Enfin, l'Été était arrivé en Nouvelle-Angleterre. La pluie du printemps avait laissé place au soleil et au beau temps. Alejandro, depuis la fin des cours, passait la majorité du temps dehors, à se balader, faire du tourisme, à Boston, Cambridge, mais aussi New-York, Toronto, Philadelphie et même, il avait été à Richmond, en Virginie. Aujourd'hui, par contre, il était simplement à Cambridge, dans le Inman Square, probablement le quartier le plus animé de la ville. Il mangeait une bonne petite pizza à l'heure du lunch, habillé simplement d'un t-shirt rouge avec un petit foulard autour, une paire de jeans, tenue tout à fait normal. Faut dire que la chaleur l'affectait probablement moins que l'Américain moyen.

Après son repas, il règle l'addition et reprend sa marche. Il serait peut-être temps qu'il s'achète des trucs à l'effigie de Harvard et de la Ivy League, non? À la sortie d'ailleurs d'une de ses boutiques souvenirs, où il n'avait rien trouvé d'intéressant finalement, il sortait son téléphone portable, ayant reçu un texto d'un ami, lorsque dans son angle mort, quelqu'un vient le percuter. Solide, le beau brun ne fut pas moins surpris pour autant et lâcha une exclamation, avant de baisser son portable pour l'écarter de tout danger et se tourner vers ce qui l'avait percuté, à savoir, une jolie jeune femme aux traits semblables au sien, mais aux yeux bleus jades qui le saisirent tout de suite. Tout bonnement, il lança:

-Ça va?

Il espérait qu'elle ne se soit pas fait mal. Par contre, de son côté, si Leandra avait un café glacé, ou quoique ce soit dans les mains, il serait bien possible que son t-shirt soit en mauvais état maintenant! On verra bien!

Spoiler:

Ce soleil, ça faisait du bien. Ça redonnait des couleurs aux gens, mais aussi leur sourire. C'était donc pas rare de voir des sourires dans les rues avec une chaleur et un temps pareil. Je m'étais arrêté chez Starbucks et avait commandé un frappuccino. J'adore ces trucs là, c'est frais et en plus c'est la seule manière pour moi de boire du café sans en être écœurée. Je sors donc du café et avance en direction du parc. Comment ne pas vouloir bronzer un peu avec un temps pareil ? Mon short et mon débardeur prouvait clairement mon envie. J'attrape la paille et bois quelques gorgée de ma boisson, puis tourne à l'angle. Je percute quelque chose, quelqu'un ? Ma boisson le percute encore plus moi, s'étalant sur ce rose. Le rose du t-shirt. Du sien. Et puis, un peu sur le mien aussi. Merde. Je lève la tête et le regarde. Oups ? J'espère juste qu'il ne le prenne pas mal, mais la seule chose qu'il me dis c'est un : « Ça va? » Je le regarde, surprise. « eh.. » petit blanc de conversation. « j'ai du me casser un bras et une jambe mais à part ça.. » je me regarde, puis hausse les épaules en souriant. « Mon t-shirt a été plus attaqué que moi je crois.. » même si j'ai clairement eu l'impression d'avoir percuté une armoire. Mes yeux se posent sur son t-shirt, et je me mords la lèvre, « par contre.. le tiens est bon pour.. la machine. » enfin, si c'est rattrapable. « j'suis désolée, j'espère que c'était pas ton préféré » ou qu'il y tienne pas trop, parce que sinon je m'attirais les foudre d'un typé du sud aux airs surfeur.

Alejandro textait, bien tranquille sur le trottoir, quand soudain, Leandra le percuta et en prime, il sentit quelque chose d'assez froid et liquide à la fois contre lui, surtout après coup. Cela ne l'empêchait pas de forcer sur sa politesse habituelle et de demander à la jolie demoiselle si ça allait. Sur le coup, probablement encore sous le choc, elle ne répondit rien, puis, elle lâcha une blague. Si elle était d'humeur à blaguer, c'est que ça allait!

-Oh, je vois. Je devrais peut-être te transporter à l'hôpital.

En apercevant le débardeur quelque peu mouillé de la belle brune, il baissa les yeux sur lui et vit que son t-shirt était encore plus atteint. Hey merde...

-Bien dommage pour lui. Tu ne m'as pas manqué non plus.

Faisait remarquer, secouant un peu le bas de son shirt et le soulevant légèrement. Ouais, bon pour la machine, il n'y avait aucun doute là-dessus. En tout cas, Leandra se montrait tout de même sympathique, elle était désolée et tout. Le jeune homme haussa doucement des épaules.

-Ça va, ce n'est qu'un t-shirt. S'il y a une laverie proche, tu pourrais m'y accompagner?

Disons que c'était des choses qui arrivaient. Pas tous les jours, encore heureux pour moi. « Oh, je vois. Je devrais peut-être te transporter à l'hôpital. » je riais un peu en secouant la tête, « j'pense que je peux m'en passer ! » c'était pour rire, bien évidemment. Tout allait bien, tout, sauf le t-shirt quoi. « Bien dommage pour lui. Tu ne m'as pas manqué non plus. » je grimaçais un peu, ouais, je suis tellement désolée de ça d'ailleurs. « Ça va, ce n'est qu'un t-shirt. S'il y a une laverie proche, tu pourrais m'y accompagner ? » ouais.. qu'un t-shirt.. j'ai de la chance qu'il le prenne aussi bien. J'hochais la tête, « ouais sans problème, si ça peut me racheter ! » je souriais un peu, j'avais quand même perdu une boisson quoi.. enfin, c'était pas aussi pire qu'un t-shirt, enfin je crois pas.. je tendais ma main vers lui en souriant, « je m'appelle Leandra » Leandra la maladroite qui tache les t-shirt. Sympa comme accompagnement de prénom tout ça.

Alejandro eut tôt fait de pardonner à Leandra. Si ça avait été un de ses t-shirts neuf ou favoris, le jeune homme aurait peut-être montré un peu plus d'impatience et même, d'usage, il peut être froid avec les étrangers, mais une jolie jeune femme comme Leandra, toute désolée et toute gentille? C'était difficile de lui en vouloir, alors il faisait des petites blagues et détendait l'atmosphère.

Par contre, passer le reste de la journée avec un t-shirt mouillé ne lui disait trop rien, alors il suggérait d'aller à une laverie et qu'elle lui tienne compagnie là-bas. Ce serait la moindre des choses après tout. Leandra accepta tout de suite. Alejandro eut un sourire satisfait, puis serra doucement la main tendue.

-Alejandro, Alejandro Ortega. J'étudie ici, à Harvard.

Fier de nature, il est assez bien vu d'étudier à Harvard, surtout dans le coin alors le jeune homme n'hésitait pas à le mentionner d'emblée. Bien sûr, il ne prenait pas pour acquis qu'il se trouvait face à une étudiante, mais il ne devrait pas tarder à l'apprendre.

-Leandra... est-ce que c'est moi ou tu sembles avoir quelques origines latines?

C'est ce qu'il demandait, tandis qu'il commençait à marcher. Éventuellement, il leur faudra juste traverser la rue et ils seront à cette laverie, où pour quelques pièces de monnaie, Alejandro pourra envoyer son t-shirt à la laveuse, puis la sécheuse. Se retrouver torse nu ne lui posait pas problème. Ce n'est pas pire qu'à la plage après tout.

Une laverie, c'était pas trop une mauvaise idée. Après tout, il avait besoin de son t-shirt et qu'il ne soit pas sali de préférence, je suppose. Il avait peut-être un rendez-vous après, ou alors il avait horreur des taches, aucune idée. Quoi qu'il en soit, pour un seul t-shirt, la laverie ne devrait pas nous prendre trop de temps. «  Alejandro, Alejandro Ortega. J'étudie ici, à Harvard. », je lui souriais. C'était.. la première fois que j'entendais un prénom si.. latino. Il y en avait pas mal, je le savais, mais c'est la première fois que j'en rencontrait un. Faut dire qu'à Harvard, on trouvait de tout, alors ce n'était pas étonnant quand on croisait quelqu'un. Le monde entier était réuni dans cette ville, comme si on c'était tous donner rendez-vous là, pour étudier. Ça permettait l'ouverture d'esprit, et venant d'une telle université, ce n'était pas quelque chose à prendre à la légère. « j'y étudie aussi. » et c'est la première fois que je te vois, Alejandro. Tiens, y a pas une chanson avec ce prénom ? « Leandra... est-ce que c'est moi ou tu sembles avoir quelques origines latines? » je riais un peu, hôchant la tête, « un petit peu » nous commençons à marcher en direction de la laverie -dont j'ignorais l'emplacement- et je le suivais, me laissant guider. « je viens du cap vert, et ma mère est portugaise. » le cap vert n'est pas portugais, ou du moins, ne l'est plus. Je lui lance un nouveau sourire, « je suppose que toi aussi ? » il ressemblait à un surfeur, bizarrement, et comme ça, de vue, j'aurais dis qu'il était espagnol, ou bien mexicain.

La vie n'est-elle pas belle? Il se trouve, par pur hasard, que Leandra aussi étudie à Harvard. En fait, dans cette charmante ville de Cambridge, la plupart des jeunes dans la vingtaine qu'on y croise sont étudiants et inutile de chercher midi à quatorze heure: ils étudient à Harvard. Leandra était donc une de ses nombreuses étudiantes. L'Espagnol ne retenait pas son sourire.

-C'est vrai? Hey bien, voilà qui est amusant.

Quant à recevoir du café sur soi, aussi bien que ce soit par une jolie étudiante de Harvard, non? Puis, toujours ravi de trouver une camarade latine, même si être espagnol n'est pas tout à fait la même chose, Leandra se mit à rire et avoua en avoir. De mieux en mieux! Ils marchaient donc dans la rue, en direction de la laverie qu'Alejandro avait aperçu, ce qui lui avait donné l'idée.

-Du Cap Vert? Joli coin exotique.

D'après le peu qu'il en sait. Ce fut ensuite à son tour d'être démasqué une fois de retour sur le trottoir, car oui, ils avaient traversé la rue sans subir d'être frappé par une voiture.

-Je suis Espagnol, si, mais je parle portugais aussi, si jamais cela te tente.

Portugal, Espagne, même péninsule quoi. Galant, il ouvrait la porte pour Leandra, puis suivit derrière et cherchait ensuite une laveuse libre. Lorsqu'il en trouvait une, il la désignait de la main, puis s'y dirigeait et observait la demoiselle avec un petit sourire en coin.

-Ce serait gentil que tu paies la laveuse, non?

Après tout, c'était de sa faute et puis, Alejandro n'avait pas vraiment de petite monnaie sur lui pour payer.

« C'est vrai? Hey bien, voilà qui est amusant. » c'est vrai qu'on croisait pas tous les jours des gens qui venaient de Harvard, même si la plupart des étudiants venaient de là. En fait, presque tous. Aucune université ne faisait le poids face à celle-ci, donc le choix et le nombres d'étudiants qui voulaient y être était très très très grand. On en faisait parti, nous, chanceux que nous sommes. Je lui souris et hoche la tête, acquiesçant.  Ce qui est plus rare, c'est de croiser quelqu'un de Harvard avec des origines communes aux miennes. C'est un joli hasard, disons. « Du Cap Vert? Joli coin exotique. » j'hoche la tête de nouveau, c'est beau, c'est vrai. J'avais eu l'occasion d'y vivre pendant neuf ans de ma vie, et j'avais adoré. Tout était plus simple là bas, l'ambition n'était pas la même non plus, et les études. C'était différent, mais franchement à neuf ans, qu'est ce qu'on y comprends ? Je l'ai réalisé après, tout ça. La chance que j'avais d'être ici, j'en remerciais tous les jours le seigneur. « Je suis Espagnol, si, mais je parle portugais aussi, si jamais cela te tente. » je riais un peu, « vraiment ? » ma mère parlait portugais quand elle était en colère et quand elle n'avait pas envie de répondre aux gens. Sinon.. elle parlait toujours l'anglais à la maison, elle disais que c'était pour mieux s'intégrer et pour mieux s’habituer au pays, blablabla. Je parlais le portugais, puisque c'était en quelque sorte ma langue maternelle. « on pourra se faire des tas de conversation en portugais si ça te fait plaisir ! » je riais un peu, je ne voyais pas vraiment l'utilité mais c'était quand même sympa de savoir que quelqu'un parlait le portugais, dans cette jungle qu'est Harvard. On arrive enfin à la laverie, et il tiens la porte. Gentleman. Il s'approche d'une de libre, et il me fait ce sourire en coin que je déteste déjà. « Ce serait gentil que tu paies la laveuse, non? » je hausse les sourcils, un peu surprise. Bordel, j'aurais dû me douter de ça. Comment expliquer que je suis boursière et que je galère déjà à manger ? « évidemment.. » bien sur, je vais payer la laveuse parce que j'avais quand même salit son t-shirt. Quoi que. Il était tout aussi fautif. Je soupire et ouvre mon porte monnaie, voir ce que j'ai sur moi. Je regarde et.. et j'ignore totalement combien c'est. « j'ai que 5$ en pièce, tu pense que ça peut suffire ? »  
 

Alejandro faisait rire Leandra. Elle avait un beau rire, un beau sourire aussi. Il proposait donc à la demoiselle de lui parler dans sa langue maternelle. Celle-ci demandait alors s'il était sérieux. Ah mais il est toujours sérieux et il fit un beau sourire comme pour montrer sa bonne intention.

-Ah mais certainement! Mon ex-copine était Brésilienne, alors j'ai eu quelques occasions pour me pratiquer.

Ce qui sous-entendait qu'il était maintenant célibataire. Leandra lançait alors, tandis qu'ils approchaient de la laverie, qu'ils pourraient se faire des tas de conversations en portugais, ce qui fit rire Alejandro à son tour. Si elle le souhaitait, bien sur, oui, puisque c'était un peu ce qu'il venait de proposer. Il enchaîna donc en portugais et dit:

-Autant commencer tout de suite.

En entrant dans la laverie, son regard croisa celui de la demoiselle et il y lut de l'agacement, à tout le moins. Était-ce à cause du portugais ou bien était-ce son petit sourire en coin, qu'elle apprenait déjà à détester? Cette pensée ne le fit que sourire davantage, tandis qu'il approchait de la laveuse qu'il venait de désigner. Se retournant vers Leandra, il jouait les avares et lui demandait de payer. Situation assez comique, puisque Alejandro est riche comme tout. Patient, il croisait les bras et la regardait fouiller dans son porte-monnaie, repérant le prix d'une brassée. 5$, pile ce qu'il fallait.

-Ça suffira. Ce n'est pas comme si on avait plusieurs brassées à faire. Gracias.

Elle pouvait donc commencer à mettre les pièces dans la machine pour éventuellement déclencher la laveuse. En attendant, Alejandro enlevait son t-shirt et le mettait dans la laveuse. Il se retrouvait donc torse nu, chose qui ne semblait pas le gêner le moins du monde. Après s'être redressé, il partait la laveuse pour le cycle le plus court. Pas besoin de faire attention au couleur ou quoique ce soit. Alejandro alla ensuite s'asseoir sur une chaise non loin.

-Et tu étudies en quoi à Harvard?

« Ah mais certainement! Mon ex-copine était Brésilienne, alors j'ai eu quelques occasions pour me pratiquer. », hm, intéressant cette information. Quelques occasions ? Ce type n'est pas le genre à pratiquer la langue orale, si vous voyez ce à quoi je pense en ce moment. Il a l'air très penché sur la gente féminine, je dirais. « Autant commencer tout de suite. » je me suis mise à sourire en l'entendant en portugais. Ça me fait penser à mes frères qui ne parlent presque jamais anglais dans la rue, mais toujours en portugais. Comme s'ils disaient fièrement leur origine. Je souris, et répliquais en portugais, « commençons, alors ! » j'avançais et donc le moment du porte-monnaie arrivait, et c'est vrai que j'ignorais si ma froideur du moment était dû à l'argent ou bien à son sourire en coin. J'en savais rien. Je lui propose donc mes cinq ridicules dollars, espérant que ça fera l'affaire. « Ça suffira. Ce n'est pas comme si on avait plusieurs brassées à faire. Gracias. » pfiou, encore heureux que ça suffise, je n'avais pas envie de débourser des milles et des cents dans un lavage, juste pour un t-shirt. -bien que le t-shirt en question avait l'air d'avoir coûté assez cher-. Comment je peux savoir ça ? Quand on a vu des t-shirts d'homme bon marché durant toute son enfance, on reconnaît quand le t-shirt en question a coûté plus cher que la normale. Il retirais son t-shirt normalement, sans aucune gêne, et sans savoir pourquoi, ça m'a fait sourire. Exhibitionniste. Je mettais ma monnaie dans la machine pour la lancer et il allait s'asseoir, sans broncher, je le rejoignais, même si rien ne m'y obligeais. « Et tu étudies en quoi à Harvard? », « le droit ! » je m’assois près de lui, et j'y peux pas grand chose, mais mes yeux se laissent glisser sur son torse, fronçant les sourcils en demandant, « tu m'a pas l'air très pudique, j'me trompe ? »