Comment pouvais-tu décemment reprendre une vie normale alors que tu n'avais aucuns souvenirs. C'est comme si tu avais été dans une fosse aux lions sans défense. Alors bien évidemment tu pouvais demander conseil à Lavender et Briony mais vu le nombre de questions que tu avais sur toi même et ta vie à Harvard, tu les dérangerais toutes les cinq minutes. Et puis qui sait te débrouiller toute seule t'aidera peut être à retrouver les pièces manquantes de ta vie. En attendant de savoir ce que tu avais fais ces cinq dernières années, tu avais aussi du te plonger dans des études de journalisme, il s'agissait là de ta troisième année. Tu avais fouillée dans tes anciens cours, d'ailleurs tu avais eu beaucoup de mal à remettre la main dessus à croire que tu étais devenue bordélique. Tu avais voulu te rafraîchir la mémoire et bizarrement en relisant c'était venu tout seul. Les médecins avaient donc raison il n'y avait que la partie de ta mémoire concernant les souvenirs qui avait été touché, lors de ton traumatisme crânien. Tu avais deux heures à combler avant ton prochain cours, et tu te rendais donc au starbucks de l'université, histoire de refaire le plein de caféine pour le reste de la journée. Tu avais jeté ton dévolu sur café frappé au caramel, vu que les températures étaient encore plutôt agréables pour la saison. Mais comme tu avais décidé de relire quelques notes sur ton cours de littérature espagnole, tu préférais t'installer à l'intérieur plutôt que de voir tes feuilles volés si jamais le vent venait à souffler en terrasse. Les places coûtaient chères dans ce café souvent pris d'assaut. Néanmoins, tu remarquais un emplacement vide à une des tables où était déjà installé une étudiante. Tu t'approchais de la rousse, ton café en main et demandait poliment." La place n'est pas occupée, je suppose ? Puis-je donc m'installer à moins que vous attendiez quelqu'un ? " Tu étais bien élevée et ne te permettrait pas de t'asseoir ici sans être certaine que cela soit possible.

Ce n'était pas ton genre de déranger les gens sans les connaître mais là tu n'avais pas vraiment le choix étant donné qu'il s'agissait de la seule place de libre et que tu étais loin de connaître des gens à Harvard. Enfin si tu en connais mais sans le savoir, ce qui en soit n'était guère pratique et plus que difficile à vivre. T'étais dans le flou le plus total mais tu essayais de te débrouiller comme tu le pouvais. Tu n'avais pas tellement le choix et il y avait deux trois personnes sur qui tu pouvais compter encore. Alors que ton regard était toujours posée sur la jeune femme et que tu attendais sa réponse avec une pointe d'anxiété, tu la vis te regarder de travers comme si tu avais dit quelque chose de mal. Elle semblait désemparée par ta présence et cela n'augurait rien de bon. De nombreuses personnes que tu avais soit disant l'habitude de côtoyer avant ton accident avait eu le même genre de réaction. Quand tu l'entendis prononcer ton prénom, tu ne savais pas trop quoi dire. Une fois de plus tu allais devoir expliquer ta situation, t'excuser pour ne pas te souvenir de cette jeune femme, que tu le regrettes. C'est pas ton truc de parler de toi et pourtant t'étais bel et bien obligée." C'est moi. Je suis navrée mais je ne me souviens pas de vous. Disons que pour simple, un accident a eu raison de mes souvenirs de ces dernières années. " Comme toujours, tu ressentais un pincement au coeur car t'en avais plus que marre de blesser les autres en ne les reconnaissant pas." Du coup je pourrais peut être savoir qui tu es ? " Finalement tu décidais de t'asseoir pour avaler une gorgée de café froid.

Découvrir ta vie dont tu n'avais aucuns souvenirs était quasi une recherche spirituelle mais également un parcours du combattant semé d'embûches. Il fallait déjà que tu acceptes cet inconnu, et tu ne l'avais pas encore réellement fait. Il avait fallu que tu laisses le passé derrière toi et notamment ta carrière sportive que tu voulais poursuivre mais que tu avais arrêté pour Harvard alors t'étais coincée ici à côtoyer des gens que tu pouvais connaître mais qui pour toi étaient de simples étrangers. Tu blessais beaucoup de gens autour de toi, ton soit disant meilleur ami que tu n'osais pas de nouveau affronter de peur de lui planter encore un couteau en plein coeur en te comportant comme une simple personne qu'il croiserait au campus, quand bien même t'avais envie de le connaître mais tu ne voulais pas le faire subir ça. Il y avait aussi ton mari, ça c'était la partie la plus étrange car à son égard tu ne ressentais rien si ce n'est de la culpabilité. Et là cette fille, sous le choc de tes paroles alors que tu venais de lui dire de but en blanc ton incapacité total de te replacer un nom sur son visage." Je suis désolée mais non. Tout ce que je vais réussir à avoir en me creuser l'esprit c'est attraper un mal de tête. " Ce n'est pas que tu ne voulais pas faire d'efforts mais seul le temps et l'aide des personnes autour de toi t'aiderait dans cette quête de ton identité, et puis même ce n'est pas parce que les souvenirs refaisaient surface que comme par magie tu redeviendrais cette Keyla que les gens ont l'habitude de connaître, il fallait encore que tu acceptes d'être cette personne. Du moins c'est ce que tu penses aujourd'hui.

C'était troublant comment cette jeune femme détournait son regard de toi comme si elle avait honte de te regarder. Cela ne te rassurait guère, et ton coeur s'emballait, parce que tu ne comprenais toujours pas pourquoi elle agissait de cette manière. Tu t'imaginais des tas de scénarios dans ta tête tous plus fous les uns que les autres. Finalement il aurait été préférable que tu restes dans ton coin plutôt que d'affronter ça. Tu sentais les larmes te monter aux yeux, c'était insupportable de ne pas savoir, d'attendre qu'elle daigne te mettre sur la piste. Tes yeux se plissèrent quand elle commence à aligner plus de deux mots. Enfin la délivrance... ou pas. La dernière que tu aurais oublié ? C'est que vous deviez être proches alors non ? T'étais encore en train de briser le coeur de quelqu'un pour n'avoir aucun souvenir. T'avais déjà du subir ça de la part de ton meilleur ami et ton mari. Jamais deux sans trois, dirons nous. Sauf que cela te brisait un peu plus chaque jour." Je ne suis pas certaine de comprendre. Tu m'aides pas vraiment là. " Tu ne connaissais même pas son prénom alors comment pourrais-tu avancer si elle n'osait pas te dire ce qu'elle était pour toi." Saches que je suis aussi mal à l'aise que toi si ce n'est plus. " Parce que c'était bien toi qui devais tout réapprendre sur ta vie et non elle.

C'était difficile de marcher alors que tu ne savais pas où tu mettais les pieds. T'avais peur de faire les choses de travers, tu ne savais même plus comment aborder une conversation avec quelqu'un. Le monde t'apeurait et là avec cette rencontre soudaine, cela ne faisait que confirmer qu'il était nécessaire que tu restes chez toi et que tu n'adresses la parole à personne, ça t'évitera bien des situations gênantes comme celle-ci. Tu commençais à paniquer quant à la suite de la conversation alors tu avalais des tonnes de ton café. Surement pas une bonne idée parce que ça allait t'énerver et la jeune femme commençait à jouer avec tes nerfs en disant qu'il était préférable que tu ne saches rien. Qu'est ce qui pouvait être si terrible entre vous ?" Franchement je vois pas ce qui pourrais être pire que d'avoir perdu la mémoire ? " Mais bon ça elle ne pouvait pas comprendre car ce n'était pas elle qui était à ta place." Heeeey vous deux ! ... J'peux me joindre à vous ? " Tu tournais la tête en entendant la voix de ta meilleure amie." Bien sûr, je pense pas que ça pose problème à ... ben je connais toujours pas son nom en fait. " Son prénom était peut être lui aussi dangereux pour toi ?