Une lueur s'était éteinte dans son regard à la seconde où j'avais sorti ces documents de mon sac. Je ne bluffais pas, les preuves je les avais et il était à présent évident pour lui qu'il était bel et bien dans la merde, qu'il n'y avait pas d'échappatoire possible cette fois-ci. Silencieuse, je l'observais sadiquement regarder les documents, les photos, alors qu'un sourire malsain s'agrandissait sur mon visage. Je me sentais jubiler. J'avais le contrôle sur lui désormais, j'étais intouchable. Ma revanche se voyait dans chacun de ses regards inquiets, dans chacun de ses soupirs un peu court. C'était tout simplement exquis. Où as-tu obtenu tout ça ? finit-il par dire après avoir longuement examiné les preuves. J'ai mes sources. Le moins il en savait, le mieux c'était pour moi. Jamais je ne lui révélerais où j'avais trouvé tout ça, pas plus que je lui dirait que mon père avait réellement tenu à lui.
Pendant toutes ces années, je me suis convaincue que mon père lui avait donné cet argent par culpabilité. Parce qu'il était un garçon aussi, certes, et que Dieu savait à quel point mon père avait voulu avoir des garçons, mais surtout parce que celui-là ne l'avait jamais connu, et qu'il avait vécu dans des conditions déplorables. Jusque là, c'était ce que j'avais pensé. Mais quand j'avais trouvé ces documents dans le bureau de mon père j'avais réalisé que ce n'était pas si simple. Il avait eu une réelle affection pour ce connard de Wade. Ça avait fait mal, et ça m'avait d'autant plus encouragé à utiliser toutes ses preuves contre lui. Qu'est-ce que tu veux de moi ? Le visage impassible, je pris le temps de lui lancer un regard froid et hautain, de lui montrer à quel point je le jugeais pour ce qu'il avait fait. Enfin, je finis par lui répondre. Je dois y aller. Je rangeais le reste des preuves dans mon sac et lui laissais celles qu'il avait. Tu peux les garder si tu veux, ce sera un petit souvenir de notre conversation. ajoutais-je avec un clin d’œil avant de tourner les talons.

J'avais l'impression d'être au fond du trou, que le monde s'effondrait autour de moi alors que je craignais que Victoria ne m'annonce que les flics seraient là d'une seconde à l'autre, prêt à m'embarquer pour me mettre derrière les barreaux. Le dégoût qu'elle m'inspirait mêlé à la culpabilité que je ressentais pour ce que j'avais fait à l'époque me donnait la nausée, autant que les images de ce type que j'avais tué qui à présent hantaient mon esprit. Elle refusait de me dire d'où elle tenait ses informations et ça me rendait dingue de ne pas savoir. Je la détestais. Cette gosse de riche qui se croyait toute puissance. Je la détestais elle, sa famille et tout ce qui allait avec. Depuis le jours où j'avais appris pour mon père biologique je leur vouais une haine à tous mais cette fois, ça dépassait tout ce que j'avais pu ressentir.  Je dois y aller dit-elle soudain avec son petit air suffisant alors que je m'attendais à tout sauf à ça. Attendez.. elle était sérieuse là ? Sur le coup, j'avais vraiment l'impression d'être un jouet. Ou alors son plat de résistance avec lequel elle voulait longuement jouer avant de le dévorer tout cru et d'en finir une fois pour toute. La rage m'envahissait alors que je la voyais ranger son sac et tourner les talons. Tu peux les garder si tu veux, ce sera un petit souvenir de notre conversation lança-t-elle l'air désinvolte en désignant les preuves qu'elle m'avait passée qui gisaient dans mes mains comme si il avait s'agit du propre corps de l'homme que j'avais tué. Je n'eus pas le temps de réfléchir à ce que je faisais que déjà, je l'avais rattrapée, enfermant son poignet dans mon poings durement serré. Espèce de... commençai-je en fixant son visage alors qu'elle pouvait certainement lire dans mon regard toute la haine qu'elle m'inspirait. Je la fixais alors quelques secondes, comprenant que j'étais littéralement à sa merci et qu'il valait certainement mieux que je m'éloigne avant de faire une autre connerie. Me forçant à me calmer, je la relâchais d'un seul coup en reculant d'un bon pas, comme pour m'éloigner de la peste. Je ramassais alors les documents que j'avais fait tomber et sans un regard de plus pour elle, je partais dans la direction opposée.

J'avais à peine fait quelques pas que j'entendis Wade me rattraper, avant de sentir sa main s'enrouler autour de mon poignet avec force. Il me faisait mal, mais malgré tout je continuais de le regarder avec la même suffisance et le même sourire moqueur. En fait, je jubilais même d'avantage de l'avoir mis dans cet état, de l'avoir pousser à bout tout en sachant qu'il ne pouvait rien faire, qu'il n'irait pas plus loin dans ses gestes ou dans ses paroles, parce qu'il ne le pouvait tout simplement pas. Espèce de... J'avais le pouvoir maintenant, je le tenais à ma merci et ça, il le savait pertinemment. Espèce de quoi ? répondis-je pour l'énerver d'avantage. Wade se contenta de me fixer avec un regard rempli de haine, le même regard que j'avais pour lui. Mon sourire s'étira, puis après quelques secondes il lâcha mon poignet et recula. C'est bien ce que je pensais. dis-je froidement avant de lâcher un petit rire sadique. Wade recula encore et ramassa les documents laissés au sol, avant de partir sans un regard. Je l'observais de loin quelques secondes, me délectant d'avance de tout ce que j'allais lui faire subir à l'avenir, et quittais les lieux à mon tour.
Après ce rendez-vous, j'attendis quelques semaines avant de recontacter Wade. Je voulais le laisser mariner, le laisser réaliser à quel point il était dans la merde. Ce serait de la torture pour lui, de rester sans nouvelle si longtemps mais c'était le but. J'avais besoin qu'il soit au plus bas pour qu'il accepte ce que j'allais exiger de lui ensuite.