J’avais eu hâte que 2015 arrive. Pour moi, c’était le symbole d’une chance, chaque début d’année représentait un infime espoir que les choses se profilent sous un meilleur jour. Et pourtant… Tout avait commencé aussi mal que 2014 avait fini. La prise d’otages… Les agresseurs du campus, finalement révélés. Vanille, Max, et tellement d’autres blessés. Puis cette fille… Avalon. Je voulais pas que les choses en viennent où elles étaient venues. Mais elle m’avait parlé d’Apple… De ce qu’elle lui avait fait. Et là, j’avais perdu le contrôle, tout simplement. J’voulais qu’elle souffre, oui. Pas la tuer. Les jours suivant la prise d’otage, je m’étais enfermée dans ma chambre, à l’appartement. Je ne voyais personne. Heureusement, malgré l’interrogatoire, il était bien vite sorti l’évidence que j’avais agi par légitime défense, et qui plus est, Phoenix avait aidé à me sortir de là au plus vite, ayant vu dans quel état de traumatisme je vivais. Puis je me suis juste… Fermée au monde. J’avais échangé quelques brefs sms, surtout pour m’enquérir de l’état de mes proches, sans jamais leur communiquer comment moi j’allais. Je n’avais pas pris de balle. Heureusement. Mais j’avais quelques hématomes, et des côtes fracturées, ce qui se révélait désagréable : Le souffle court, une douleur constante au niveau de la cage thoracique… Et surtout, je n’allais plus pouvoir danser pendant deux mois. Le moins qu’on puisse dire, c’est que j’avais des vacances forcées. Aujourd’hui, je devais passer à l’hôpital, pour que les médecins m’auscultent et me prescrivent un antalgique adéquat face à l’intensité de la blessure. Et je ne pouvais pas m’empêcher… De demander au passage le numéro de la chambre de Demyan. Depuis que je l’avais quitté, ouais… J’avais tout fait pour l’éviter. Pour éviter la douleur constante que j’avais au cœur en pensant à lui, à nous. Jusqu’à ce mois-ci. Par bien des façons, j’ai failli ne plus jamais le revoir. D’abord, avec son AVC. J’ai cru faire un arrêt cardiaque quand j’ai appris ça, ouais. Et j’étais bien vite revenue d’Amazonie, sans me décider à aller le voir pour autant… Mais je ne pouvais pas m’amuser, en sachant qu’il était à l’hôpital, et qu’on lui avait fait un putain de trou dans le crâne. En somme… c’était évident : Je ne pouvais pas me passer de lui. Je n’étais pas passée à autre chose, et mes sentiments pour lui étaient restés intacts. La preuve, pendant la prise d’otage, un de mes seuls messages lui avaient été adressé. D’abord par rapport à sa sœur, mais surtout, parce que oui… L’éventualité que je ne sorte pas du mcdo m’avait effleurée. Et que j’pouvais pas crever sans lui dire que je l’aimais une dernière fois.
Doucement, je m’étais rendue alors jusqu’à la dite chambre, le cœur battant. J’avais besoin de le voir… Même si je priais pour qu’il soit endormi. J’avais tellement peur de lui faire face. Par rapport à lui, à nous, à ce que j’avais fait. Je savais pas s’il était au courant. Sans doute savait-il pour sa sœur, alors sans doute était-il au courant, oui. Alors, je soupirais de soulagement en constatant qu'il était endormi une fois entrée dans la chambre. Il avait l'air tellement ... Paisible. Et pourtant je ne pouvais pas m'empêcher de me dire qu'il avait du souffrir. Et que je n'avais pas été là. L'expression rongée par le remord, je m'approchais de son lit, effleurant son bras du bout des doigts. Demyan...