Alicia E. Johnson a écrit:Petite Marie, tu n'es pas grande, enfin je crois, mais là n'est pas la question, je crois que tu prend de l'âge aujourd'hui :y:22 ans :luv2:, 22 ans c'est la classe . On se connais pas vraiment, mais comme je t'ai dis dans mon LO, je suis certaine que tu es une fille vraiment tarée et je me rapellerai toujours de cet exposé. D'ailleurs elle est où la vidéo ?? Hein Hein ??? Elle est où moi je voulais voir ce que t'avais fait et la réaction des autres de ta promo. J'espère qu'on aura l'occasion de faire plus ample par l'avenir, parce que je suis certaine qu'on peut s'entendre et je compte sur le lien qu'on sous Holly pour ça enfin j'espère !!!!! D'ailleurs si tu vois ce mot et que je ne t'ai pas répondu je te propose mes services comme cadeau d'anniversaire, ce que tu veux pendant une journée quand tu veux, sur le forum ou si un jour on se voit avec d'autres personnes d'ILH un jour, je serai à ton service, à toi de voir !!!!! En tout cas je te souhaite un très bon anniversaire Marie, j'espère que tu profitera à fond de ta journée, pleine de surprise j'en suis certaine. :y:Je te fais plein de gros bisous et que cette vingt deuxième années de vie sur cette terre t'apporte encore plus de bonheur que les année précédente Alicia/Bab

We make up horrors to help us cope with the real ones. - Stephen King

L'enigme
Sur ILH, t’es pas quelqu’un d’invisible, de transparent et tous les synonymes que tu veux. Au contraire. Et les gens aiment bien t’poser des questions –du moins aimeront quand la section sera plus connue- pour t’connaître un peu plus.. irlement, tu vois ?

▲ avatar@dark dreams

Phoenix, Arizona.

L'ancienne salle de danse de Phoenix n'avait qu'un accès : Une vieille fenêtre dans une arrière pièce, que presque personne n'avait jamais remarqué. De toutes manières, plus personne ne voyait l'intérêt de venir par ici. Les lieux avaient été abandonnés depuis plus de dix ans, et l'état n'avait pas encore trouvé les fonds, ni l'idée nécessaire à la démolition de l'endroit. Mais si pour beaucoup, ce lieu n'a aucune histoire, pour moi il signifie une majeure partie de ma vie. Enfant, j'ai fais mes premiers pas de danse sur le plancher de cette salle. Je me regardais dans le miroir, sous le regard fier de ma grand mère, alors que j'avais seulement cinq ans. Quand la salle avait fermé, j'ai été anéantie, mais j'ai continué de danser ailleurs. Ce lieu, après avoir été ma première école de danse, est devenu mon repère, mon refuge, mon échappatoire. A l'adolescence, lors des crises insupportables de mon père, je venais me cacher ici, pour danser, manger, me reposer, pleurer. Pleurer ... Exactement ce que j'ai fait le soir ou mon père est mort, et exactement ce que je fais en ce moment même. Recroquevillée dans un coin de la pièce, mes larmes semblaient intarissables. Mes poings serrés qui entouraient mes genoux, tremblaient, tout comme le reste de mon corps depuis la nuit de mardi à mercredi. Je sentais encore mes doigts sur la détente, j'entendais encore les deux coups de feu successifs qui s'étaient échappés du revolver. Ma nuit à l'hôpital, avec Billie, et surtout, ma fuite lorsque j'ai vu la police arriver. Je ne suis même pas passée par chez moi prendre des affaires. J'ai juste sauté dans ma voiture et démarré. Et j'ai roulé sans m'arrêter. Jusque là ou tout à commencé. Mon bras me brula brusquement, et je posais une main sur ma cicatrice, qui ... N'en était plus vraiment une. Comme si j'étais revenue quatre ans plus tôt, lorsque j'ai heurté la table en verre qui s'est brisée sous mon poids, après une énième gifle de mon père. Je sentais encore le verre traverser la peau de mon bras, tout comme la lame de Martin Hannigan qui en avait retracé le contour cette semaine. Dans les deux situations, j'ai fini par me réfugier ici. Je n'échappais pas à mon destin, changer de nom n'avait servi à rien, tout comme Billie. Une fois de plus, j'ai ôté la vie à un homme.

J'ai arraché les pansements que m'avaient mis les médecins. Mes plaies étaient nettoyées, mais j'avais encore le trait tracé au couteau par notre agresseur, et la marque qu'avait laissée la balle qui avait traversé mon épaule, dans mon dos, et tout près de mon cou. J'ignorais la douleur, me répétant que je la méritais pour avoir tué encore. Même si cette ordure méritait de mourir, je ne voulais pas que cela arrive de ma main, ni celle de Billie. Je la revoyais encore pointer l'arme sur lui, le regard chargé d'émotion face au meurtrier de son père, prête à appuyer sur la détente... Je lui avait dit de le laisser aux mains de la police. Au lieu de cela, je lui ai tiré une balle en plein cœur. Un nouveau frisson me parcourut. De larges cernes s'étendaient sous mes yeux bleus, depuis mardi j'avais du dormir à peine trois heures, et nous étions vendredi déjà. Mon téléphone, après de nombreux messages que je n'ai même pas osé lire, finit par se décharger. C'était mieux comme ça. Harvard perdrait une élève parmi tant d'autres, je deviendrais invisible, les autres m'oublieraient ... Billie, enfin débarrassée de ce fou à lier, pourra continuer sa vie... Je priais pour qu'elle me pardonne. Tout comme Jude, ou Apple, Damen, Soliman ... Tous mes proches qui allaient me voir disparaitre du jour au lendemain sans explication. Autant me considérer comme morte. Tout à coup, j'entendis un bruit venant de l'arrière pièce, où se trouvait la fenêtre. Je tressaillis, et me redressais. Quelqu'un essayait d'entrer. A pas légers, je me glissais dans l'endroit ou, adolescente, j'avais coutume de me réfugier. Dans le creux d'un meuble, entre son dos et un miroir qui faisait office de mur. Les bruits de pas se rapprochaient, mais je n'entendais aucune voix. Je retenais ma respiration et baissais la tête, essuyant les larmes sur mes joues en espérant que la personne reparte aussi vite qu'elle était venue.

Je crois que je n’avais pas eu aussi peur, de toute ma vie. Billie était tellement dans un sale état dans sa chambre, que je me demandais dans quel état devait être Roxanna. Surtout sachant qu’elle était loin d’ici, toute seule. Quand Billie nous a dit à Julian et moi qu’elle pensait savoir où Roxy pouvait se cacher, j’avais tout de suite pris ma voiture pour prendre la route vers Phoenix. Cela faisait deux jours que je n’avais pas fermé l’œil de la nuit, j’avais des cernes certainement horribles sous les yeux, je mangeais mal et donc, je ressentais beaucoup trop souvent mon manque de drogue. Mais je n’avais pas la tête à penser que j’étais en manque. Je devais juste la retrouver elle. Je ne connaissais pas du tout Phoenix, mais pas la peine de connaître : j’aurais retourné toute la ville si il le fallait. Il y avait un bon bout de route de Cambridge à Phoenix, mais il fallait que je tienne. Je me suis arrêté plusieurs fois sur des aires d’autoroute, essayant de trouver du café ou sinon, des tonnes de litres de coca-cola pour la caféine. J’ai roulé toute la nuit, en écoutant tous mes stocks de CD, essayant de me vider la tête et de ne pas penser à ce que je pourrais trouver. C’est vrai…Roxanna devait avoir été blessée, et elle s’était enfuie de l’hôpital si j’avais bien compris, ou quelque chose comme ça…J’espérais qu’elle allait bien. Mais parfois, je n’arrivais pas à être optimiste – déjà que j’étais de nature pessimiste alors là… - et j’imaginais qu’elle était peut-être morte. Mon dieu…qu’est-ce qui se passerait, si c’était le cas ? Je n’avais jamais pensé perdre Roxanna, ou du moins, pas de cette manière…pas elle aussi… Vers six heures du matin, je décidais de quand même faire une pause. Je réussis à dormir peut-être une petite heure, c’était très loin d’être suffisant, mais je savais que je ne pourrais pas fermer l’œil plus que ça, surtout que j’arrivais à Phoenix.

Phoenix, c’est grand, et trouver cette foutue salle de danse n’avait pas été une partie de plaisir. Je dus demander à plusieurs reprise aux peu de passants que je trouvais à cette heure très matinale dans la rue, mais les gens n’avaient pas l’air de connaître cette salle. Billie avait précisée qu’elle était abandonnée depuis des années, il fallait donc que je demande à des gens un peu plus âgés. Vers presque neuf heures, je trouvais enfin un couple qui connaissait cette salle et en arrivant devant le bâtiment, je compris pourquoi les gens ne savaient pas que c’était une salle de danse, car ça n’avait l’air de rien de tel, de l’extérieur du moins. J’avais faim, j’étais fatigué et je sentais en sortant de ma voiture que mes jambes et tous les muscles de mon corps étaient engourdies. J’arrivais devant la porte d’entrée que j’ouvrais légèrement avec une certaine difficulté, on voyait bien que personne n’y entrait plus depuis des années. Mais impossible de l’ouvrir assez pour pouvoir entrer. Je soupirais et je fis le tour du bâtiment, trouvant une fenêtre un peu ouverte. Je réussis à l’ouvrir assez pour pouvoir me glisser à l’intérieur. C’était très sombre malgré la présence de la fenêtre et l’odeur de la poussière mêlée à l’humidité me donnait presque la nausée. Je ne savais pas du tout où aller, gauche, droite ? J’entrais dans une pièce au hasard, le cœur battant à une allure horriblement folle, je marchais doucement pour ne pas faire trop de bruit, juste au cas où. Je plissais les yeux, regardant autour de moi pour essayer de distinguer quelqu’un…ou au moins…quelque chose… « Roxanna… ? », murmurais-je doucement d’une voix tremblante et fatiguée. « Rox…dis-moi que t’es là chérie.. », lançais-je à nouveau, un peu plus fort pour être sûr qu’elle pourrait m’entendre même si elle était dans une autre pièce alors que je continuais de faire le tour de celle dans laquelle je me trouvais, peinant désespérément à trouver ma petite amie, complètement terrifié de ce que je pourrais trouver…

Je sentais mon coeur battre à toute allure, et la peur m'envahir. Je me faisais tous les films imaginable, me demandant qui pouvait bien avoir envie de venir dans cette salle. Et si la police m'avait retrouvée ? Et si quelqu'un m'avait vu venir et ne pas ressortir, et avait fini par contacter les autorités? Tétanisée, je ne fis plus un geste, regardant dans le miroir qui me faisait face et qui me reflétait le reste de la salle de danse. La salle principale était la mieux entretenue, mais elle était encore très poussiéreuse. Adolescente j'avais lavé ses vitres et son parquet plusieurs fois, mais cela remontait à mes seize ans ... Autant dire une éternité, et depuis le temps la saleté avait largement eu le temps de revenir... Et je n'avais plus vraiment la tête à m'occuper du ménage désormais. D'ordinaire éclairée, la salle était dans la pénombre, et je ne saurais dire s'il était tôt le matin ou tard le soir. J'avais perdu la notion du temps depuis que je m'étais enfermée ici pour laisser libre cours à ma peine. Tout à coup, je me figeais, voyant une ombre pénétrer dans la pièce. Carrée, grande, tout poussait à croire qu'il s'agissait d'un homme, mais de si loin je voyais terriblement mal, qui plus est dans le reflet de ce miroir poussiéreux. Mon sang se glaça lorsque j'entendais une voix qui ne m'étais que bien trop familière. « Roxanna… ? » murmura la voix faible de Jude.

Mes yeux bleus s'agrandirent, et je reculais d'avantage pour me dissimuler. Comment avait-il pu me trouver ? Comment avait-il su que je serais ici, à des centaines et des centaines de kilomètres de Cambridge et d'Harvard. Comment savait-il que je serais dans ce studio de danse précis ? Tout à coup, la réponse me revint en un éclair : Lors de notre soirée au bar, j'avais discuté avec Billie de mon adolescence, et du soir ou j'avais quitté l'état d'Arizona. Je lui avais confié que, pour échapper à mon train quotidien, et le soir de la mort de mon père, je m'étais souvent cachée dans cette salle pour décompresser ou danser, tout simplement. Voir même dormir, puisque je prenais plus jeune un sac de couchage avec moi. Mais cela n'expliquait pas la présence de Jude. Il avait été la voir. Intérieurement, je me demandais si elle allait bien, si elle s'était remise de ses blessures. Je me souvenais de son visage et de tous ces hématomes, une fois arrivées à l'hôpital... Cette image restait gravée dans ma mémoire. « Rox…dis-moi que t’es là chérie.. » dit Jude plus fort alors, me faisant monter les larmes aux yeux. J'étouffais un sanglot, et une larme salée glissa le long de ma joue, brulant la commissure de mes lèvres boursoufflées depuis les coups que j'avais pris mardi. Je refusais qu'il me voie ... Je refusais même qu'il devine mon existence en ces lieux. Je voulais qu'ils me croient tous morte. Morte avec ce type que je ne connaissais pas. Je resserrais mes genoux contre moi, en voyant sa silhouette s'approcher de moi. Je sentais sa voix trembler, et ma gorge se serrer. Je savais qu'il avait peur, mais je ne supporterais pas qu'il tombe sur moi, je ne pourrais pas supporter son regard sur ma personne, alors que je venais d'ôter la vie, encore, à un homme. Même pour de la légitime défense. Je tournais la tête pour le suivre du regard, et une de mes nombreuses larmes tomba sur ma cicatrice, réveillant ma douleur. Je serrais les dents pour taire un gémissement, expirant le plus discrètement possible. Avec un peu de chance, d'ici quelques minutes il rendrait les armes, et quitterait la salle une bonne fois pour toutes.

Comment vouliez-vous que je réagisse, alors que ma petite amie avait disparue depuis deux jours ? Avec le temps, je m’étais tellement attaché à elle, et mon détachement avec Apple ne m’avait fait que me rapprocher de la jeune femme qui était aussi un peu ma meilleure amie, et ma petite amie en même temps. En fait, elle représentait certainement tout ce qui me restait à vivre sur cette terre, et au risque de me répéter, encore et encore, Roxanna était la seule et unique chose qui me tenait vivant encore à cette heure. Pathétique ? Non, pas tant que ça, je pense que quand on a vécu tout ce qu’on a vécu, on a tout simplement envie de baisser les armes et de ne plus se battre. Pourtant, quand j’ai rencontré Roxanna, elle m’avait donnée tellement d’espoir et, en un lapse de temps assez court, elle m’avait absolument tout donné : sa confiance, son amour. C’était con à dire, mais il ne me restait plus qu’elle. Alors quoi, qu’est-ce qui se passerait, si on ne la retrouverait jamais ? Devrais-je vivre sur cette terre avec ce fardeau en plus ? Celui de la mort de la fille que j’aime et que je n’ai pas été foutu d’aider, de sauver, ou de retrouver ? Non, jamais. Je ne pouvais pas laisser tomber car jamais je ne pourrais vivre sans savoir où elle est, ce qu’elle fait ou même, si elle va bien. Rien que de savoir qu’on lui avait fait du mal me donnait envie de tout casser et si ce mec n’avait pas été tué – Billie n’avait pas su tout raconter en détails, mais je savais que le mec ne s’en était pas sorti – c’est certainement moi qui l’aurait traquer pour lui apprendre qu’on ne s’en prend pas aux gens que j’aime. Alors oui, j’étais mort de trouille, traitez moi de mauviette, de tapette, je ne pense pas que les hommes qui ont peur, ou même les hommes qui pleurs sont des mauviettes. Au contraire, ce sont les plus forts, car ils n’ont pas peur de montrer ce qu’il peuvent bien ressentir et Dieu seul savait à quel point le regard que les gens portaient sur moi m’importait peu.

Mais là, maintenant, tout de suite, ça n’était pas les autres, c’était elle. En avançant dans la pièce, je tendais l’oreille pour essayer d’entendre une réponse, ou le moindre petit bruit qui pourrait me faire signe de sa présence. Mais plus les secondes passaient, plus je désespérais complètement. Je faisais le tour de la pièce, plusieurs fois et au bout de la quatrième fois, je m’arrêtais devant un miroir et pris d’un vent de colère, je donnais un violent coup de poing dans celui-ci, le brisant à moitié. Je ne saurais même pas expliquer pourquoi j’avais fait ça. La colère de ne pas la trouver, la peur, le manque, la fatigue. Tout ça était un mélange assez explosif, et je commençais à avoir les nerfs qui craquaient complètement. Je secouais légèrement le poing dans le vent, maintenant douloureux, comme si mes douleurs musculaires dans la nuque, le dos, les jambes ne suffisaient pas. Je soupirais en passant ma main sur mon poing légèrement saignant et je baissais la tête sur le miroir cassé. J’allais partir quand je m’arrêtais soudainement, plissant les yeux m’approchant d’un morceau du miroir non cassé qui reflétait une ombre entre deux meubles, une ombre immobile mais qui avait les courbes d’une ombre humaine. Je me tournais dos au miroir, la pièce était beaucoup trop sombre et je n’y voyais rien. Je m’approchais des deux meubles, essayant de distinguer à nouveau cette ombre qui me semblait toujours aussi immobile. Gardant le poing serré, je finis par m’arrêter à hauteur des deux meubles et je me baissais doucement pour me mettre à croupie, n’y voyant toujours rien. « Roxanna…c’est toi… ? » Je clignais des yeux plusieurs fois, la poussière était décidément omniprésente ici et cela irritait mes yeux. Mon cœur cognait contre ma poitrine, j’avais peur que ça ne soit que mon imagination qui me jouait des tours, une hallucination, ou juste, un peu d’espoir. J’avais beau chercher dans mes poches mon téléphone portable, impossible de le trouver, j’avais dû le laisser dans ma voiture, quel idiot. Je déglutis, n’ayant toujours aucune réponse, je décidais de faire une dernière tentative avant de repartir et de…continuer à la chercher ailleurs, probablement. « Si t’es là…j’t’en prie, montre toi… j’veux juste t’aider…et être sûr que tu vas bien… » Bien sûr, quand je disais « aller bien », je voulais dire plutôt « vivante », car je me doutais bien, qu’elle n’allait pas bien du tout. Du moins…si elle était là et que je n’étais pas là à partir dans le vide comme un con.

Je n'osais plus parler, plus bouger, plus même respirer. Je voulais qu'il s'en aille, avant de rencontrer son regard. Je ne voulais pas qu'il me voie dans un tel état. Mes vêtements étaient encore tâchés de sang, déchirés, salis. J'avais été obligée de virer mon gilet car il était déformé, et empestait l'hémoglobine. Et même ma robe de soirée était tâchée au niveau de mon épaule, mais n'ayant pas de bretelles, elle avait été bien moins touchée par le sang de mon épaule. Je regardais Jude continuer de me chercher, pleurant en silence en espérant toujours qu'il ne tombe pas sur moi. S'il finissait par me faire face, de toutes manières, qu'est ce que j'allais lui dire ? Je ne retournerais pas à Cambridge. Ce monde ne m'appartenait plus, depuis l'instant ou j'ai appuyé sur la détente de ce revolver. En un coup de feu, j'étais redevenue Alice Lewis. J'eus un brusque mouvement de sursaut lorsque j'entendis une vitre exploser ... Plus précisément un miroir, dans lequel Jude venait d'envoyer son poing. Je regardais avec effroi Jude qui secouait sa main, alors que des morceaux de miroir s'étalaient sur le sol dans un bruit assourdissant. Une part de moi voulait se lever pour aller voir en courant s'il allait bien. Mais l'autre, entêtée, paralysée, honteuse, désirais plus que tout demeurer terrée dans l'ombre, et cette partie de moi, à cet instant précis, prenais évidemment le dessus. Jude s'arrêta brusquement de bouger et de pester. Comme s'il m'avait ... Vue ?

Il s'avança du miroir qui était encore intact face à lui, et non pas à terre, avant de se retourner pile dans ma direction. Je retins ma respiration, redevenant statue. Je baissais la tête, enfonçant mon visage entre mes genoux. Je l'entendais s'approcher, ses chaussures frappant le vieux parquet dans un bruit sourd. « Roxanna…c’est toi… ? » Rien que l'entendre prononcer mon prénom me fit de nouveau avoir les larmes aux yeux. Je me pinçais les lèvres, durant quelques secondes qui me parurent être de longues minutes, des heures même. J'étais tiraillée par ce sentiment d'avoir envie de lui dire qu'il n'était pas seul ici, que j'étais bien là ... Sa voix sonnait comme une supplique, je sentais qu'il avait mal à l'idée de ne pas savoir si j'étais là, et ça me déchirait le coeur, que de demeurer silencieuse. « Si t’es là…j’t’en prie, montre toi… j’veux juste t’aider…et être sûr que tu vas bien… » Je redressais la tête alors, la tournant vers Jude qui s'était un peu éloigné. M'aider ? Enfin, je parlais, et ma voix semblait s'être empoussiéré comme tous les meubles ici, comme si j'étais coincée ici depuis des années également. « Personne ne peut m'aider ... » Dis-je, la voix enrouée, avant de continuer, plus clairement, sans sortir de mon trou. « Retournes à Cambridge Jude... Tu devrais pas être là. Je ... Reviendrais pas. » Il s'approcha de nouveau, suivant sans aucun doute le son de ma voix. Soupirant longuement, je me redressais alors, apparaissant plus clairement en face de lui. La lumière faible que filtraient les fenêtres laissait entrevoir mon visage éraflée, tuméfié, bien que moins atteint que celui de Billie qui avait reçu plus de coups que moi au visage. Ma lèvre avait légèrement dégonflé, mais était toujours ouverte par endroit. Ma robe bleue était près de mon épaule, tâchée, et j'étais pieds nus sur le parquet, ne supportant pas d'avantage les chaussures à talons. La coquetterie n'est plus de mise après ce que nous avions vécu avec Billie. Je reculais dans l'ombre pour que Jude ne me voie pas d'avantage. De nouvelles larmes couvraient mon visage enfantin, marqué désormais par une douleur que je n'avais pas connue depuis des années. « Je t'en prie vas t'en ... » Il n'obtiendrait rien de moi, je n'étais plus qu'un corps inanimé, rongé par la culpabilité, apeuré. S'il repartait comme s'il n'avait rien vu, il pourrait reprendre ses études, retrouver une copine, pourquoi pas cette fille qui ressemblait à son ex comme deux gouttes d'eau et était enceinte de lui. Tout serait mieux que moi pour lui désormais ... Tout.

Le silence complet des lieux me faisait perdre tout espoir. J’étais complètement désespéré en entendant, d’abord, aucune réponse de la part de ma petite amie. Et maintenant ? Cette question se posait et raisonnait dans ma tête tel un écho qui revenait à mes oreilles, encore et encore. Et maintenant ? Je n’en avais absolument aucune idée. Je ne connaissais pas du tout Phoenix, je me voyais mal demander à tous les habitants ou promeneurs que je croiserais s’ils n’avaient pas du Roxanna quelque part. Soudainement, l’idée qu’elle puisse être encore là-bas, saine et sauve et qu’elle avait juste voulue rester seule quelques jours me traversa l’esprit, me faisant me trouver totalement stupide. Et si je m’étais emballé pour rien ? et si toute cette histoire n’avait rien de grave ? Voyons Jude, tu as bien vu les blessures de Billie et tu as tout aussi bien que moi vu à quel point elle était déboussolée, traumatisée même. Roxanna n’allait pas bien depuis quelques jours, et elle n’avait vraiment pas besoin d’être dans cet état-là elle aussi. Pourtant, mon pressentiment comme quoi elle allait mal n’arrivait pas à sortir de mon esprit. Je n’aurais pas dû venir tout seul, j’aurais dû demander à quelqu’un de venir avec moi, non seulement pour conduire et pouvoir me reposer, mais aussi pour avoir une seconde tête, des autres idées afin de la retrouver. En même temps, je n’avais pas réfléchis une seule seconde en prenant ma voiture en direction de l’Arizona. Mais à la place de réfléchir, d’élaborer un plan de recherche, je me retrouvais ici, tout seul, comme un con en train de parler très certainement au vide.

La légère douleur au niveau des petites écorchures un peu saignantes de ma main était carrément invisible. J’avais l’impression que mon cœur, tambourinant dans ma poitrine contre ma cage thoracique était plus douloureuse. Je me sentais oppressé, légèrement paniqué à l’idée qu’elle ne soit pas là et que je me trouve à la case départ, apeuré de la savoir disparu, sans pouvoir bouger le petit doigts. J’avais toujours été de nature culpabilisatrice : à la mort de mon père, je m’en étais voulu de ne pas avoir été assez à ses chevets alors que lui, était presque vingt-quatre heures sur vingt-quatre avec moi à l’hôpital quand j’eus ma leucémie. A la mort d’Aurore, je culpabilisais de ne pas l’avoir retenu en Amérique, de ne pas lui avoir dit que je l’aimais et que je ne voulais pas qu’on se sépare, qu’il y avait des universités de stylismes très bien aussi en Amérique, plus près que l’Italie en tout cas…Et à la mort de ma mère et de mon fils, j’avais culpabilisé de ne pas avoir été là, de ne pas les avoir empêchés de traverser cette route parce qu’une voiture arrivait à tout allure. Aujourd’hui, je ne voulais pas porter sur les épaules la culpabilité de la disparition de Roxanna. De toute façon, il était hors de question que je vive sans elle. C’était tout simplement inconcevable. Elle était la seule à me faire sourire, à m’apaiser, à me rendre heureux, tout bonnement. J’allais partir et faire demi-tour, quand tout à coup, sa voix raisonna dans la pièce, malgré sa faible amplitude. « Personne ne peut m'aider ... » Jamais je n’avais entendu la voix de la jeune femme comme ça, aussi faible, presque étouffée entre deux sanglots. Mon cœur loupa un battement avant de recommencer à battre douloureusement dans ma poitrine. « Retournes à Cambridge Jude... Tu devrais pas être là. Je ... Reviendrais pas. »

Je fronçais les sourcils et m’approchais un peu, essayant de la distinguer un peu mieux. Je ne pus pas la distinguer clairement, la faible lueur qui passait à travers les fenêtres crasseuses ne m’en donnait pas l’occasion. Mais je pouvais voir, qu’elle avait été blessée. Je parcourais son corps de mes yeux, je remarquais tout de suite cette ligne, encore rougie au niveau de son bras, et la blessure, certainement une blessure par balle qu’elle avait au niveau de l’épaule. Je déglutis légèrement, ses blessures étaient à l’air libre, et l’endroit était très loin d’être sain et stérile : c’était très dangereux, elle pourrait très facilement choper une infection, la fièvre monterait petit à petit et elle pourrait mourir ici, toute seule. Je sentais presque mes mains trembler, mon corps entier trembler rien qu’à cette idée monstrueuse de la perdre de cette manière. Elle avait les joues rougies par les larmes qui coulaient, sans jamais s’arrêter sur celles-ci. « Je t'en prie vas t'en ... » J’hochais la tête, ça bouillonnait à l’intérieur de mon esprit : comment pouvait-elle me demander de partir, et de la laisser dans cet état ? Elle savait très bien que je ne ferais jamais ça, que j’avais trop besoin d’elle, que je ne pouvais pas la perdre. Je déglutis et je m’approchais un peu plus d’elle, entrant dans la pénombre dans laquelle elle était cachée depuis tout ce temps. « T’es…t’es folle…jamais j’te laisserais ici Roxanna… », murmurais-je, presque en balbutiant ses mots qui n’arrivaient pas à sortir de ma bouche, faisant raisonner ses paroles dites d’une voix tremblante et paniquée dans la petite salle de danse. Je passais une main sur mon visage, j’avais l’impression d’être totalement oppresser, que jamais je ne trouvais les mots pour la faire changer d’avis. Mais s’il le fallait, je la trainerais de force hors d’ici, son petit gabarit ne pourrait pas dominer le mien, surtout dans l’état dans lequel elle était. Depuis quand n’avait-elle pas bu ? On ne tiens pas plus de deux jours sans boire, elle pourrait faire un malaise à tout moment. « Ecoute je…on ne retourne pas à Cambridge, d’accord ? Juste….laisse-moi t’amener quelque part de plus sain qu’ici, j’vais m’occuper de tes blessures et on avisera pour le reste… » Je passais rapidement une main sur mon visage, je ne savais pas quoi dire d’autre, comment je pourrais la convaincre. Nous resterions ici le temps qu’il le faudra, je me fichais éperdument des cours si c’était pour lui porter secours. Je lui tendais alors ma main, légèrement tremblante et fébrile dans sa direction, espérant qu’elle me laisse faire, qu’elle me laisse l’aider, qu’elle me laisse être là pour elle comme je lui avait promis que je le serais toujours. J’ajoutais alors, gardant ma main dans le vide, dans sa direction, d’une voix toujours aussi calme mais tremblante, « J’vais m’occuper de toi…j’te le promet…laisse-moi faire… tu me fais confiance non.. ? »

Plus Jude voulait s’approcher de moi, plus je reculais dans l’ombre pour qu’il ne me voie pas trop. Je savais que je n’avais rien de la Roxanna toujours mignonne et propre sur elle que je suis d’habitude. J’étais défigurée, par les coups et les larmes. Je m’étais laissé « mourir » depuis deux jours, arrachant mes pansements en espérant mourir plus vite de la fièvre ou d’une infection quelconque, peu importe. De déshydratation, pourquoi pas aussi. Tous les prétextes sont bons, et on aurait retrouvé mon corps trop tard. J’aurais enfin été en paix, morte dans le seul lieu ou je me sentais en sécurité. Mais Jude était là, et même s’il parcourut rapidement mon corps, je lus dans son regard une certaine panique en constatant « l’étendue des dégâts ». J’imaginais son cerveau de futur médecin en plein affolement, et sincèrement, je m’en moquais d’être dans un lieu sale, puisque c’était précisément ce que je recherchais : Mourir rapidement, en souffrant ou non, peu importe. J’étais morte de chaud et j’étouffais, mais ça aussi je m’en moquais. Ma nouvelle priorité était d’éloigner Jude de moi, et au plus vite, avant de faire une nouvelle connerie que je regretterais. Après tout, j'étais clairement devenu un danger public. Et qui sait, et si Hannigan avait des complices ? S'ils décidaient de me retrouver pour me tuer et venger ce fou? Non, hors de question que Jude reste à ne serait-ce qu'à un kilomètre de moi, je me refusais toute approche de lui. Je reculais jusqu'à heurter un mur, vacillant légèrement. A chaque mouvement brusque, la tête me tournait, je me sentais faible. Posant mon dos contre la paroi pour éviter de flancher, je demandais à Jude de partir, de s'éloigner de moi au plus vite, de retourner à Cambridge et de me laisser pourrir dans cette salle comme s'il ne m'avait jamais trouvée. Bien sur, je m'attendais à ce qu'il s'entête. Il s'approcha encore de moi, entrant dans l'obscurité qui m'entourais. Presque aussitôt, je baissais la tête, ma chevelure blonde masquant mon visage tuméfié et fatigué. « T’es…t’es folle…jamais j’te laisserais ici Roxanna… » balbutia Jude, à voix basse. De toutes manières nous étions seuls ici, personne ne venait jamais. Je ne dis rien, m'obstinant à demeurer muette, et immobile. Je le sentais désorienté, comme s'il cherchait un moyen de me convaincre que je n'avais rien à craindre en sortant. Et pourtant ... Tout était à considérer comme mon pire ennemi en ce monde. Même ma propre personne.« Ecoute je…on ne retourne pas à Cambridge, d’accord ? Juste….laisse-moi t’amener quelque part de plus sain qu’ici, j’vais m’occuper de tes blessures et on avisera pour le reste… » Je secouais la tête légèrement, bien qu'ayant l'impression que je venais de la taper dans un mur tant elle m'était douloureuse. « T'as déjà loupé un jour de cours en venant ici, repars. » répondis-je sèchement, ignorant sa supplique. Il ne comprenait donc pas que je voulais qu'il me laisse ? Je n'osais pas le regarder, devinant son désespoir. Je déglutis en voyant sa main se tendre vers moi, tremblante. Je me terrais d'avantage dans mon coin, essuyant une larme qui coulait silencieusement sur ma joue. « J’vais m’occuper de toi…j’te le promet…laisse-moi faire… tu me fais confiance non.. ? »Bien sur que je lui faisais confiance, c'est en moi que je doutais ! Immédiatement, je fondis en larmes, attrapant mon visage entre mes mains. Je me redressais droite face à Jude, avant de dire d'une voix étouffée :« Mais tu ne comprends donc pas que tu dois me fuir Jude? M'oublier ? Je suis une tueuse ! J'ai ... » Mon souffle était court, mon coeur battant. Je levais mes doigts tremblants devant moi, mimant cette détente sur laquelle j'avais appuyé mon doigt sans réfléchir deux jours plus tôt. « ... J'ai appuyé sur la détente, j'ai tiré sur ce type en plein cœur ! Alors que j'aurais pu juste le blesser .. Non .. Je l'ai tué, comme j'ai tué mon père ! » Mon ton se haussait progressivement, terminant sur une note aigue saccadée par les larmes qui coulaient sans cesse. Je redescendais mes bras le long de mon corps, avant de m'en envelopper moi même, baissant la tête. Je tremblais de la tête aux pieds, mon corps s'agitant alors que je claquais presque des dents : « T'es pas en sécurité avec moi ... Personne l'est ... Billie, ou je ne sais qui encore! Et ... » Je jetais des regards furtifs à ma gauche et à ma droite, aux entrées de la salle. Je virais à la folie, la paranoïa. « Et s'il avait des complices ... Ils me retrouveront... Faut que tu t'en ailles Jude, fuis moi ! »Je suis un monstre ... Voilà ce que je me répétais. Et j'étais juste un élément nuisible à quiconque entrait dans ma vie.

Comment pouvait-elle croire, ne serait-ce une seule seconde, que je n’aurais pas essayer de la retrouver ? Ou pire, que maintenant que je l’avais trouvé, je la laisserais ici. Elle était complètement folle de pouvoir penser ça, c’était tout simplement impossible, et elle le savait. Elle avait peur, je le voyais bien dans son regard, peur et mal mais il était hors de question que je la laisse pour autant. Comme si j’allais baisser les bras et lui tourner le dos dès qu’elle irait mal, et puis quoi encore ? J’étais dingue d’elle, je n’avais pas pu dormir pendant deux jours en sachant qu’elle avait disparu, est-ce que j’arriverais à dormir en sachant où elle était, dans l’état dans lequel elle était ? Non, c’était certain et aucune personne saine d’esprit pourrait faire ça à la personne qu’il aime. Personne. « T'as déjà loupé un jour de cours en venant ici, repars. » Les cours ? Pour l’instant, c’était bien le dernier de mes soucis ! J’arrivais à rattraper mon retard, limite, je n’en avais rien à faire des cours quand je voyais ce qu’on avait osé lui faire. Elle qui, depuis quelques jours était mal à cause de la mort de son père, il avait fallu qu’on vienne l’agresser alors que j’avais réussir à la faire sourire la veille. La vie était vraiment injuste, pourquoi est-ce qu’on ne nous laissait pas tranquille une bonne fois pour toute ? Roxanna avait assez vécue de choses horribles dans sa vie pour qu’il vient encore y ajouter ça.

Elle évitait mon regard, et reculait jusqu’à se coller entièrement contre le mur derrière elle. Je crus percevoir une larme couler sur sa joue et contre toute attente, je la vis se redresser, me faisant face, « Mais tu ne comprends donc pas que tu dois me fuir Jude? M'oublier ? Je suis une tueuse ! J'ai ... » Je la regardais faire, fronçant les sourcils : parce qu’elle croyait que j’allais pouvoir l’oublier, l’effacer de ma mémoire comme ça, du jour au lendemain ? Malheureusement, ça ne marche pas comme ça, surtout quand on est amoureux. « ... J'ai appuyé sur la détente, j'ai tiré sur ce type en plein cœur ! Alors que j'aurais pu juste le blesser .. Non .. Je l'ai tué, comme j'ai tué mon père ! » Je me pinçais la lèvre et j’hochais la tête de droite à gauche, ouvrant la bouche pour pouvoir lui répondre, mais elle fut plus rapide, « T'es pas en sécurité avec moi ... Personne l'est ... Billie, ou je ne sais qui encore! Et ... Et s'il avait des complices ... Ils me retrouveront... Faut que tu t'en ailles Jude, fuis moi ! »

Son discours devenait de plus en plus délirant, elle était vraiment morte de peur et rongée par la culpabilité. Je n’attendis pas son accord cette fois, et je m’approchais d’elle, profitant qu’elle se tenait droite face à moi, pour la prendre dans mes bras, sans rien ajouter, rester silencieux alors que j’enroulais mes bras autour d’elle, sans trop la serrer non plus pour ne pas lui faire mal à ses blessures. Restant contre elle, je murmurais, contrôlant un peu plus ma voix pour la faire moins trembler, « J’n’irais nulle part tu m’entends ? Et c’est pas discutable. Et j’vais te sortir d’ici, et ça non plus c’est pas négociable okay ? » Je me décollais un peu d’elle pour la regarder et je passais une main sur sa joue pour essuyer les larmes qui y coulait à flots. « Ça s’appelle de la défense Roxanna ce que tu as fait, et crois-moi, si tu l’avais pas fait, c’est moi qui aurait été tuer ce salop pour qu’il ait osé vous toucher ! », lançais-je à nouveau en serrant les dents, rien qu’en imaginant ce fils de p*** leur faire du mal. C’est sûr que c’est facile, de s’en prendre à deux filles dans une ruelle sombre. Je continuais de caresser doucement sa joue, il fallait que j’essaie de la calmer avant tout, et un peu de tendresse ne pourrait pas lui faire de mal. Je glissais ma main libre dans la sienne, encore tremblante et je murmurais à nouveau, « Allez …on va se trouver un hôtel pas trop loin, t’es même pas obligée de parler…ça va aller tu verras.. »

Je me sentais traquée, recherchée, prête à être trouvée n'importe quand. J'avais cette même boule au ventre que lorsque, des années plus tôt, j'avais pris ma voiture pour fuir Phoenix, le lendemain de l'incendie. Face à Jude, je redevenais cette gamine de seize ans tétanisée, et déboussolée, rongée par la culpabilité d'avoir ôté la vie à un homme. Je sentais mes doigts trembler, pendant que j'expliquais à Jude qu'il devait s'éloigner de moi, me fuir au plus vite parce que j'étais un poison pour l'existence des autres. C'est un fait, je leur suis nocive, que je le veuille ou non. Contre toute attente, le jeune homme s'approcha de moi et encercla mon corps frêle de ses bras. Immédiatement, je me tus, choquée de cette étreinte soudaine à laquelle je ne m'attendais pas. Un moment, je demeurais raide, le regard vide, avant de m'effondrer en larmes dans ses bras. Rien que la sensation de ne plus être seule, dans l'inconnu, me réconfortais. Je sentais ses bras froids -ou alors je devais avoir bien trop chaud- autour de moi, et j'avais tout à coup cette sensation d'être protégée, rien que parce que Jude était près de moi. Peu à peu je me calmais, mon corps tremblant néanmoins toujours autant. Mes mains se crispèrent sur son haut, et mon visage s'enfouit dans le creux de son épaule. J'ignorais même la douleur au contact de mon visage douloureux quand il s'appuyait sur lui. « J’n’irais nulle part tu m’entends ? Et c’est pas discutable. Et j’vais te sortir d’ici, et ça non plus c’est pas négociable okay ? » Retenant un nouveau sanglot, je secouais la tête de gauche à droite, toujours contre lui. « J'ai peur Jude... » Murmurais-je alors entre deux hoquetements. J'étais tétanisée, comme si, si je quittais cet endroit, je ne serais plus jamais en sécurité, comme si on allait me retrouver pour venger cet homme.

Jude se recula, essuyant les quelques larmes qui roulaient encore sur mon visage. Ma lèvre inférieure se mit à trembler, et je dus faire tous les efforts du monde pour ne pas me mettre à pleurer de nouveau. « Ça s’appelle de la défense Roxanna ce que tu as fait, et crois-moi, si tu l’avais pas fait, c’est moi qui aurait été tuer ce salop pour qu’il ait osé vous toucher ! » Dit alors Jude, en serrant les dents, son regard s'étant brutalement assombrit. « J'aurais pu juste le blesser... » répétais-je alors, baissant le regard. Je ne cessais pas de me répéter que, plutôt que de le tuer, j'aurais du le blesser. Faire cesser sa vie était tellement plus doux pour lui que de croupir en prison, et pour moi tellement plus douloureux. Je revoyais les images ou il frappait Billie avec son arme, me frappant aussi à chacun de mes cris pour m'empêcher d'alerter les autorités. Jude me ramena à la réalité lorsque je sentis la paume de sa main effleurer ma joue doucement. Je fermais les yeux, alors qu'il prenait doucement ma main dans la sienne. « Allez …on va se trouver un hôtel pas trop loin, t’es même pas obligée de parler…ça va aller tu verras.. » J'ouvris les yeux, pour observer Jude en détail. Je lisais dans son regard toute sa détermination à me sortir d'ici, et je savais pertinemment que j'étais trop faible pour lui résister. Je tenais à peine sur mes jambes. Lentement, je hochais la tête pour lui donner mon accord. « Je … Oui … M..Mais pas à Phoenix .. Y a un hôtel à la sortie de la ville.. » Je dis cela en me détachant de lui pour avancer dans la salle, mais bien vite je vacillait, prenant difficilement appui sur mes deux jambes. Je m'appuyais contre l'encadrement de la porte, juste à la sortie de la salle de danse pour rejoindre la fenêtre par laquelle j'étais entrée, et sans doutes Jude aussi.

L’entendre fondre en larme de cette manière, ça me serrait le cœur. Mais je préférais qu’elle craque, et qu’elle se vide un bon coup pour pouvoir aller un peu mieux après. Quitte à ce qu’elle pleure une fois, et qu’après elle n’y pense plus. J’étais un peu retissant à l’idée de la prendre dans mes bras, comme si j’avais un peu peur de lui faire mal rien qu’en la touchant. Mais elle n’était pas en sucre et elle avait peut-être besoin de ça, une épaule sur laquelle pleurer ? Elle avait même le droit de se défouler sur moi, de me gifler si elle le pouvait, que ça pouvait lui faire du bien, qu’elle puisse extérioriser sa colère ou sa tristesse. « J'ai peur Jude... » Je fronçais un peu les sourcils en me reculant pour effacer les larmes qui coulaient en abondance sur ses joues. Peur, peur de quoi au juste ? De la personne qui lui avait fait ça ? Peur de ne jamais arriver à oublier cette histoire ? C’est sûr que ça risquerait d’être difficile, mais elle pouvait le faire et de toute façon, je serais là avec elle, quoi qu’il arrive. Et puis merde quoi, elle n’avait fait que ce défendre ! Si elle ne l’avait pas fait, il les auraient certainement – même pas, sûrement – tuées elle et Billie. Et le fait qu’elle l’ait tué n’était qu’un détails : maintenant, elle pouvait être sûr qu’il ne viendrait plus jamais leur chercher des emmerdes ou même lui faire du mal.

Je lui dis que nous allions sortir d’ici, et que quoi qu’elle en dise, ça ne changera rien. Combien de fois était-elle venue sans mon accord alors que j’étais sur le point de replonger pour la drogue ? La fois où elle était venue jeter toute la drogue que j’avais dans ma chambre, et qu’elle avait même embarqué ma seringue de morphine par la même occasion ? Aujourd’hui, c’était mon tour : j’allais la sortir de là, quoi qu’il arrive. J’allais l’amener dans un petit hôtel tranquille – et pas trop cher pour mon budget, j’allais m’occuper de ses blessures et lui faire des pansements dignes de ce nom, et surtout, qu’elle ne soit pas seule. Quitte à ce que nous restions juste allongés, l’un à côté de l’autre, à se regarder dans le blanc des yeux sans rien dire. Mais juste, être là pour elle, quoi qu’elle en dise. Je la regardais, guettant sa réaction, elle avait l’air de se calmer un peu, et c’était exactement ce que je voulais puis elle hochait la tête doucement, « Je … Oui … M..Mais pas à Phoenix .. Y a un hôtel à la sortie de la ville.. » J’hochais la tête positivement, la laissant se lever difficilement. Je me redressais à mon tour, et je restais derrière elle alors qu’elle manqua de tomber, je me demandais depuis combien de temps elle ne s’était pas tenue debout de cette manière. Je m’approchais à sa hauteur pour passer mon bras à sa taille afin qu’elle puisse s’appuyer contre moi, marchant jusque la fenêtre. « T’arrivera à sortir par là… ? », murmurais-je calmement à l’attention de la jeune femme. Je sortais en premier pour pouvoir l’aider à sortir à son tour, l’aidant à se réceptionner sur ses jambes. Une fois dehors, je la pris à nouveau par la taille pour qu’elle prenne appuie puis, je l’amenais dans ma voiture.

Comme elle l’avait dit, il y avait un petit hôtel juste à la sortie de la ville dans lequel je m’arrêtais pour prendre une chambre pour deux personnes. Nous étions au deuxième étage et arrivés dans la chambre, je posais mon sac au pied du lit. Je l’ouvrais et je sortais quelques vêtements de Roxanna que j’avais pris dans sa chambre. « J’t’ai rapporter des vêtements pour que tu puisses te changer… », lançais-je à la jeune femme en posant les vêtements sur le lit. Je sortais également toute mon armoire à pharmacie : ayant vue l’état dans lequel Billie était, j’avais préféré prendre de quoi pouvoir la soigner, au cas où. Je sortais alors quelques pansements et du désinfectant. « Avant, tu vas aller sous la douche et j’vais te faire tes pansements d’accord ? »