J'aimais toujours Andy, c'tait pire qu'évident et même si j'étais actuellement en couple en Wade, ça n'allait pas changer de sitôt et je le savais. J'pense que le mather était également au courant de cette donnée.. sinon, si un jour si il se projette beaucoup trop dans l'avenir, j'allais devoir le lui dire et ça n'allait pas être un moment très agréable. Est-ce que c'tait sain ce que j'faisais ? Aucune idée, j'avais pas envie de me prendre la tête, j'avais envie d'oublier cet Eliot, oublier tous les sentiments que j'avais pour lui et me mettre avec Wade me semblait la meilleure des choses à l'heure actuelle. J'étais une personne non fréquentable depuis un petit moment déjà et ça ne faisait que de se confirmer encore maintenant. Qui a dit que j'tais bien dans ma tete ? Personne, absolument personne et c'est pas moi qui irait à contre courant pour affirmer le contraire. J'avais enchaîné sur un sujet carrément moins délicat, évoquant alors les viols et surtout le mien ainsi que ceux qui avaient été faits sur Harvard, tout près de moi, de mes amies. E vu qu'aucun homme ne semblait avoir été touché. “J’sais pas. Je pense qu’il y a pas grand choses a faire et qu’il faut qu’elles gardent la tete haute.” J'eus un rire nerveux en entendant la deuxième partie de sa réponse. C'pas possible de garder la tête haute quand toute sa fierté, tout ce que tu avais, tout ce que tu étais part en fumée à cause d'un connard. T'es obligée de t'effrondrer à un moment donné et c'est là que le soutien est important. C'était par rapport à mon vécu que j'disais ça.

Quand je voyais ma meilleure amie heureuse comme cela, je me disais que je devrais peut-être faire quelque chose pour que moi aussi je sois heureuse. Cependant, je savais qu’avec Elios pour le moment c’était peine perdue. On avait besoin de souffler, de passer a autres choses pour le moment. Peut-être qu’un jour, je pourrais retrouver l’homme qui faisait battre mon coeur, mais pour l’instant c’était une peine perdue. Je devrais me contenter de ma peur, de mon incertitude et de mon coeur brisé. Je savais que je ne pourrais jamais oublier mon amour pour Elios. C’était tout simplement impossible, ce que nous avions était bien plus qu’un simple amour. Je devais tout de même passer de l’avant, avancer, oublier mon agression. Je ne savais même pas comment j’allais faire car m’ouvrir a quelqu’un en ce moment était tout simplement impossible. Et le fait que Briony parle de tout cela me mettait très mal a l’aise. Je ne lui avais encore pas dit. Je ne l’avais dit a aucun de mes proches vraiment, et je ne voulais pas qu’ils le sachent. Briony me riait a la figure. Certes, elle avait raison. Je m’étais complètement effondrée et si la sécurité du campus n’était pas passée, je sais même pas qui m’aurait trouvé ce soir-la. “Certes, mais si tu t’effondres alors tu leur donnes raison. Ils auront gagné, ils t’auront brisé jusqu’au bout. Alors que si tu restes fortes, que tu leur montres que ça t’affecte pas alors ils auront perdus.” Ouais c’était ma théorie des choses. Je ne voulais pas donner a mon agresseur raison. Je pouvais rester forte malgré ce qu’il m’avait fait. C’était alors finalement a notre tour de commander et j’prenais alors mon caramel macchiatto, attendant que Briony ait commander sa boisson.

On parlait là d'un sujet qui m'avait touché personnellement.. et non pas Feldt. J'veux dire je la connaissais très bien ma Feldt, j'connaissais son passé très bien, tout comme son présent, alors j'pouvais vous affirmer qu'à part moi, elle connaissait pas d'autres victimes de viol. Pourtant au lieu d'abandonner ce débat qui me semblait gagner d'avance par moi même vu que je savais de quoi je parlais, la rouquine (oui oui always and forever) ne voulait abandonner la discussion et au contraire affirmait un autre opinion. “Certes, mais si tu t’effondres alors tu leur donnes raison. Ils auront gagné, ils t’auront brisé jusqu’au bout. Alors que si tu restes fortes, que tu leur montres que ça t’affecte pas alors ils auront perdus.” J'comprenais pas cette prise de position, elle savait pas de quoi elle parlait.. Alors qu'elle commandait sa boisson et que j'attendais derrière elle en réfléchissant, plusieurs élements s'emboitèrent. Ca allait m'faire comme avec Avery et Phoenix l'autre fois ? Mais vous voyez, y avait un mec, Zane, mather (c'est important de le préciser) qui était venu me voir en décembre pour m'demander si Feldt allait bien vu qu'elle avait pris de la distance avec lui. J'lui avais alors répondu que des fois elle avait besoin de prendre du temps, mais que j'essaierai d'en savoir plus. Mi-décembre. Des viols avaient eu lieu à ce moment là à Harvard. Feldt allait dans le débat du viol d'une manière qui me semblait très personnelle. Feldt s'était éloignée d'un mec avec qui elle était proche à ce moment là. Son expression quand j'avais commencé à parler de mon expérience avec Wade. J'levais les yeux vers la mather, refusant alors ce qui était en train de se mettre en place dans mon esprit. C'tait juste pas possible, non, non, non, je refusais. J'commandais à mon tour avant qu'on sorte de l'enceinte du starbucks. Tu m'dis toujours tout ou tu gardes des choses pour toi ?

Je sais pas pourquoi je me dis autant énervée contre Briony. Je voulais pas vraiment car elle savait très bien ce que c’était aussi de se faire violer. Chaque personne vivait ce genre d’expérience différemment. J’ai toujours essayé d’être forte, de ne pas me laisser abattre, mais j’en payais le prix car je m’éloignais de ce que j’aimais. Je donnais que très peu de nouvelle, évitais la plus part de mes proches car je savais que si je les voyais, j’allais finir par craquer. Je craquais quand même, quand j’étais chez moi, seule. Enfin, j’avais pas du tout envie d’en parler, de penser a cela. C’était horrible, c’était monstrueux ce qu’ils avaient fait et j’en revenais que très peu que les confréries allaient fermer a cause d’eux et des actions qu’ils avaient fait. Mon café arrivait rapidement, j’ajoutais le sucre et mélangeait avant de remettre le couvercle. J’attendais que celui de Briony arrive alors qu’elle me demandait si je lui disais toujours toi ou si je lui cachais des choses. Si elle savait ce que je lui cachais. Je voulais pas qu’elle s’inquiète pour moi. Je voulais qu’elle soit heureuse, qu’elle profite. “Bien sure que je te dis toujours tout!” Répondais-je avec un grand sourire. C’était complètement faux, mais c’était plus facile de pas lui dire et surtout pas dans cet endroit ou des mauvaises oreilles pouvaient entendre.

J'vais être honnête, là, j'avais une poussée de stress sous le poids du puzzle qui venait de se reconstituer dans ma tête. J'refusais l'évident, j'refusais même le fait de penser à tout ça, c'tait pas possible, c'tait même pas imaginable en fait les gars, non, non, non. Pas Feldt. “Bien sure que je te dis toujours tout!” Grand sourire aux lèvres. Mmh. Moi, j'tais une mauvaise menteuse et j'le savais. Feldt c'tait autre chose et j'arrivais pas à savoir si j'pouvais lui faire confiance là. J'pris un sucre également avant de sortir du Starbucks. Comment est-ce que j'peux amener ce sujet ? Vraiment ? C'tait pas comme si on allait parler de l'augmentation du prix des carottes sur le marché ou quoi hein, c'tait un peu plus délicat on va dire. J'avais le coeur qui battait fort, j'avais peur, tellement peur. Pas Feldt s'il vous plaît. J'pris une gorgée de ma boisson, avançant dans la rue. Une meilleure amie, c'est une personne qui t'connait bien et qui arrive à lire entre les lignes Feldt, t'es d'accord avec cette description ? C'est une manière d'amorcer le sujet. C'est une personne qui sera toujours là aussi, qui saura ce que tu penses avant même que tu le penses toi même, c'est vraiment une personne importante. Putain j'savais vraiment pas comment dire ça j'vous jure. Arrêtes toi voir, regardes moi dans les yeux Feldt. J'm'arrêtais également, histoire d'être face à elle, bien que plus petite que la mather. Est-ce que tu t'es fait agresser ?

J’avais au cours des années réussi a maitriser l’art de mentir, de faire semblant que tout allait bien avec perfection. Quand on avait vécu ce que j’avais vécu, quand on avait grandi dans le système, on apprenait a se voiler derrière un mur froid parce qu’on savait qui si on s’attachait trop, on allait finir par souffrir. J’avais malheureusement appris la vie de la manière difficile. J’avais pas eu le droit a une adolescence simple, avec des parents présents. J’étais ce qu’on pouvait appeler un enfant du système, quelqu’un qui était cassé par l’échec d’un système que tout le monde avait cru glorieux. C’était tellement une honte. C’est pour cela que je n’avais jamais de mal de mentir, de mettre une distance entre les personnes qui m’étaient cher. Je le faisais avec tout le monde, Alex, Elios, Briony, Wyatt, Zane. La liste était assez longue. J’avais tout simplement perdu trop de personnes en restant ouverte. Une fois que Briony avait sa boisson, nous sortions du café en commencions a marcher. Elle commençait a me parler de meilleure amie, et de son rôle, et de sa définition. Je comprenais vraiment pas pourquoi elle me disait tout cela. Je pris une gorgée de ma boisson alors qu’elle me demanda de m’arrêter. Je me retournais vers elle pour la regarder. Je regardais Briony, clairement plus petite que moi aujourd’hui a cause de mes talons. J’essayais de comprendre ce qu’elle voulait mais quand j’entendis sa question tout devenait noir devant moi. Je lâchais mon goblet sans faire exprès. Je suivais plus rien. J’avais juste les souvenirs de ce soir qui revenait voler dans mon esprit, bloquant tout contrôle de mon corps. Je pouvais sentir les larmes couler le long de mes joues, mais je n’arrivais pas a bouger. J’étais pétrifiée sur place.

J'avais peur de ce à quoi m'attendre, véritablement, parce que là.. c'était quitte ou double et j'ignorais ce que j'voulais vraiment. Bien sûr que j'voulais pas qu'elle se soit fait agressée, mais si c'tait le cas, j'voulais absolument le savoir pour être présente auprès elle, pour que tous ses amis soient là, sans forcément connaître tous les détails glauques qu'il y avait dû y avoir pendant l'acte et même avant. Putain si ils ont touché à elle.. Mais gad, Alexander il va les traquer jusqu'au dernier et si Hendrix était encore là ils auraient fait ça ensemble avant de torturer le connard. Feldt face à moi, j'lui posais la question fatidique. Elle cligna des yeux ptete une ou deux fois avant de lâcher son gobelet qui lâcha le café sur mes chaussures et de se mettre à pleurer doucement. Putain, si c'est pour que ça aille aussi vite cette montée d'émotions c'est qu'elle en avait jamais parlé. Un mois sans qu'elle en touche un mot mon dieu. J'posais mon verre par terre avant de prendre ma meilleure amie dans mes bras, caressant son dos. Et c'est maintenant que tu vas comprendre que ça fait du bien de ne pas être seule ma belle.. J'pouvais pas lui dire que ça allait aller, c'était pas vrai, juste lui dire qu'on allait être là.

Je pensais pas que ca allait faire autant mal, qu’elle me pose cette question. Elle était techniquement pas la premiere personne a qui tu l’avais dis. Les policiers et les ambulanciers avaient été les premiers le soir de l’agression. J’avais passé la nuit aux urgences pour des tests mais je n’avais prévenu personne étant donné que de toute façon, Elios s’occupait des jumeaux ce soir-la. Mais après l’incident, je n’avais rien dit. J’avais juste évité le sujet, retournant a ma vie normale. On m’avait propose un psychologue a l’université, mais j’avais refusé. Je savais gérer mes problèmes et mes cauchemar. Enfin l’alcool et mes somnifères savaient le faire. Puis y a eu la classe de neige, mes enfants, il y avait un tas de trucs qui étaient venu et du coup, j’en avais pas parlé. La seule personne a qui je l’avais vraiment dit c’était Jude quand je l’avais vu a l’hôpital l’autre jour. Il avait été la premiere personne et ca m’avait deja fait bizarre. On était pas très proche, mais la c’était Briony, c’était ma meilleure amie, ma moitié, la fille a qui j’avais confié la responsabilité de ma fille en cas d’accident. J’avais une confiance aveugle en elle, mais je n’avais pas pu lui dire ce qu’il m’était arrivé car je ne voulais pas qu’elle s’inquiète. Je ne suivais pas trop ce qui se passait, j’étais encore sous le choc de sa question et de mes emotions. Je tremblais, mes lèvres tremblaient et je retenais les sanglots avec beaucoup de mal. J’avais envie de crier, de pleurer, de m’enterrer six pieds sous terre, de disparaitre. Finalement, Briony me prenait dans les bras et je passais mes bras autour d’elle. Je n’arrivais pas a dire un mot, je continuais de pleurer mais je me sentais un peu mieux la dans les bras de ma meilleure amie.

J'ignorais quoi dire alors que pourtant, j'étais passée par là. Je savais ce qu'elle ressentait, ce qui lui passait par la tête et tout ça. Pourtant, les mots ne sortaient pas mais la rage commençait à vraiment grandir dans tout mon être. Ils avaient osé touché Milena ET Feldt, ils avaient osé les rendre "objet" avec leur loterie mentale. J'vous jure que j'tais en train d'élaborer des plans de torture si jamais je les trouvais. Je prenais fort dans mes bras la belle mather, je ne la quittais pas, les gens dans la rue m'étaient désormais invisibles. Tout ce qui comptait était Feldt et son bien-être. J'me sentais tellement mal de rien avoir vu, de ne pas avoir perçu son mal être et encore moins le fait qu'elle était malade, qu'elle essayait d'être forte alors qu'elle ne l'était pas. Elle intériorisait tout, comme d'habitude et c'tait loin d'être une bonne idée, surtout avec les jumeaux dans le coin quoi. J'suis pas une inconnue.. t'as l'droit de pleurer. Pour l'nombre de fois où tu m'as vu peter un plomb, t'as bien le droit à ton tour aussi. J'voulais essayer de la faire un peu sourire, mais en même temps, j'voudrais vraiment qu'elle pleure, qu'elle se laisse aller une bonne fois avant qu'on parle de ce qui s'était passé exactement.

J’avais envie de m’enfoncer au fond d’un trou et de plus jamais en sortir. J’avais tellement honte de ce qu’il m’était arrivé, d’avoir été si faible et j’avais encore plus honte de pleurer ici dans la rue. Je détestais cela, pleurer devant tout le monde. Je ne montrai que rarement ce que je ressentais, que cela soit en public, devant mes amis ou chez moi. je gardais ma souffrance en moi car soyons honnête, c’était tellement plus simple de faire semblant que d’accepter qu’on allait pas bien. Ca faisait un mois que c’était comme cela, un mois que j’intériorisais tout, que je ne laissais quasiment personne me toucher. Si je gardais la tete et que je continuais de me battre, c’était car mes deux enfants me donnaient la force. Je vivais pour eux quand j’allais mal. Autant qu’ils pouvaient être chiants, ils étaient également des rayons de soleil dans ma vie noire. Je continuais de pleurer dans les bras de Briony. C’était bien une chose rare. J’étais toujours celle qui était restée forte, qui gardait la tete haute. J’étais pas celle qui craquait pour un rien. Finalement, je reculais un peu. “Est-ce qu’on peut aller autre part?” J’avais pas envie de rester au plein milieu du campus entrain de pleurer comme une débile.