Commencer une histoire, c'est toujours compliqué. Au final, on ne sait pas trop quel sont les sujets à aborder où pas. Peut être que comme tout le monde, j'devrais le résumer en gros chapitre. Ma naissance, mon enfance, ma famille, mon adolescence ect.. J'trouve ça banal, pas intéressant. Me semble que je devrais plutôt raconter les gros points. Les choses qui ont marqués ma vie, ce qui a été vraiment très important. Savoir que je suis née le 1er octobre 1990 n'intéresse sûrement personne. Dire que je suis Londonienne n'est pas la chose la plus importante au monde. Avouer qu'Apple, la si jolie Apple est ma soeur jumelle ne me rendra pas plus intéressante. Chanter que Kenny est mon grand frère ne me donnera pas de notoriété. Commencer par les chiffres de mon compte en banque ne fera pas de moi quelqu'un de meilleure. Alors oui, j'vais pas faire les choses dans les règles. Je ne les fait jamais. J'vais juste parler des choses biens, des choses mauvaises -surtout des mauvaises- et peut être qu'avec un peu de chance, ça vous aidera à me cerner. Peut être qu'avec ça, vous arrivez à cerner les traits de ma personnalité. Je cherche pas à me faire une plaidoirie ou autre bêtise dans le genre. Au final, qu'on m'aime ou qu'on m'aime pas ça m'fais pas grand chose. J'crois que j'ai juste fini par m'habituer à ce sentiment de constamment être en dernière position et même si les choses ont bien changés, même si j'suis beaucoup plus sur le devant de la scène maintenant, y aura toujours ce petit truc qui feras que j'pourrais pas être en première position.

Si Londres étaient une ville que j'affectionnais particulièrement, ce serait mentir que dire que notre déménagement à New York ne m'enthousiasmait pas. New York, c'est un peu le rêve de tout le monde non ? Alors j'crois qu'il ne m'en fallait pas plus pour juste être bien. Puis les choses avaient commencées de manière plutôt cool alors j'allais pas me plaindre. Certes, je restais dans l'ombre d'Apple qui était toujours tellement plus belle, plus gentille, meilleure que moi mais, j'aimais bien être là-bas. J'crois que c'était en particulier pour Sullivan. Ce mec qui m'avait donnée l'impression d'être capable de décrocher la lune pour lui. Comme un coup de foudre, j'attendais patiemment qu'il me remarque mais, pourquoi les choses auraient été différentes là-bas ? Non, Sullivan lui, il me voyait comme la pote. La fille avec qui on pouvait déconner, pas la potentiel petite amie. Puis pour couronner le tout, fallait qu'il soit déjà amoureux. Mais pas de n'importe qui non. Amoureux d'Apple. Ma soeur. J'pense que c'est la première grande baffe que je me suis prise et ma jalousie n'a fait que s'accentuer. Apple par ci, Apple par là. Pourquoi t'es pas plus comme Apple Charlie ? Merde. C'était la descente aux enfers. J'pense que tout ça, tout ces trucs que je ressentais depuis mon enfance avait finit par me faire littéralement péter un plombs. Et que ça plaise ou non, j'ai arrêtée de me battre. Purement et simplement. J'étais peut être trop fatiguée de tout ça, peut être trop faible aussi et j'ai juste arrêtée. STOP.

Est ce que vous me croyez si je vous dis que chez les Kovalevski ça marche à l'apparence ? Au pire, j'me fous de savoir si vous y croyez ou pas. J'étais tellement tombée bas que j'ai rien trouvée de mieux que me détruire moi même. Petit à petit. Lentement mais sûrement. Déjà que le fait que je fume, mes sorties tard le soir pour emmerder le monde et mes fréquentations n'étaient pas vraiment du goût de mes parents, il fallait en plus que j'en rajoute une couche. Le genre de truc qu'on ne pouvait pas cacher. Le genre de truc qui à force de temps ne pouvait plus être camouflée. L'anorexie. Même aujourd'hui je me bats contre ça, j'ai la fâcheuse tendance à me priver de nourriture et à perdre excessivement du poids mais à ce moment là, c'était le bouquet. Les joues creusées, le teint pâle, les côtes apparentes, de quoi commencer à faire peur. Mais avant que quiconque ne puisse se rendre compte de quoi que ce soit, j'étais placée dans un avion direction Londres. Non, on ne déménageait pas de nouveau. J'étais juste le vilain petit canard qui faisait tâche au milieu de la famille si parfaite. La fille ingrate qu'on envoyait chez ses grand parents histoire de se débarrasser du fardeau qu'elle pouvait représenter. Avec le temps, j'ai guéris. J'étais loin d'Apple, loin de Kenny, mais j'allais mieux. Peut être parce que là bas, je n'étais plus l'invisible, l'emmerdeuse. Peut être parce que là bas, j'étais Charline, tout simplement.

Trois ans. J'ai pris trois ans pour me remettre sur pied. Du moins, du côté des mes troubles alimentaires. Pour le reste, j'étais fidèle à moi même, fallait pas non plus rêver. Et peu avant d'atteindre mes dix huit ans, je choisissais d'intégrer moi aussi Harvard. Intelligente ? Je l'étais. J'avais pas eu vraiment de mal à passer les SATs. Et puis, fallait croire que mon si gentil père s'en voulait de m'avoir évincer de la sorte puisqu'il décidait avec plaisir de me payer la faculté. En même temps, j'restais sa fille alors il n'avait pas vraiment le choix. Puis c'était aussi l'occasion de vraiment retrouver Apple et Kenny. L'occasion de peut être retrouver ce qu'on avait perdu. J'avais bien changée depuis le temps. J'étais plus jolie, plus affirmée, plus.. Y a trop de chose en fait. Alors j'étais bien décidée à entrer à Harvard et me faire une vraie place cette fois. Trouver ce qui me fallait et être moi. J'avais de l'ambition à revendre, des envies par centaines et surtout, j'voulais briller. Montrer que je pouvais exister, que je n'étais pas condamner à être la jumelle d'Apple Kovalevski.

La mather house, c'était un choix plus qu'évident pour moi. Pour la simple et bonne raison que je me suis totalement retrouvée dans cette maison. Les marginaux, les fêtards. Bref, c'était la Mather house ou rien du tout. Et soyons honnête, il était impossible que je me fasse recaler. Si j'devais décrire ce que les gens pensaient de moi, je dirais tout simplement : BIATCH. C'était vrai et je ne m'en cachais pas. Les conquêtes je les accumulais. Une croqueuse d'homme, peut être un brin nymphomane parfois mais, j'ai jamais eu honte de ce que je pouvais être. Puis pour palier à ce côté là, tout le monde voulait être dans mon cercle d'amie. Pour la simple et bonne raison que j'étais Charlie Kovalevski, belle, populaire et princesse à temps pleins. C'est sûrement pour ça que lors de ma quatrième année, je devenais présidente de la Mather House. Y avait rien qui pouvait m'rendre mieux que ça. Et bordel, ce que les parents pouvaient criser. Les filles, c'était chez les Cabots ou rien du tout. Même pas en rêve, j'étais une Mather dans l'âme. Une Mather et juste une Mather. Et ça, peu importait les relations tendues que ça pouvait me créer avec ma famille.

Puis vint le temps des changements. Peut être que j'avais finis par être raisonnable ? Peut être que j'avais envie de vraiment recoller les pots cassés avec Apple, avec Kenny. Alors j'avais décidée de me calmer. J'avais même quitter la Mather House rejoignant ainsi les students en gage de ma bonne volonté. Tout semblait aller pour le mieux. Plus de drogue, plus d'alcool, je devenais enfin la personne que mes parents avaient toujours voulu que je sois. A tel point que même mon père était fier de moi. Mais comme chaque fois, les tableaux idylliques ne durent pas. Une épidémie en janvier 2014, des morts parmi lesquels mon père. Si tout le monde semblait plus ou moins touchés, moi j'étais anéantis. Anéantis d'avoir aussi peu de temps pour enfin partager des choses avec lui. Brisée d'avoir perdu ce père que j'avais tant cherchée à rendre fier. Alors une nouvelle fois, je laissais tomber. Peut être que faiblesse était ma caractéristique principal. Je laissais tomber et je replongeais. Mes démons refaisaient surface, la drogue devenait mon alliée et j'retournais la Mather House. Peut être que finalement, personne n'est réellement capable de changer.