S'il faut mourir ; autant vivre à en crever.

Beep beep.

J'étais en train de me débattre avec mon bas de jogging lorsque mon portable sonna, signalant probablement un nouveau message de Jude ou Roxanna. La jambe gauche à moitié sortie de mon survêtement, j'entrepris de me rendre jusqu'à la commode pour voir de qui il s'agissait ; mais ma coordination s'était fait la belle à ma naissance et alors que j'étais déjà en équilibre précaire, mon pied droit se prit dans le fil de batterie de mon ordinateur. Pas moins de deux secondes plus tard, j'embrassais le parquet de ma chambre, tombant tête la première et tentant maladroitement de me rattraper en mettant mes mains en avant. Échec cuisant, je ressentis une vive douleur dans le poignet pendant que je roulais sur mon dos afin d'essayer de me relever. « Fuck ! » m'écriai-je en enroulant mes doigts autour de mon poignet gauche, sentant les larmes me monter aux yeux.

Mais vivant avec mon manque de coordination depuis mes tous premiers pas, je passai rapidement au dessus de la douleur et me redressai en m'appuyant sur ma main droite. Je vérifiai mon téléphone et vis que c'était Roxy qui m'avait répondu, me traitant de cas désespéré au passage. Je roulai mes yeux en esquissant un sourire en coin ; je ne pouvais décemment pas la contredire. Trois minutes plus tard, j'avais enfin terminé de m'habiller. C'était donc vêtue d'un short blanc, de Marcel bleu marine et d'un beau bandage blanc sur mon poignet que je sortis de ma chambre d'hôtel, clés de voiture en main et fourrant comme je pus ma carte de crédit dans ma poche. Je traversai le couloir et toquai sur la porte de Roxy, poussant un nouveau juron en sentant la douleur se raviver dans mon poignet ; par habitude j'avais utilisé ma main gauche et je le regrettai désormais amèrement. La blonde ouvrit la porte alors que j'étais encore en train de me maudire à voix haute. Lorsqu'elle aperçut mon bandage, je relevai les yeux vers elle et haussait simplement les épaules l'air de dire « C'est moi, quoi. J'peux pas donner plus d'explications » puis l'embrassai tendrement sur la joue avant de tourner les talons pour sortir de la résidence.

« J'suis complètement obsédée par les smarties en ce moment. Je te jure, je mangerais que ça. Petit déj', déjeuner, dîner... J'voudrais... » commençai-je à déblatérer en grimpant côté conducteur dans ma voiture de location. « Tu sais, ces milliardaires qui se font des piscines de champagne. Ben moi je veux des piscines de smarties. » Je ne tournai même pas le regard vers Roxy pour voir si elle avait l'air de me prendre pour une folle hystérique, après tout elle avait l'habitude avec moi, et je démarrai rapidement. Mon estomac travaillait son rugissement avec ferveur et me rappelait que je n'avais presque rien avalé ces trois derniers jours, trop occupée à gémir de douleur dans mon lit à cause du rhume que j'avais eu. « Ouais... des piscines de Smarties flottant dans du Coca... »

S'il faut mourir, sur nos stèles je veux graver que nos rires ont berné la mort et le temps

Billie, ou l'art de perdre tout en un rien de temps. Lorsqu'elle m'annonça qu'il fallait qu'elle cherche d'abord les clés de la voiture qu'elle avait loué pour le voyage, j'éclatais de rire devant mon téléphone, lui annonçant qu'elle me désespérait quand elle ajouta qu'elle avait aussi cherché un long moment son téléphone avant de me parler de sa soudaine envie de smarties. Oui, Billie venait de me demander de sortir juste pour des Smarties. Et vous savez quoi ? Comme je mourrais d'envie de manger des Maltesers de mon côté, et que Jude n'étais pas rentré encore, je m'étais décidée à l'accompagner. Allongée sur mon lit à lire un bouquin, j'avais juste enfilé un gilet par dessus mon débardeur et des sandales à talons en attendant que la brune se pointe devant ma chambre. Il lui fallu un petit moment pour qu'enfin je l'entende frapper à ma porte, ou je me précipitais pour lui ouvrir. Quelle ne fut pas ma surprise que de la découvrir en train de pester après sa main, enroulée dans des bandages. Je fronçais les sourcils, regardant fixement sa main, puis elle, successivement. Elle haussa les épaules, du genre "Tu me connais, j'me suis cognée, t'as l'habitude", puis esquissais un sourire avant de la prendre dans mes bras, refermer la porte, et m'élancer en sa compagnie vers la sortie de l'hôtel. Une fois les portes passées, elle sauta dans sa voiture de location côté conducteur, clés en mains, et je montais côté passager, le nez dans mon sac pour vérifier que je n'avais rien oublier, et surtout pour porte monnaie. Si je trouvais des Maltesers et que je ne pouvais pas les payer, j'allais tuer quelqu'un !

« J'suis complètement obsédée par les smarties en ce moment. Je te jure, je mangerais que ça. Petit déj', déjeuner, dîner... J'voudrais... Tu sais, ces milliardaires qui se font des piscines de champagne. Ben moi je veux des piscines de smarties. » Dit-alors Billie en mettant le contact, me faisant éclater de rire. Impossible de la changer celle là, décidément ! Elle jeta un coup d'oeil vers son ventre, et je devinais qu'il venait de gronder, malgré le bruit du moteur qui m'empêchait d'entendre. Elle renchéri en grognant, me faisant rire de plus belle : « Ouais... des piscines de Smarties flottant dans du Coca... » Je grimaçais, voyant qu'elle avait complètement perdu la boule à force de penser à manger. « Bon, démarres, vite, avant que tu n'essaies de manger ton volant ! » O'Connell s’exécuta, et nous quittâmes l'hôtel, que je voyais s'éloigner de mon champ de vision dans le rétroviseur. Je regardais les panneaux, et j'avais l'impression que c'était du chinois. Au bout d'un moment, nous sommes alors arrivées à un croisement, et je ne comprenais rien, que ce soit pour aller à gauche, ou à droite. Après un intense moment de réflexion, je tournais la tête vers ma meilleure amie, et pointait du doigt vers la rue de gauche :« Soyons fous, on prend celle là allez ! » Dis-je d'un air faussement déterminé, comme si je savais exactement ou ce chemin allait nous mener au final.

S'il faut mourir ; autant vivre à en crever.

« Bon, démarres, vite, avant que tu n'essaies de manger ton volant ! » J'éclatai de rire et enfonçai la clé dans le contact pour démarrer et m'empresser de nous faire quitter l'hôtel. Nous roulions depuis quelques minutes quand je tournai brièvement mon visage vers Roxy, une lueur solennelle dans le regard. « Tu sais que s'il était fait en Smarties, j'aurais pas hésité ?! » J'enclenchai une nouvelle vitesse en atteignant la route principale et attrapai la main de Roxy dans la mienne, les déposant sur l'accoudoir au milieu de nos deux sièges ; sans raison particulière. J'avais toujours été très tactile comme demoiselle et cela m'avait souvent porté préjudice avec mes amis du genre masculins qui pensaient directement à une technique de flirt alors que j'avais seulement besoin d'un contact humain permanent. Mais avec Roxy, je savais que je pouvais montrer ce côté de ma personnalité sans problème. Notre relation pouvait être dingue à ses heures comme elle pouvait être douce et apaisante. Arrivées à un croisement, je ne pus m'empêcher de grogner face à notre incapacité à déchiffrer l'espagnol. « Rappelle-moi pourquoi on est venues dans un pays dont on ne connait pas un traître mot de la langue ? »

Elle m'indiqua alors une rue et je lui fis un clin d'oeil complice avant de m'engager dedans, sachant pertinemment que nous n'allions pas tarder à nous perdre. Nous n'arrêtions pas de tourner dans n'importe quelle rue quand je décidai de m'arrêter sur le bas côté. Je tournai un regard complètement affolé vers Roxy. « On va se perdre. Nan, on est perdues même ! Et je pourrai plus jamais manger de smarties. On va se faire kidnapper par des gros moustachus et on verra plus jamais la lumière du jour .. Et tout ça c'est de ta faute, hein ! Madame se prend pour un GPS et - » tandis que je débitais mon monceau de conneries, mon regard vira vers les panneaux. « - nous fait aller n'importe où dans n'importe quelle ruelle, mais ... OH ! Je crois que ça veut dire "Centre ville" ce truc ! » fis-je en m'interrompant brusquement et en montrant un panneau jaune. Je me remis droite dans mon siège et redémarrai tranquillement, suivant la direction que le panneau indiquai. Puis je tournai mon regard vers Roxy. « Ben quoi ? »

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J'éclatais de rire lorsque Billie me fit remarquer que si le volant était en smarties elle l'aurait mangé sans hésiter. Oh pour ça je la croyait, la connaissant elle aurait même tenté dans la foulée de gober le levier de vitesse et le frein à main ! Arrivées à un croisement, nous restâmes un moment perplexe et indécises quand à la route à prendre. Gauche, droite, gauche, droite ? Au final, sur mon bon conseil, Billie avait opté pour le chemin de gauche, bien que j'aie désigné cette route tout à fait au hasard .« Rappelle-moi pourquoi on est venues dans un pays dont on ne connait pas un traître mot de la langue ? » Me demanda alors ma meilleure amie, me faisant éclater de rire. Je haussais les épaules avant de déclarer d'un air désinvolte : « C'était ça ou rester à Harvard ! Et je dois vraiment te faire une liste Cambridge/Cancun ? Pluie contre soleil, froid contre chaud, fac contre plage, bouquins contre magasins, pulls à col roulé contre bikinis et paréos ... » Je m'arrêtais là en riant, voyant Billie admettre en grognant que j'avais raison, et que nous étions bien mieux ici qu'aux Etats Unis cette semaine.

Nous avons roulé un certain temps ... Sans trouver quoi que ce soit qui ressemblait à un magasin. Je lui disais de prendre une rue, puis une autre ... « J'ai l'impression d'avoir déjà vu ce croisement ..» Déclarais-je, perplexe, en regardant une intersection. Billie se gara sur le bas côté, et se tourna vers moi :« On va se perdre. Nan, on est perdues même ! Et je pourrai plus jamais manger de smarties. On va se faire kidnapper par des gros moustachus et on verra plus jamais la lumière du jour .. Et tout ça c'est de ta faute, hein ! Madame se prend pour un GPS et - » J'éclatais de rire, alors qu'elle ne voulait plus s'arrêter de parler. Au secours, une Billie tarée ! Quoique, j'avais l'habitude, ma foi. « - nous fait aller n'importe où dans n'importe quelle ruelle, mais ... OH ! Je crois que ça veut dire "Centre ville" ce truc ! » Je regardais le panneau, haussant un sourcil. Depuis quand les saint esprits venaient ils lui souffler les traductions des dialectes étrangers ? Je la regardais se remettre droite et démarrer pour suivre le panneau, avant de me dire d'un air dédaigneux: « Ben quoi ? » « Roule, O'Connell, avant que je ne regrette encore de t'avoir suivie dans ton délire ! » Je rattrapais sa main dans la mienne en appuyant ma tête sur son épaule en riant. La route continua, tout droit, et nous sommes arrivées de nouveau à une intersection. A gauche ? Des champs . A droite, se dessinait la ville, que je pointait du doigt si rapidement que Billie sursauta :« Iciiiiiiii ! Ca ressemble à une ville susceptible d'avoir des smarties et des maltesers ça, non ? »

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Je grognai et crus que j'allais passer par-dessus l'accoudoir pour l'étrangler lorsqu'elle m'avoua avoir déjà repéré ce croisement ; ce qui signifiait que nous y étions déjà passées. Je pétais alors mon câble, débitant tout un flot d'âneries et me renfrognai en l'entendant éclater de rire à mes dépens. J'allai finir par réellement la tuer lorsque j'aperçus le panneau avec des mots qui semblaient vouloir dire centre ville. J'avais de bonnes bases en français et je partais de là pour essayer de comprendre l'espagnol, m'en tenant au cliché qu'il suffisait simplement de rajouter des 'o' et des 'a' à chaque fin de mots. Bref, je suivis cette direction et tirai la langue à Roxy suite à sa remarque. À force, elle allait finir par croire que j'étais une bipolaire en crise permanente. Je roulai tranquillement, passant doucement mon pouce le long de celui de Roxy lorsque je manquai de transpercer le toit de ma voiture tant je sursautai après son hurlement. J'arrêtai la voiture brusquement et posai une main sur mon coeur en tentant de respirer normalement. « Mais t'es MALADE ! » m'écriai-je en la fixant comme si elle venait de se transformer en dindon sous mes yeux. Mon regard se prolongea puis le coin de ma lèvre frémit avant que je ne parte dans un fou rire intégral. J'eus du mal à m'en remettre, j'avais eu tellement peur que l'adrénaline était montée d'un coup et peinait à redescendre. « Oui, espèce de tarée, ça y ressemble en effet. Et ils ont intérêt d'en avoir sinon je te tranche la tête en j'en fais offrande aux dieux des Smarties pour qu'ils m'en envoient. » Je tournai à droite pour rejoindre la ville et commençai à faire toutes les rues pour trouver une épicerie ouverte à cette heure-là. Il fallait vraiment être folles pour aller se perdre dans une ville que l'on ne connaissait pas à presque minuit, uniquement pour acheter des friandises. Mais Roxy et moi avions bâti notre relation là-dessus ; la folie. Et nous honorions ces fondations presque quotidiennement. Quelques minutes plus tard, je pointai du doigt une petite boutique toujours allumée et me garai contre le trottoir avant de me tourner vers ma meilleure amie. « On fait Pierre Papier Ciseaux pour désigner celle qui devra parler si on nous demande un truc ?! »

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Le bond que Billie fit lorsque je lui indiquait une route à prendre valait le détour. J'ai cru qu'elle allait traverser la voiture tellement elle était montée haut. Presque digne d'une prouesse olympique, je note. « Mais t'es MALADE ! » Me demanda alors ma meilleure amie d'un air affolé, choqué. Je croisais les bras en m'enfonçant au fond de mon siège avec une moue boudeuse. « Ben quoi ...? J'ai fait que t'indiquer le chemin, en bon GPS ! » Billie éclata totalement de rire, et je la regardais, choquée, incrédule. Dingue ce qu'elle pouvait être lunatique cette petite. « Oui, espèce de tarée, ça y ressemble en effet. Et ils ont intérêt d'en avoir sinon je te tranche la tête en j'en fais offrande aux dieux des Smarties pour qu'ils m'en envoient. » J'ouvrais grand la bouche, prenant un air outré, mais aucun son n'en sortait. Au bout d'un moment, je refermais la bouche, tournait ma tête face au décor, et décroisais les bras. « Billie O'Connell, vous êtes une sadique. Capable de me vendre, moi, pour des petits bonbons au chocolat colorés ! » Nous reprîmes alors la route, en riant, suivant la route qui semblait bien mener vers une ville. Nous étions dans le noir le plus total, et quelques lampadaires vinrent éclairer notre route alors que nous nous approchions de la ville. Après quelques rues à constater, désespérées, que toutes les boutiques étaient fermées - et c'était logique au vu de l'heure - Billie me montra de la lumière dans une boutique. Elle se gara, alors que je détachais ma ceinture tout en fixant l'endroit. « On fait Pierre Papier Ciseaux pour désigner celle qui devra parler si on nous demande un truc ?! » Je levais ma main pour la mettre dans mon dos, une lueur de défi dans le regard. « Deal ! Un... Deux ... Trois ... Pierres feuilles, ciseaux !» Je levais ma main en face de celle de Billie. Billie, ciseau, moi, feuille. J'avais perdu, et Billie me lança un rire moqueur, fière d'elle. J'ouvris la portière de la voiture. « Ouais bon ça va hein. » Dis-je en la claquant d'un air mécontent. Comment ça mauvaise joueuse ? Non, je faisais juste semblant, bien que, je l'avoue, j'étais piquée au vif d'avoir perdu. D'un pas décidé, je me dirigeais dans la boutique et entrais avec Billie. Après un tour d'horizon, je ne croyais pas voir de Smarties, mais des Maltesers, si. J'attrapais un paquet d'un air triomphant, et Billie, elle, jubilait deux fois plus. On ne trouve pas les smarties ? J'étais bonne à leur demander ! En me raclant la gorge, je m'approchais du vendeur. « Hum, por favor, do you have ... Heu, no, tienen smarties ? Pequenas boulettas de chocolate con coloras ? » Le vendeur me regarda comme si j'étais une extra terrestre.

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« Billie O'Connell, vous êtes une sadique. Capable de me vendre, moi, pour des petits bonbons au chocolat colorés ! » J'arrêtai subitement la voiture et me tournai face à Rox en la fusillant du regard, mon index pointé sur elle. « Retire tout de suite ce que tu viens de dire ! Les smarties, c'est la vie ! » Quelques minutes plus tard, nous nous retrouvions à jouer à Pierre Feuille Ciseaux pour décider de qui serait amenée à parler si l'on nous adressait la parole. Faire ce jeu nous départager semblait très enfantin, mais en même temps, Roxy et moi avions des âmes d'enfants, ça n'était pas un secret. Et puis ça changeait un peu du Plouf Plouf habituel que nous avions l'habitude d'exécuter. Je hurlai de joie immédiatement après m'être rendu compte que j'avais gagné et lançai un sourire moqueur à Roxy qui avait un petit air désespéré sur le visage. Elle bougonnai et nous sortions rapidement de la voiture, moi en trottinant tandis que la blondinette traînait des pieds derrière moi. Elle regagna de l'assurance lorsque nous passâmes la porte du magasin et nous nous mîmes immédiatement à chercher les bonbons. Je chopai quelques paquets de chips et une bouteille de Coca au passage tandis que mon amie allait chercher ses Maltesers. Tandis qu'elle avait le dos tourné, je repérai les Smarties, qui étaient un peu cachés dans un rayon sans aucun rapport. J'en attrapai deux paquets et les planquai sous ma veste avec un sourire machiavélique. Ma meilleure amie se tourna vers moi et eut un petit air paniqué sur le visage lorsqu'elle se rendit compte qu'elle allait devoir demander où se trouvaient les smarties. Je la suivis jusqu'au comptoir et me reculai d'un pas pour pouvoir admirer pleinement le spectacle. « Hum, por favor, do you have ... Heu, no, tienen smarties ? Pequenas boulettas de chocolate con coloras ? » Je me tenais le ventre tant j'étais morte de rire, le visage écrasé dans mon autre bras contre le comptoir. La pauvre était carrément en train de galérer et je commençais sérieusement à avoir pitié d'elle. Voilà pourquoi je décidai de venir à son secours. Je me redressai, essuyant mes larmes et m'approchai d'elle en posant le tout sur le comptoir, Smarties compris. « Laisse tomber, je les ai trouvés. » Je lui adressai un petit clin d’œil et payai le tout ; c'était un tout petit geste pour me faire pardonner. À peine quelques secondes plus tard, nous étions sorties du magasin et je sautai à nouveau dans la voiture, côté conducteur. « On va à la plage ? » proposai-je en remarquant que le ciel en était au point le plus sombre de la nuit. Mais je m'en fichais ; il faisait très chaud et je ne serais pas contre une petite baignade nocturne bien rafraîchissante.

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« Retire tout de suite ce que tu viens de dire ! Les smarties, c'est la vie ! » D'un air des plus malins, j'avais secoué la tête de gauche à droite, refusant catégoriquement d'admettre que les Smarties, c'est la vie. Certes, j'adore ça, mais faut pas abuser j'ai un minimum de dignité ! La regardant droit dans ses yeux clairs, un sourire espiègle sur ma bouille de gamine, je balançais avant de quitter la voiture d'un air fier : « Jamais ! » C'est par la suite, une fois que nous sommes entrées dans le magasin, que les choses ont tourné au vinaigre : Si par chance je suis direct tombée sur mes Maltesers, pendant que Billie se servait en coca et en chips, j'avais beau tourner en rond encore et encore dans le magasin, impossible de trouver le moindre paquet de Smarties. Désemparée, je me suis donc résolue à sortir mon charabia hispano-américain, qui à vraie dire se rapprochait plus d'une tierce langue qu'autre chose. Billie était totalement morte de rire, et je crois que si elle n'avait pas pris appui sur le comptoir, elle serait en train de se rouler par terre sous mon regard effaré ainsi que celui du vendeur. Je rougis instantanément, ne sachant plus ou me cacher tellement j'avais l'impression d'être à l'ouest. Et je crois que le pire dans tout ça, fut le moment où Billie posa sur le comptoir aux côtés de mes Maltesers ses chips, son coca et ... Les Smarties. « Laisse tomber, je les ai trouvés. » Son sourire malin en disait long, cette saloperie s'était payé une bonne partie de rigolade en prenant hors de ma vue les derniers paquets de Smarties. Je croisais les bras, marmonnant à son adresse : « Un jour je te tuerais toi et tes conneries, O'Connell. » Je m'adoucis quelque peu lorsqu'elle paya, me pinçant les lèvres en regardant ailleurs car je sentais les regards interloqués du vendeur vers nous. Une fois le tout dans un sac que j'attrapais au vol, nous quittions en vitesse la boutique, ou je me jurais de ne jamais remettre les pieds de toute la semaine. Me ridiculiser une fois, ça va, deux, c'est déjà trop.

Je m'élançais d'une démarche rapide jusqu'à la voiture, sautant côté passager tandis que Billie, elle, s'installait au volant. « On va à la plage ? » Je jetais un regard rapide vers le ciel sombre, et hochais vivement la tête. « Bonne idée, mais on va à la plage derrière l'hôtel, qu'on puisse vite rentrer, ou crier si on doit se faire attaquer! » J'esquissais un sourire, alors que Billie mettait le contact. Un quart d'heure plus tard environ, nous sommes parvenues à trouver l'hôtel, et Billie se gara dans le parking du côté de la plage. Je chopais le sac sur la banquette arrière avant de sortir du véhicule. Je retirais alors mon haut, bien entendu j'avais mon maillot de bain dessous, et fit un sourire malin à la brunette : « On va vérifier si l'eau est chaude même à minuit passé ? »

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À Cancun, la chaleur tombait un peu durant la nuit mais la température restait tout de même très élevée. J'entrepris de nous ramener jusqu'à l'hôtel, un peu nerveuse de nous perdre à nouveau, si bien que je conduisis avec l'ongle de mon pouce coincé entre mes dents ; mon regard anxieux était rivé sur la route. Je ne soufflai pas un mot, trop occupée à essayer de faire appel à ma mémoire visuelle pour retrouver notre chemin. Nous mîmes environ un quart d'heure à apercevoir l'hôtel au loin. J'allai me garer dans un parking que je ne connaissais pas encore mais que Roxy m'indiqua comme étant celui de la plage. Je coupai le moteur et fis le tour de la voiture, tandis que la blonde était penchée en avant pour récupérer le sac de friandises sur la banquette arrière. Mes yeux furent attirés par de légères marques rouges sur ses hanches ; ressemblant étrangement à des griffures. Je fronçai brièvement les sourcils et secouai la tête pour sortir de mes pensées lorsque ma meilleure amie m'adressa la parole, un grand sourire scotché sur les lèvres. J'acquiesçai avec un petit sourire distrait et la suivit un peu en retrait. Elle retira son haut pour se retrouver en bikini et j'observai ses hanches alors que la lumière faible des lampadaires les éclairait.

Nous arrivâmes sur la plage et je posai mon sac et mon téléphone sur le sable avant de commencer à me débarrasser de mes vêtements. J'arborai un bikini violet ; je lâchai mes cheveux, qui tombèrent en une cascade bouclée et cuivrée dans mon dos. Le sable était froid contre la plante de mes pieds, me faisant frissonner légèrement. Je me tournai vers Roxy, qui était de nouveau dos à moi. Sans réfléchir à mes mouvements, je m'approchai d'elle et passai mon pouce doucement le long de ses griffures. Elle me fit face et je pus voir l'incompréhension se peindre sur son visage. Je baissai les yeux face à son regard et fis un mini-sourire, indéchiffrable. Quelque chose entre la joie, la tristesse, l'appréhension et le ressentiment. Je relevai mes billes d'azur et les ancrai dans les siennes. « Tu as fait quelque chose de .. spécial, la nuit dernière ? » Encore un petit sourire codé qui plana sur mon visage, me laissant avec la gorge un peu serrée.

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La chaleur en était presque moins étouffante de nuit que de jour. Même en short et haut de Bikini je n'avais pas particulièrement froid à cette heure ci, au contraire, je dirais même que la température était agréable. Je passais une main dans ma chevelure blonde pour la tirer en arrière, m'élançant dans le sable à toute vitesse. Arrivée à quelques mètres du bord de l'eau, suivie par Billie, je me penchais alors pour retirer mon short en jean, me retrouvant alors entièrement en maillot de bain. Me redressant, j'observais alors l'étendue de l'océan avec un fin sourire. L'eau était relativement calme, parfait pour une baignade nocturne. « Elle a l'air super bonne ! » Dis-je alors à l'adresse de la brunette qui devait se situer à quelques mètres derrière moi, me penchant pour ramasser mon short et le plier. Je sentis alors une main se poser sur mes hanches. Ces ... Même hanches auxquelles Jude s'était accroché la veille, lors de la nuit que nous avions passé ensemble. Je sentis le pouce de Billie passer doucement sur les légères marques de griffure que je devait avoir dans le dos, me faisant me redresser instantanément, les yeux écarquillés. Je pivotais pour faire à Billie, légèrement bouche bée, ne sachant que dire, que faire. Je ne m'étais pas sentis la force de lui annoncer, du tac au tac, qu'hier soir j'avais perdu ma virginité, après le feu de camp. Ce sont des choses délicates à annoncer même à sa meilleure amie, et je dois avouer que j'aurais préféré avoir à lui dire autrement que dans cette situation. Elle baissa le regard avec un sourire énigmatique face à mon incompréhension. Je voulais dire quelque chose, mais à chaque fois je m'arrêtais, incapable de trouver les bons mots. « Tu as fait quelque chose de .. spécial, la nuit dernière ? » Je me pinçais les lèvres, passant nerveusement une main dans mes cheveux blonds pour les faire passer au devant de mon corps, les torturant entre mes doigts anxieusement. Si Billie était légèrement plus jeune que moi, elle a toujours été beaucoup plus libérée que moi sur le plan charnel. Je me sentais comme cette gamine contrainte de faire des aveux à sa mère. « Je ... » J'avais une boule au ventre, jetant un regard rapide vers mes hanches marquées. Je n'avais même pas remarqué ce matin sous la douche ces marques. En même temps me direz vous j'ai pris ma douche avec Jude, j'étais un peu occupée. Je levais mon regard clair vers Billie, me mordillant la lèvre inférieure nerveusement. « Oui ... Après le feu de camp, avec Jude, on a ... » Je soufflais un cou, baissant les yeux, regardant mon pied qui s'enfonçait dans le sable frais. J'aurais bien voulu m'enterrer toute entière. « On a couché ensemble. »