J’aurais aimé être une artiste. Et je dis pas ça uniquement en référence à la chanson. Vraiment. Je trouvais que ces gens-là dégageaient quelque chose. On sentait qu’ils appartenaient à un autre monde et ça m’avait toujours intrigué. J’aurais aussi aimé pouvoir voir quelqu’un un jour dessiner comme elle. Juste pour voir comment elle faisait même si je resterai incapable de le refaire. Oui, certaine. Garde le, il est pour toi. Ça me touchait beaucoup qu’elle me donne le dessin. J’allais le regarder quelque part, c’est sur. J’avais l’impression d’être une sorte de modèle ou une connerie dans le genre. La demoiselle me serra alors la main que je lui tendais après m’être présentée, Enchantée Holly. Moi c’est Jackie. J’hochais la tête, souriant toujours, « Enchantée Jackie ! » Je roulais soignement la feuille pour la glisser dans mon sac, relevant la tête vers elle, « Tu en fais tes études ou c’est juste une passion comme ça ? Tu devrais faire des portraits dans la rue, tu gagnerais beaucoup d’argent ! »

Le sourire des gens quand on leur offrait un peu de son temps dans un dessin était aux yeux de Jackie l’une des meilleures récompenses, une satisfaction indescriptible. Jackie ferma la petite trousse dans laquelle elle venait de ranger le dernier crayon tombé par terre lors de l’attaque des papillons après la poignée de main. Le dessin c’est principalement une passion. Mais j’en ai grandement besoin pour mes études. Jackie terminait cette année un long cursus d’audio visuel. Tout ce qui touchait de près ou de loin au cinéma, elle le maîtrisait. Les effets spéciaux, les bruitages, les montages.. on avait pas forcément besoin de dessins bien poussés pour tout ça, mais la demoiselle avait décidé de se professionnaliser dans les films d’animation et là, le dessin était beaucoup plus important. Il était au cœur de tous projets. Oh non, je prends plaisir à offrir mes dessins. Je ne me verrais pas en demander de l’argent. Un petit sourire en coin se dessina sur les lèvres de la Lowell. Et puis elle travaillait au bowling, de l’argent elle en gagnait suffisamment avec ce job là. Concilier les deux finirait par lui prendre trop de temps en plus.

Le dessin c’est principalement une passion. Mais j’en ai grandement besoin pour mes études. Rien qu’en voyant ce dessin, je savais déjà où j’allais l’accrocher dans ma chambre. Non parce que c’était tellement la classe d’avoir un dessin de soit. Surtout un si beau dessin. Et le fait que j’ai pu inspirer une parfaite inconnue était assez plaisant aussi. Je n’avais même pas besoin de demander : je me doutais que cette demoiselle devait faire partie de la Lowell House. Voilà pourquoi je n’aimais pas les confréries : trop d’étiquettes. Oh non, je prends plaisir à offrir mes dessins. Je ne me verrais pas en demander de l’argent. Un nouveau sourire se dessina sur mes lèvres et je regardais l’heure : j’avais encore du temps. Je relevais alors la tête vers Jackie, « Est-ce que je peux t’inviter à boire un verre ? Pour te remercier de ce magnifique cadeau ! » J’espérais qu’elle allait accepter, ça me faisait toujours plaisir de rencontrer de nouvelles personnes.

Jackie, discrètement, continuait de regarder autour d’elle que la volée de papillons de revienne pas à nouveau. Rien, c’était bon signe. Holly, un sourire au bord des lèvres, lui proposa d’aller boire un verre en guise de remerciement pour le dessin. Avec grand plaisir, un rafraichissement me fera du bien avec cette chaleur. Le soleil tapait étonnamment fort pour un mois de mars, on se serait cru en plein été. Comme quoi, la planète est plutôt détraquée. Jackie rangea la trousse dans son sac et, pochette sous le bras, se mit à marcher, Holly à ses côtés. Alors dis-moi Holly, que fais-tu à Harvard ? Jackie avait beau être une vielle de l’université, elle ne connaissait pas pour autant tout le monde, et heureusement.

Il fallait que je remercie d’une manière ou d’une autre Jackie. Sérieusement, ce dessin m’avait fait énormément plaisir, alors je me devais de lui offrir quelque chose à boire. J’avais peur qu’elle refuse, après tout, on ne se connaissait pas et je pouvais comprendre qu’elle puisse trouver ça un peu… bizarre. Mais bon, notre rencontre n’était déjà pas habituelle en elle même. Avec grand plaisir, un rafraichissement me fera du bien avec cette chaleur. J’hochais la tête et je la regardais ramasser ses affaires avant que nous ne commencions à marcher Alors dis-moi Holly, que fais-tu à Harvard ? Je regardais Jackie en souriant, remontant la bretelle de mon sac sur mon épaule,« J’étudie l’histoire et l’histoire de l’art. Et toi ? » Je m’arrêtais d’un coup en posant ma main sur son bras, regardant droit devant moi. « J’pense qu’on va passer par l’autre sortie du parc… » Il valait mieux, parce que tous les papillons étaient droit devant nous.

L’histoire de l’art, ça devait être passionnant. Mais à la fois barbant par l’unique fait qu’il y ait le mot histoire dedans. Jackie était une Lowell, une fana de dessin, de cinéma, de musique… l’art faisait partie intégrante de la vie de la jeune femme. Par contre, elle avait toujours eu des lacunes en histoire. Depuis toute petite. C’était comme ça et pas autrement. Et même aujourd’hui encore, lors de ces cours d’histoire du cinéma, Jackie fait partie des moins bonnes élèves au grand désespoir de son professeur qui voit en elle une très bonne élève et qu’un brin de motivation ferait d’elle la meilleure. Mais non. Je suis en audio visuel, et vice présidente du club du même nom. répondit-elle, un sourire au bord des lèvres. Alors qu’elles marchaient toute deux en direction de la sortie de parc pour aller boire ce fameux coup proposé par Holly, cette dernière s’arrêta et posa son bras sur celui de Jackie, notifiant la bridage des papillons qui revenait à la chasse. Oh oui. Bonne idée. balbutia la Lowell en faisant des petits pas à reculons, les yeux fixés sur les papillons qui se rapprochaient dangereusement des deux étudiantes. Non non non, cours Holly !! Jackie se mit à courir en direction de la sortie sud du parc, espérant de tout cœur que les papillons n’avaient pas la même idée en tête. Voyant que les papillons ne viraient pas, elle décida de se jeter sous le premier banc qui venait. A sa droite, là !

Je suis en audio visuel, et vice présidente du club du même nom. Ça ne m’étonnait pas plus que ça, en fait. Pour dessiner, il faut être vachement visuel et il faut aussi pouvoir donner les bons coups de crayon. Nous marchions pour aller vers la sortie du parc mais je m’arrêtais, posant ma main sur l’épaule de Jackie en lui disant que nous devrions sortir ailleurs car des papillons étaient dans le coin. Je trouvais la situation assez bizarre mais bon. Oh oui. Bonne idée. Je fis un pas en arrière, m’apprêtant à faire demi-tour mais les papillons se rapprochèrent dangereusement. Non non non, cours Holly !! Je regardais Jackie se mettre à courir et je la suivais. J’avais du mal à courir tellement je riais, et encore plus quand la demoiselle se cacha sous un banc à notre droite. Je m’arrêtais, essoufflée, les mains sur mes genoux pour reprendre mon souffle. « Jackie ! », lançais-je en continuant de rire, me baissant pour regarder Jackie, « Allez, ils vont pas te manger ! » Je me redressais et je fis des mouvements avec mes mains pour chasser les papillons.

Cachée sous son banc, en sécurité, la Lowell regarda Holly qui venait de se baisser afin de la rassurer au maximum qu’ils n’allaient pas la manger. Elle avait un rictus sur les lèvres, prête à éclater de rire à la moindre parole de Jackie. Mais tu sais pas !! Jusqu’à aujourd’hui ils n’avaient mangé personne, ça ne voulait pas dire qu’ils ne commenceraient pas un jour. Et si ce jour c’était aujourd’hui, et que c’était Jackie qu’ils voulaient à tout prix ? Arf. Quelle horreur ces bestioles ! Jackie regarda l’étudiante essoufflée et amusée chasser les papillons avec de grands mouvements de bras. La Lowell passa sa tête hors de sous le banc constatant que Holly avait réussi avec brio à les faire partir loin, très loin. Mieux valait quand même ne pas trop traîner ici, au cas où. Jamais deux sans trois hein. La Lowell se redressa, dépoussiérant rapidement ses vêtements. Je les supporte pas ces trucs là, vraiment ! C’est pas beau, et ça vole pas droit en plus. Non sérieux, ça fait peur ! Elle imita, une grimace au visage, un semblant de papillon volet. On aurait surtout dit une handicapée à ce moment là, mais peu importe.

Moi qui n’était pas tellement dans mon assiette après ma rupture avec Avery, je crois que je n’avais pas autant rit depuis longtemps. Et ça faisait un bien fou ! Je ne pensais plus à lui, trop occupée à regarder Jackie cachée sous son banc afin d’échapper aux papillons qui la terrifiaient. Mais tu sais pas !! Je me redressais pour essayer de chasser les papillons avec mes mains, puisque c’était le seul moyen pour que la demoiselle sorte de sa cachette. Finalement, au bout de quelques minutes, les papillons finirent par être exterminés. Je regardais Jackie sortir de sa cachète, remettant bien ses vêtements en disant : Je les supporte pas ces trucs là, vraiment ! C’est pas beau, et ça vole pas droit en plus. Non sérieux, ça fait peur ! Je croisais les bras à ma poitrine en la regardant imiter les papillons et je levais les yeux au ciel, « Comment ça c’est pas beau ? » je recommençais à marcher vers la sortie en remettant bien le sac en bandoulière sur mon épaule, « Y’a des beaux papillons de toutes les couleurs ! Les papillons, ça sonne le printemps, le beau temps, la chaleur, le soleil… » Je souris en coin et j’ajoutais d’un air taquin, « Heureusement qu’Hitchcock a choisi des oiseaux et pas des papillons dans son film.. »

A nouveau sauvé des papillons par sa sauveuse du jour, les deux jeunes femmes se remirent à marcher en direction de la sortie du parc pour aller boire ce fameux verre. Jackie écouta attentivement l’étudiante prendre la défense de ces horribles créatures. Peut-être pour toi et pour tout le monde en fait. Mais quand on en a peur, on ne les voit absolument pas de la manière dont tu les décris. C’était des monstres, des monstres volants aux yeux de la Lowell. La vie était ainsi faite, pleine de phobies en tout genre, même des choses les plus innocentes d’apparence. Jackie tourna la tête lorsque Holly se mit à reparler, notant le petit air taquin qu’elle arborait sur son visage. Heureusement ouais. Surtout qu’on l’a étudié ce film là l’année dernière. La malaise si ça aurait été des papillons. Une vision d’horreur apparu dans la tête de la brunette à frange. Le taux d’absentéisme de Jackie aurait battu des records si ça avait été le cas. J’te remercie encore de m’avoir aidé avec ces bêbêtes volantes… ça doit paraître bizarre mais ouais, j’ai peur de ça. La jeune femme haussa les épaules, un sourire innocent sur les lèvres.

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