Alors que je glisse ma pochette dans le compartiment de notre voiture, mon palpitant se la joue beffroi à tambouriner à l'intérieur de ma poitrine, tutoyant la tachycardie, alors que mes iris se posent sur tout ce qui m’entoure, telle une gamine un matin de Noël. Je m’empare sans crier gare de la main de Clive au premier arrêt proposé par notre chauffeur, pas effrayée pour deux ronds de serviette, et lui montre des détails comme si nous découvrions tous deux Boston pour la première fois de notre vie. Cette ville, pourtant, j’y suis née et y ait découvert l'amour. Je la porte dans ma chair et cette dernière va bientôt être le témoin privilégié de ma petite surprise. Quoi de plus romantique que de se brancher en mode Saint-Valentin, confiseries dégoulinantes de chocolat et autres barbapapas, ballons rouges et délicates frivolités ? Le chauffeur nous invite à nous réinstaller dans son carrosse pour la suite des instructions, nous indiquant qu’un apéritif est d’ordre avant le reste des réjouissances. Parfait ! Ma main ne lâche pas celle de mon homme, comme si notre promesse de ne jamais lâcher la main de l’autre me collait délicieusement à la peau. Alors que je suis la nénette de mille mots, pour une fois, et c'est tout nouveau, je brille par un silence calculé, l'électricité dans l'air ajoutant à mon état extatique alors que je couve son beau visage de mes prunelles émeraudes. Je me suis faite toute belle pour ce soir, soigné ma coiffure et mon maquillage, désireuse de n’être vue que par lui. J’apprécie tout particulièrement le côté romantique et privilégié de la terrasse sur laquelle nous nous retrouvons bientôt, première étape qui verra s’épanouir mon petit plan du jour, délicieusement rocambolesque. Votre meilleur champagne pour mon homme, et un cocktail de jus de fruits pour moi que je m’empresse de commander pour zapper le mot « alcool » de la conversation. Avec le recul, pas besoin de consulter un oculiste pour deviner la chose. Il se peut que j’ai une surprise pour toi... La flèche m'a touché en plein cœur, maintenant c'est à mon tour de décocher la mienne.

Clive me remercie pour la commande, sans poser davantage de question et je sens mon coeur se gonfler tant d’amour que d’impatience. Jusqu’à lors, j’ai réussi à garder mon secret jalousement gardé, cherchant le moment le plus opportun pour passer par la case questionnette… et avec le recul, je pense que cette soirée ne peut offrir meilleure occasion. Un rien d’angoisse pousse mes iris à se rétrécir quelques secondes, tandis que je m’empare de ce joli écrin. Un cadeau pour moi…? Alors que mon expression se fait plus énigmatique, je tâche de contrôler le tremblement de mes doigts fins tandis que je fais glisser le ruban entourant la boîte en elle-même. Je jette de temps en temps des œillades rapides à l’attention de Clive, dont je ne peux vraiment déchiffrer le mystère. Son visage paraît si impénétrable que j’en viens à me demander quelle sera sa réaction face à ma propre surprise… mais trop tard pour reculer. Je me domine, tant bien que mal, secouée par une flopée d’hormones semblable à un véritable tsunami. C’est la prise de Syracuse dans mon esprit alors que j’ouvre enfin la boîte, y découvrant une clef à l’intérieur. Quelques secondes, je demeure interdite tant je ne m’attendais pas à ce qu’il m’offre cela. Pas besoin de sortir diplômé du MIT pour comprendre le message subliminal glissé. Très jolie clef… dois-je y voir une invitation ? Incapable que je suis de réprimer le sourire qui naît bientôt sur mes lèvres, je sors de ma pochette une boîte beaucoup plus large, ne laissant aucun indice sur son contenu. Dans un souffle presque angoissé, je murmure, alors que je lui tends : le mien est juste un peu plus gros... Je crois qu’avant de sauter de joie quant à l’invitation que j’ai lue au travers de sa surprise, je veux obtenir sa réaction quant à la présence d’une layette et de chaussons fait mains, les deux de couleur blanche. Sur le vêtement, on peut y voir brodé : petite loutre d’amour de Papa et Maman. Autant dire que mon cœur, lui, bat quasiment au bord de mes lèvres alors que mes yeux de jade, eux, se font suppliants. L’attente et l’angoisse sont insoutenables.