Finalement, Holly était pas si détestable que ça. Ouais bon, j'avais toujours une petite rancoeur et puis j'aimais bien la taquiner bien plus que de raison, mais c'était principalement parce que je l'appréciais. Ouais, durant tout l'été, le fait d'être voisin m'avait aidé à l'apprécier et du coup, j'avais passé du temps en sa compagnie. On parlait souvent d'histoire, je dois bien l'avouer. Mais deux passionnés comme nous, c'était forcément un truc comme ça qui allait arriver. Alors que je bossais à Boston, lisant une revue sur les recherches archéologiques, j'avais trouvé une preuve comme quoi j'avais raison sur une des discussions que nous avions pu avoir quelques semaines auparavant. Oui, j'avais tendance à vouloir avoir raison, c'était pas tellement un défaut, si ? Quoiqu'il en soit, j'avais soigneusement gardé le magazine et je m'étais directement pointé chez Holly après le boulot. Bah quoi ? Revue en main, je m'étais pointé devant sa porte - quelqu'un m'avait laissé rentrer dans l'immeuble - et je sonnais, prêt à ne pas en découdre pour un sou.

Spoiler:

J'ai passé la journée en cours. Je suis contente d'avoir retrouvé les bancs de la fac. Certains diront que je suis complètement tarée mais je préfère largement aller en cours plutôt que glander chez moi. Certainement parce que j'étudie quelque chose qui me passionne plus que tout. A vrai dire, aller en cours n'est pas du tout comme aller à l'école, j'ai l'impression d'aller alimenter mon savoir sur ce qui me passionne et ça ne sonne pas du tout comme des "cours" comme on pourrait le penser. Après les cours je suis allée directement au Luna Café où je bosse pour payer mon appartement et une partie de ma scolarité. Il est environ vingt heures quand je sors du café et je rentre chez moi, un café à la main quand je trouve Lincoln devant mon appartement. « Bah alors, tu peux plus te passer de moi ? », dis-je en riant alors que j'essaie de sortir les clefs de mon sac tout en essayant de ne pas renverser mon café. Oui j'suis étonnée de le voir ici, malgré le fait qu'on ait passé pas mal de temps ensemble cet été. Bah ouais, voisins de caravanes exige hein. Voisin de caravane avec qui j'peux avoir des conversations méga intéressantes aussi.

Ouais, j'aime continuer de m'instruire quand je suis hors des amphithéâtres et c'est pas plus mal. La preuve, j'avais trouvé un article qui était dans mon sens quant à une des discussions qu'on a eu avec Holly durant l'été. Ouais certes on ne s'entendait pas forcément bien avant mais l'été nous a en quelque sorte rapproché. Du coup, ayant mis l'article de côté pendant que je continuais de travailler, je l'avais récupéré une fois que je partais afin de me diriger chez la jeune femme. Oui, je me souvenais de son adresse puisque je retiens facilement tout. Mais là n'est pas la question. Sonnant à sa porte, elle ne répondait pas. Putain, elle faisait quoi. Soupirant, j'allais m'en aller sauf qu'elle arrivait au même moment, par le couloir. Ah bah ok, elle n'était pas là quoi. « Je peux pas me passer d'avoir raison surtout » disais-je avec un sourire. Je lui proposais de récupérer son café pendant qu'elle s'occupe de la porte, afin qu'elle évite de faire une connerie qu'elle pourrait bien vite regretter.

Je n'aurais pas cru que la compagnie de Lincoln puisse être aussi agréable en fin de compte. J'veux dire.. il était la personne qui m'inssuportait, le gamin qui ne supportait pas que je l'ai dépassé à un concours, celui avec qui je me battais tout le temps pour un oui ou pour un non. Au final, on a la même passion et c'est agréable de pouvoir discuter d'histoire avec quelqu'un d'autre. J'veux dire.. ouais, mes camarades de classe aiment l'histoire mais pas autant que nous. Clairement pas autant que nous. Alors quand je le vois sur le pallier de ma porte d'appartement, je ne peux pas m'empêcher de sourire parce que je me dis qu'on va pouvoir encore discuter et débattre de sujets passionnants. « Je peux pas me passer d'avoir raison surtout » J'arque un sourcil et je lui donne mon café pour ouvrir la porte de mon appartement, récupérant mon gobelet en laissant entrer Lincoln, « Comment ça ? »  Pourquoi il dit qu'il a raison celui-là ? Je pose mon gobelet pour me débarrasser de mon manteau dans le hall et je ris, « T'as pas besoin de chercher une excuse pour venir me voir tu sais. Moi aussi j'aime discuter avec toi, t'es le seul qui s'endort pas quand j'me mets à parler d'un truc. »  D'un truc historique, bien sur. Oui, clairement je saoule mes proches avec ma passion envahissante.

Si au final je me trouvais là, sur le palier de la porte de chez Holly, c'était bien plus que pour des raisons d'histoire. Je commençais à bien l'apprécier, en tant qu'amie. On parle de tout, de rien, et surtout de notre passion à tous les deux. C'était quoi la chance de ce revirement de situation ? Une très faible probabilité, je crois. J'en sais trop rien, les maths c'est pas mon truc, préférant clairement le côté historique des choses. Remonter à la source, décortiquer les événements importants, connaitre le début de l'existence humaine même ! Enfin, ça se rapproche à de l'histoire et de l'archéologie, mais ça reste des débats historiques. Attrapant son café, je la laissais s'occuper d'ouvrir sa porte et rentrer dans l'appart, la suivant comme si c'était normal que de pénétrer dans ce logement. « Bon à savoir... mais j'ai une vraie excuse » disais-je en rigolant avant d'enchainer « Tu te souviens, quand on a parlé de la vie en France, comme quoi ils avaient trouvé des ossements récemment qui repoussaient à plusieurs milliers d'années plus loin la date de ces ossements? » Je relevais l'article que je venais de trouver... enfin y'a quelques heures maintenant. « J'avais raison ! » Une chance que j'avais pas un boulot contraignant et que j'ai accès à toute la documentation dont j'avais envie.

Je ne dis pas à Lincoln de rentrer parce que je trouve ça normal qu'il entre sachant qu'il venait chez moi ? Bon, y'a quelques mois ça aurait été bizarre qu'il vienne chez moi comme ça, mais après l'été qu'on a passé "ensemble", ça m'semble normal maintenant. Je sais pas trop s'il est un ami, mais.. j'l'aime bien. Bon, sa tendance à vouloir avoir toujours raison m'agace parce que JE veux toujours avoir raison, mais c'est comme ça quand le feu rencontre le feu non ? Enfin, je pense. « Bon à savoir... mais j'ai une vraie excuse » Je ris alors qu'il continue, « Tu te souviens, quand on a parlé de la vie en France, comme quoi ils avaient trouvé des ossements récemment qui repoussaient à plusieurs milliers d'années plus loin la date de ces ossements? » J'hoche la tête en buvant une gorgée de mon café tout en le regardant, « J'avais raison ! » J'arque un sourcil en le regardant, « Comment ça t'avais raison ? » Je prends le magasine qu'il me montre et je lis l'article, le mordant la lèvre. Je relève alors le regard vers Lincoln avec un petit sourire, « Génial, pour une fois que t'avais raison, sois fier. » Je souris en coin, « On peut même faire une croix dans le calendrier si tu veux ? » Bon, j'le taquine mais j'le laisserai pas profiter aussi facilement de sa minie victoire. Il avait raison ? Cool pour lui.

Je sais que j'ai tendance à vouloir avoir raison... plus que la normale. Mais j'aimais me dire que ça faisait mon charme. Donc c'était pour ça que j'étais devant chez Holly. Après avoir passé l'été à se taquiner, discuter et surtout débattre sur des sujets qui nous passionnaient tous les deux, c'était normal que je sois devenu assez naturel avec elle. Exit le concours - même si ça me faisait encore chier - et bienvenue à une amitié assez particulière. Aucune fois j'avais trouvé quelqu'un d'aussi passionné que moi et ça faisait du bien. On avait des fois des divergences d'opinion mais ça inspirait au débat et c'était cool. Je lui expliquais donc la raison de ma venue et forcément, elle me taquinait. Elle faisait tout le temps ça et si parfois ça a tendance à m'agacer, je me surprenais à apprécier malgré tout. « J'ai TOUT le temps raison, cherche pas » disais-je en exagérant un sourire sur mon visage avant de reprendre « On pourrait mais faire un calendrier avec des croix partout, c'est pas top t'sais. On devrait faire ça plutôt quand toi t'as raison, puisque c'est bien plus rare » La preuve, en attendant c'est moi qui montre les preuves de mes dires, comme quoi j'ai raison et elle, elle a tort.

Je sais bien que ça l'énerve quand je le taquine de la sorte, mais si ça l'énervait tant que ça, il ne serait pas ici aujourd'hui ? Je veux dire, oui il serait ici aujourd'hui parce qu'il voudrait absolument prouver qu'il a raison, mais il n'aurait pas passé autant de temps avec moi cet été si je l'énervais réellement j'ai pas raison ? Lui aussi il me saoule, soyons clairs là-dessus mais ça fait partie de son charme. Enfin.. un certain charme hein. Pas le charme comme vous pensez. Bref. « J'ai TOUT le temps raison, cherche pas » Je lève les yeux au ciel, j'ai envie de lui arracher ce petit sourire que je déteste voir sur son visage. « On pourrait mais faire un calendrier avec des croix partout, c'est pas top t'sais. On devrait faire ça plutôt quand toi t'as raison, puisque c'est bien plus rare » J'entre ouvre la bouche par protestation et d'un geste assez maladroit, avec la main tenant mon café bien chaud, je lui donne un coup sur l'épaule et le liquide chaud déborde de mon gobelet pour se renverser sur une partie de son épaule et le haut de son torse. « Merde merde pardon ! »  Je pose direct mon gobelet en regardant les dégâts, j'espère pas l'avoir ébouillanté de trop. J'attrape son poignet sans lui poser de question pour aller vers la cuisine, allumant le robinet d'eau froide, « Dis moi que j't'ai pas brûlé ? »  Je prends une feuille d'essuie tout que je mouille d'eau froide et encore une fois sans faire gaffe ou réfléchir à ce que je fais, ayant vraiment trop peur de lui avoir fait mal, je lève son t-shirt pour vérifier qu'il n'est pas brûlé au niveau du torse, tapotant la rougeur avec l'essuie tout. J'suis une putain de maladroite ma parole.

Pour une raison qui m'échappe, j'aimais bien ce jeu du chat et de la souris, de taquinerie plus ou moins bien placée. Ouais, c'était marrant. C'était surtout du au fait qu'elle et moi étions passionnés par la même chose. Le plus bizarre dans l'histoire, c'était qu'aucun étudiant de ma classe n'était comme ça. Je pensais pendant longtemps être un cas assez exceptionnel. Il s'avère que non. Et si au début j'avais pas vraiment apprécié la jeune femme à sa juste valeur, je revenais sur mon jugement. Ouais enfin sans vraiment lui avouer non plus, sinon elle aura une pastèque à la place de la tête. Cherchant à la taquiner une nouvelle fois, c'était une réponse des plus surprenantes que j'ai eu puisque c'était le contenu de sa tasse - chaude, je tiens à le préciser - qui venait se retrouver sur mon épaule et sur mon torse. Bien sûr, c'était trèèès chaud et très bouillant et « AAAAAH Bordeeeel ! » Et voilà qu'assez rapidement elle me tirait dans la cuisine, s'occupant alors de me débrûler avec du sopalin mouillé. Même qu'elle levait mon t-shirt pour pouvoir le poser directement sur ma peau rougie. « Baaaah, j'crois un peu. Sérieux, t'es vraiment pas douée comme fille » Je tenais mon t-shirt soulevé afin qu'elle ait plus accès à ma brûlure de café, sans me sentir pudique. Je ne l'étais pas vraiment, mais j'aurais pu l'être. C'était chez Holly que j'me trouvais, pas chez une fille rencontrée au coin de la rue.

« AAAAAH Bordeeeel ! » C'est vrai que je suis maladroite comme fille mais promis, je n'ai jamais voulu l'ébouillanter. Bon okay, cette histoire d'article qui prouve qu'il avait raison lors de notre dernière conversation me fait clairement chier mais ça n'est pas pour ça que je lui ai renversé mon café dessus. Je me sens même super mal de non seulement avoir tâché son t-shirt mais en plus, de lui avoir certainement fait mal.  « Baaaah, j'crois un peu. Sérieux, t'es vraiment pas douée comme fille » Je me mords la lèvre alors que je tapote encore sur la rougeur, secouant la tête. « Attends, enlèves ça j'ai de la biafine dans la salle de bains. » Je me dépêche d'aller à la salle de bains pour chercher le tube de biafine et je reviens dans la cuisine, « J'suis désolée Linc, j'te jure j'ai pas fais exprès. »  Je lui tends le tube de biafine et je le recule presque tout de suite après, « Non attends j'vais le faire. »  C'vrai, j'lui ai fais mal, la moindre des choses c'est que je répare ma bêtise moi-même. Je sors la crème du tube et je tapote un peu la rougeur en grimaçant, « J'espère que ta copine va pas me tuer de t'avoir abimé.  »