( lenny ) chaos

@Lenny Shipley — Mon corps, encore marqué par les blessures de l'accident, ressent chaque seconde qui s'étire comme une éternité. Chaque tic-tac de l'horloge est une note discordante, une mélodie de nervosité qui se joue en moi. Je sais que Lenny doit arriver bientôt, et cette attente m'emplit d'une appréhension palpable. Je tourne mon regard vers la fenêtre, où le ciel gris semble partager mon humeur. Les nuages s'amassent, lourds de pluie, reflétant les émotions qui m'étreignent. Je serre les draps entre mes doigts, essayant de trouver un ancrage dans ce moment d'incertitude. Les souvenirs de notre dernière rencontre se mêlent aux bruits feutrés de l'hôpital.

@Laia Duque — La bourbe incrustée profondément sous les ongles, la barbe fleurie envahissant tes maigres pommettes. Creusées sous la force des racines. La saleté sur l’épiderme, mêlée aux dernières éraflures, souvenirs encore frais d’une chute ou deux. La montagne offre un refuge à ceux dont l’envie de fuir devient l’urgence même de la scolopendre entre les omoplates. La violence du cœur s’acharne vainement face à l’immensité du vide. Du silence, seul le crissement de ses pattes le long de ta colonne vertébrale comme compagnie. Tu ne voulais ni connaître l’heure, ni le jour, ni même précisément ta position sur une carte. Rien. Le Néant pour répondre à l’atrocité des sentiments s’éveillant. Fuir la douleur, la nostalgie, l’espoir, les obligations, la platitude de cette direction, les tragédies et la main lourde du Destin se riant bien de tes amusements de gamin. Oublié la colère sourde et les élans rageux. L’isolement complet pour rétablir ses étranges battements cardiaques. bip. bip. bip Le retour, brutal. Tu déambules dans la mortuaire cité, l’austérité même de l’existence humaine. Blanche. Aseptisée. Sa chambre est toute proche, et après une courte respiration tu pousses la porte. —  Salut.

@Lenny Shipley — La porte s'ouvre, et mon cœur fait un bond dans ma poitrine. Lenny est là, silhouette marquée par la rudesse de la montagne, visage buriné par les vents et les épreuves. Il est comme un mirage, une figure de force et de résilience qui se matérialise dans l'austérité de ma chambre d'hôpital. Je le regarde, et c’est comme si le monde extérieur, avec ses bruits et ses angoisses, s’estompait pour ne laisser place qu’à cet instant suspendu. Les marques sur son visage, les traces de boue et les éraflures racontent un récit de fuite et de recherche, de douleur et de guérison.  — Lenny, dis-je doucement, mes yeux capturant chaque détail de sa présence, comme pour m'assurer qu'il est bien réel. Le silence s'installe, mais il n'est pas gênant. C'est un silence plein de compréhension, de partage tacite de nos douleurs respectives. Je sens le poids de mes propres maux s'alléger un peu, simplement par sa présence. Ses yeux, fatigués mais brillants de cette lumière indomptable, se posent sur moi avec une douceur inattendue.  — J'arrive pas à croire que tu es la...

@Laia Duque — Lenny, Est-il nécessaire de discuter de la douleur cinglante, celle du vent poussiéreux fouettant ton épiderme, ou celle dessinant sur son corps des ecchymoses ? Suffoquer à chaque inspirant, par le froid, par la chaleur, par le martèlement des poings ? Comment s’érode peu à peu l’âme humaine sous l’avalanche et la dureté des pierres ? Sous l’acharnement de la haine et de la violence ?   — J'arrive pas à croire que tu es là... Tu inspires profondément, dissimulant derrière un sourire bienveillant les heurts de ton ire ? Qui donc a osé lui infliger telle déferlement ? Tu t’approches doucement de son lit, ta main parcourant le drap jusqu’à pouvoir se poser sur une zone valide. — J’suis plein de surprises. Ta bouche hurle l’envie de soigner la sienne d’un baiser, mais tu n’oses pas. La peur tenace d’ouvrir une blessure trépigne dans tes nerfs. Finalement, tu dépasses cette limite pour caresser sa chevelure doucement. — Evidemment que j’suis là. J’pouvais pas m’enfuir plus longtemps. Tu observes rapidement la chambre, tirant à ses côtés une chaise pour t’installer.  

@Lenny Shipley — Je ferme les yeux un instant, savourant la chaleur de sa main sur ma joue, l'empreinte légère de ses doigts sur ma peau. Chaque caresse est une promesse muette, une déclaration sans mots de sa présence indéfectible. Le poids de ses gestes me ramène à un passé où l'innocence et l'espoir n'étaient pas encore des concepts lointains. Je me souviens de nos rires égarés dans le vent, des promesses murmurées au creux de la nuit. Quand il s'assied à mes côtés, le monde se resserre autour de nous, comme un écrin précieux protégeant notre retrouvaille. Le silence se tisse entre nous, dense et chargé de significations que seuls nos cœurs savent déchiffrer. Sa présence est une ancre dans le tumulte de mes pensées, une lumière tamisée dans l'obscurité de mes doutes. Je le regarde, et ses yeux racontent une histoire de courage et de résilience, un conte épique de survie face aux éléments et aux épreuves. Les cicatrices sur son visage sont des stigmates sacrés, des témoignages silencieux de batailles livrées et de victoires arrachées à la brutalité de la vie.Ma voix tremble légèrement quand je brise ce silence lourd de sens. — Est-ce que ça en valait la peine ? T'enfuir et me laisser seule ici.