Carnival Of Rust
 

Amanda & Clay, 28 Juin, 22h15

Voir Clea n'était pas la seule raison à ma venue en Arizona. L'un de mes anciens collègues connu à New York y avait été muté  peu de temps après mon retour à Cambridge. Enfin... C'est ce qu'il racontait dans son message. Mais Jaden avait toujours eu l'esprit dérangé et très facilement influençable.

Étriqué dans un costard cravate pour l'occasion - parce qu'on ne vous autorise l'entrée que bien fringués les dimanches soirs -  j'observai depuis quelques minutes les visages sans nom, les parieurs invétérés, les petites vieilles endimanchées mais aussi tous les autres qui, des lueurs dans les yeux, tentaient vainement leur chance aux jeux. Puis une main se posa sur mon épaule. " T'es venu, c'est bien ". Je me retournai et dévisageai un homme au traits marqués. Putain. Il avait foutrement changé. " Tu m'connais. J'laisse pas tomber un frère." Il me sourit timidement, hésitant. " Justement, on a besoin de ton aide. " " On?" le coupai-je. Depuis quand faisait-il équipe avec un autre officier? Et depuis quand surtout quelqu’un arrivait à le supporter? J'avais l'impression d’être comme un lapin de pâques nouveau-né, m'étant totalement foiré sur ses intentions. Ses mains tremblaient nerveusement et quant à son regard, il était vide de toute expression... Ma main l'attrapa par le col. " Pauvre con. Dans quoi tu t'es fourré " Et malgré ma subite colère à le voir complètement défoncé, il ne cessait de rire, d'un sourire abjecte collé aux lèvres. " J'comprends que tu n'sois pas ravi de me voir. Mais....va falloir nous aider quand même parce que.... " Je faisais déjà volte face lorsque son sous-entendu me glaça les sangs " J'sais que tu ne l'a pas balancé. Et que t'as touché gros pour qu'il reste dehors. " Si c'était bien ce à quoi je pensais, il me tenait par les couilles. Effectivement, ma petite infiltration ne s'était pas exactement terminée telle que je l'avais décrite dans mon rapport.

Après quelques secondes de réflexions j'acquiesçai finalement. " Qu'est-ce que tu attends de moi? " C'est là qu'il reprit petit à petit un semblant de sérieux et m'indiqua d'un geste de la tête les deux vigiles du fond. " Tu t'occuperas d'eux " Sérieux? "Avec quoi? Des cure-dents? " " J'me fais pas d'bile pour toi. Sers-toi de ta tête, Lieutenant. " m'avait-il soufflé tout en me gratifiant de légères frappes sur la joue avant de replier convenablement son col. * Tu viens de signer ton arrêt de mort l'ami mais t'en sais rien encore. Si je rentre dans le jeu, ce n'est que pour te réduire au silence. * Après quoi je pris congés de lui et me rapprochai d'une table de jeux, tout en observant les deux gorilles du font histoire d'en savoir un max sur eux. Une paire dépareillées mais complémentaires, l'un petit et svelte capable de se faufiler, l'autre musclé et de taille moyenne à la peau d'ébène , qu'il me sera difficile de voir arriver si l'éclairage vient à manquer. Bien plongé dans les pensées, je n'ai pas pris le temps de voir cette petite blonde prête à me couper la route et la culbute de plein fouet.

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Amanda & Clay, 28 Juin, 22h15

Instinctivement ma main tenta d'attraper la silhouette que je venais de percuter mais cette tentative se solda par un échec. Elle était là, les jambes nues repliées sous elle, par terre et visiblement pleine de haine alors qu'elle m'interpella " Putain, mais tu peux pas faire attention ?!" . Aussitôt je posai un genoux à terre auprès d'elle, faisant abstraction de son vocabulaire, pour me faire pardonner de ma maladresse en parfait gentleman dont j'avais pris les traits pour la soirée. " Navré, sincèrement. Permettez-moi." Double jeux, autre facette de ma personnalité que j’avais reniée depuis bien trop longtemps, je n'étais plus ce flic corrompu mais un homme aux bonnes manières, élégant et soigné autant dans ses paroles que dans ses gestes. Lui tendant la main, je l'aidai à se relever, la laissant réajuster sa robe pailletée pendant que je détournai le regard à nouveau sur les deux vigiles qui n'avaient pas bougé. Bah voyons, pourquoi en serait-il autrement? A cet instant, je compris qu'il faudrait bien plus qu'une simple bousculade pour les déloger de leur place, une diversion un peu plus corsée que prévue. " Laissez-moi vous offrir au moins un verre pour m'excuser, ou ne serait-ce que vous accompagner à votre table de jeu. "

Mais en retrait, Jaden ne nous avait pas une seconde lâché du regard, nous dévisageant tour à tour l'un et l'autre, épiant sur nos lèvres nos moindres mots. Quand au bout d'un moment mes yeux finirent par percuter les siens parmi la populace courtoise grouillant en ce lieux, il se détourna. Cela faisait bien longtemps que je n'avais joué le rôle de la proie... D'une main accolée dans le dos de la jeune femme sans pour autant en frôler le dénudé, je la suivais jusqu'à la prochaine table sur laquelle elle semblait avoir porté son dévolu et pris place à ses cotés, détaillant rapidement les joueurs un à un ainsi que leurs actions.

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Amanda & Clay, 28 Juin, 22h15

" Au fait, moi c'est Amanda !" Mes yeux vinrent chercher les siens, plein de gratitude pour m'avoir enfin adressé ces quelques mots qui brisèrent la glace entre nous tandis que je prenais les cartes déposées à mon intention. " Enchanté Amanda. " Je n'avais nullement l'intention de lui dire mon prénom, encore moins mon nom. Ne sachant à quoi m'attendre des prochains évènements, mieux valait faire profil bas et conserver l'anonymat. Mais qu'est-ce que je risquais en me dévoilant? Mes yeux la scrutèrent: une jeune femme instruite, qui ne semblait pas s'attarder sur toutes les tables de jeu et pas désagréable à regarder. Mais pas d'alliance... comme bon nombre de femmes frivoles venues rechercher ici le grand frisson, de quoi s'ébattre quelques heures durant dans l'une des nombreuses chambres allouées de l'hôtel nous surplombant. Ah, j'y étais. Un sourire se peaufina sur mes lèvres à la simple idée de l'avoir démasquée. La partie commença alors et nous nous mimes tous deux à jouer de concert, étayant nos jeux à chaque tour. Brillante, il fallait l'admettre. Elle comprenait et me suivait à chaque relance. Finalement, elle n'était peut-être pas de ces femmes faciles, trop intelligente pour s'abaisser à ce genre d'exercice.

Après peut-être vingt minutes de jeux, le croupier laissa sa place pour un autre. Nouveau paquet de cartes, nouvelle donne. De nouveau j'agrippai, à l'instar des nombreux snobinards présents autour de la table, mon jeu pour le retourner et entrevoir sur l'une des cartes un petit mot signé. Cette fois-ci je me couchai, j'en étais forcé et m'excusai auprès de mes paires de devoir prendre congé. La dernière que je saluai se trouvait être ma partenaire qui se tenait à ma gauche, mes yeux plongeant dans les siens  " A bientôt, j'espère. " avant de me retirer pour aller là où on m'attendait. Tout avait été orchestré, planifié à la seconde près et j'étais le pion bancal de la soirée, celui sur qui on ne pouvait compter et sur qui il ne fallait parier. Pris pour cible certainement par ceux qui escomptaient tout rafler, j'allais d'un pas léger vers la dernière machine à sous de la troisième rangé. Le gars qui y était vautré abandonna sa mise dès qu'il me vit arriver alors que la roulette continuait de tourner. * Et d'un autre * Et là où devait se trouver ses gains, une petite enveloppe à mon intention. Prudemment je l'ouvris et en ressorti - à mon grand étonnement - une oreillette, le genre de modèle satellitaire - discret et couleur chair - que peu de particuliers peuvent se procurer. Dès qu'elle fut en position une voix m'ordonna avec précision : " Une minute ". Sans savoir à qui j'allais m'adresser, mes yeux cherchèrent vainement parmi la foule mon interlocuteur et me permis une remarque en oubliant qu'il ne s'agissait que d'un émetteur. " J'espère qu'ils sont bien assurés ".

Soudainement toute clarté disparu. L'alimentation générale avait été coupée et les machines se turent une à une ainsi que les enseignes illuminées. Quelques bonnes femmes se mirent à hurler, s'agenouillant par réflexe dans la pénombre et d'autres voix, plus autoritaires, s'élevèrent parmi les cris. " Que tout l'monde garde son calme "  Je me dirigeai quant à moi vers l'un des vigiles quand j’aperçus une silhouette cagoulée, une main glissée dans son veston. Levant les mains à hauteur du visage devant l'inconnu, mon doigt pointé vers l'oreille pour lui signifier que j'étais de son coté, j'approchai. Au dernier moment, c'est un coup du droit qu'il reçu avant de me glisser par derrière et lui faire une clef. Quand le groupe électrogène prit le relais, c'est un corps étendu qui gisait à mes pieds et une arme de poing dans ma main, le canon abaissé.  

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Amanda & Clay, 28 Juin, 22h15

L'arme vint discrètement se glisser sous le pan droit de ma veste comme si de rien n'était tandis que, comme une poignée de parieurs invétérés, je fus élégamment poussé vers le groupe déjà en grande majorité agenouillé, dans cette cohue générale que d'autres braqueurs semblaient mener. La blonde y était déjà d'ailleurs tout comme l'un des gardes qui avait préféré abdiquer sous le joug d'une arme pointée... Encore un qui perdrait son job faute de témérité. Ceci dit je ne pouvais l'en blâmer, beaucoup de personnes dans cette situation auraient choisi l'abandon plutôt que la combativité. Me glissant discrètement vers lui je lui demandai tout en observant nos assaillants, faisant mine d'être tout comme lui victime de ce détournement.  " Il est où votre collègue?  " Il m'observa mais ne dit mot, son regard plus qu'éloquent braqué vers les dernières machines à sous. Mes yeux suivirent cette direction pour entrevoir une vague silhouette déformée par les ombres d'un éclairage tamisé. Alors me relevant avec une toute autre attitude, soudainement plus décontracté, je ne pus que le gratifier d'un " Merci du renseignement " cynique avant de rejoindre tranquillement le premier braqueur à portée.

A peine avais-je fais quelques pas qu'une petite vieille m'agrippa le bras, éplorée, me montrant dans sa paume grande ouverte toutes ses joailleries en me priant de l'épargner. * Dégage, je ne peux rien pour toi * Elle continua, ses doigts frêles ayant retrouvé toute la vigueur que son grand âge aurait du pourtant lui avoir volé. N'étant pas de marbre face à sa détresse, je n’eus pourtant d'autre choix que de la pousser, dans son propre intérêt, la regardant rapidement tout de même lorsqu'elle fut à terre histoire de m'assurer qu'elle était indemne. Toujours en pleurs mais sauve, pour le moment. Finalement mes yeux, à force de scruter les allées, retrouvèrent le dernier agent de sécurité accroupi derrière une table, un flingue pointé en direction de l’assemblée, ombre silencieuse et impassible qui n'attendait que le moment opportun pour agir. Pas question de supprimer le seul et unique allié. Pas avant d'avoir repéré Jaden tout du moins et d’enterrer mon petit secret. Le seul problème était que tous étaient masqués, il m'était donc impossible de le dissocier des autres. J'étais vraisemblablement le seul de la bande à visage découvert, des faux airs de baron du crime organisé dans un costard sur mesure, à épier le moindre geste, autant des otages que de leurs assaillants.

A l'autre bout de la salle des sacs venaient d'être déposés, d'où deux terroristes sortaient du matériel sophistiqué, attirant toute l'attention sur eux naturellement. Chalumeau, pains de C4, tout ce qu'il fallait pour forcer un coffre. Mais je n'étais pas un spécialiste de la chose, mon truc étant les stupéfiants, et le corps à corps optionnellement.  Me faufilant par derrière, je le pris à revers lorsqu'il se retourna subitement, nos flingues se croisant. " C'est pas ce que tu crois. " soufflais-je rapidement avant l'accident. Confiant malgré tout, j'abaissai lentement mon arme, une paume contre la crosse grande ouverte, pour faire preuve de bonne foi quand un coup de feu retentit.

Amanda R. Torres a écrit:

Clay & Amanda
Carnival Of Rust

N

ous étions tous rassemblé en un petit groupe cerné par les braqueurs. Certains pleuraient, d'autres criaient. D'autres encore voulaient jouer les héros en manifestant de la colère. Ben voyons... Même l'agent de sécurité avait battu en retraite sous la menace d'une arme alors pourquoi ces personnes essayaient de faire comme s'ils maitrisaient la situation ? L'argent ne rend pas tout puissant, il ne protège pas des balles. Il faudrait leur dire, un jour. Quant à moi, je restais calme, muette observait chacune des actions de ces types armés. Soudain, je vis mon partenaire rejoindre un de ses complices. L'enfoiré. Il a vraiment de la chance qu'on soit dans cette situation sinon je lui aurait cassé une jambe. Je me promettais silencieusement que je le retrouverais. Tout à coup, une vieille femme s'agrippa à son bras lui offrant ses richesses pour qu'il épargne sa vie. Il la poussa d'un coup violent, la pressant de dégager. Je profitais que les autres membres de son petit groupe soient occupés à admirer leurs explosifs tels des gamins de 5 ans ouvrant leurs paquets pour Noël pour m'occuper de cette femme et la rassurer. Elle n'avait aucune blessure mais était quand même sous le choc. Deux jambes. Je lui casserai les deux jambes.

L'auteur de sa bousculade avait maintenant disparu derrière les machines à sous. Je restais vigilante. Dans le noir, ce n'était pas facile. Alors que j'étais en train de consoler la grand-mère en pleine crise d'angoisse à cause de la peur de ne plus revoir sa famille, des voix s'élevèrent un peu plus loin, près des explosifs. Un homme avait décidé de se la jouer à la Clark Kent et était en train de provoquer les braqueurs. Je connais du monde, moi. Faites moi sortir ou vous allez le regretter ! Et ce qui devait arriver arriva. Le coup de feu était parti si vite que je n'avais même pas eu le temps de protéger les oreilles de ma camarade toujours choquée. La situation devenait vraiment grave. Ils venaient d'abattre un otage et qui sait s'il n'allait pas recommencer. D'ailleurs, c'était peut être ce qu'ils avaient prévu ? Tous nous tuer ? Je n'en avais aucune idée mais je ne pouvais plus rester sans rien faire. Je profitais d'un moment de panique générale pour me glisser dans la direction de l'imposteur pendant qu'une des brutes hurlait: "Fermez vos gueules plus personne ne l'ouvre sinon vous finirez comme Superman !" Je décidais de maitriser cet homme en premier car il me semblait que c'était lui le cerveau de tout ça. Il était le seul qui n'était pas cagoulé, il devait donc avoir un rang spécial.

WILDBIRD