J’étais furieuse, ouais. Je mangeais ma glace ce midi en regardant les infos, tranquille jusqu’à ce que je tombe sur cette histoire. Un bébé avait été enlevé à Cambridge. Robyn. Ses deux parents, Milena et Alexander sont effondrés et tout le monde espère pouvoir la retrouver. Ils avaient parlé de l’histoire d’une meuf un peu tarée mais je n’y avais pas fait attention, trop préoccupée par la nouvelle. Ça ferait deux semaines dimanche, et Alex ne m’avait rien dit. Comment je devais prendre ça au juste ? J’en savais rien. D’après lui, il n’avait pas prévenu ‘tout le monde’, mais honnêtement, ça me blessait qu’il me place dans le ‘tout le monde’. Surtout que j’adorais m’occuper de ma nièce. Enfin… même si j’étais en colère et même s’il voulait garder ses distances, je ne l’entendais pas de la même oreille. Je m’étais donc précipitée à la Mather House pour le choper avant qu’il ne sorte avec Hendrix. Je montais rapidement les escaliers vers la chambre de mon frère, toquant à celle-ci.

Le soucis quand on s'appelle Alexander Strudwick, c'est qu'on a tendance à tout garder pour soi, sans avoir envie de parler de ses problèmes aux gens, même à ses proches. C'était ce qui s'était passé quand j'ai appris que ma fille s'était faite enlevée, il y a maintenant une semaine et demi. Je savais pas trop comment gérer tout ça, donc j'avais prévenu Billie et je m'étais évaporé, tant j'étais mal. J'étais retombé dans la drogue, sans réussir à retirer ce poids de culpabilité et de tristesse qui me suivait depuis ce fameux jour. Sauf qu'Holly n'avait pas eu l'air très compréhensive puisqu'elle a appris la nouvelle par les infos, non pas par moi. Elle m'a d'ailleurs limite engueulé par sms et j'suis loooooin d'accepter cette façon de faire, si... égocentrique. Mais voilà, elle voulait me voir malgré tout et j'allais pas l'en empêcher, même si ça m'avait encore plus blessé qu'elle réagisse de cette façon, plutôt que de se mettre à ma place. Allongé dans mon lit, j'étais "bien" depuis une dizaine de minutes, quand j'ai repris un rail de poudre blanche. C'était le seul moyen de gérer tout ça sans trop de dégâts donc je l'utilisais, sans remords. La porte fit du bruit et je me doutais que c'était ma petite soeur. Sans bouger, je me mis à l'autoriser à entrer. "C'est ouveeert!" Je soupirais, foutant un bras sur mes yeux, sans rien faire d'autre que rester allonger dans ce lit.

Je ne comprenais pas pourquoi il rejetait l’aide des gens qu’ils l’aimaient. J’étais là pour lui, peu importe dans quel état il était, peu importe s’il voulait de mon aide en fait. J’étais là, j’étais sa sœur et je ne voulais pas le voir malheureux. Il devait passer une passe vraiment difficile, et je ne me voyais pas le regarder se détruire ou se morfondre. Je voulais être l’épaule sur laquelle il pouvait pleurer. Je voulais être l’oreille qui l’écouterait. Ou tout simplement celle qui prendrait soin de lui, qui partirait en vadrouille dans toute la ville à trois heures du matin pour retrouver sa fille. Je toquais à la porte de sa chambre à la Mather House, fronçant les sourcils en l’entendant me dire d’une manière assez… surprenante : "C'est ouveeert!" J’entrais dans la chambre et je le vis allongé sur son lit. Je fermais la porte derrière moi et je m’approchais du lit, remarquant alors des restes de poudre sur son bureau. Oh non.. « Alex.. », murmurais-je en me tournant vers lui. « Tu recommences à prendre cette merde ? » Alors là, il était hors de question qu’il replonge alors qu’il était enfin clean. « Alors l’étape numéro une, ça va être le sevrage mon pote », grognais-je en m’avançant vers son armoire pour ouvrir des tiroirs, mission : chercher sa drogue et aller la foutre dans les toilettes.

Je savais qu'Hendrix me sortait ce soir, dans un but précis.. et c'était aussi pour ça que je voulais pas trop voir Holly, parce qu'elle avait tout rapporté à elle quand je ne lui ai pas dit pour Robyn. Seulement, je n'avais pas que ça à faire que de prévenir tout le monde que ma petite est disparue. J'veux dire, concrètement, ils vont être désolé, ils vont être "là pour moi"... mais ça ne changera rien au fait que ma fille est portée disparue et qu'ils ressentiront une sorte de pitié pour moi. Parce que c'est ça, je vais tellement mal qu'ils se sentent mal pour moi et qu'ils n'aimeraient pas être à ma place, voilà tout. "Alex.." finissait par dire Holly qui était entrée dans ma chambre. "Tu recommences à prendre cette merde ?" Je levais mon bras que je reposais sur le lit pour tourner la tête vers elle. Je savais de quoi elle parlait, mais je ne répondais simplement pas. C'était une question dont elle avait déjà la réponse. "Alors l’étape numéro une, ça va être le sevrage mon pote" Eeeh what ? Non, j'suis pas d'accord. "Tu fais quoi là ?" Je fronçais les sourcils alors qu'elle se dirigeait vers mon armoire. Non, non, non. Je me redressais, me levant même pour aller à sa rencontre, l'empêchant de faire quoique ce soit. "Tu ne touches à rien. C'est mes affaires, c'est ma vie, je fais encore c'que je veux."

Est-ce que j’avais peur en voyant Alex dans cet état ? Clairement, oui. J’étais morte de trouille même. Pas parce qu’il était comme une loque dans son lit, non. A cause de la drogue. Même si je n’avais touché à cette merde, je n’étais pas bête et je savais très bien à quoi ressemblait de la coc’ pour en avoir vu passer dans les soirées. Il avait replongé. Et je ne pouvais pas m’empêcher de penser à l’overdose que Billie avait faite un mois plus tôt. J’avais peur qu’il lui arrive la même chose et même si j’étais fâchée contre lui, il était mon frère et même si je ne le connaissais que depuis des mois, j’l’aimais.  Je décidais donc de chercher la drogue qu’il avait pour la balancer. C’était mon devoir de sœur de veiller sur lui, non ? "Tu fais quoi là ?", demanda-t-il alors que je m’avançais vers son armoire. « A ton avis ? » , demandais-je d’un ton le plus neutre possible. "Tu ne touches à rien. C'est mes affaires, c'est ma vie, je fais encore c'que je veux." Je fronçais les sourcils, « C’est pas que TA vie Alex okay ? J’veux pas qu’il t’arrive quelque chose, et maintenant tu fais partie de MA vie donc j’ai décidé qu’il était HORS DE QUESTION que j’perde mon frère à cause de cette merde okay ?  » Je le poussais pour qu’il se bouge de mon chemin, « De toute façon t’es tellement défoncé que t’arriveras pas à m’en empêcher et je ne bougerai pas d’ici tant que j’aurais pas balancé toute cette merde !  » J’ouvrais un tiroir et je commençais à fouiller dedans et ne trouvant rien, j’en ouvrais un deuxième pour commencer mon inspection.

"A ton avis ?" La colère m'envahissait et je savais qu'au bout d'un moment, je ne saurais plus la contrôler. Disons surtout que j'avais l'impression de revivre ma vie un an plus tôt, quand c'était Alexis qui voulait me faire arrêter mes conneries. Sauf que là, j'avais aucune intention de céder à ses envies, j'allais mal, j'avais besoin de tout ça... surtout que là, ça allait être bien plus compliqué à arrêter maintenant que j'étais retombé dedans la tête la première. "C’est pas que TA vie Alex okay ? J’veux pas qu’il t’arrive quelque chose, et maintenant tu fais partie de MA vie donc j’ai décidé qu’il était HORS DE QUESTION que j’perde mon frère à cause de cette merde okay ?" Elle me poussait, ce qui faisait que je me retrouvais complètement out de l'endroit où elle voulait aller. Mais bordel, elle voulait vraiment m'énerver en fait, c'est ça ? "De toute façon t’es tellement défoncé que t’arriveras pas à m’en empêcher et je ne bougerai pas d’ici tant que j’aurais pas balancé toute cette merde !" Je serrais les points et je revenais à la charge, me mettant ce coup-ci entre elle et la commode, bien qu'elle ait commencé à fouiller. "Putain mais arrête ! Tu comprends pas quoi quand j'te dis stop ? C'est ma PUTAIN de vie et je fais CE QUE JE VEUX ! Ma fille a été enlevée et j'veux juste oublier tout c'que j'ressens alors arrête d'être égoïste et laisse moi gérer ça !" J'y allais fort et j'allais sûrement la blesser, mais elle devait comprendre que j'avais besoin de tout ça pour survivre.. parce qu'il était clair que je ne vivais plus là, je survivais. Sans ma fille.

Non je ne voulais pas l’énerver. Je ne voulais pas non plus jouer la rabat joie ou quoi que ce soit. C’était la dernière chose que je voulais en fait : être fâché avec lui. Mais je ne me voyais pas le regarder se détruire, les bras croisés sans rien dire. Ca non, il en était hors de question. De savoir qu’il retouchait à la drogue, ça me rendait complètement folle parce que j’avais réellement peur qu’il lui arrive quelque chose à cause de ces merdes. Et puis… il ne devait pas dépenser tout son fric dans de la drogue sérieux. Il se remit alors entre la commode et moi pour que j’arrête de fouiller. "Putain mais arrête ! Tu comprends pas quoi quand j'te dis stop ? C'est ma PUTAIN de vie et je fais CE QUE JE VEUX ! Ma fille a été enlevée et j'veux juste oublier tout c'que j'ressens alors arrête d'être égoïste et laisse moi gérer ça !" Je fronçais les sourcils, « Tu vas arrêter de gueuler ça à tout bout de champ Alex ? OUI, ta fille a été enlevé putain ! C’est une raison pour te foutre dans cet état ? NON ! Ta fille a pas besoin d’un père complètement défoncé qui se lamante sur son sort ! » Je le poussais en le regardant, « Ta fille, elle a besoin d’un père FORT qui se BAT pour elle, pour la retrouver. Tu crois que dans cet état tu vas réussir à la trouver ? Tu devrais être dehors en train de la chercher partout, tu devrais FAIRE QUELQUE CHOSE et pas rester comme ça ! Alors bouge ton cul bordel et j’m’en fou que ça soit ta vie ou pas okay ? J’te regarderai pas te détruire, pas tant que j’serai dans ta vie et crois-moi, j’le suis et j’y resterai quoi qu’il arrive. » Je repris alors ma fouille, vraiment très, très en colère. Je trouvais un sachet de coc’ et je l’enfouis dans mon sac sans dire un mot, bien décidée à trouver les autres.

S'il y avait une chose qu'Holly devrait se rentrer dans le crâne assez vite, c'était d'éviter de mettre en rogne un drogué. Parce que si elle continuait comme ça, il était clair que j'allais plus être le gentil frère qu'elle connaissait, loin de là. "Tu vas arrêter de gueuler ça à tout bout de champ Alex ? OUI, ta fille a été enlevé putain ! C’est une raison pour te foutre dans cet état ? NON ! Ta fille a pas besoin d’un père complètement défoncé qui se lamante sur son sort !" Elle me poussait, continuant de me faire la morale. "Ta fille, elle a besoin d’un père FORT qui se BAT pour elle, pour la retrouver. Tu crois que dans cet état tu vas réussir à la trouver ? Tu devrais être dehors en train de la chercher partout, tu devrais FAIRE QUELQUE CHOSE et pas rester comme ça ! Alors bouge ton cul bordel et j’m’en fou que ça soit ta vie ou pas okay ? J’te regarderai pas te détruire, pas tant que j’serai dans ta vie et crois-moi, j’le suis et j’y resterai quoi qu’il arrive." Elle continuait à fouiller, me laissant sur ces mots que j'encaissais en silence. Et dès que je posais finalement le regard sur elle, je la voyais foutre un de mes sachets dans son sac et, autant le dire de suite, ça a eu le don de m'enrager assez rapidement. J'attrapais son bras assez violemment pour la faire se retourner afin qu'elle me fasse face. "Rends-le moi, tout de suite." disais-je sérieusement. "Ma fille, elle a peut-être besoin d'un père fort mais elle l'a pas, parce qu'on me l'a enlevé. Je l'ai cherché, SANS SUCCES. Maintenant, tu vas me rendre le sachet que t'as foutu dans ton sac et tu vas partir avant que je m'énerve vraiment parce que tu veux pas me voir comme ça. J'en ai MARRE qu'on me dise TOUT LE TEMPS quoi faire !"

Je ne comprenais vraiment pas l’attitude d’Alex, et je ne savais pas du tout comment réagir face à ça. Je n’avais jamais été confronté à un drogué et j’avais eu la chance jusqu’ici de ne pas avoir à en confronter un. Sauf que là, il s’agissait de mon frère alors ça rendait les choses encore plus compliquées. Il était malheureux, je le voyais très bien. Mais la drogue n’était pas du tout la solution, loin de là. Je continuais donc de fouiller, trouvant un sachet de coc’ que je mettais tout de suite dans mon sac et je n’allais pas m’arrêter là. "Rends-le moi, tout de suite.", lança-t-il après m’avoir pris le bras. "Ma fille, elle a peut-être besoin d'un père fort mais elle l'a pas, parce qu'on me l'a enlevé. Je l'ai cherché, SANS SUCCES. Maintenant, tu vas me rendre le sachet que t'as foutu dans ton sac et tu vas partir avant que je m'énerve vraiment parce que tu veux pas me voir comme ça. J'en ai MARRE qu'on me dise TOUT LE TEMPS quoi faire !" Je fronçais les sourcils et je retirais mon bras de sa main, « Et moi j’en ai MARRE que tous les gens que j’aime me laissent pas les aider okay ? Vas-y, énerve toi, mais je ne te laisserai JAMAIS toucher le fond sans réagir. » Je prenais le sachet de coc’ dans mon sac et j’allais jusqu’à sa salle de bain pour mettre le sachet dans les toilettes et tirer la chasse d’eau. Je cherchais pas la merde non. J’voulais juste l’aider et je me fichais complètement qu’il veuille de cette aide ou pas. « J’t’interdis de dénigrer nos parents okay ? Parce que t’es pas mieux qu’eux en ce moment. T’es qu’un drogué qui essaie pas de s’en sortir pour son enfant. Et c’est EXACTEMENT ce que eux ils ont fait. » J’voulais juste le faire réagir, parce que ça ma rendait malade de le voir comme ça. « Quand Robyn reviendra, quand on la retrouvera elle aura besoin de son papa en bonne santé et clean, alors tu peux pas te permettre de replonger. »

Tout ce que je voulais, c'était qu'on me laisse tranquille. C'était trop me demander ? Faut croire que oui vu comment Holly s'accrochait pour ne pas me laisser. D'ailleurs, elle avait commencé une chasse à la drogue, et avait même trouvé un sachet. Je lui demandais alors de me le rendre mais le seul effet que ça a eu, c'était de l'énerver encore plus. "Et moi j’en ai MARRE que tous les gens que j’aime me laissent pas les aider okay ? Vas-y, énerve toi, mais je ne te laisserai JAMAIS toucher le fond sans réagir." Et bim, elle est partie dans la salle de bain foutre en l'air ma came. Mais putain elle était sérieuse là ? Si c'était pas une fille, je l'aurais flanquée dehors aussi rapidement qu'elle était rentrée. Seulement c'était ma soeur et j'avais pas envie de lui faire du mal. Une fois lancé, je pouvais être violent, je le savais. "J’t’interdis de dénigrer nos parents okay ? Parce que t’es pas mieux qu’eux en ce moment. T’es qu’un drogué qui essaie pas de s’en sortir pour son enfant. Et c’est EXACTEMENT ce que eux ils ont fait." Aw god Alex, retiens toi, retiens toi.. RETIENS TOI. J'inspirais, j'expirais, le regard noir. Elle ne venait quand même pas de dire ça. "Quand Robyn reviendra, quand on la retrouvera elle aura besoin de son papa en bonne santé et clean, alors tu peux pas te permettre de replonger." Je l'attrapais de nouveau par le bras, serrant sans m'en rendre compte, tout en l'amenant jusqu'à la porte d'entrée de ma chambre que j'ouvrais. "Dégage, tout de suite. Dégage parce que c'que tu viens dire là, nan, j'peux pas l'accepter. Tu DEGAGES et si tu veux revenir, vaut mieux pour toi que c'est pas pour foutre ma dope en l'air." Elle m'avait comparé à nos parents, ceux qui, en tout état de connaissance, continuaient à se droguer pendant ma grossesse. Qui m'ont abandonné alors que j'avais des soucis de santé, qui sont partis sans jamais se retourner. Nah, j'étais pas comme eux. Ma fille a été enlevée et je n'avais aucun moyen de la récupérer. Je me sentais inutile et j'avais tout simplement misé sur la police pour qu'ils la retrouvent. Je ne suis en rien comme mes parents.