Quelque part dans le brouhaha de l'université, des gens qui courent à leur prochaine heure de cours, déjà à la bourre, des rires et des cris, se trouvent une salle des de plus silencieuse -et garde à celui ou celle qui oserait lever un peu trop haut la voix- la librairie. Un endroit où il fait bon de si rendre pour se ressourcer et surtout réviser en paix sans bruit nuisible. Très avide de cet endroit, je m'y retrouve un minima d'une fois par jour. Je pourrais presque considérer la bibliothécaire comme ma meilleure amie ! Bon, peut-être pas, car je ne sais pas si c'est un critère de recrutement dans ce métier, mais elle est d'une froideur, avec sa paire de lunette, son regard qui voit et tout et ses oreilles qui entendent le moindre petit bruit qui dépasserait le décibel autorisé. Je trouve cela d'un cliché, mais je crois qu'elle prend un plaisir à rentrer dans ce cliché et faut dire que l'endroit et les règles étaient respectés à la lettre.

A peine la porte poussée qu'un grand sourire se dessina sur mon visage en voyant la pfo assise toute seule -comme à son habitude- à une table, bouquin en main. Rien n'affichait un quelconque feu vert pour aller lui adresser la parole, mais elle avait l'habitude avec moi et j'avais aussi pris l'habitude de faire souvent la conversation à moi tout seul, mais depuis notre dernière altercation, nous ne nous étions pas vraiment reparlé. Nos chemins ne s'étaient pas vraiment recroisés faut dire. Effectivement, il y a de cela quelques semaines, je l'avais surprise à prendre quelques cachets. Loin de moi le faiseur de leçons, mais j'avais tout de même, à ma manière, de la raisonné. Efforts qui avaient été vain. J'étais plus peiné qu'elle en soit arrivée là, mais je pense que la dernière chose dont elle avait besoin était de ma pitié.

"Salut" Je pris la chaise à ses côtés, comme à mon habitude dès que je l'a croise quelque part. Elle ne m'envoyait jamais d'invitation, mais je pense qu'elle avait prit l'habitude du fait que j'aille constamment la voir. Je ne saurais vous expliquer pourquoi, mais c'était plus fort que moi. Je ne connaissais rien sur sa vie, mais j'avais envie d'être là pour elle et je savais que si un jour elle venait à m'appeler à trois heure du matin, j'accourrais pour lui venir en aide. Il y a des forces inexplicables auxquelles il ne faut pas lutter parfois. "ça va depuis la dernière fois ?" Je tentais d'amener la conversation tout en douceur en essayant de faire du non évènement même si je ne pouvais oublier ce que j'avais vu quelques semaines plus tôt.

@Saga Raven Boman

Je m'estimais heureux d'avoir eu une réponse assez rapide venant de la demoiselle, je pouvais conclure que ma journée était rentabilisée quoi qu'il arrive. Je savais ô combien il était difficile pour elle de parler, les bouquins étant ses meilleurs alliés. Je ne pouvais que la comprendre, car je rejoignais totalement ce côté là. L'un des rares côtés dans lequel je pouvais me retrouver en elle. L'heure n'était pas à la joie et aucun enthousiasme ne transparaissait dans le timbre de sa voix. Je ne pouvais pas ignorer ce que j'avais vu et juste laisser couler la chose l'air de rien. J'avais très bien vu l'autre soir ce qu'elle faisait et ça me trottait dans la tête depuis, me repassant encore et encore la scène dans tous les sens en essayant de me persuader que j'avais dû confondre de personne ou mal comprendre la situation, mais il n'en était rien.

"ça va" Je prenais place à ses côtés, jetant quelques coups d'oeil sur les livres qu'elle étudiait. "Je ne peux pas faire comme si j'avais rien vu" admettais je à voix haute. J'étais bien conscient que ce n'était pas la réponse à laquelle elle s'attendait, mais je n'étais pas du genre à laisser quelqu'un se détruire et cela même si nous ne nous connaissions pas par A plus B. "Je ne suis pas là pour te faire la morale, car je pense que tu sais déjà très bien tous les contradictions et les beaux discours culpabilisant, mais t'es consciente que ce pansement là ne peut pas être éternel" Je ne connaissais pas le pourquoi du comment elle en était arrivé à ce point et se serait vraiment intrusif de ma part de le lui demander de but en blanc. C'était intime et le meilleur moyen pour qu'elle se braque et qu'elle clôt la conversation sans possibilité de le ramener sur la table à un quelconque instant, alors, je prenais toutes mes précautions afin de la mettre en confiance et la rassurer.

Je posais mon sac à dos à mes pieds pour prendre place à ses côtés. Je ne m'attendais pas venant de sa part qu'elle confie à moi. Avant même l'avoir vu prendre ses petites pilules, je l'a connaissais plus fermée qu'une huître et je n'avais pas encore trouvé les outils pour ouvrir tout doucement sa carapace qu'elle c'était créé probablement dû à un lourd passé, des traumas ou autre. J'analysais chacun de ses gestes. Soupir, pied qui tape frénétiquement le sol, comme quelqu'un qui essaye de se contenir ou bien déjà sous drogue. Je ne m'avançais pas sur mon hypothèse qu'elle avait déjà dû prendre des médicaments avant de venir ici. "Donc je ne t'ai pas vu prendre des cachets ?" fis-je perplexe, alors qu'elle m'avouait quelques secondes après qu'elle avait bien une prescription pour des calmants. Je me retenais de lui dire qu'elle se contredisait et se perdait probablement dans un mensonge. C'était bien connu dans les addictions. Mes parents avaient toujours été très ouvert sur ce sujet afin qu'on ne tombe pas dedans, car mon père lui même été tombé sévèrement dans le schéma anti-douleur, calmant et bien d'autres choses plus illicites les unes que les autres. "Je m'inquiète simplement" Il n'y avait aucune raison que je m'inquiète spécialement sur son cas -je me demandais parfois si je n'étais pas un peu hypersensible- "Fait juste attention, c'est addictif ces trucs là et au final ça ne t'aide pas et ne règle pas le problème. J'sais pas, tu t'imagine en prendre pendant trente ans ? ça ruine total ton cerveau, c'est dommage en plus vu comme t'es intelligente" Elle n'était pas à la Pfo pour rien, elle ne passait pas sa vie dans les bouquins pour rien. Saga est une vie super intelligente avec un avenir très prometteur j'en étais persuadé. Je n'avais aucunement envie qu'elle gâche des années de vie inutilement. J'aurais aimé trouvé les bons mots pour lui faire comprendre les choses.

Je tenais à la croire. Peut-être était-ce vrai et enfin de compte, son histoire tenait la route par rapport à ses calmants, mais cela n'en reste pas moins moins dangereux si on en abuse. Je n'avais pas la réponse à sa question. Il y avait comme une force qui me disait de venir lui parler, veiller à ce qu'elle aille bien. Cela peut paraître fou conté ainsi, mais c'était le ressenti que j'éprouvais dès lors que je l'apercevais. Je suis depuis ma naissance, quelqu'un de très empathique, qui ne peut ignorer le mal-être de X ou Y et cela même si je le connais ni d'Adam, ni d'Eve. Je conçois qu'à la place de l'autre personne cela peut s'avérer être intrusif ou même énervant, mais s'il y a bien une chose que j'avais appris avec les années, c'est qu'il n'était pas bon de refouler ses ressentis. "Ce n'est pas parce que je ne connais pas plus que ça que je dois ignorer le mal-être que tu ressens" je marquais une courte pause. "Il faut parfois accepté que des gens viennent s'inquiéter pour toi et cela même si tu ne les connais pas. On est tous humain après tout" Il est vrai que les gens profondément sincère dans leurs mots et leurs actes, il n'y en a plus beaucoup, alors si elle venait à se méfier, je pouvais totalement le comprendre, mais encore une fois, je lui prouverais qu'elle n'a pas à s'en faire.

"T'as eu accident ?" la question était sortie toute seule suite à ses mots. J'avais clairement manqué de tact pour le coup, je faisais des boulettes parfois, rien ne disait que j'étais parfait non plus. Je tentais de faire abstractions sur le fait qu'elle ne se voyait pas encore être parmi les vivants d'ici trente ans. Je n'étais pas psy et là, pour trouver les bons mots face à une telle détresse, il fallait un minimum être diplômé ce qui n'était pas mon domaine d'étude. "Je serais curieux de savoir si tu suis ton ordonnance à la lettre ou bien si tu te surmédicamente pas quand même" Je regardais son bouquin, toujours posé en face de ses yeux. Le fait qu'elle fuit mon regard de la sorte en disait long.

Je sentais mon ventre se tortiller dans tous les sens. La dernière choses que j'avais voulu c'était de l'a blessé profondément. C'est en voyant ses yeux commencer à s'embrumer que je commençais à comprendre la gravité de mes dires et mon intrusion un petit peu trop violent. En voulant être là pour elle et lui montrer qu'elle n'était pas seule, j'avais produit tout l'effet inverse. J'acceptais sa colère envers moi, car elle était dans son droit. A quel moment je m'accordais le droit à lui poser des questions aussi intimes sur sa vie, alors que nous n'étions même pas dans le stade de l'amitié. Peut-être un jour qui sait. Enfin, j'avais mal commencé si c'était ce que je voulais. "Désolé...je ne voulais pas te blesser....ce n'était pas mon but..." avouais-je gêné par mon propre comportement. Je me savais avenant et gentil -sans me jeter des fleurs- mais ma maladresse pouvait s'avérer blessante, je m'en rendais compte que maintenant. Il est vrai que parfois j'oublie de mettre un filtre et j'en oublie que les gens en face de moi ont des émotions. Il faut dire que je ne me souviens plus de la dernière fois où j'ai pu verser une larme. "Jamais je ne te jugerais et désolé, je me suis pas rendu compte de mes propos" J'ouvrais silencieusement un livre à mon tour. Peut-être le mieux était tout simplement rester dans le silence à faire ce qu'on savait faire de mieux à la pfo, réviser.