A l'origine, je suis déjà une fille du genre lunatique, capable de passer du rire à la colère en une fraction de secondes. Mais là, c'était carrément exacerbé. Je crois que je faisais retomber tout ce que j'avais intériorisé depuis le mois dernier: la maladie d'Aaron, les morts de Dexter et Candice, et tant d'autres.. J'explosais, et bien sur, celui qui prenait, c'était le type pour qui je nourrissais de plus en plus de sentiments, sentiments que je n'arrivais pas à contrôler et ça me rendais folle. "Comment ça un jeu de quoi tu parle?" Répondit alors Demyan quand je lui demandais s'il s'agissait d'un jeu à ses yeux. Il ne comprenait pas? J'allais éclairer sa lanterne, déballant tout ce que j'avais sur le cœur sans retenue. J'en allais même jusqu'à parler de ma jalousie maladive liée à ce que j'avais pu lire sur Formspring, ce qui sembla l'interpeller. Mais je ne voulais pas relever ce détail, j'enchaînais encore et encore, lui disant de clarifier les choses, une bonne fois pour toutes. Qu'il me dise ce qu'il fallait que j'entende pour le lâcher et faire comme s'il ne s'était rien passé d'ambigu depuis notre rencontre. Demyan soutenait mon regard, la mâchoire serrée, et je le fixais également, au bord des larmes, jusqu'à ce qu'il commence à parler. "Rox'... à Halloween ce n'était pas... Qu'une histoire de coucherie sinon tu sais très bien que j'aurais pas réagit comme ça pour le tripe avec Justin c'est juste que c'est plus compliqué que ça ok? Car moi non plus j'ai pas envie de m'attacher si tu veux savoir mais après voilà j'ai dérapé. Et je te signal que j'ai jamais dit que tu n'étais "rien" sur Fromspring car au contraire, si tu avais bien lu j'ai dis qu'on était proche mais c'est pas mon genre de déballer ma vie privée sur le net comme ça." Il marqua un temps de pause, et moi je ne l'avais pas lâché du regard, cherchant désespérément à être sure qu'il était honnête, même si je savais déjà qu'il ne me mentirait pas. Pourquoi fallait-il que les choses soient aussi complèxes ? "Mais... Si t'as envie que je te dise que j'en ai rien à foutre alors d'accord. Tu représente rien... C'est ça que tu veux entendre? Merveilleux." Son ton s'était durci, et j'entrouvrais les lèvres de surprise alors qu'il se penchait pour ramasser ma veste lui-même, la raccrocher, et commencer à partir.. Fermant brièvement les yeux pour me débarrasser du rideau de larmes qui les voilait jusque maintenant, j'inspirais pour contenir de nouvelles larmes. C'était mieux comme ça, il ne voulait pas s'attacher, moi non plus.. J'allais donc éternellement devoir fuir les sentiments comme ça, rejeter les quelques personnes encore capables d'être là pour moi ? Essuyant une de mes joues d'un revers de la main, je traversais le couloir en courant, m'arrêtant lorsque je faisais face à la porte d'entrée que Demyan s'apprêtait à ouvrir. « C'est pas ce que je veux entendre! » M'écriais-je, espérant qu'il n'allait pas appuyer sur cette poignée. Parce que quelque chose me disait qu'une fois qu'il en aurait franchi le seuil, tout était fini. Je répétais, plus bas, sans le quitter du regard: « C'est pas ce que je veux entendre...Ce que j'veux c'est la vérité... »  baissant les yeux en croisant les bras comme pour me refermer sur moi-même, j'avouais enfin : « J'ai peur... Et j'ai mal. J'ai presque perdu tous ceux que j'aimais et .. J'veux pas te perdre non plus. » Parce que moi non plus je vois pas ce qui s'est passé comme une histoire sans lendemain, et même si ça m'effraie, je refuse de le perdre, surtout après ce qu'il m'a dit tout à l'heure.