Grandir avec des parents aimant, c'était l'une des rares chances que la vie m'avait offerte. Ma mère nous avait quittés l'année de mes deux ans, décédée dans le séisme de Los Angeles en 1994, mais mon père avait toujours insisté sur le fait qu'elle avait toujours débordé d'amour à mon égard. Je n'en avais que de vagues souvenirs mais je croyais mon père sur parole. Quant à lui, j'avais eu une chance inouïe en me voyant affublée d'un père qui aurait probablement mérité tous les awards. Il avait fait face à toutes les crises qui avaient bouleversé ma vie, avec une excellence qui en aurait laissé plus d'un bouche bée. À l'aube de mon adolescence, je l'avais vu commencer à paniquer et tenter de me donner toutes les informations nécessaires aux changements que j'allais subir et même si ça avait été très gênant sur le moment, je m'esclaffais chaque fois que j'y repensais. En bref, même si mes parents m'avaient été arrachés tôt, je ne pouvais pas imaginer un seul instant ce que ça signifiait de grandir dans une atmosphère aussi lugubre que ce que me contait Roxanna. Vivre avec un père qui vous reproche la mort de votre second parent, je ne pouvais l'envisager. Et pourtant, c'était ce à quoi elle avait été confrontée. « Tu n'en sais rien Billie... » Elle essuya ses larmes, me coupant en plein élan alors que j'allais lever une main pour l'en débarrasser. « Tu ne me connais pas.. Tu sais rien de ce que j'ai vécu.. De ce que j'ai fait.. » J'abaissai le regard, un peu peinée par ces mots, malgré la totale conscience de leur réalité. Elle se recroquevilla encore plus, se dégageant une nouvelle fois de mon étreinte. Son attitude actuelle me faisait penser à celle d'un animal pris au piège, coincé entre deux murs. Je soupirai et laissai quelques minutes de battement, restant silencieuse pour lui laisser le temps de se calmer. Quand je vis que cela n'eut pas le moindre effet apaisant, je revins à la charge et m'agenouillai à côté de ses jambes, empaumant son visage au creux de mes mains. Le geste restait délicat bien que ferme. Je passai la pulpe de mon pouce sous ses paupières pour y essuyer les larmes et forçai mon regard dans le sien, fuyard. « Rox, écoute-moi. J'ai pas besoin de savoir ce que t'as vécu pour te dire que t'es pas responsable dans la mort de ta mère. Comment tu pourrais l'être ? T'avais rien demandé à personne. Elle a pas survécu à l'accouchement, quel pouvoir tu aurais pu avoir là-dessus ? T'étais un nourrisson. » Mon thorax se souleva au même rythme emballé que ma respiration. Je lâchai son visage et laissai ma main droite glisser jusqu'à son épaule, que je pressai. « Il n'y a aucune bonne raison pour qu'un père exerce une quelconque violence physique et morale sur son enfant. Aucune, d'accord ? C'est une ordure. » Je ne voulais pas utiliser de termes aussi brutaux mais avec ce qu'elle m'avouait, j'avais du mal à me contenir.

C'est un fait : Billie ne me connaissait pas. Et si elle me connaissait, je doutais fort qu'elle reste ainsi assise à côté de moi, comme si de rien n'était. Oui, mon père m'avait détesté pendant les seize premières années de mon existence, mais moi, j'avais mis fin à ses jours. J'aurais pu y passer aussi, mais j'avais eu la présence d'esprit de fuir ce soir là... Et si dans le fond, je n'avais pas agi inconsciemment, si désireuse de me débarrasser de ce père violent et alcoolique que je l'avais laissé brûler dans sa propre maison ? Je débattais intérieurement pendant que Billie s'était reculée pour me laisser de l'espace. Mais au fur et à mesure que les minutes s'écoulaient, je m'enfonçais d'avantage, si bien qu'elle revint à la charge en s'installant à mes côtés, saisissant mon visage pour y essuyer les larmes bordant mes yeux et me contraindre à la regarder. « Rox, écoute-moi. J'ai pas besoin de savoir ce que t'as vécu pour te dire que t'es pas responsable dans la mort de ta mère. Comment tu pourrais l'être ? T'avais rien demandé à personne. Elle a pas survécu à l'accouchement, quel pouvoir tu aurais pu avoir là-dessus ? T'étais un nourrisson. » Je gardais le regard rivé sur le sol, ou du moins, le plus bas possible, déglutissant au fur et à mesure que je tentais d'encaisser ce qu'elle me disait. Combien de fois je l'avais entendu de ma grand mère, cette phrase... « Il n'y a aucune bonne raison pour qu'un père exerce une quelconque violence physique et morale sur son enfant. Aucune, d'accord ? C'est une ordure. » Elle avait relâché mon visage, exerçant une simple pression sur mon épaule pour me montrer sa présence. Une nouvelle larme roula rapidement sur une de mes joues, et je secouais la tête. « J'l'ai déjà entendu ce discours, Billie... » Soufflais-je en secouant la tête comme pour vouloir chasser de mon esprit l'éventualité même de mon innocence. « Mais le fait est que dans le fond, je ne vaux pas mieux que mon père, puisque je l'ai tué. » Peut-être qu'enfin, elle allait me lâcher, s'enfuir à toutes jambes, peut-être même appeler les flics. Sentant son regard peser sur moi, je m'expliquais. « Un soir, en 2007, il venait de recommencer.. Alors j'me suis barré. Sans éteindre la moindre bougie, la chose à ne pas laisser sans surveillance. Quand je suis revenue prendre mes dernières affaires le lendemain, la maison était calcinée. Mon père avec. » Je déglutis, achevant enfin. « J'm'appelle même pas Roxanna... C'est mon deuxième prénom, et Blackburn le nom de ma mère. En réalité, mon prénom c'est Alice. Alice Lewis. » Cette petite blonde à l'air innocent qui avait fait partie des titres des journeaux d'Arizona, et peut-être même de plus loin, connue comme étant disparue depuis le décès de son père.

Tous les contacts physiques que j'avais avec Roxanna depuis que j'étais entrée dans cette pièce si faiblement illuminée, n'avaient rien de naturel pour moi. Mon père avait beau mériter une médaille, il n'avait jamais été très tactile envers moi. Donc c'étaient des gestes qui ne m'étaient jamais apparus comme normaux au cours de mon existence. J'avais toujours tout résolu par la parole mais aujourd'hui, j'avais la nette impression qu'il n'y avait que de cette façon que j'éviterais de la perdre. C'était par les gestes principalement, que j'allais retenir son attention. C'est vrai, quand quelqu'un passe son temps à vous toucher le visage et les bras, vous avez tendance à prêter attention à ce qu'il dit pour qu'il arrête. Rox s'était fait une place ineffaçable dans ma vie depuis que je la connaissais. En gros, elle représentait ce qu'une personne aussi émotionnellement handicapée que moi pouvait trouver chez quelqu'un, qui se rapprocherait le plus d'une meilleure amie. Et pourtant, j'étais seulement en train d'apprendre son passé. Effroyable, soit dit en passant. Il m'avait fallu près d'un an pour réussir à percer suffisamment sa carapace et ce que j'apprenais me glaçait le sang. « J'l'ai déjà entendu ce discours, Billie... Mais le fait est que dans le fond, je ne vaux pas mieux que mon père, puisque je l'ai tué. » Surtout, pas de panique. Il y avait forcément une explication valable, je refusais de croire à quoi que ce soit de mauvais provenant de Roxy. Mon cœur s'arrêta dans ma poitrine et je continuai de la fixer, peinant à déglutir. « Tu .. J'te crois pas. » Est-ce qu'elle était en train d'essayer de m'éloigner en me racontant des bobards ? Ce serait un peu radical comme solution... « Un soir, en 2007, il venait de recommencer.. Alors j'me suis barré. Sans éteindre la moindre bougie, la chose à ne pas laisser sans surveillance. Quand je suis revenue prendre mes dernières affaires le lendemain, la maison était calcinée. Mon père avec. » Je secouai la tête et me laissai tomber en arrière, me retrouvant assise en tailleur, les mains enfouies dans les cheveux. D'accord, c'était lourd à avaler, je n'allais pas me mentir. « J'm'appelle même pas Roxanna... C'est mon deuxième prénom, et Blackburn le nom de ma mère. En réalité, mon prénom c'est Alice. Alice Lewis. » Je ne savais même pas comment la sortir de cette spirale infernale dans laquelle elle s'était enfoncée psychologiquement. Je pris quelques secondes pour souffler calmement, sentant mon cœur pulser un peu trop fort dans ma gorge. « J'sais pas quoi faire, ou quoi te dire .. » Je relevai un regard embué vers elle. « Je vois ce que t'essaies de faire. Tu veux que j'prenne mes jambes à mon cou parce que t'as envie de baigner dans ta culpabilité, ou une connerie comme ça .. Mais ça marchera pas. » Non, ça ne marcherait pas. Ça n'était pas le moment de la laisser seule. « Quoi que t'en dises, je sais que t'es pas coupable. T'as pas tué ton père. Il t'a tapé dessus encore une fois et t'as voulu t'enfuir. Un incendie l'a tué. Mais c'est pas comme si t'avais jeté de l'essence sur ta maison et que t'avais craqué une allumette. J'sais même pas quoi te dire parce que j'en reviens pas que tu te sentes coupable alors qu'il méritait pire châtiment .. » Mon regard était dur, mes mots aussi et pourtant je n'étais pas en colère ; j'avais simplement mal pour elle.

Avec un peu de chance, elle allait saisir. Avec un peu de chance, Billie allait comprendre que dans le fond, je n'avais rien à voir avec la fille qu'elle connaissait, et enfin, avec un peu de chance, elle allait prendre ses jambes à son cou pour me laisser seule. Je n'attendais que ça.. La solitude. Je ne méritais que ça dans le fond, et je ne méritais certainement pas son affection envers moi. Je l'entendais souffler, tenter de digérer la chose. Mais je savais que c'était trop dur, trop de choses à encaisser pour une jeune femme normal. « J'sais pas quoi faire, ou quoi te dire .. » Eh bien, ne fais rien, ne dis rien, vas-t'en ? J'avais envie de lui dire, mais aucun mot ne sortait, je me contentais de fixer le vide, immobile, sans même prendre le soin de ciller, à tel point que mes paupières me brûlaient. « Je vois ce que t'essaies de faire. Tu veux que j'prenne mes jambes à mon cou parce que t'as envie de baigner dans ta culpabilité, ou une connerie comme ça .. Mais ça marchera pas. » Je battis enfin des paupières, avant de redresser mon regard vers elle, impassible. Pardon ? J'arquais un sourcil comme pour mimer ce mot. « Quoi que t'en dises, je sais que t'es pas coupable. T'as pas tué ton père. Il t'a tapé dessus encore une fois et t'as voulu t'enfuir. Un incendie l'a tué. Mais c'est pas comme si t'avais jeté de l'essence sur ta maison et que t'avais craqué une allumette. J'sais même pas quoi te dire parce que j'en reviens pas que tu te sentes coupable alors qu'il méritait pire châtiment .. » Je secouais la tête sur la fin de sa phrase, me renfrognant. « Je sais qu'il le méritait. » Ce n'est pas parce que je culpabilisais que ça voulait dire qu'il était innocent. Je passais mes doigts dans mes cheveux blonds pour les tirer en arrière. « J'm'en veux simplement d'avoir été aussi mauvaise que lui. J'étais heureuse quand j'ai vu la maison en flammes, Billie. C'est pas un comportement innocent. » Je soupirais, me redressant avant de m'appuyer sur ma fenêtre. « Et puis laisse tomber.. » Dans ma tête, les idées restaient fixes. Je ne valais pas mieux que celui qui m'avait créée.

Honnêtement, je ne voyais pas du tout comment je pouvais changer cette idée qu'elle s'était ancrée trop profondément dans le crâne avec les années. Pour moi, ça ne faisait aucun doute qu'elle était dans l'erreur ; elle pensait ne pas valoir mieux que son père, mais elle se trompait. Évidemment, quand quelqu'un vous répète toute votre vie dans le cas de Roxanna, que vous étiez responsable de la mort de votre mère, l'idée finissait forcément par se creuser une place bien importante dans votre esprit. En plus, je n'étais pas vraiment d'attaque ces derniers temps, baignant aussi dans le souvenir de la mort de mon père. Étrangement, les dates coïncidaient. Sauf que j'essayais de sortir pour oublier ça, de m'occuper l'esprit au maximum. Ça n'avait pas marché, c'est pour ça que j'avais commencé à chercher la compagnie de Rox, qui n'était pas là. Et maintenant, je comprenais pourquoi. Elle était enfermée ici tout ce temps. « Je sais qu'il le méritait. J'm'en veux simplement d'avoir été aussi mauvaise que lui. J'étais heureuse quand j'ai vu la maison en flammes, Billie. C'est pas un comportement innocent. » Je soupirai et plongeai mon visage dans mes mains, me demandant si un jour, elle réussirait à se sortir de ce sentiment. Ça n'allait pas être pour aujourd'hui en tout cas, c'était sûr. « Et puis laisse tomber.. » Entre mon pouce et mon index, je pinçai l'arête de mon nez en grognant un peu, épuisée par le poids de ces révélations et de la culpabilité de Rox. « J'ai pas envie de laisser tomber, » m'énervai-je un peu en relevant la tête. « Tu crois que ça m'fait rien de te voir te morfondre comme ça ? » Nerveuse, je me redressai et commençai à faire les cent pas, une main emmêlée dans les cheveux. Je sentis mon cœur battre à toute vitesse dans ma poitrine et mes mains se mirent à trembler un peu. Bordel, pas maintenant. Je les enfonçai dans mes poches et allai m'appuyer contre un mur, sentant des bouffées de chaleur désagréables. « Moi j'comprends pourquoi t'étais .. "contente" en apprenant la mort de ton père. T'étais libre, Rox .. Ça voulait dire que ton calvaire était terminé parce qu'il était plus là. Il t'a fait souffrir, t'a manipulée, t'as traitée comme une sous-merde. T'avais tous les droits d'être soulagée. » Je passai une main fébrile sur ma nuque tout en fixant Roxanna. Je pouvais pas la laisser alors qu'elle avait l'air plus bas que terre.

Billie pouvait bien me dire tout ce qu'elle voulait, je n'étais pas prête de me débarrasser de ce sentiment de culpabilité. J'avais grandi avec cette idée. J'avais une enfance pourrie, une vie pourrie, mais je l'avais mérité, dans le fond. Je me demandais encore souvent comment cela se faisait-il que je sois à l'université prestigieuse qu'est Harvard, d'ailleurs, qui plus est, dans la maison de l'élite sociale du campus, la Eliot House. Mais visiblement, j'énervais Billie de par mon comportement. « J'ai pas envie de laisser tomber. Tu crois que ça m'fait rien de te voir te morfondre comme ça ? » Je pinçais les lèvres en la voyant aller s'appuyer contre un mur. Elle n'avait pas l'air si bien que ça, et je fronçais les sourcils, mais elle me détourna de mes pensées en enchaînant : « Moi j'comprends pourquoi t'étais .. "contente" en apprenant la mort de ton père. T'étais libre, Rox .. Ça voulait dire que ton calvaire était terminé parce qu'il était plus là. Il t'a fait souffrir, t'a manipulée, t'as traitée comme une sous-merde. T'avais tous les droits d'être soulagée. » Je baissais les yeux, regardant mes mains liées, comme si je me raccrochais à moi-même. « C'est possible. » Admettais-je à voix basse, presque honteuse de trouver une once de vérité dans la phrase de la jeune femme. « Ca n'empêche que j'y pense toujours. Tous les ans.. Sans arrêt. Et j'ai pas le courage de sortir et de faire comme si rien ne m'était arrivé.. C'est trop dur. J'en ai pas la force. » Je me redressais, allant m'asseoir d'un pas lourd sur mon lit. J'avais l'impression de m'enfoncer dans du coton tant j'étais restée longtemps recroquevillée sur le sol dur et douloureux.

Parfois, j'avais des 'flashs' de manque. Ça m'arrivait dès que ma nervosité augmentait, quand j'étais prise de cours, ou quand - je le découvrais aujourd'hui - j'avais peur pour quelqu'un. Mes mains se mettaient à trembler, mon cœur à battre plus fort et mon front était recouvert d'une sueur froide. Je reconnaissais les symptômes directement désormais et il fallait à tout prix que je m'occupe l'esprit autrement. Sinon, je me tirerais probablement de la piaule de Roxanna en courant pour aller trouver le premier dealer de la ville. Je revins donc à la charge en lui expliquant pourquoi je ne pouvais pas laisser tomber et mon ressenti par rapport à la situation. Je n'étais pas bête ; je savais que mon discours d'un soir n'effacerait pas magiquement toutes traces de culpabilité. J'étais en train de comprendre que pour le moment tout ce que je pouvais faire, c'était de rester près d'elle pour pas qu'elle se sente seule. « C'est possible. Ça n'empêche que j'y pense toujours. Tous les ans.. Sans arrêt. Et j'ai pas le courage de sortir et de faire comme si rien ne m'était arrivé.. C'est trop dur. J'en ai pas la force. » Je la regardais s'écrouler dans son lit tandis que je hochais la tête. Ça, je pouvais le comprendre. Après tout, c'était aussi ce que je traversais. « Je comprends. Et tu as le droit d'y penser. » Me dirigeant jusqu'à son meuble de télévision, je l'allumai et sortis le DVD que nous mettions toujours lorsque l'une de nous deux ne se sentait pas bien. Rox ignorait le mal qui me rongeait ces jours-ci, mais le film permettrait de me mettre du baume au cœur aussi. J'allai m'asseoir à ses côtés puis l'entraînai avec moi en position allongée ; la blottissant au creux de mes bras, j'embrassai son crâne. « Tu as aussi le droit d'essayer de rendre ces jours un peu moins pénibles à vivre. » Sur ces mots, je sélectionnai 'Le Film' dans le menu et reposai la télécommande sur la commode.

Je ne pouvais pas sortir, faire la fête comme une jeune femme normalement constituée à cette période de l'année. Tout ça était encore marqué au fer rouge dans mon esprit, et je savais qu'à chaque pas que je ferais dehors, je me rappellerais de mon père. Et étrangement, Billie sembla me comprendre, et l'accepter. « Je comprends. Et tu as le droit d'y penser. » Je fronçais les sourcils en la suivant du regard, tandis qu'elle se dirigeait vers ma télévision, et vers la pile de dvds se trouvant à proximité. Je savais déjà lequel elle allait attraper. Sans broncher, je la regardais le mettre avant qu'elle ne me rejoigne sur mon lit, s'asseyant à mes côtés avant de m'entraîner jusqu'à m'allonger auprès d'elle, comme nous en avions la coutume. « Tu as aussi le droit d'essayer de rendre ces jours un peu moins pénibles à vivre. » Instinctivement, je me blottis dans ses bras, premier vrai contact volontaire depuis des jours. « Voui.. » Soufflais-je simplement, reposant ma tête contre l'oreiller en regardant mon écran. Mais les journées passées à pleurer sans dormir me retombaient violemment sur l'esprit, et alors que Billie avait lancé le film, je sentis que je n'allais pas être en mesure de le regarder jusqu'au bout. Légèrement apaisée par la présence de ma meilleure amie, je me laissais doucement sombrer dans un sommeil que je n'avais pas connu depuis trop longtemps visiblement, et dont j'avais cruellement besoin.