L'été surviens, les temps chauds aussi. Deux mois de vacances où il est devenu vital de s'amocher à fond avant d'être vieux. On a économisé toute une année en vue de sortir et de faire péter la carte bancaire avec ses amis. Boire un coup, sortir le soir, draguer, dormir chez des inconnus, et rentrer au lever du Soleil. Danser, nager nus, siroter des cocktails sur le bord de la piscine. L'été est la période de toutes les folies. De toutes, oui, mais mon été se présente un peu plus soft. En effet, j'ai pris mon billet d'avion il y a quelques mois, direction Edinbourg, retourné voir ma mère. Un été sans couleur encore une fois. De toute manière, je ne bronze pas, je rougis et je pèle ! Eh oui ! C'est ça de ne voir le Soleil que quelques fois par ans pendant mon enfance. Mais je ne perds pas espoir, un jour je ne serai plus considérée comme un vampire !

Mes vacances se dérouleront donc en Angleterre, avec mes amis d'enfance. J'arrive tant bien que mal et, en sortant de l'aéroport, ma mère m'attend. Je ne pouvais pas être plus heureuse !! Ma mère avait prévu un restaurant pour mon retour. Le soir, nous avons discuté de tout, de l'école, de son travail et de sa vie avec mon beau père. Ils vivent heureux, et je vais bientôt être grande sœur !

C'est ainsi que démarrent mes vacances, avec également la recherche d'un nouvel emploi saisonnier. Heureusement, mon nom est resté dans les esprits et quelques amis m'ont recommandés. En moins d'une semaine, je commençais à écrire pour un journal de grande notoriété. Vers la fin juillet, on me demande d'assister à un gala afin d'y interroger les propriétaires d'une grande chaîne de magasin.

Le grand soir arrive, et, armée d'une paire d'escarpin, d'un décolleté plongeant et de mon magnétophone, je me dirigeais vers la réception. A peine arrivée, je croise Alejandro qui sourit à des invités. Un gars d'Harvard, ici ? Je n'en crois pas mes yeux ! Je me dirige vers lui et lui demande :
- Salut, qu'est-ce que tu fais là ?
- Je suis là pour accompagner mes parents, ils organisent ce gala.

Alejandro avait été invité à une série d'événements à Londres et Édimbourg, dont une réception de gens d'affaires assez importants dans le milieu. Comme il travaille sur un projet à New-York, il s'est dit que cette soirée était sans doute une occasion d'avoir des avis, tâté certains terrains, etc.

Pour cette réception, il s'était habillé d'un veston, d'une chemise et d'une paire de pantalons de la même teinte de son veston. La soirée battait son plein depuis un moment déjà, quand Alejandro avait quitté le groupe dans lequel il était pour aller se chercher un autre verre de vin. C'est à ce moment qu'il tomba sur Enola, ou plutôt, qu'elle lui tomba dessus.

-Hey, Enola, c'est cela?

Même si d'emblée, elle lui avait lancé une question, Alejandro voulait être certain de ne pas avoir confondu la demoiselle en question. Après quoi, il lui fit la bise et jeta un petit regard qui la scanna de haut en bas.

-Je suis venu sur invitation. Je fais un stage à New-York et le projet que je représente est susceptible d'intéresser quelques personnes ici. Puis, il y a toujours le besoin d'agrandir son réseau de contacts.

Le beau brun remarquait qu'Enola semblait avoir quelque chose dans la main, mais ne posa pas de question à ce sujet, pour le moment.

-Et toi, qu'est-ce qui t'amènes ici?

En arrivant, je croise donc Alejandro, qui me reconnait également.
- Et toi, qu'est-ce qui t'amène ici ?
- Je suis là pour le journal, on me demande d'écrire un article. Alors comme ça, tu travailles à New York ?
Nous continuons à discuter, il me parle de son stage et moi de mon job. C'est quand même assez improbable de le croiser ici. On se dirige vers le banquet et on se prend des cocktails. On rit tellement que j'en oublie de prendre des notes pour mon article. C'est quand je voulais regarder l'heure  que je m'en souviens et sors mon carnet. Je m'apprêtais à lui dire au revoir quand une blonde haut perché dans une robe qui coûte trop chère pour aussi peu de tissu, viens vers nous.
- Salut ! Je m'appelle Sandra. Et toi ?
Elle ne me laisse même pas en placer une qu'elle commence à parler à Alejandro comme s'ils se connaissaient depuis des années. Je tourne les talons et m'en vais. Avant de sortir, je me retourne.

Tant pis pour mon article.

Alejandro ne s'attendait pas à croiser Enola, une étudiante de Harvard qu'il connait un peu comme cela. D'ailleurs, la jeune femme semble être journaliste cet été et n'en fallait pas plus pour intriguer un peu plus le beau brun.

-Oui, pour Zara, franchise américaine. Je suis dans la branche du design. Tu travailles donc en ce moment? Je peux t'offrir un verre quand même j'espère.

La jolie blonde accepta et ils purent se diriger vers le bar à cocktails pour prendre un verre et discuter encore davantage. Curieux, Alejandro demanda à Enola pour quel journal elle travaillait et sur quoi porterait son article. Le milieu de la mode peut-être?

Enola semblait prête à retourner travailler et peut-être interviewer quelqu'un, lorsqu'une dénommée Sandra, qu'Alejandro ne connait ni d'Ève, ni d'Adam, vint s'immiscer dans la conversation. Enola se sentit peut-être de trop et fila à ce moment. Alejandro lança un "excusez-moi" à la grande blonde pour aller rejoindre sa camarade de Harvard, dont il attrape le poignet avec la main.

-Où vas-tu ainsi?

Je me retournais, sentant une pression au niveau de mon poignet. Quelle ne fut pas surprise quand je découvrais qu'il s'agissait d'Alejandro !
– Où vas-tu ainsi?
- Je sortais prendre l'air. Répondais-je, un peu sur la défensive. Tu la connais l'autre blondasse ?
Il réussit à me convaincre de rester à l'intérieur et nous continuions à discuter, en oubliant totalement la Sandra. Au bout d'un petit moment, et après quelques Mojito, je trouve enfin la personne que je cherchais à interroger. En me dirigeant vers lui, je bouscule une fille, qui se retourne et je reconnais ainsi Sandra. Elle ne devait pas être dans un état plus net que le miens, et s'énerva.
- Qu'est-c'que tu fous ici ? S'énerva-t-elle
- De quoi tu parles?
- J'ai bien vu ton petit jeu. Dégage de là, tu n'as rien à faire ici !
Là-dessus, elle me bouscula, et je tombais à la renverse.

Enola avait décidé de partir, comme cela, sans prévenir. Alejandro se demandait bien pourquoi. Se sentait-elle de trop, avait-elle repéré une proie journalistique? En tout cas, l'Espagnol rattrape la jolie blonde, qui donne l'explication classique, l'excuse universelle. Le beau brun eut un petit hochement de tête et la lâchait. C'est alors que fusa une question plus précise qui le surprit et l'amusa assez pour le faire sourire. Blondasse?

-Bien non, pas vraiment. Oula, on dirait que tu ne l'aimes pas beaucoup? Pourquoi? Tu la connais?

Y avait-il quelque chose qu'il devrait savoir, une histoire de filles? Gentiment, Alejandro suggéra à Enola de ne pas se préoccuper de cette Sandra et d'accepter qu'il lui offre un verre. Du coup, ils retournèrent au bar, discuter. Un verre, deux verres plus tard, Enola s'excusa et partit de nouveau. Alejandro la suivait des yeux, plutôt intrigué par l'attitude de cette jeune femme. Il assista alors à une nouvelle altercation entre la blondinette et la blondasse. Quand Enola tombait, le beau brun finit son verre et les rejoint, tendant sa main à Enola.

-Allons, mesdemoiselles, inutile de s'emporter. Sandra, c'est cela? Laissez mon amie tranquille je vous pris. Chacun de son côté, les âmes en paix, si?

Son regard passait de la blondinette à la blondasse et revint vers la blondinette. Il était temps de mettre fin à ces enfantillages!

En rouvrant les yeux, Enola remarquait qu'elle se trouvait par terre. Elle saisit la main qu'on lui tendait et le remerciait. Avant qu'elle ne puisse dire ou faire quoi que ce soit, le grand brun decida d'intervenir :
-Allons, mesdemoiselles, inutile de s'emporter. Sandra, c'est cela? Laissez mon amie tranquille je vous prie. Chacun de son côté, les âmes en paix, si?
Ainsi, elle proposa de partir de là afin d'éviter tous autres problèmes. N'empêche, la jeune fille ne put s'empêcher de faire une petite remarque, pour les remettre tous les deux dans l'ambiance:
- Mais en fait, dans le genre pacifiste tu te situ bien non ? demanda-t-elle, une pointe d'ironie dans la voix. Merci, de lui avoir cloué le bec à cette p… fille !
Voyant qu'il était désireux d'en savoir plus, elle se décida de lui raconter l'histoire entre elles deux.
Lorsqu'elles étaient à l'école, Sandra était connue de notoriété publique, rêvant de devenir une grande star Américaine. Bon, passons. Le truc, c'est que tout le monde savait également qu'elle était très amoureuse d'un gars, Danny. Mais ce cher Danny, lui, n'était pas intéressé par cette dernière. Mais elle garda espoir, et trouva de nombreuses ruses pour l'amener à elle. Seulement, l'amour ne s'achète pas, et Danny se tourna vers Enola. Sandra s'en prit à elle pour lui avoir volé "son prince, l'amour de sa vie". Allez rire, c'est vrai qu'à 17ans, on sait avec qui on finira ses jours ! Bref, Enola suppose que cette vieille rancœur est restée, et voyant Enola aux bras d'un nouveau compagnon, elle s'est donc donnée pour devoir de le lui voler, à la manière où elle-même s'est vue privée de la personne qu'elle aimait.
- Bon voilà, tu connais l'histoire. C'est débile quand même. Mais bon, si ça la dérange, c'est qu'elle est jalouse.
Etrangement, Alejandro la regardais, sans rien dire. Les secondes défilaient et paraissaient étonnamment longues. Pour briser ce silence, elle demanda en toute innocence :
- On va manger quelque chose ?

Sandra parut accepter cette trêve qu'Alejandro semblait proposer, puisqu'il ignorait tout à ce moment du conflit qui existait entre Sandra et Enola. Cette dernière ne le remercia pas tout de suite et le traitait plutôt de pacifiste, en plus d'employer un langage grossier. L'Espagnol la toisa de son regard, plutôt sceptique à l'endroit de cette dernière.

-Je t'en prie. Je n'allais quand même pas vous laissez vous battre en pleine soirée mondaine.

N'empêche, toute cette histoire l'intriguait assez pour qu'il écoute les explications d'Enola, qui raconta la genèse du conflit avec la grande blonde de tout à l'heure. Un homme, il l'aurait parié. Sourire en coin, plutôt amusé, il hocha de la tête lorsqu'Enola conclut.

-Sans doute. En même temps, si j'avais été ce Danny, je crois que j'aurais fait le même choix.

Alejandro, qui était de nouveau au bar, finit son verre, moment ou l'Anglaise qui lui tenait toujours compagnie proposa qu'ils aillent manger quelque chose.

-Ici ou ailleurs?

-Ici ou ailleurs?
-On peut rester ici, si tu préfères.
Ils prirent donc la décision de rester manger un bout dans la pièce déjà comble. Mais Enola demanda de sortir prendre un peu l'aid'aller autre part, pour changer un peu d'air. Ils partirent donc de la pièce encombrée et sortirent à l'extérieur. Le jour était tombé pour laisser la nuit dominer. En plein centre-ville, ils ne pouvaient pas voir les étoiles scintiller dans le ciel, mais la lune éclairait les rues. Le vent s'était également bien refroidit et des frissons la parcourait lorsqu'ils mirent le nez dehors. Heuresement, ils rentrèrent vite pour trouver un endroit plus calme et s'assirent dans un coin reculé de la salle bondée. Ils prirent à la volée des assiettes d'amuses-gueules pour se remplir la panse.

Alejandro préférait effectivement rester ici, comme il ne tardait pas à informer Enola. Une femme au comportement un brin singulier, mais nous y reviendrons.

-C'est ce que je préférais oui. À la fin de cette soirée mondaine, j'espère rentrer en un morceau à mon hôtel!

Lançait-il un peu à la blague. Du coup, le jeune homme prit effectivement de quoi combler un peu son appétit, mais il ne comptait pas manger un repas complet ici. Il allait engager la conversation avec Enola, tenter du moins, lorsque celle-ci décida qu'il était temps d'aller prendre l'air. L'idée n'était pas bête et Alejandro la suivit. Hormis quelques fumeurs, il n'y avait pas grand monde.

-Tu habites à Londres où tu viens passer tes vacances ici?

À peine sorties, ils rentraient de nouveau. La soirée tirait à sa fin, du moins, en ce qui le concernait. D'ailleurs, il jetait un rapide coup d’œil à sa montre, puis reporta son attention sur la jolie blonde, qu'il accompagnait pour s'asseoir, tranquille dans leur coin.

-Sinon, cet article, de quoi parle-t-il au juste?