Leur baiser le consumait totalement, le prenait aux tripes alors qu'il embrassait Ivy avec fougue, comme si tout ce qu'il s'était passé entre eux avant en dépendait. Il la désirait tellement, il avait tellement voulu passer cette barrière mais n'avait jamais osé. Ivy était comme la boite de pandore à laquelle il fallait résister, et pourtant il venait de l'ouvrir... Les mains de la jeune femme traçaient des marques indélébiles contre son dos, lui provocant des frissons de plaisir incontrôlable. Il la voulait, là, maintenant. Et c'est cette pensée affreuse qui le fit se détacher d'elle. Mais qu'est-ce qu'il foutait putain ? Il était pas bien dans sa tête ou quoi ? Pendant des années, il s'était dit qu'Ivy n'était qu'une amie, comme un membre de sa famille, comme sa soeur à la limite... mais force était de croire que ce n'était vraiment pas le cas. On embrasse pas un membre de sa famille. Ivy avait toujours été plus que ça, et l'attraction qu'il avait pour elle n'avait jamais changé. Au fond, il n'avait jamais su la gérer, et le fait qu'il finisse par l'embrasser en était la preuve. Tout était confus dans son esprit et maintenant, il s'en voulait de s'être laissé aller ainsi. Il ne s'était pas contenté d'un simple bisou, il lui avait presque sauté dessus ! Il avait laissé parler la bête qui sommeillait en lui, et le pire dans tout ça, c'est que ça ne lui avait pas déplu. Loin de là. Mais Ivy ne semblait pas apprécier son excuse, apparemment aussi bouleversée que lui. Elle s'approcha alors de lui pour prendre son visage dans ses mains, le forçant à la regarder dans les yeux et lui enlevant toute échappatoire. Elle essayait de le convaincre que ce n'était pas mal, sachant avec conviction que ce baiser n'avait pas été anodin pour lui non plus... mais il était perdu. Il avait peur, peur de ce que tout cela pouvait signifier, peur de faire du mal à Ivy, de la décevoir, de ne pas être à la hauteur de ses attentes... Il n'était pas parfait, loin de là, et certainement pas le bon gars à aimer. Mais malgré tout, Ivy ne semblait pas en déroger. Elle prit sa main pour la poser sur son propre coeur et immédiatement, cette nouvelle proximité le mit mal à l'aise. Il tenait de reprendre son souffle, mais celui-ci restait saccadé par l'émotion. Tu ne peux pas ignorer ça Wade...je sais que ça fait peur, tu as peur de me perdre, de me faire du mal mais, moi, je sais que tu ne le feras pas, tu ne me traiteras jamais comme tu traites les autres si tu nous donnais une chance...je connais le vrai toi et non l'image de tombeur sans coeur que tu donnes. Pourquoi aucune de nos relations n'a fonctionné à ton avis ? Ils l'ont tous vu...même nos poches... Et si elle avait raison ? Si il pouvait être différent avec elle, et apprécier ces moments passés avec elle ? Mais cela voulait dire faire face à ses démons et, il ne savait pas si il était bien prêt pour ça. Lui était convaincu qu'il finirait par la blesser. C'était donc ça l'image qu'il renvoyait ? Celui d'un tombeur sans coeur ? Peut-être bien. Mais au fond, c'était bien parce qu'il les aimait un peu, ces femmes, pour s'accrocher autant à elles... Paumé, il essayait de mettre de l'ordre dans son esprit, mais le joint qu'il s'était fumé ne l'aidait vraiment pas à la tâche. Et tout ça était de trop pour son état de drogué. Pardonne- moi...je devrais pas te mettre une telle pression...écoute, je vais tenir ma parole, je vais garder mes distances avec toi tout le summer camp pour que tu saches où tu en es, ce que tu veux. Mais, arrête de penser avec ta tête fait l'avec ton coeur d'accord ? Ivy avait un ton confiant, doux, qui se voulait rassurant... mais la voir avec autant d'assurance ne faisait que le faire paniquer davantage. Je ne sais pas Ivy... je sais pas ce que je veux, ce que je peux te donner. Je ne veux pas te décevoir... Et il avait peur d'être blessé, lui aussi. Il s'éloigna de quelques pas pour instaurer cette distance qu'il avait pris l'habitude de mettre entre eux et qui maintenant, après l'avoir embrassée comme un dingue, lui semblait étrangère.

Wade était totalement paumé, perdu entre ses principes qu'il tentait de conserver et ce baiser qu'il venait de lui donner. Même si il détestait ça, il avait laissé paraître un part de lui, une part de ses doutes et ses craintes. Mais de toutes évidence, ce qu'il avait dit n'avait pas plu à Ivy... En un éclair, elle piqua une colère en s'énervant en français, comme elle le faisait souvent lorsqu'elle pétait un boulon. Malgré toutes ces années à ses côtés Wade ne maîtrisait pas très bien la langue, d'autant plus que la jeune femme parlait très vite avec son accent niçois... bonjour la galère. Mais il parvint tout de même à en comprendre la globalité, devinant qu'elle voulait lui mettre une baffe, entraînant un mouvement de recul de sa part. Ce qu'elle pouvait être une vraie furie dans ces moments sérieux ! Avec toutes les conneries que tu as faites, jamais tu ne m'as déçu jamais Wade. Oui, j'ai été en colère, oui, je t'ai fait la morale mais, je ne t'ai jamais jugé. Alors regarde- moi dans les yeux et dis-moi que tu n'as rien ressenti. Vas-y, je suis prête à tout entendre. Mais au nom de notre amitié ne me ment pas Wade ! Soupirant, Wade détourna le regard en se passant la main dans les cheveux. Je ne te mens pas Ivy... commença-t-il, mais de toute évidence, elle n'en avait pas fini avec lui. Je sais que tu as peur mais moi aussi Wade... Là je suis en colère parce que tu t'éloignes encore de moi, j'ai l'impression que je vais te perdre à tout moment si je ne fais pas quelque chose...si je ne t'aide pas à ouvrir les yeux parce que là...ça devient trop dur à supporter pour moi de te voir avec d'autres alors...je crois qu'on devrait vraiment faire comme une sorte de pause dès aujourd'hui... Et puis soudain elle se tut, laissant Wade plus désemparé que jamais... mais sur les nerfs aussi. C'est bon, t'as fini là ? s'exclama-t-il plus sèchement qu'il ne l'aurait voulu. C'est vrai quoi, elle avait un de ces débit de paroles ! On aurait dit qu'elle avait tous les reproches du monde à lui faire ! Et elle savait combien il détestait les longs discours, surtout quand il s'agissait de leur relation. S'il te plait, arrête de crier. Je... je sais pas ce qui m'a prit de faire ça Ivy, je sais pas si c'était une bonne idée, mais je vais pas te mentir... non, ça ne m'a pas déplu, et tu le sais très bien. Mais maintenant... je sais pas où j'en suis, je veux pas faire de conneries... j'ai besoin d'être seul finit-il par conclure, peinant à trouver ses mots tellement le shit qu'il s'était fumé lui faisait de l'effet.

Ivy sembla soudainement se calmer, et avait même un peu perdue elle aussi. Je...je suis désolée...c'est juste que tout ça...tout...bref, je vais te laisser seul... Wade se passa une nouvelle fois la main sur son visage pour essayer de s'éclaircir les idées, en vain. Il était si maladroit avec Ivy, tellement gauche quand il s'agissait de ses sentiments... Non t'excuse pas... dit-il en soupirant intérieurement. Ce qu'il ressentait pour Ivy ? Il n'en savait rien, mais il fallait bien se rendre à l'évidence qu'il y avait plus qu'une simple amitié. Et ça le rendait dingue. Elle lui dit ensuite qu'elle allait y aller, qu'elle allait rejoindre ses amis et Wade acquiesça. Sur le coup, il avait vraiment besoin de prendre du recul sur tout ça. Il la regarda alors détacher la chaîne qu'elle avait autour du cou, la chaîne que sa mère lui avait offerte avant de mourir. Garde la pendant le Summer Camp. C'est un peu comme si j'étais avec toi malgré tout dit-elle avec un petit sourire en déposant le bijou dans le creux de sa main. Il savait que ça comptait pour elle, que cela avait beaucoup d'importance à ses yeux... et lui même était toujours rassuré de savoir que c'était elle qui l'avait. En sa possession, il ne ferait que flipper à l'idée de la perdre... mais c'était une sorte d'accord tacite entre eux qu'ils se retrouveraient à la fin des vacances, alors il accepta de la récupérer. D'accord... mais je serai quand même rassuré quand tu la reprendras dit-il avec un petit sourire. Elle le prit alors dans ses bras comme elle avait l'habitude de le faire et pour une fois, Wade essaya de ne pas être mal à l'aise. Il posa même doucement une main sur sa tête, avant qu'elle ne relâche leur étreinte. Toi aussi dit-il dans un souffle. Et c'était vrai. Mais ils en avaient besoin. Il lui fit alors un dernier petit signe de la main avant de s'éloigner, décidant de rentrer directement à la Mather House.