Mine for the weekend

Profiter, avant qu’elle ne s’envole pour deux longs mois. Cette fois, il y a une échéance alors c’est un peu différent mais chaque fois qu’ils se voient, Wade a l’impression de devoir profiter pour les fois où il ne la verra pas. En ce moment, leurs retrouvailles sont relativement fréquentes, régulières mais puisqu’il s’agit de Billie; cela peut changer du jour au lendemain. Comme sa décision de partir tout le long du Summer Camp a pu être prise sur un coup de tête comme mûrement réfléchi. Wade n’en sait rien et n’en saura probablement rien. Il ne posera pas la question, c’est certain. Au fil du temps; il a appris, plus ou moins à s’accommoder de ce que Billie veut bien lui donner. Cela n’en est pas moins frustrant et cela n’empêche pas tout à fait les engueulades mais cela rend les choses un peu plus faciles. Et puis, Billie commence à donner plus et si Wade tache de faire taire les espoirs que cela fait naître en lui, il prend avec plaisir. Comme le fait qu’elle rencontre, enfin, les enfants ou ce week-end qu’elle accepte de passer en sa compagnie. Enfin… avant Eowyn, la question de passer un week-end ensemble n’avait jamais dérangé - à moins que ce ne soit avant qu’il lui dise qu’il aurait souhaité qu’elle le choisisse lui plutôt qu’elle ? Qu’importe, Wade est bien loin de réfléchir à tout ça pour l’instant. Il a passé la nuit et la matinée de cette première journée à vénérer le corps de Billie, et les voilà maintenant parti en vadrouille pour visiter ce village charmant. Ils parcourent la promenade pour se mettre en appétit quand Dianna appelle Wade en FaceTime. Il décroche, un sourire aux lèvres tout en rattrapant du bout des doigts le bras de Billie qui tente de s’éloigner. Il lui jette un regard qui lui demande de rester et caresse son pouce de sa main, veillant à la garder hors du champs de l’appareil lors de sa conversation avec Nana, pour éviter qu’elle ne soit mal à l’aise. Lorsqu’il raccroche, il l’attire doucement vers lui et dépose un baiser au coin de ses lèvres et alors qu’il s’apprête à lui proposer d’aller déjeuner, une personne d’une soixante-dizaine d’années, qui semble parfaitement savoir se mêler de ce qui ne la regarde pas, les interpelle. "C’était votre fille ? Elle est vraiment très jolie." Wade fronce les sourcils, n’ayant pas remarqué qu’elle était si prêt auparavant. Sachant très bien la panique que cela doit faire naître en la blonde, il glisse sa main dans la sienne, entremêle leurs doigts et répond : "oui; on va profiter de ce week-end pour essayer de lancer le cinquième enfant. Ma femme fait particulièrement bien les bébés, alors on compte s’arrêter à 9." Il sourit et se tourne vers Billie,  lui faisant un clin d’œil. "Pour l’instant on a eu que des filles, vous savez la meilleure position pour avoir un garçon ? J’ai ma petite idée mais Nina, ma tendre épouse, refuse d’essayer."

Pourquoi tu fais ça ? J’veux dire, t’accrocher alors qu’ils auraient tous lâché l’affaire, et foutre tes pieds dans le plat. Mais, pas un, tous les pieds que tu trouves, dans tous les plats. Tu les piétines, tu t’en fous et j’ai l’impression que tu vois pas que le jeu est dangereux. J’te fais des rappels, du bouts des ongles. J’ai perdu un peu de ma verve, de mon agressivité, c’est vrai. Je t’ai peut-être, parfois, présenté moi-même des plats que tu pouvais fouler. Pour te garder. Parce que j’avais envie de voir ton sourire, de te surprendre un peu aussi. Te montrer que j’pouvais parfois, pas souvent mais dans un éclair d’envie, t’offrir quelque chose qui sort de mon propre règlement interne. J’en ai fais des tas, des incartades de mon règlement, pour Elle, alors j’peux bien faire quelques pas de côtés pour attraper tes doigts. Pas pour être foutu face à la réalité, alors que je me complaisais dans ma bulle d’ignorance. On avait même prévu deux chambres, dont une inutile dont le lit était encore fait. La serviette de bain pas encore dépliée. Une aubaine pour l’agent d’entretien. Vraiment, aucun boulot dans cette chambre qui ne sert qu’à rassurer mes angoisses. Un bon moyen de nous couper des autres chambres, aussi. Les premières heures, bruyantes. Les suivantes, tu les orientes vers le silence. J’amorce une fuite, tu me retiens au second pas, et j’regarde les nuages, bien sage qui n’écoute même pas la conversation en cours. Ma bulle, foutez moi la paix. Dans ma sphère, y a pas de gosse, y a pas de quotidien, y a pas tout ce qui nous sépare. Cède dans un micro sourire, qui a tendance à s'accroître, quand tes lèvres flirtent avec les miennes. En public, en public d’accord, si j’connais personne dans ce public. Et surtout pas la mamie qui débarque, master en pieds dans le plat. Vous êtes de la même famille, non ? J’ai un bug, et sur mes traits un grimace franche, un loupé qui me fait rater la première place pour répondre. Ca aurait été mieux. J’ai les doigts moites à force que tu me les -re-tiennes. Plutôt que m’en extraire de manière voyante ; j’te les broie. Les doigts, je parle, c’est un début. J’appuie comme une bourrine et j’pense que j’ai la tête la plus crispée possible. Coincée. J’déteste ça. “Seulement neuf ?” Profite du regard de la mamie, elle te protège Bailey. “Pourquoi pas 12, 15 ?” Les orbes vertes, cherchent une alliée dans le regard cerné de rides. “Vous savez, ils en veulent toujours plus, mais y a plus personne pour s’en occuper derrière.” Gratos. Ca s’est parce que tu m’as affublé d’un prénom de merde. “Arrête mon lapinou, tu sais que ça me gêne.” Et dans la secousse que j’te fais en tirant sur nos mains, d’apparence légère, j’y mets un peu trop d’engagement. J’en suis à regretter de ne pas avoir des ongles longs, histoire que la torture soit multiple. “Bon, j’vous le dis à l’oreille.” Un sourire fugace, narquois, à ta destination, quand je me penche vers mamie pour lui relater à voix basse, que tu négocies ardemment pour emprunter une autre entrée. Faire de ma geôlière une coéquipière. “Mais enfin Monsieur ! Ce n’est pas comme ça que vous allez avoir d’autres enfants.” Tu le sens, le jugement ? “A votre âge, vous devriez savoir ça.” Et, ton clin d'œil, j’te le renvoie.

C’est un réflexe, de la retenir quand elle va prendre la fuite. Wade est désormais presque capable de réaliser avant Billie quand elle va vouloir s’échapper, partir loin et si une part d’elle a envie d’être retenue, il est toujours là pour le faire. Il sait pertinemment qu’il pourra serrer sa main aussi fort qu’il veut, si elle veut partir, elle le fera. On enferme pas Billie O’Malley, et Wade n’en aurait pas envie : son besoin de liberté, c’est aussi ce qui fait qu’il l’aime autant. Après tout, il était aussi comme ça, il n’y a pas si longtemps. Mais sa main se resserre avant même que Billie n’esquisse un pas en arrière, et elle lui rend bien, montrant son mécontentement. Elle reste accrochée à lui, pourtant, ce qui est un bon signe. Il hésite à la relâcher pour passer son bras autour de son taille, déclencher son système sympathique pour qu’elle se détende mais le risque qu’elle tourne les talons est trop fort, alors il la laisse tenter de lui faire le plus de mal possible - il se vengera après, autrement. “Parce que tu ne veux plus travailler et que mon salaire et les allocs ont leur limite mon amour.” répond-il, s’amusant d’un monde dans lequel Billie abandonnerait toute ambition et liberté pour s’occuper non pas de neuf, mais de douze ou quinze enfants… Au-delà des problèmes logistiques créés par le fait d’enfanter une équipe de football, Wade ne peut que se dire que ces gens ne peuvent pas aimer leurs enfants réellement, ni même les connaître. Ils doivent avoir une forme d’amour, c’est certain mais comment peuvent-ils trouver le temps de se consacrer vraiment à leurs enfants ? Les reportages sur lesquels il tombe parfois à des heures improbables la nuit sur des fratries de cette taille lui mettent toujours la chair de poule, lui qui vient pourtant d’une famille de quatre enfants.
“Hey, je te trouve dure hein là.” répond-il d’un air exagérément agacé. “Je les emmène à leurs activités tous les samedis. Et puis, t’es trop à les coller, je te l’ai déjà dit. Il faut les laisser se débrouiller un peu.” Il relâche sa main, maintenant qu’elle est lancée et la passe autour de son épaule, bien décidé à la garder auprès de lui. “Il faut que tu apprennes à te lâcher, mon coeur. Tu n’es pas que mère, tu es femme aussi.” Et allez, c’est un florilège de toutes les phrases classiques à balancer, enfin les phrases de connard un peu à l’avis de Wade mais il ne va pas vraiment entrer dans ces explications avec Mamie Curieuse, et Billie sait déjà tout ça de lui. Il arque un sourcil en la voyant arborer son air mutin et se mord l’intérieur de la lèvre quand il la voit se détacher pour aller susurrer des choses à l’oreille de la septuagénaire, qui n’avait sûrement rien vu venir. abruptement il attrape la main de Billie et se tourne vers elle, attrapant son regard pour  essayer de retrouver sa composition et ne pas exploser de rire, mais la regarder n’aide, évidemment, pas. Il susurre, se mordant la lèvre pour ravaler son sourire : “Mais enfin, ça devait rester entre nous !” avant de se tourner vers mamie, et de lui dire : “Janine… Je peux vous appeler Janine ?” Même s’il n’a pas la foutre idée de son prénom. “Janine, vous savez très bien qu’il faut prendre du plaisir, pour pouvoir être prête à concevoir. Ce n’est plus ce que c’était là en-bas après tous ses accouchements.” Il se tourne vers Billie, et pointe son intimité du doigt, en lui jetant un regard amusé et vengeur avant de se retourner vers Janine : “Je voudrais avant tout que ma femme retrouve du plaisir, et je sais qu’elle adorerait ce dont elle vient de vous parler.”