Okay, je m'autorisais une courte pause fangirlisme. Parce que voir Demyan comme ça sur les vagues, c'est juste jouissif, je devinais son sourire d'ici, et d'ailleurs je ne pouvais que l'encourager en l'applaudissant, si bien que j'en attirais son attention, mon petit ami me faisant un rapide coucou avant de repartir à l'assaut d'une nouvelle vague, aussi énorme que les précédentes. Perchée sur le bateau, je le regardais sagement apprivoiser la vague, sauf qu'à mesure que je le regardais, je ne réalisais pas sur le moment ce qui était sur le point d'arriver. De là ou j'étais, une seconde il était sur sa planche, la seconde d'après il tombait de cette dernière. Sur le coup, je rigolais, me disant qu'il avait du louper son coup et qu'il aurait la prochaine. Je surveillais, et au bout d'un long moment, il remonta à la surface... Au mauvais moment. Une vague le submergea presque aussitôt, et je me redressais sur le bateau, sourcils froncés. « Demyan ? » Appelais-je en scrutant la mer, au cas ou il soit remonté et que je l'aie manqué. Sauf que cette fois, je le vis émerger et se faire submerger à nouveau, assommé par sa planche. Ni une ni deux, je ne réfléchissais pas, démarrant le bateau pour me diriger vers l'endroit ou il se trouvait. « DEMYAN ! » Le cauchemar avait commencé, il ne remontait pas cette fois. A mesure que je m'approchais, je crus distinguer une ombre dans l'eau, mais je ne m'en préoccupais même pas, me rapprochant au maximum de l'endroit ou j'avais vu mon petit ami émerger pour la dernière fois. J'arrêtais le moteur, attrapais ma propre planche au cas ou, sans penser une seconde de plus, je me jetais littéralement à l'eau. C'était un cauchemar, la seule chose que j'avais redouté était en train d'arriver.. Sauf que cette fois je pouvais faire la différence. Le temps de m'habituer à être sous l'eau, je repérais rapidement les "lieux", et surtout, je voyais du sang... Trop de sang à mon goût. Une silhouette sombre et surtout trop grosse à mon goût nageait non loin. Mon sang ne fit qu'un tour en comprenant la situation : Un requin avait du le faire tomber de sa planche. Et s'il l'avait blessé ? Ou pire ? Je m'enfonçais sous l'eau, le repérant enfin... Il avait heurté le récif, mais je n'avais pas le temps d'évaluer l'étendue de ses blessures, le plus important était de nous ramener à la surface. Je tâchais donc tant bien que mal de l'attraper, remarquant au passage que sa combinaison était lacérée au niveau de son torse. Maintenant, plus délicat, il fallait rejoindre le bateau, parce que je commençais à avoir des difficultés à rester en apnée.

Après avoir bataillé, je remontais jusqu'à la surface, où j'avais distingué la forme d'une planche, la mienne ou celle de Demyan, peu m'importait pour le coup. Mais c'est une fois à la surface que les choses se sont corsées. J'ai eu toutes les difficultés du monde à placer le jeune homme sur la planche - C'est pas qu'il fait le double voir plus de mon poids buuut... - puis à le ramener jusqu'au bateau. Après ce qui m'a semblé être une éternité, enfin, je l'avais ramené sur le bateau. Y avait du sang... Partout. Son visage, son torse... Mais au moins le requin semblait ne pas être responsable finalement. Je hoquetais, secouée de sanglots, mais tâchais d'être réactive, entamant un massage cardiaque et du bouche à bouche. « Demyan, restes avec moi! » T'as pas l'droit d'me faire ça, me fais pas comme Keanu, je le supporterais pas.

Ces moments là quand il vous arrive un truc grave... Sur le coup tu ne comprends pas, tu subis juste. C'est l'instant d'après, un bref instant plus tard que là, ton cerveau fait une espèce de replay, tu revois toute la scène et au ralenti et là tu te dis... Mais pourquoi j'ai pas réagit? Souvent on a pas le temps mais on se pose la question quand même car c'est comme ça. Moi là, je réalisais, ou du moins j'en avais l'impression, que je venais d'être tapé par un squale et que j'étais tombé à l'eau pour me faire brasser par des rouleaux monstrueux. Non le pire? C'est la planche... Cette foutue planche qui est venue me frapper sec avant que j'aille m'éclater au fond de l'eau contre ce récif. Ouais là tout est clair pourtant j'ai l'impression que tout se brouille à la fois... J'me perds dans le noir, des pensées bizarres. En fait je ne sais plu où je suis. Puis soudain sa voix, Roxanna? « Demyan, restes avec moi! », d'un coup je respire à nouveau en ouvrant les yeux, inspirant un grand coup profondémment même si là wouah tout me revient dans la gueule. La lumière, le décor qui bouge, l'eau, la douleur. Je me sentais putain de mal et pourtant je réalisais ce qu'il m'arrivait malgré tout... Réflexe de médecin oblige. Alors j'ai essayé de me regarder, penchant un peu la tête en avant pour constater que j'avais le torse en sang. Là j'essayais de bafouiller "C'est... Est-ce que c'est profond?" la tête qui tournait à mort mais il fallait que j'essaie pour la guider car je la voyais bien, ma Roxy, en larme et en panique.

J'étais essoufflée, épuisée, mais surtout... Surtout paniquée. Remontée sur le bateau avec Demyan, je m'efforçais de lui faire un massage cardiaque, les mains tremblantes, et du bouche à bouche. Heureusement que j'suis sortie avec deux futurs médecins bordel, sinon je crois que j'aurais jamais réussi à faire tout ça. Je luttais contre la panique, continuant, encore, et encore, et encore, jusqu'à ce qu'enfin, il ouvre les yeux, inspirant profondément. Là, je fondais en larmes, plaquant une main sur mes lèvres en hoquetant. Il était vivant... Mais il souffrait. Il se penchait en avant, pour regarder sa blessure, et je me précipitais en avant, alors qu'il bafouillait : "C'est... Est-ce que c'est profond?" Rien qu'à entendre sa voix, mes larmes redoublaient, et je hoquetais tout en essayant de répondre : « C'est … Oui... Tu as perdu beaucoup de sang.. » Le sol du bateau était rouge, à vraie dire, je baignais presque dedans, et j'aurais fait un malaise si l'adrénaline ne me poussait pas à rester debout pour lui.« Arrêtes de bouger, t'es.. T'es aussi touché à la tête.. » Mes doigts effleuraient son front, sans toucher ses blessures. Je regardais alors vers la côte. « Il faut un médecin.. » J'veux dire.. Autre que lui. Parce que si je rejoignais pas vite la côte, il allait se vider de son sang.

J'avais mal, avant de reprendre mon souffle j'avais recraché pas mal d'eau et autant vous dire que l'eau salée, ça passe encore moins bien. J'étais surtout encore étourdi par le coup que j'avais pris et en bonus le récif qui m'avait achevé. Roxy était en larme, en panique et j'essayais de la rassurer instinctivement en posant ma main sur son bras en tâchant de faire quelques "Chuuut... chut, ça va aller." au passage mais dure je dois avouer. Essayant de rester rationnel, opérationnel un minimum, je lui avais demandé l'étendu des dégâts et toujours en pleure elle me répondait au mieux « C'est … Oui...  Tu as perdu beaucoup de sang.. », levant les yeux vers elle au mieux, je répliquais "Chuuut... Panique pas. L'eau... L'eau arrange rien tu..." mais j'avais du mal à parler car je luttais pour rester éveiller. J'essayais alors de me redresser mais rien à faire, Roxanna me dit alors « Arrêtes de bouger, t'es.. T'es aussi touché à la tête.. » en effleurant mon front de ses doigts avant d'ajouter « Il faut un médecin.. », prenant sa robe pour tâcher d'appuyer sur ma plaie, je me laissais retomber en arrière, regard vers le ciel en lui disant toujours étourdi "Ok... Retourne près du moteur et..." oula, ça tournait de plus en plus là "Et tire le starter en... En poussant la manette des gaz... Tu n'auras plu qu'à actionner le lanceur en... Tirant..." de façon sèche jusqu'au démarrage mais je n'arrivais pas à finir ma phrase que je sombrais de nouveau dans les pommes...

J'étais en train de devenir folle, Demyan se vidait de son sang sous mes yeux – ou du moins il en perdait beaucoup... Combien de litres de sang on a déjà ? - et j'avais l'impression de ne rien pouvoir faire pour arrêter ça. "Chuuut... chut, ça va aller." Me répétait-il après avoir repris conscience, passant sa main sur mon bras qui était secoué de tremblements, et j'essayais sincèrement de me calmer, je n'y arrivais juste pas. Je lui dit alors qu'il était plutôt bien blessé, toujours en train de pleurer comme une gamine de six ans, et levant son regard clair vers moi, Demyan recommença alors à tenter de me rassurer : "Chuuut... Panique pas. L'eau... L'eau arrange rien tu..." J'essayais de reprendre un souffle régulier, hoquetant en fronçant les sourcils. L'eau quoi ? Je ne comprenais pas et il avait du mal à parler, j'allais finir par faire une crise. Je me reprenais cependant lorsque Demyan tenta encore de se redresser, et je lui indiquait de rester au sol, parce qu'en plus d'être bien griffé sur le torse, il avait du sang partout sur le visage, et une plaie plutôt vilaine. Il attrapa alors ma robe pour la placer sur sa plaie, et pour éviter qu'il fasse des efforts, je prenais aussitôt le relai. Sauf que... Il fallait un médecin. Il fallait appeler les urgences, et ça, depuis la mer, c'était pas très possible. "Ok... Retourne près du moteur et..." Demyan marqua un nouveau temps de pause, et à chacune de ses pauses je retenais mon souffle, en proie à la panique. Me laisses pas chéri, me laisses pas... "Et tire le starter en... En poussant la manette des gaz... Tu n'auras plu qu'à actionner le lanceur en... Tirant..." Il arrêta sa phrase, et sombra à nouveau dans l'inconscience. « Demyan ? » Murmurais-je d'une voix étranglée par de nouveaux sanglots. Pas de réponse. Il fallait que je réagisse vite. « J'vais... Je vais te sortir de là. Oui.. Retourner près du moteur.. » Murmurais-je plus à moi même qu'autre chose, pour me souvenir de ses indications. Je lâchais doucement la robe en tâchant de la laisser placée sur sa plaie, et me jetais presque sur le moteur, essayant de démarrer en suivant les indications de Demyan. Au bout de longues secondes, interminables, je réussis à démarrer ce foutu bateau, rejoignant en quelques minutes la plage. Immédiatement, des gardes côte vinrent vers nous, alors que je m'étais remise auprès de Demyan pour refaire pression sur sa blessure avec ma robe. Tout s'enchaîna très vite ensuite. L'ambulance, des gens qui me demandaient ce qui s'était passé, et on voulu me séparer de Demyan, mais là, hell no, je voulais tout voir, si bien que je montais à l'arrière de l'ambulance, restant auprès de mon petit ami inconscient en direction de l'hôpital.

FIN DU TOPIC