─ dépêche-toi, on est à la bourre ! dit-je à l'attention de ma fille à la traîne. essoufflée par les derniers mètres qu'on a déjà parcouru à travers la ville à pied. j'le suis aussi. tout les jours, c'est la même histoire. on met notre cardio à rude épreuve. pourtant j'essaye d'être prévoyant, mais doit y avoir un truc qui m'échappe. et encore aujourd'hui, heureusement que je ne bosse pas. son sac à dos d'affaires de danse que j'porte moi même. j'dois avoir de l'allure comme ça. trop pris par le temps, je percute en plein fouet quelque chose ou plutôt quelqu'un, par précipitation. j'me retourne et constate les dégâts que j'ai causé. tout est absolument écrasé au sol et la propriétaire du bouquet est en effroi. ─ oh non... j'ai tout ruiné. je suis désolé. j’le suis vraiment. un peu plus lorsque je l’identifie. la femme que j’croise partout où j’vais, doux visage auquel j’peux à présent poser un nom. ─ ornella ! bouge pas. j’ramène ma fille à son cours c’est juste là et j’reviens t’en payer un autre de suite.

tu penses avoir trouvé le bon bouquet, tu te souviens qu'il aimait ces fleurs. elles sont colorées, ça le représente. t'as un pincement au coeur quand la fleuriste te demande si c'est pour offrir. si seulement. ton sourire vide de joie semble suffire pour qu'elle cesse de te poser des questions et tu t'échappes de la boutique devenue trop étouffante pour toi. dans tes pensées tu le percutes. tu ne saurais même pas expliquer comment tu sais que c'est lui avant même de relever la tête. peut-être parce que c'est le seul autre visage que tu croises depuis quelque temps, en dehors de tes collègues. il parle mais tu fixes les fleurs éparpillées sur le sol.  ❝ ce n'est pas grave. ❞ enfin tu lèves la tête pour le regarder puis ton regard se pose sur sa fille, revient sur lui. ❝ ne te mets pas en retard, dépêche toi. ❞ tu t'agenouilles comme pour essayer de sauver les fleurs. ❝ et alessio ? je t'assure ce n'est rien, ne t'embête pas avec ça. ❞