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 Rox & Billie

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Je crois que je ne m'étais jamais sentie aussi mal pour quelqu'un qu'à cet instant. Le pire, c'était que je ne devais rien laisser transparaître, sinon Roxanna allait encore plus s'énerver et se braquer. Donc je ravalais mes remords et je m'occupais plutôt de ce qu'elle, elle ressentait. Même si c'était dur, je devais l'avouer, ne serait-ce que par l'alcool qui coulait dans mon sang. J'avais déjà eu du mal à me mettre au courant de tout ce qui s'était passé dans sa vie pendant mon absence, en essayant de paraître détachée à chaque fois que je demandais des informations, de faire comme si ça m'importait peu. Tout allait bien dans sa vie aux dernières nouvelles et voilà que j'apprenais que tout s'était effondré. « J'sais bien que ça m'aide pas.. J'suis pas idiote. Mais j'ai pas envie d'aide Billie, c'est ça que tu comprends pas. » Je n'intervins pas, je la laissai aller à son rythme, je sentais qu'elle avait besoin de vider son sac. En même temps avec autant d'alcool ingurgité, ça ne m'étonnait pas. « J'ai plus rien, j'ai tout perdu. Tout s'effondre. Mon petit ami, mes deux meilleures amies, la mère de mon fils qui veut le récupérer.. Tout s'écroule. J'préfère fermer les yeux là dessus en buvant plutôt que de l'affronter. » Oui, sauf que ça, ça n'allait pas être possible. La pression de sa main autour de la mienne me rassura un peu et de l'autre main, j'allai caresser sa chevelure blonde dans un geste que je voulais rassurant. « C'que toi tu comprends pas, c'est que je veux t'aider. Et que j'te connais, alors même si je sais que t'en veux pas, eh ben je t'aide quand même. » C'est vrai quoi, quel genre de personne je serais si je n'aidais pas celle qui m'a aidée à travers la plupart des épreuves que j'avais eues à traverser ? « Déjà, te prends pas trop la tête pour Samara. Elle pourra pas t'enlever la garde d'Aaron, pas après avoir abandonné son bébé. » Je commençais par ça, parce que c'était le seul sujet sur lequel j'avais mes certitudes. « Ensuite, ne sois pas défaitiste pour Apple .. D'après ce que j'ai compris, elle est toujours là et c'est pas le moment de baisser les bras pour votre amitié .. Au contraire. Alors même si elle te dit qu'elle veut pas d'aide, comme t'es en train de le faire, n'abandonne pas Rox. » Je voyais l'hôtel se dessiner à l'horizon et déjà quelques éclaircies dans le ciel.

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On pouvait vraiment comparer mon amitié avec Billie comme des montagnes russes: Au départ, il nous avait fallu du temps pour s'apprivoiser mutuellement, acquérir des gestes tendres l'une envers l'autre, puis, tout s'était effondré à son retour. Et voilà que maintenant, j'avais la sensation qu'elle était la seule et unique personne en mesure de me comprendre et de me rassurer, si bien que quand elle pris ma main, je resserrais mes doigts autour des siens, et je fermais les yeux en laissant une larme m'échapper lorsqu'elle passa une main dans mes cheveux. L'alcool rend lunatique, c'est cruel, déjà que je le suis d'ordinaire. « C'que toi tu comprends pas, c'est que je veux t'aider. Et que j'te connais, alors même si je sais que t'en veux pas, eh ben je t'aide quand même. » Je baissais les yeux, contrainte au silence. De toutes façons nous étions enfermées toutes les deux dans ce taxi, alors si je la contredisait je ne ferais que m'enfoncer. « Déjà, te prends pas trop la tête pour Samara. Elle pourra pas t'enlever la garde d'Aaron, pas après avoir abandonné son bébé. » Je me mordais la lèvre, ouvrant les yeux pour la regarder. Rien qu'entendre son prénom m'inspirait une rage indescriptible. « Je la laisserais jamais faire... » Marmonnais-je en soupirant. S'il fallait pour ça que je quitte le pays avec le petit, je le ferais. « Ensuite, ne sois pas défaitiste pour Apple .. D'après ce que j'ai compris, elle est toujours là et c'est pas le moment de baisser les bras pour votre amitié .. Au contraire. Alors même si elle te dit qu'elle veut pas d'aide, comme t'es en train de le faire, n'abandonne pas Rox. » Apple semblait tellement .. Dans un état second. Comme si elle se moquait bien du reste du monde en dehors d'Andy, comme si la seule solution était de mourir... Jamais je ne l'avais vue comme ça, et ça faisait mal. Je fermais de nouveau les yeux, soupirant profondément. « T'as surement raison.. Mais j'ai peur de pas suffire, j'ai déjà fait tellement d'efforts pour la convaincre de rester, de s'accrocher.. C'est jamais suffisant. » Je ne suis jamais suffisante, en fait, c'est un fait. Chaque fois que je tente d'arranger les choses, je ne fais que les empirer. En fait, je suis un aimant à emmerdes, c'est vrai quoi, tous mes proches ont des ennuis, meurent, tombent malades.. Voilà pourquoi je préférais m'isoler avec une bonne bouteille. Pas d'attache, pas d'ennuis.

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J'avais du mal à assimiler le fait qu'on ait pu retourner autant en arrière dans notre amitié. Ça m'attristait ; déjà, parce que ç'avait été un travail de forcené que de fendre nos carapaces, à l'une comme à l'autre au fur et à mesure. Nous étions un peu deux handicapées des sentiments et on s'était entraidées avec le temps à nous ouvrir aux autres. Sauf que personnellement, j'avais perdu tous ces progrès pendant mon année d'isolement et j'étais pratiquement revenue au point de départ. Et avec tout ce qui arrivait à Rox en ce moment, j'avais peur qu'il se passe la même chose pour elle. Elle avait des enfants elle, par contre, donc j'espérais vraiment qu'elle ne revienne pas au point de départ même si je ne pensais pas que ça soit possible. « Je la laisserais jamais faire... » Elle me rassurait un peu, je la voyais prête à défendre son fils coûte que coûte. J'avais pas besoin de preuve qu'elle le méritait, mais c'en était une malgré tout. Elle resserrait ses doigts sur les miens alors je posai ma seconde main sur la sienne et je montai sa main à ma bouche pour embrasser ses doigts. J'étais pas naïve, je savais qu'elle était complètement saoule et qu'elle n'était plus elle-même donc je ne me faisais pas d'illusions par rapport à tous ces gestes tendres entre nous. J'avais la sensation que dès demain, nous recommencerions à nous ignorer comme depuis trois mois. Mon cœur devint lourd à cette pensée, mais qu'est-ce que je pouvais bien y faire ? « T'as surement raison.. Mais j'ai peur de pas suffire, j'ai déjà fait tellement d'efforts pour la convaincre de rester, de s'accrocher.. C'est jamais suffisant. » Je soupirai, passant un bras autour de ses épaules et la ramenant contre moi. Comment la conseiller ? Quoi lui dire ? J'étais paumée mais je pouvais pas la laisser en plan comme ça. « Bien sûr que tu es suffisante, ma puce .. » J'embrassai son front, toujours avec ce nœud qui s'amplifiait dans ma gorge. Je n'arrivais même pas à imaginer ce qu'elle traversait. « Laisse-lui du temps, mais surtout ne la lâche pas. Faut que tu t'accroches et que tu l'aides à sortir la tête de l'eau. Que vous vous aidiez toutes les deux. » J'essuyai une larme qui venait de s'échapper sur ma joue, une larme qui représentait tout ce que je ne pouvais pas faire pour elle.

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Je ne savais pas combien de temps nous aurions dans cette situation. Je me laissais aller dans ses bras comme une enfant, laissant Billie caresser mes cheveux ou serrer ma main à sa guise. Mais le fait est que même si je ne lui disait pas, j'avais besoin d'elle, terriblement. Apple est ma meilleure amie, certes, mais Billie l'est tout autant, malgré sa "disparition", si l'on peut dire. « Bien sûr que tu es suffisante, ma puce .. » Je tressaillis en sentant les lèvres de celle qui fut ma meilleure amie pendant des années se poser sur mon front, et je pinçais les lèvres. Je voulais vraiment croire ce qu'elle disait, mais je croyais de plus en plus difficilement en moi-même, avec tout ce qui me tombait dessus ces temps ci. « Laisse-lui du temps, mais surtout ne la lâche pas. Faut que tu t'accroches et que tu l'aides à sortir la tête de l'eau. Que vous vous aidiez toutes les deux. » Elle avait raison.. Je n'avais plus qu'Apple avec moi, et je ne comptais pas la laisser, comme elle avait dit rester pour moi après la mort d'Esteban.. Même si visiblement ce n'était pas suffisant puisqu'elle avait décidé malgré tout de me laisser il y a quelques jours. « Tu as raison ... » Articulais-je alors non sans mal, tentant de retenir de nouvelles larmes qui s'accumulaient au bord de mes yeux. J'avais un noeud dans la gorge, la boule au ventre, et je me laissais littéralement aller dans les bras de Billie, la serrant contre moi. « J't'aime Bill.. J'suis tellement désolée.. » Et là, ce n'était pas l'alcool qui parlait, du moins, il m'aidait seulement à parler plus facilement. Je ne savais pas cependant pour quoi je disais être désolée. Sans doutes une accumulation de choses : Le fait d'avoir pourri sa soirée et qu'elle ait été contrainte de me raccompagner à l'hotel, mais également le fait de l'avoir laissée toute seule à son retour, par pur égoïsme. Mais je fonctionnais comme ça, ne pensant qu'à moi quand j'étais blessée, me refermant et me moquant des conséquences.

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Qu'est-ce que j'avais mal au cœur, bordel. Elle était là, dans mes bras et pourtant, je savais à quel point ce moment était éphémère puisque demain, tout reviendrait probablement à la .. normale ? Enfin, le 'normal' que l'on connaissait depuis Juin dernier. Les regards froids, les mots blessants, toutes ces fois où nous nous évitions soigneusement dans les allées d'Harvard. Parce qu'étudiant toutes les deux dans le département des arts, il était extrêmement difficile, voire même impossible, de ne pas se croiser. « Tu as raison ... » Elle réagissait bien à mon contact, mieux que tout ce que j'aurais pu imaginer. Donc j'en profitais pour la serrer contre moi, histoire de savourer autant que possible de pouvoir avoir ma meilleure amie dans mes bras. « J't'aime Bill.. J'suis tellement désolée.. » J'avais l'impression de suffoquer parce que ce soir me paraissait être un tel pas en avant, mais bien sûr, je devais me mettre en tête que rien n'était réel. L'alcool modifiait constamment les comportements, les idées. Je supporterais pas de m'être fait de faux espoirs. Elle me disait être désolée, mais elle parlait de quoi au juste ? De ce soir ? Ou de quelque chose de plus grand ? Je collai ma joue contre le haut de sa tête et je la serrai un peu plus fort, sentant les larmes envahir mon visage. « T'excuse pas, Roxy .. C'est rien, t'as rien fait de mal. » Je jouais avec la pointe de ses cheveux et je profitai un peu de ce moment d'accalmie avec ma meilleure amie au creux de mes bras. Le ciel commençait à s'éclaircir dehors et ça me rendait nostalgique, parce qu'avec la nuit, s'envolait notre trêve. « J't'aime aussi.. » Le taxi s'arrêta près de l'hôtel dont j'avais donné l'adresse, je réglai la note et j'aidai Roxanna à s'extirper de l'habitacle en la tenant droite. Une main autour de sa hanche et l'autre maintenant son bras sur mes épaules, je la conduisis jusqu'au comptoir où je réservai sa chambre puis voyant qu'elle avait toujours du mal à se déplacer, je me mis dos à elle et je m'abaissai un peu. « Allez, grimpe. » Ça ne serait pas la première fois que l'une de nous porterait l'autre comme ça à cause de notre taux d'alcoolémie. Je me dirigeai ensuite vers l'ascenseur silencieusement et je la reposai sur ses pieds. « J'leur ai dit de pas te déranger demain matin, tu peux quitter la chambre à l'heure que tu veux. » Je me tournai vers elle pour la regarder, toujours avec cette boule au ventre.

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Je n'avais pas encore tant conscience de combien ce moment avec Billie était éphémère. L'alcool embrumait mon esprit, mais si j'avais bien conscience d'une chose, c'est que je devais profiter au maximum de ma soirée avec elle.. De ces quelques minutes dans ses bras. Sa joue se pressa contre le sommet de ma tête, et mon coeur se serra si bien que je me sentais prête à fondre en larmes. « T'excuse pas, Roxy .. C'est rien, t'as rien fait de mal. » Le visage enfoui contre elle, je secouais la tête de gauche à droite, à la négative. Comment pouvait-elle affirmer une telle chose, alors que j'avais été la première capable de la faire souffrir, alors que j'étais censée être son premier soutien, sa meilleure amie ? Je crois que tant qu'elle ne me pardonnerait pas, cette douleur ne cesserait jamais de croître dans ma poitrine. « J't'aime aussi.. » Je sentis le taxi arrêter, et je compris alors que la soirée touchait à sa fin, que nous étions arrivées à l'hôtel. Je descendais non sans mal du véhicule avant de rentrer dans l'hôtel avec Billie, qui pris une chambre avant de finir par se pencher devant moi pour que je monte avec son aide. « Allez, grimpe. » Après quelques secondes d'hésitation, j'obéis, et elle nous dirigea jusqu'à l’ascenseur. « J'leur ai dit de pas te déranger demain matin, tu peux quitter la chambre à l'heure que tu veux. » Je hochais doucement la tête, essayant de bien assimiler ce qu'elle me disait jusqu'à ce que les portes de l'ascenseur s'ouvrent. « D'accord ... » J'avançais dans l'ascenseur, avant de me tourner vers Billie, les larmes aux yeux, prenant conscience que la soirée toucherait bientôt à sa fin. « Tu.. Tu ne viens pas ? » J'en demandais beaucoup, mais j'essayais d'étirer la soirée à son maximum, même si je savais qu'à peine allongée dans un lit, je m'assoupirais.

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Honnêtement, j'avais envie de croire que ce soir avait représenté une nette évolution dans notre différend. Après tout, j'avais besoin de ma meilleure amie comme jamais, j'étais fragile et prête à replonger dans la drogue à n'importe quel moment, j'avais besoin qu'elle m'épaule. Et puis j'avais besoin d'elle, tout court. J'voulais que sa voix envahisse ma vie à nouveau, son brin de folie et tout ce qui pouvait la décrire. Ça me manquait de simplement nous allonger dans l'herbe sur le campus et de parler de n'importe quel sujet qui nous passait par la tête. Je voulais les moments simples, comme les moments difficiles, mais je ne voulais plus qu'elle soit tout bêtement absente de ma vie. Comme si elle n'en avait jamais fait partie, ça je ne le supportais plus. Mais nous étions bien imbibées d'alcool et certainement que dès qu'elle serait sobre, Rox reprendrait conscience de toutes les raisons qui faisaient que nous étions en froid. Elle entra dans l'ascenseur et me fit face, les larmes bordant son regard. « Tu.. Tu ne viens pas ? » Je me mordis la lèvre, le souffle me manquant et toujours cette même douleur qui se déplaçait désormais dans ma poitrine. Est-ce que ça voulait dire qu'elle aussi, avait besoin de moi ? L'humidité brouilla également ma vision et je rentrai dans l'ascenseur avant que les portes ne se referment. « Si, bien sûr que si .. » S'il ne me restait que ces petites minutes, je comptais bien en profiter. J'étais tendue à côté d'elle pendant que nous montions, un peu trop consciente du temps qu'il me restait. J'ouvris sa chambre et nous y entrâmes sans un mot. Deux larmes coulaient à présent sur mes joues et je me retournai vers elle une fois qu'elle fut entrée, la respiration presque coupée. Je la pris alors dans mes bras, souhaitant profiter au maximum de notre trêve avant qu'elle n'aille dormir. « Tu m'manques. » Je lui avais déjà dit ça, mais j'avais envie de le lui répéter une toute dernière fois.

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Alors... C'est comme ça que la soirée allait se terminer ? J'allais monter dans cette chambre, m'étaler comme une merde dans ce lit, et me réveiller le lendemain avec de simples bribes de souvenirs de cette soirée agitée, et surtout alcoolisée ? J'espérais secrètement, ne pas oublier ce moment avec Billie.. J'avais retrouvé ma Billie, ma meilleure amie, même si ce n'était que pour quelques heures, son soutien m'apportait tout. Je ne sais pas s'il est sincère, ou erroné par l'alcool qu'elle a du ingurgiter en sacré grosse quantité. Mais peu importe, j'avais eu droit à la chaleur de ses bras et à ses mots réconfortants, juste pour quelques instants. Alors que nous étions arrêtées devant l'ascenseur, une lueur d'espoir dans le regard, je demandais si elle m'accompagnait. Je ne voulais pas qu'elle parte maintenant.. Laissez moi encore un peu ma meilleure amie, au moins ce soir. « Si, bien sûr que si .. » Je soupirais presque de soulagement ouvertement alors qu'elle montait dans l'ascenseur avec moi, nous conduisant jusqu'à mon étage, puis ma chambre qu'elle ouvrit. Morose, je fis quelques pas en avant pour entrer dans la pièce, et le temps que je me tourne vers Billie, celle ci m'avait pris dans ses bras. « Tu m'manques. » Je sentais les larmes dans sa voix, et mon estomac se noua, faisant vite monter de nouvelles larmes à mes yeux. Je levais deux bras hésitants pour les passer dans son dos, et je nichais mon visage dans son cou. « Tu m'manques aussi Bill... »Soufflais-je en contenant un sanglot. Resserrant mon étreinte autour d'elle, j'avais peur de l'échéance de ce moment, de plus en plus proche. La fatigue se faisait de plus en plus pesante, et le matin était déjà bien là. Je la relâchais doucement, retirant mes chaussures pour aller sur le lit. Je la regardais, gorge nouée, me roulant en boule. « Tu seras toujours ma meilleure amie. Et c'est pas la vodka qui cause.. » Balbutiais-je en fermant les yeux.

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Je tenais ma meilleure amie dans mes bras et j'avais du mal à la laisser partir parce que je savais que ça mettrait un terme à ce moment de tendresse entre nous deux. Mais elle était complètement crevée, je le sentais, alors je la laissai aller s'allonger sur le lit. Elle se roula en boule et je dépliai la couverture sur elle, m'asseyant à ses côtés. « Tu seras toujours ma meilleure amie. Et c'est pas la vodka qui cause.. » Je fermai les yeux en me mordant la lèvre car ses paroles étaient trop dures à supporter. Ça allait faire trop mal quand elle se réveillerait et qu'elle se rendrait compte de tout ce qu'elle m'avait dit cette nuit sous l'influence de l'alcool. Parce qu'elle avait beau dire, je savais qu'elle ne pensait pas ce qu'elle disait. Et ça me faisait mal à en crever. Roxanna était mon point de repère depuis que j'étais arrivée à Harvard. Ça avait fait des étincelles au début entre nous parce qu'elle faisait tout pour m'empêcher de replonger dans la drogue et que je ne supportais pas que l'on me dise quoi faire, mais j'avais compris plus tard que c'était à cause de son ancienne meilleure amie, qui avait succombé à une overdose. C'était en apprenant ça que je m'étais calmée, que j'avais arrêté mes caprices d'adolescente et que je m'étais réellement mise à l'écouter. Concrètement, elle m'avait un peu appris à vivre. J'avais dû me démerder seule depuis la mort de mon père et le résultat avait été assez catastrophique. Quand je l'avais rencontrée, j'étais ingrate, j'abusais de mon fric et j'avais la capacité émotionnelle d'un robot. J'étais une gamine qui avait passé son adolescence seule dans les rues de New York, en gros. Elle m'avait en quelques sortes remis les pieds sur Terre. Elle avait forcé le bon sens dans mon crâne. Quand j'avais été arrachée à ma vie il y a plus d'un an maintenant, j'avais cru devenir folle. Parce que j'étais seule, en manque, que mes meilleurs amis étaient loin et me pensaient morte ; parce que ma mère profitait encore de sa liberté alors que j'étais emprisonnée par sa faute, parce que j'avais vu le visage de Roxanna aux informations un jour et que la vision de ses larmes avait suffi à m'achever. Je savais qu'elle avait aussi changé d'identité pour échapper à son passé, je savais donc qu'elle savait garder secrètes les choses importantes. J'avais tenté de l'expliquer à l'agent qui se chargeait de ma protection, mais personne n'avait rien voulu savoir. J'voulais juste que ma meilleure amie arrête de souffrir, qu'elle sache que j'allais bien, malgré les circonstances. Mais c'était 'trop dangereux' et je m'étais retrouvée face à un mur.
Sa respiration attira mon attention alors je tournai un regard embué vers sa fine silhouette, remarquant qu'elle était à présent profondément endormie. J'allais attendre quelques heures avant de partir ; elle avait bien trop bu et je voulais m'assurer qu'il ne lui arrive rien pendant qu'elle dormait. Je m'allongeai face à son dos et pendant un long moment, je me contentai de regarder le mouvement régulier de ses épaules, témoin de sa respiration. J'avais bu et j'étais épuisée, mais je n'arrivais pas à m'endormir. Sûrement parce que je savais que ça n'était pas une bonne idée. Quand elle bougea dans son sommeil et se retrouva face à moi, je me redressai en position assise dans le lit et je sortis mon téléphone de ma poche, jouant quelques minutes dessus avant de le poser à côté de moi. Sur l'une des tables de nuit était posé un cahier prévu pour mettre une appréciation sur la chambre. Je le regardai un moment en me mordant l'intérieur des joues, puis je me décidai à l'attraper, ainsi qu'un crayon. Là, appuyée contre la tête de lit, je me mis à vider ce que j'avais sur le cœur. Je me souvins avoir écrit "Rox," au tout début, mais j'avais tellement été captivée par mes pensées que le reste était déjà flou dans ma tête. Je lui dis absolument tout, tout ce que notre dispute ne m'avait pas permis de lui dire depuis que j'étais revenue. Je lui répétai à quel point elle me manquait, à quel point j'avais besoin d'elle. Dans un passage, je lui confiai même des choses qui m'étaient arrivées à New York et que je n'avais jamais partagées, pas même avec elle. Quand je mis le point final, je crus que j'allais m'évanouir de fatigue. Je pliai les pages qui comportaient ma vie et je les déposai près du sac de Roxanna sur la table de nuit. Un coup d’œil à mon iPhone m'informa qu'il était presque onze heures du matin. Je me levai du lit et m'étirai longuement en observant le mouvement toujours régulier des épaules de ma meilleure amie. Je me rendis dans la salle de bain et j'attrapai la poubelle vide, puis j'allais la déposer près du lit au cas où Rox se sente mal au réveil. Je déposai un grand verre d'eau sur la table de nuit, ainsi qu'un cachet. Et dans un élan d'extrême lâcheté, j'embrassai son front, j'attrapai la lettre que je lui avais écrite, la fourrai dans mon propre sac à main et je sortis de la chambre sans me retourner, le cœur toujours aussi lourd.