même à Briony et en échange, je veux l'assurance que jamais cette vidéo ne sera diffusée, et que tu ne parleras de ça à personne. Et en signe de bonne volonté, j'accepte de te donner l'argent. Dans son intégralité. Je lâchai alors un petit rire, me foutant ouvertement de sa gueule. Ouais, enfin ta bonne volonté, c'est surtout pour pas te retrouver à poil les jambes écartées sur le net. N'essaie pas de tourner la situation comme ça t'arrange va dis-je en tirant toujours aussi calmement sur ma clope. Fallait pas se payer de ma tête non plus. Honnêtement, j'étais tenté de la faire chier. De refuser ce qu'elle me disait pour obtenir toutes mes conditions, l'écraser jusqu'au bout, la faire ramper devant moi. Mais la voix de la raison me disait d'accepter. J'allais récupérer mon fric, elle ne pourrait plus utiliser les preuves qu'elle avait contre moi car même si elle apprenait pour le lien entre Avery et Briony, je doutais qu'elle soit capable de vraiment prendre le risque que j'envoie cette vidéo. Mais putain je voulais savoir pour sa source.. C'est d'accord dis-je finalement après un instant de réflexion, choisissant de rester raisonnable. Mais je veux l'argent demain. C'est pas négociable ajoutai-je tout de même. Je voulais pas prendre le risque qu'elle parle à Avery avant d'avoir mon fric et qu'elle change d'avis.