Bambi esquissa un petit soupir. Elle ne se permettait pas pour autant de juger les gens ayant recours à la drogue, sans aller jusqu’à dire qu’elle pouvait comprendre. Puisqu’elle ne s’était jamais défoncé, elle ne pouvait évidemment pas comprendre, c’était impossible. Mais comme pour tout, il existait aussi de bonnes raisons. Ou en tout cas des raisons pouvant expliquer certains comportements plus que d’autres… après tout, tomber dans l’alcool n’est pas plus appréciable, ou une meilleure façon d’exulter, comme tomber dans la prostitution ou ce genre de choseries. A chaque problème sa façon de le résoudre… et à chaque personne sa façon de gérer les problèmes. « Ils se blâment sûrement pour dix, en tout cas j’imagine, donc leur jeter la pierre… je me permet pas un truc du genre. Je ne suis pas du tout bien placée pour ça. » Bambi avait fait d’autres merdes dans sa vie et n’était pas blanc bleu. Qui n’a jamais fait de connerie peut jeter la pierre à des drogués, mais ce genre de personne n’existe évidemment pas, à part dans les contes pour enfants et encore. « Je dois dire qu’il va tomber de la merde ? » ironisa-t-elle bien que son visage vienne juste de se laisser marquer par un sourire sincère. Il ne fallait pas croire… si elle pouvait avoir un foutu caractère, cela ne l’empêchait pas de posséder sa dose d’humanité. « J’avoue que je n’ai pas compris sur le moment… mais excuses acceptées, c’est du passé. On va dire qu’on est assez intelligentes toi et moi pour voir plus loin que ça, tu crois pas ? »

J'avais développé cette aversion pour la drogue depuis des années déjà... Quand j'avais perdu ma meilleure amie, Holly, décédée d'une overdose. Depuis, ce n'était même pas la peine de m'en parler. Qui plus est, je m'étais battue pour que Jude s'en sorte également, et après un an passé en couple, la drogue avait pris le dessus. Autant dire qu'à mes yeux, cette chose était le diable incarné en poudre, herbe, et autres trucs du genre que je ne préférais même pas imaginer. « Ils se blâment sûrement pour dix, en tout cas j’imagine, donc leur jeter la pierre… je me permet pas un truc du genre. Je ne suis pas du tout bien placée pour ça. » Je grimaçais. Ouais, moi non plus je n'étais pas une sainte, mais ça ne m'empêchait pas de voir la drogue d'un sale oeil. « Ouais, mais quand la drogue t'as déjà pourri l'existence, t'as parfois pas d'autres choix que d'en être écœuré. » Je disais ça sans la moindre trace d'animosité, disons plutôt que c'était de l'amertume. La drogue m'avait retiré bien trop de biens précieux pour que je puisse me permettre de la tolérer. Je finis, finalement, par m'excuser auprès de Bambi, ce qui sembla l'étonner. « Je dois dire qu’il va tomber de la merde ? » J'esquissais un sourire en coin, haussant brièvement une épaule. A elle de voir, au moins, j'étais sincère. Aussi sincère qu'une fille bourrée comme moi pouvait l'être tout du moins. « J’avoue que je n’ai pas compris sur le moment… mais excuses acceptées, c’est du passé. On va dire qu’on est assez intelligentes toi et moi pour voir plus loin que ça, tu crois pas ? » Ça changeait de son discours de tout à l'heure ou elle me traitait clairement d'idiote, c'est fou ce qu'une simple discussion peut tout changer. « J'ose l'espérer, ce serait bête qu'on recommence à s'envoyer des pics après avoir commencé à parler de façon civilisée hm. »

Bambi esquissa un faible sourire. Faible mais non moins présent. Elle avait cessé de dévisager Roxanna, se contentant de lui offrir de petites œillades de temps à autre, lorsqu’elle s’exprimait, afin de s’assurer qu’elle ne tomberait pas dans les pommes… d’où lui venait ce côté « maman poule » ? Difficile à dire. Jusqu’ici, jamais la belle blonde n’y avait eut recourt, pas même pour sa meilleure amie. Cela sonnait d’un coup de façon étrange, comme un écho incompréhensible et qui rend fou à force d’être aussi flou. « Je ne défends pas ceux qui se drogue, et je comprends qu’on puisse en être écœuré » fit-elle remarquer à toute fin utile, comme si elle cherchait à ne pas se mettre à dos Roxanna alors qu’elles venaient de s’offrir un armistice durement gagné. « Mais quand on est désespéré, on se tourne vers tous les placebos possibles pour faire cesser la douleur. Que ce soit une solution de facilité ou pas, ce n’est pas le propos… des fois, avoir même une minute de paix, ça peut valoir le coup. » Bambi ne jetait pas la pierre aux drogués, ou à ceux se trouvant contre la drogue. Elle n’avait d’autant pas d’avis tranché qu’elle n’avait jamais touché à cette saloperie. La monténégrine se contentait simplement d’analyser froidement la situation, dans la mesure du possible, non sans ponctuer ses paroles de petites moues entendues. « On peut s’envoyer des pics et user du second degré, aussi… » proposa-t-elle, définitivement décidée à faire un effort pour rendre ce moment avec Roxanna aussi « confortable » que possible. « On est civilisées. On vient de le prouver n’empêche ! Puis ça aurait très bien pu être moi… je veux dire, j’aurais pu t’agresser sans raison aussi. »