J’ai couru. Longtemps, trop. Je ne sens plus le froid. Ni le chaud. Je ne sais plus où j’ai mal et où ça va. Tout simplement parce que rien ne va. Le néant en guise d’organe. Airpods dans les oreilles, les musiques défilent, et rien ne remplace la rancœur que j’ai pour toi. Si je devais t’offrir les roses aujourd’hui, tu n’aurais reçu que la noire. Un bouquet de roses noires. Pensées lointaines, c’est quand je réalise que je suis devant la kirkland que la musique se coupe. J’avais oublié l’endurance que j’avais dans la course, cela fait plus d’une heure que j’ai commencé. Je suis trempée de sueur, le vent glacial rend mes doigts rouge écarlate. Un autre membre de maison n’est pas sensé pénétrer les lieux mais qu’importe. Que la doyenne me sanctionne. Veritas peut faire un nouvel article sur ma présence, je n’ai rien à me reprocher. Quelques regards désapprobateurs, le premier qui l’ouvre pour me faire une réflexion va être reçu. Regard noir, pas un mot. Le regard qui t’a souvent cherché, le fait une nouvelle. Cette fois-ci sûrement pour la dernière fois. C’est finalement dans ta chambre que je te retrouve – avec l’aide d’un kirk qui t’a vu –. Sans frapper, entrant dans la chambre, halletante, tremblante sans m'en rendre compte. « Tu voulais me voir je suis là ! » entrée théâtrale, ta porte de chambre ouverte aux spectateurs.

Tu l’as dans la tête ce véritas. Il passe en boucle et en boucle comme une musique interminable. Une musique que je détesterai plus que tout au monde. Tellement idiote d’avoir cru que la musique changerai à un moment pour une plus belle mélodie. Idiote, conne, naïve… choisissez le terme que vous préférez. Ce que je fais là, je me pose la même question figure toi. « Je fais ce que tu ne fais pas. » Sèche, froide. Loin de cette ambiance dans ta cuisine. Quand tu poses les mains sur moi, instinctivement je recule même si je me laisse entraîner jusque sur ton lit. Veste que tu poses, odeur de ton parfum qui pourrait me faire fléchir. « Je ne suis pas là pour ça. » me relevant, faisant tomber la veste sur la parure de lit. J préfère mourir de froid apparemment. Réaction immature de ma part. Mais je n’y arrive plus là. Je ne peux plus Braden.

Tu es qui à l’heure d’aujourd’hui pour me dire quoi faire ? J’aurai pu mettre ma vie entre tes mains, aujourd’hui je préférerai mourir partout sauf ici. « Stop ! Garde ta veste je n’en veux pas ! » me rabattant sur une serviette, espérant grande qu’elle soit propre. Blessante, mais jamais tu ne ressentiras un dixième du mal que j’ai eu en lisant ce blog. « Je sais pertinemment que c’est des fiançailles en carton, que ça ne vaut rien.. » que je commence vu que tu refuses de le faire. « … mais cet acte de le faire, tu ne te rends pas compte je crois ! » Doigt que je pointe sur moi, sur ma cage thoracique. Voix qui s’élève, qu’on doit sûrement entendre derrière ces murs de chiffons.

Serviette sur les épaules, seul le bruit de l’eau qui coule de mes cheveux pour tomber sur le sol brise le silence. Ton qui monte des deux côtés. Ça tu l’as dit par message, et ça s’est ancré. On parle de veritas, on s’est tous sur le campus que c’est toujours trop gros pour que tout soit vrai. Mais on sait aussi que les articles ne sont pas le pur fruit du hasard. « Alors pourquoi tu voulais me voir si tu ne voulais pas en parler hein ? Pourquoi ? Niquer un coup et repartir pour t’assurer que je reste bien ? » Propos vulgaire sous la colère quand tu ne dis ne rien devoir à personne. Je le sais, moi non plus. Pourtant, je ne peux avoir un mouvement de recul, m’éloignant un peu plus de toi. Visage qui se ferme, aucune émotion, rien. Vide qu’elle est la Rothshild. Qu’est-ce que je fou là si c’est pour me prendre ça en pleine tête. Téléphone que je sors de ma poche, application que j’ouvre, article que je lis. « On réserve une pensée émue à Saphyr et Marcus von Habsburg, les nouveaux dindons de la farce… Rien que pour ça, je mérite aux moins des excuses tu ne crois pas ? » Serrant le téléphone si fort entre mes doigts que l’écran pourrait fissurer.

« ça ne l’est pas pour moi.. Insignifiant. » Si pour toi, ça ne te fait ni chaud ni froid, si pour toi ce n’était que pour rire, il y a une autre personne – peut-être deux – pour qui la vision n’est pas la même. Surprise quand tu me retires le téléphone des mains pour le jeter sur ton lit, l’envie te hurler dessus rien que pour ça. Pourtant muette quand tu t’énerves contre moi. Le monde doit tourner à l’envers, ce n’est pas possible autrement. Toi me menant d’une tête, te rapprochant encore pour exploser contre moi. « Pour me faire passer pour une conne aux yeux de tous ! » égo mal placé, fierté touchée. «  Pour la putain de conne désespérée qui était prête à attendre que tu sois prêt ! » Le poing qui frappe contre torse à chaque mot fixant tes yeux dilatés, mots qui se déchirent les uns contre les autres. « Mais tu sais quoi Braden ? Fait, voit qui tu veux comme on s’était dit… Tu ne m’as pas trompé oui, et tu n’auras pas l’occasion de le faire. T'as gagné, c'est ce que tu voulais, que je sois détachée de toi. T'as réussi. » Levant les bras, résignée. Parce que c’est toi Saphyr, celle qui refuse de s’attacher normalement, celle qui ne croit pas à l’amour. Je ne crie plus, je ne pleure pas. Il ne te reste qu’une femme froide en face toi.