Carnival Of Rust
 

Amanda & Clay, 28 Juin, 22h15

Etre à la merci d’une femme n’était pas sans éveiller en moi une certaine excitation. Aussi, lorsqu’elle ouvrit ses lèvres pour faire preuve d’arrogance, je ne pus réprimer un sourire tout en me passant le pouce sur les miennes, avant de lui répondre, amusé par cette situation qui était mienne. «  Tu ne t’adresses pas à la bonne personne, je le crains. » De façon volontaire, je la tutoyais à présent, passant de l’élégance à une légère familiarité avec mon interlocutrice. Je ne faisais qu’appliquer ce que j’avais appris en école, me rapprocher de mon agresseur pour mieux détourner sa vigilance. Le fait qu’elle soit du sexe opposé devait en théorie jouer en ma faveur, les femmes étant beaucoup plus réceptives à ce genre d’approche, les mots les impactant d’avantage que nous les hommes. Mais le fait étant que je ne m’étais jamais retrouvé dans cette position - pris pour cible par la gente féminine, du moins de cette façon - je ne pouvais présager la moindre de ses réactions. Cela dit, sa petite menace prononcée en fin de parole avait échauffé mon orgueil. Alors la dévisageant après avoir étudié rapidement l’arme braquée dans ma direction, je repris la parole sur un ton condescendant «  Cela dit, je serais curieux de voir çà ». Il était évident à mes yeux qu’une fois qu’elle aurait déposé son arme, j’aurais inévitablement l’avantage. Pour le moment nous étions sur un "pied d’égalité" même si elle était hors de ma portée, trop loin pour pouvoir être désarmée. Alors j’approchais les mains toujours levées, doucement mais surement tout en essayant de lui parler, d’entamer un semblant de conversation dans lequel nous plonger. « Déjà faudrait-il que tu abaisses cette arme pour me frapper » ou plutôt m’effleurer car j’imagine ô combien la force d’une femme pourrait me toucher. Intérieurement, j’étais désireux d’en connaitre les limites et m’adonnais à ce jeu par vice. Allait-elle tirer, me cogner ou tout simplement se décourager ? Chaque seconde me rapprochait de la vérité…

Mais à peine à quelques pas d’elle, une autre pensée m’interpella. Et si vraiment son doigt venait à presser la détente ? Ce n’était pas tant le fait d’être blessé par balle qui m’inquiétait tant mais plutôt le fait de les voir tous rappliquer, attirés par la détonation et de devoir gérer un nouvel affrontement. Aussi, résigné à l’idée de ne pouvoir la soulager du poids de son arme, je lui soumis mon raisonnement car même si elle tenait à me coincer – ce qui était vraisemblablement son plan - elle devrait y renoncer dans son propre intérêt. «  Tu ne vas pas tirer.» Si tôt que j’eus soufflé ces mots, mes yeux roulèrent sur les nombreux otages livrés à eux-mêmes. « Tu les condamnerais ». Seule contre tous, elle n’avait pas l’ombre d’une chance. Mais avec deux associés, même si l’un d’entre eux manquait de vaillance, le jeu devenait soudainement plus intéressant.
Soudain, une déflagration d’une violence inouïe eut lieu, liée aux clameurs terrifiées des otages pour la plupart couchés au sol. Sur le moment, mes genoux fléchirent à l’instar de la majorité des terroristes mais en connaissance des raisons de cette explosion - probablement la porte blindée du coffre qui venait de sauter -, je profitai de l’occasion pour venir vivement agripper les mains de la jeune femme, espérant que cette détonation ait détourné quelque peu son attention.  

Carnival Of Rust
 

Amanda & Clay, 28 Juin, 22h15

Mes mains jointes aux siennes et ne voulant l'oppresser, je ne mis aucune force dans mon geste ce qui lui permit de brusquement se retourner pour me flanquer un coup dans les côtes. La puissance d'une femme, passons... Ce qui me fit grimacer fut plutôt son talon aiguille planté dans le creux du genoux - Garce - ce qui me fit fléchir contre mon gré. Ne pas vouloir la blesser, voilà quelle fut mon erreur. " Il ne faut jamais sous estimer l'ennemi !"  Et tandis que ses ongles s'incrustaient dans mon crane, cherchant une emprise sur la faible longueur, j'invectivai contre elle, repoussant la honte qui menaçait de me submerger : " Crois-moi, j'm'en souviendrais " et la fusillais d'un regard empreint de mépris lorsqu'elle se permit de me questionner : " Maintenant, dis moi tout de votre plan ou je te flingue, comme tu as pu le voir, je ne menace jamais à la légère !" Mais à cela, j'éclatai d'un rire nerveux sans lui donner de quoi satisfaire sa curiosité. Wonderwoman. Cette technique de combat n'était pas sans me rappeler certains de mes entrainements, j'entends bien parler de ceux prodigués en école. Pas flic, non. Autre chose de plus spécialisé. Alors je me mis à énumérer tout ce qui me passait par la tête. " CIA " . Non, son regard n'avait pas changé. " SEC " Non plus, elle n'avait pas bronché. "FBI "  Et soudain sa main crispée venait de la trahir ainsi que ses yeux, son regard ne sachant mentir. C'était donc le FBI et je ris de plus belle à l'idée que Jayden et son groupe se soient déjà fait remarquer, pour tout dire presque coincer. " Quelle bande de cons " soufflais-je, presque triste pour eux. Et croisant à nouveau son regard froid, le sourire statique jusqu'aux oreilles, j'osai pousser le vice un peu plus loin : " Et ils sont où tes copains? " Parce qu'une femme à elle seule ne pourra rien faire contre eux, même si elle sait faire preuve de combativité, soyons un peu sérieux. Je le savais, je n'avais rien fait pour gagner sa confiance jusque là et une simple parlotte entre deux agents de l'état ne me semblait plus vraiment possible. Ou tout du moins pas dans ce contexte délicat. Aussi quand mon regard croisa notre reflet dans l'inox d'une chaise au pied large, je jugeai de la distance entre mon pied et sa jambes dénudée. Tentative murement réfléchie, j'agrippai à nouveau sa main armée, lui tordis violemment - une femme? Rien à foutre - le poignet en la faisant basculer, fauchant ses échasses de mon pied quitte à l'estropier. Porter des talons aiguilles pour combattre le crime, en voilà une drôle d'idée. Par instinct elle m'avait lâché pour essayer de me contrer. Mais au corps à corps désolé, le sexe fort l'emportera toujours, c'est une fatalité. Alors avant qu'elle ne se relève, mes yeux se figèrent sur mon arme gisant un peu plus loin et courus la ramasser mais n'eus pas le temps de me retourner pour la viser, non, trop risqué. Chopée à la volée, je m'engouffrai l'arme à la main dans l'une des nombreuses allées desservies de machines, courbé et continuai de m'éloigner pour mieux venir la rechercher. Si elle ne voulait entendre raison, et bien soit. Moi aussi je pouvais être un sacré con.

Portant mes doigts à mon front et les passant machinalement là où ses griffes s'étaient plantées, je vis sur ma peau quelques traces de sang coagulé. Rien de bien grave mais elle n'avait pas été des plus tendres et j'espérais pour elle qu'elle fasse preuve d'autant de ferveur une fois devant les véritables agresseurs. Reprenant mes esprits, j'étais bien déterminé à la laisser se débrouiller seule quand une autre silhouette un peu plus loin se faufila au travers des installations. Plus grande et moins gracile mais elle se figea elle aussi à la vue de quelque chose, pointant un objet métallique dans la direction que je cherchais à distancer. Suivant du regard sa visée, je la vis un peu plus loin elle aussi, dans sa robe pailletée. * Qu'il la tue...* Mais contre toute attente alors que je me détournais, j’eus soudain l'esprit traversé d'une pensée, d'un sentiment. Mon attention reportée sur eux, j'eus un aperçu du tour désespéré qu'avait pris la situation lorsque de ses doigts il commença à presser la détente. De si loin je ne pouvais que le pressentir. Alors sans réfléchir et levant mon arme, sans même ajuster le tir, le coup partit et ma cible s'écroula.