Quelle soirée… une plombe pour faire comprendre à un type que l’on n’est pas intéressé par ses avances, cela devrait être interdit par la loi ! Mais d’un autre côté, on ne pouvait pas nécessairement savoir par avance combien Bambi avait une folle envie de refaire le portrait façon Picasso période déstructurée de tous ceux croisant sa route. La belle blonde n’avait jamais été si silencieuse sur la route du retour, dans sa voiture, elle qui pourtant adorait mettre du hard rock à fond pour chanter à tue tête en se moquant éperdument du regard des autres… là, elle se l’était jouée vieille mémère au volant qui mériterait de ne plus conduire tant ses réflexes sont aussi éventés que son sex-appeal. Mais ce n’était pas le meilleur de sa soirée, certainement pas… Bambi se dirigeait vers la Mather House, plus épuisée et désireuse de s’effondrer dans son lit que jamais, lorsqu’elle aperçut au loin une silhouette blonde affalée sur le sol. En théorie, elle aurait très bien pu passer sa route, hausser les épaules et s’en foutre, après tout, quelqu’un passerait bien derrière elle pour l’aider. Mais il se trouvait que la monténégrine était dotée d’une bonne vue, et qu’elle reconnut aussitôt Roxanna, cette folle furieuse sur le retour lui ayant donné des envies de meurtre lors de leur dernière altercation. Nul ne sut pourquoi elle se rua vers elle pour mieux lui tapoter la joue, tenter de capter une pulsation cardiaque contre sa carotide ou en testant sa respiration près de son nez… « Hey blondie, tu ne pas vas pas me claquer dans les pattes hein, j’ai passé une assez mauvaise soirée déjà !! » maugréa-t-elle avant de l’entendre toussoter et de sentir une odeur qui lui fit additionner a+b : cette demoiselle avait un peu trop bisouté notre bonne vieille copine la bouteille. Ni une ni deux, elle la souleva précautionneusement, remerciant tous les deux de lui avoir fourni un entraînement sportif si drastique sans quoi elle était bonne pour devoir appeler quelqu’un en vue de l’aider. Mais Bambi faisait une bonne action là… sans même savoir pourquoi, elle l’emmena en toute discrétion à la Mather House afin de lui offrir une petite douche en vue de dessouler avant de l’allonger dans le lit de sa colocataire, heureusement absente. « Je bouge pas… j’espère juste que tu ne vas vraiment pas me faire de la merde, ce serait pas la première fois ! »

Aout 2013, à l'approche de la rentrée. J'en étais à combien de verres, en fait ? Je savais plus vraiment, et à vraie dire, cela m'importait peu. Depuis la mort de Keanu, c'était presque devenu une habitude de terminer dans le bar pour me vider les bouteilles, c'est limite si le vieux barman était pas devenu un bon pote, en somme. Et ce soir, c'était particulièrement le genre de soir ou je me sentais à faire de l'abus, d'ailleurs, j'avais déjà prévu le coup de rentrer dans ma chambre de la Eliot house pour dormir et non pas à l'appartement, histoire de ne pas me faire enguirlander par Apple. Nan mais pff, elle se prenait pour ma mère depuis la mort de Ken. A moitié dans les vapes, j'avais fini par prendre la route vers le campus, à pied. Ben quoi, j'avais beau être ivre morte, j'en gardais le sens des responsabilités... Enfin, une partie tout du moins. Seulement voilà, au lieu de mettre dix minutes pour rentrer, déjà j'en mis vingt cinq tant j'étais d'une lenteur affligeante, et c'est arrivée au milieu du campus, pas loin de la Mather House – ark – que je trébuchais sur un trottoir et m'étalais comme une vraie.. Merde, c'est le cas de le dire, m'assomant à moitié au passage. Je sais pas trop combien de temps j'ai comaté sur le trottoir d'ailleurs, puisque je n'ai vaguement émergé que lorsque j'entendis une voix.. « Hey blondie, tu ne pas vas pas me claquer dans les pattes hein, j’ai passé une assez mauvaise soirée déjà !! » .. Whut ? Bambi ? La blonde que j'avais à moitié agressé la dernière fois qu'elle avait eu le malheur de croiser ma route ? Je cherchais à ouvrir les yeux, difficilement, avant de tousser, ayant vraiment, vraaaiment mal au crâne. Puis, nouveau black out, je n'émergeais concrètement que lorsque Bambi me fit prendre une douche pour déssouler un coup, et m'allongea sur un lit de sa chambre, que je devinais être à la mather house. Nan mais.. Elle jouait à quoi là? « Je bouge pas… j’espère juste que tu ne vas vraiment pas me faire de la merde, ce serait pas la première fois ! » Je me massais douloureusemet la tempe, sourcils froncés, avant de tourner les yeux vers la jeune femme, arquant un sourcil. « Pourquoi tu m'as pas laissé crever sur mon trottoir ? » Demandais-je sans la moindre gêne, cherchant à comprendre ce qu'elle avait derrière la tête pour s'être occupé de moi. « Si c'est pour mieux aller gueuler sur les toits que t'as retrouvé Roxanna Blackburn bourrée dans la rue, fais, j'm'en tape comme de l'an 40 » Et c'était vrai, plus rien n'avait d'importance depuis bien longtemps.

« Pourquoi, t’aurais préféré ? » lâcha sèchement Bambi, tentée de la ramener où elle créchait pour lui apprendre la politesse. Une chance que la belle blonde ait suffisamment boxé dans la journée pour se trouver dans un calme approximatif. Il n’y avait que peu de risques qu’elle pète une durite en bonne et due forme mais il ne fallait jamais vendre la peau de la biche avant de l’avoir tuée : même malade comme un chien, même sans énergie, Bambi était parfaitement en mesure de refaire le portrait de quelqu’un façon Picasso période déstructurée en deux coups de cuillère à pot. Pourtant, elle faisait presque preuve d’altruisme actuellement, mettant soigneusement de côté l’agression dont l’avait gratifiée Roxanna pour lui sauver actuellement la mise… sans oublier sa réputation de poupée blonde chez les Eliots, sans aucun doute. « Mon dieu qu’elle est charmante… » soupira la monténégrine en roulant des yeux sous l’exaspération que son acolyte de fortune lui faire ressentir. « Crois-moi, si j’avais voulu te flanquer une réputation de merde, je serais en train de te prendre en photo sous toutes les coutures histoire d’accumuler des preuves ! D’où tu me vois avec mon smartphone ? Me fais pas chier avec des détails à la con, j’allais pas te laisser bisouiller le bitume, tu aurais risqué qu’il porte plainte » reprit-elle non sans une trace d’humour extrêmement noir mais qu’importe, Bambi ne lui devait pas grand effort alors qu’elle se cassait déjà la tête afin de ne surtout pas lui sauter à la gorge. « Ça t’arrive jamais de prendre un service comme il vient sans chercher midi à quinze heures trente ? Je sais que t’es une emmerdeuse comme on en fait plus, ça va tu m’as fait une jolie démonstration de ton talent en la matière, mais c’est pas parce que tu sais être conne comme la pluie que je dois en faire autant… moi ça m’arrive de tendre la main à mon prochain sans arrière pensée alors détend ton string la bleue. »

« Pourquoi, t’aurais préféré ? » Miam, de l'agressivité comme j'aimais. Je haussais les sourcils en soutenant son regard, essayant de retrouver une certaine contenance en la toisant comme j'en avais pris l'habitude ces derniers temps. Je ne me permettais plus la moindre trace de gentillesse depuis un bout, surtout quand j'étais alcoolisée comme ce soir. Je ne croyais pas en la sincérité de l'action de cette fille, je me souvenais parfaitement de mal lui avoir parlé, et voilà qu'elle m'aidait à décuver ? Naaah, c'est une mather, et les mathers sont tous pareils. C'est bien pour ça d'ailleurs que j'veux pas que mon cher ex fiancé y retourne chez eux, il serait capable de perdre une seringue dans le lit de notre fille. « Crois-moi, si j’avais voulu te flanquer une réputation de merde, je serais en train de te prendre en photo sous toutes les coutures histoire d’accumuler des preuves ! D’où tu me vois avec mon smartphone ? Me fais pas chier avec des détails à la con, j’allais pas te laisser bisouiller le bitume, tu aurais risqué qu’il porte plainte » Je détournais les yeux d'un air faussement exaspéré, pour masquer ma perplexité face aux propos de la blonde qui me faisait face. Les vapeurs d'alcool avaient commencé à s'en aller, lentement mais surement, et j'écoutais alors Bambi continuer. « Ça t’arrive jamais de prendre un service comme il vient sans chercher midi à quinze heures trente ? Je sais que t’es une emmerdeuse comme on en fait plus, ça va tu m’as fait une jolie démonstration de ton talent en la matière, mais c’est pas parce que tu sais être conne comme la pluie que je dois en faire autant… moi ça m’arrive de tendre la main à mon prochain sans arrière pensée alors détend ton string la bleue. » J'encaissais tous ses reproches sans broncher. De toutes manières, je les méritais, et je n'avais plus rien à foutre de l'avis des autres à mon propos depuis des semaines. Croisant les bras en me roulant en boule sur le lit sur lequel elle m'avait déposé, je contractais la mâchoire brièvement avant de dire : « Ça fait longtemps que j'ai perdu la foi en la sincérité des gens. » Expliquais-je à demi mot, plus à moi même qu'à Bambi. Je ne la regardais même pas à vraie dire. J'avais perdu la foi en quoi que ce soit en même temps que j'avais perdu Keanu dans son accident. Je finis néanmoins par détourner mon regard bleu vers celui, vert, de Bambi, l'air on ne peut plus sérieux. « Merci. Et désolé. » Un poil adoucie, je me levais, m'appuyant contre le mur après avoir légèrement vacillé. « Maintenant, je vais t'épargner ma compagnie et appeler un taxi. »

Ah, la sincérité des gens ! Cette fameuse donnée surfaite qui effectivement n’a pas plus de valeur qu’un « je m’excuse », surtout lorsque l’on part du principe qu’on ne s’excuse pas soi-même. Que Roxanna ne s’inquiète de rien à ce sujet, Bambi n’était pas plus fanatique de la chose ni même en confiance vis-à-vis cela… mais ça ne voulait pas dire qu’elle n’était pas sincère dans ces propos. Mille fois elle aurait pu l’éviter et la laisser dépérir sur ce foutu bitume dur comme de la pierre mais sa bonté d’âme, ou du moins ce qu’il en restait après toutes les galères qu’elle avait bien pu vivre dans l’existence, l’en avait empêchée. La belle blonde était à la fois tentée de se maudire pour sa bonne action et de ne rien regretter, car au moins elle aurait fait preuve d’autre chose que d’un égoïsme brûlant. « Sûrement parce que les gens sont faux, égoïstes, crétins et incapables d’autre chose que de tourner le dos à ceux qui en ont le plus besoin » fit-elle non sans fatalité dans la voix mais surtout de façon résignée. Pourquoi Bambi s’était-elle mise à avoir une double vie ? Par goût de la simplicité en vérité. Cette dernière lui permettait de vivre son rêve tout en échappant au jugement de la race humaine, celle là même qui semblait avoir fait morfler la seconde blonde, membre de la Eliot House. « Je t’en prie » fit-elle non sans la regarder se lever, ne sachant pas s’il fallait qu’elle intervienne ou la laisse se démerder… Roxanna la giflerait-elle si jamais Bambi agissait ? Probable. Mais cette fois-là encore, la Mather fut incapable de rester les bras croisés et la rattrapa pour mieux faire en sorte qu’elle se rassoit le plus confortablement possible. « Je vais te la faire simple : tu restes ton cul posé sur le lit jusqu’à ce que t’arrête d’être en mode Halloween avant l’heure ou je t’attache pour être sûre que tu restes, vu ? » Bambi avait employé un ton nettement plus colérique mais en même temps, son interlocutrice ne lui facilitait pas la tâche. Ah elle aurait flanqué un complexe de « non assistance à personne en danger » à n’importe qui d’un tant soit peu saint d’esprit. « Tu ne m’épargnes rien j’ai déjà connu nettement plus crétin alors même si ça te débecte sûrement d’être à la Mather, dis-toi que plus vite tu accepteras de te poser le derche cinq minutes, plus vite tu seras sur pied pour partir. »

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« Sûrement parce que les gens sont faux, égoïstes, crétins et incapables d’autre chose que de tourner le dos à ceux qui en ont le plus besoin » Je tournais les yeux vers Bambi, l'écoutant terminer sa phrase en silence, non sans arquer un sourcil. J'inspirais profondément, la dévisageant, avant de répondre d'un air morne : « Ça fait au moins un sujet sur lequel nous sommes d'accord. » De toute la Eliot House, j'avais sans doute été une des premières à croire en la sincérité des gens, en la bonté de ce monde. J'avais appris à rester optimiste en toute circonstance, mais la vérité c'est qu'il s'agissait d'avantage d'une façade pour me protéger du mal que m'infligeait cette vie de chien plutôt que d'un véritable optimisme, la preuve, le tout s'était envolé avec la vie de Keanu. C'était l'épreuve de trop, dirons nous. « Je t’en prie » Me répondit finalement Bambi face à mes excuses, vagues mais pourtant sincères. Elle aurait pu me laisser par terre toute la nuit, ou du moins jusqu'à ce que j'aie la force de me relever, mais non, elle m'avait aidé. Néanmoins, ne désirant pas abuser de son hospitalité, je me redressais, prête à partir, seulement la jeune femme me rattrapa bien vite pour me faire redescendre sur le lit. « Je vais te la faire simple : tu restes ton cul posé sur le lit jusqu’à ce que t’arrête d’être en mode Halloween avant l’heure ou je t’attache pour être sûre que tu restes, vu ? » Je levais les yeux vers la blonde, légèrement hébétée. Woaw, soit elle était particulièrement masochiste, soit .. Soit nan, j'voyais pas de seconde option. « Tu ne m’épargnes rien j’ai déjà connu nettement plus crétin alors même si ça te débecte sûrement d’être à la Mather, dis-toi que plus vite tu accepteras de te poser le derche cinq minutes, plus vite tu seras sur pied pour partir. » Je fis un rire nerveux à l'entente de la fin de son discours. « Oh pitié, j'ai été fiancée pendant un an à votre ancien président, je connais la Mather House comme ma poche. » Dis-je en levant les yeux au ciel. Jude était le président des verts quand nous avions commencé notre relation, et ça ne m'avait pas arrêté pour autant. « Mais soit, je reste. Le taxi attendra. » Je finis en effet par rendre les armes, m'appuyant contre le mur en regroupant mes genoux contre ma poitrine. « Et pour info.. La Mather ne me débecte pas, ce sont plutôt les drogués qui la peuplent, qui m'horripilent . » Je contractais ma mâchoire à l'évocation des drogués de cette maison. J'avais quitté Jude pour la drogue. J'avais perdu ma première meilleure amie à cause de la drogue. Difficile d'en apprécier les vertus.

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« Je suis censée être au courant de tes histoires de… sentiments, puisqu’il s’agit de cela ? » fit-elle, tout aussi hébétée. Il fallait dire que si UNE personne au monde se tapait complètement des péripéties amoureuses des uns et des autres, c’était sans doute Bambi. Elle avait déjà bien assez avec ses propres problèmes sans se rajouter ceux des autres en prime, même si ce soir elle venait de faire une belle et gigantesque exception pour Roxanna. « Mais soit, tu connais la Mather comme ta poche, donc tu me donnes d’autant plus d’eau à mon moulin » lui signala-t-elle tout de même non sans s’asseoir par la suite sur le lit juste en face, ne la quittant pas des yeux au cas où elle lui fasse en prime un malaise. On n’est jamais trop prudents, après tout… « En même temps, c’est un ramassis de drogués bien souvent » lâcha Bambi sans l’ombre d’une pitié car elle ne considérait pas une vérité vérifiée comme une insulte. Les membres verts avaient une fâcheuse tendance à tomber dans ce genre d’extrême, ou dans l’alcool, pour d’autres cas précis, mais la belle blonde ne se considérait ni droguée ni alcoolique. Dans le cas contraire, elle ne se battrait pas si farouchement contre les poncifs du genre. « Mais ça ne veut pas dire que tous les Mathers sont des drogués à la con. Perso, je n’ai jamais testé et ça ne m’intéresse pas, je préfère garder mes neurones intactes. » Certes, la blondinette n’était pas d’une chaleur à couper le souffle mais elle n’ignorait pas Roxanna, ne l’envoyait pas chier, et lui taillait même une bavette actuellement pour être sûre qu’au moins, son interlocutrice pense à autre chose qu’à sa tête faisant du yoyo dans la chambre de la Mather. « Tu veux peut-être que j’appelle quelqu’un ? » proposa-t-elle, ne sachant fichtrement pas comme réagir dans ce genre de situation. De toute évidence, Bambi n’était pas douée pour prendre soin des autres et encore moins leur apporter un tout petit minimum de réconfort…

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« Je suis censée être au courant de tes histoires de… sentiments, puisqu’il s’agit de cela ? » Son air hébété me piqua au vif. Sérieusement, les gens ne retiennent que ce qu'ils veulent d'une seule phrase. « Mais soit, tu connais la Mather comme ta poche, donc tu me donnes d’autant plus d’eau à mon moulin » Continua alors Bambi tout en s'installant à nouveau sur son lit pour me regarder. Ark, je déteste tellement me sentir dévisagée comme ça. « Rien à voir avec les sentiments, j'explique juste que j'connais l'endroit. J't'aurais juste dit "j'suis une habituée", sachant que je suis Eliot, ça aurait été relativement peu crédible. » Expliquais-je sagement, de plus en plus adoucie à mesure que les vapeurs d'alcool m'abandonnaient. Je profitais alors de l'accalmie entre nous pour expliquer que je n'avais rien contre la maison en soi, mais plus contre la plupart de ses habitants. « En même temps, c’est un ramassis de drogués bien souvent » Alors ça, je ne m'y attendais pas, je pensais plutôt qu'elle allait m'agresser en défendant ses congénères. J'arquais un sourcil, tournant mon regard vers la blonde. Encore un truc ou nous étions d'accord, ou allait le monde ce soir ? « Mais ça ne veut pas dire que tous les Mathers sont des drogués à la con. Perso, je n’ai jamais testé et ça ne m’intéresse pas, je préfère garder mes neurones intactes. » Je la sondait du regard, cherchant une quelconque trace d'ironie ou de mensonge dans ses paroles, en vain. Et si je m'étais gouré sur cette nana ? « Faut dire que les mathers qui se piquent pas, ça devient plutôt rare. » Expliquais-je en levant les yeux au ciel. Même ma propre meilleure amie avait replongé dans la drogue. « Tu veux peut-être que j’appelle quelqu’un ? » J'inspirais, et secouais la tête à la négative, lèvres pincées. « Ça ira, merci, vu l'heure j'vais sagement attendre l'aube pour retourner chez moi comme une grande. » Je jetais un regard vers la fenêtre. Le soleil ne devrait pas trop trop tarder à se lever, de toutes façons. « Alors.. Comme ça, t'as jamais touché à la drogue ? » Demandais-je, décidant un peu de participer à la conversation. Puis bon, j'assouvissais au passage ma curiosité.

Contrairement aux idées reçues, Bambi ne dévisageait pas. Du moins pas en ces termes. Mais il aurait été trop simple qu’elle se dise inquiète pour la demoiselle Eliot juste en face d’elle : Roxanna avait été la première à initier une belle animosité entre les deux et bien que la Mather soit résolument douce en cette fin de soirée, elle n’oubliait pas les paroles hautement aimables que ces deux là n’avaient pas manqué de s’envoyer dans les gencives. Pardonner n’est pas oublier. Bambi en était la première preuve, car dans le cas contraire, jamais elle ne serait animée par une telle rage envers son père. Pardonner n’est pas oublier… ce soir, elle enterrait la hache de guerre car son interlocutrice ne semblait guère avoir besoin qu’on lui enfonce plus encore la tête sous l’eau mais cela ne voulait pas dire pour autant que la seconde blonde n’était pas sur ses gardes, prête à montrer les crocs si jamais la situation devenait hors de contrôle. Magnanime, oui. Stupide, loin de là ! « Effectivement t’imaginer juste en habituée des lieux… c’est aussi peu crédible que d’imaginer un Mather qui ne se pique pas » répliqua-t-elle sans réelle trace d’émotion car Bambi était plutôt bien placée pour savoir que sa confrérie rengorgeait de drogués et fiers de l’être. Mais cela ne voulait pas dire qu’elle comprenait comment un être humain pouvait se plonger dans ce qui lui paraissait être une solution de facilité… sûrement son jugement était-il extraordinairement dur mais la belle blonde aussi avait ses propres problèmes, et se défoncer ne l’avait jamais tentée pour autant. « Je crois que c’est plus sage que tu restes aussi mais pour te répondre non, je n’y ai jamais touché » reprit-elle d’un ton légèrement plus adoucit, ne cherchant pas à décourager Roxanna alors qu’elle cherchait à faire la conversation mais ne cherchant pas davantage à jouer les intrusives sur le retour en lui renvoyant la question. « Les gens perdent complètement le contrôle d’eux-mêmes avec ce genre de saloperie et moi… ben j’ai besoin de mon contrôle. Je n’ai jamais été tentée et si je l’avais été, savoir ça m’aurait probablement retenue. »

Ces derniers temps, j'avais plutôt tendance à oublier que tous les mathers n'étaient pas des idiots abrutis par les méfaits de la drogue. Et plus j'écoutais la façon que Bambi avait de parler de tout ça, plus j'avais envie de croire en sa sincérité. Après tout, Jude avait tout arrêté pour moi pendant des mois tout en restant au sein de la mather house, peut-être que certains pouvaient y vivre sans même y avoir touché un jour ? Je restais un peu perplexe, mais je restais ouverte au dialogue, c'est d'ailleurs pour ça que je posais la question à la jeune femme. « Je crois que c’est plus sage que tu restes aussi mais pour te répondre non, je n’y ai jamais touché » Je ne la quittais pas du regard, hochant seulement la tête légèrement de haut en bas, signe que je l'écoutais, sans broncher. « Les gens perdent complètement le contrôle d’eux-mêmes avec ce genre de saloperie et moi… ben j’ai besoin de mon contrôle. Je n’ai jamais été tentée et si je l’avais été, savoir ça m’aurait probablement retenue. » Je pinçais les lèvres, hochant la tête cette fois de façon plus prononcée. « C'est bien pour ça que je me demande comment certains peuvent avoir recours à la drogue.. Perdre sa propre maitrise est la pire chose qui soie, puisque la seule personne qu'on peut blâmer c'est soi-même. » Se droguer est un choix propre, même si d'autres tentent, le choix d'essayer est par soi-même. Je soupirais, songeant à tous les drogués que dont j'avais déjà croisé la route. « Ravie de voir qu'on partage au moins un avis commun, comme quoi.. » Finis-je par avouer, avant d'ajouter, un poil plus gênée « Et j'suis désolée de t'avoir traité comme une vulgaire droguée de service.. Tu sais quand. » Ce soir là Keanu était mort depuis peu, et Bambi avait eu le malheur de croiser ma route.