La journée a été longue, très longue. t'as même hésité à te pointer à ton entraînement de cheerleaders en prétextant que tu ne te sentais pas bien. mais non, après réflexion, t'avais pas envie de les planter. avec un peu de motivation, tu t'y es pointée, et t'as tenu le coup. en réalité, ça t'a même fait du bien. et alors que tu marches dans la direction du parking, tu vois sullivan en plein entrainement lui aussi. Tu décides de poser tes fesses dans les gradins et de l'observer au loin. lorsque son regard croise le tiens, tu lui fais un signe de la main avec un fin sourire sur les lèvres.

ça s'étire, ça trottine autour du terrain pour s'échauffer pour ensuite s'emparer du ballon et de faire quelques lancers. match amical sous l'oeil attentif du coach. l'entraînement qui touche à sa fin mais qui se prolonge un peu plus pour moi, comme j'en ai l'habitude. j'aime être là et même si ça peut être éprouvant et que tout joueur veut juste rentrer, moi, je suis toujours le dernier à partir. je m'avance vers les tribunes pour un temps de pause et remarque sa présence. ─ hé toi. qu'est-ce que tu fais là ? je fronce les sourcils parce que j'comprends pas mais lui rend son sourire parce que j'suis content de la voir. ─ m'dit pas qu'on avait rendez-vous et que j'ai oublié ? franchement, j'ai un doute là. j'oublie pas ce genre de choses, j'suis même trop super organisé pour que ça arrive mais on sait jamais. ─ tu peux m'passer ma gourde et ma serviette s'il te plaît ? mon sac est plus à sa portée que du mien.

le terrain se vide doucement, mais une seule personne semble vouloir prolonger l'entraînement. sully, parmi les derniers à profiter de l'espace. toi, assise dans les gradins à l'observer, improbable mais vrai. relation qui a beaucoup évolué depuis, passant de la haine à la tolérance, et même plus. en réalité, il t'intrigue, mais t'es trop bornée pour l'admettre. — si on avait rendez-vous, j'espère que tu ne l'aurais pas oublié. prends-tu la peine de corriger, yeux accusateurs qui se plissent. — mais non, j'rentrais de mon entraînement et je t'ai vu. réponds-tu comme si ta présence ici était évidente. alors qu'en réalité, t'aurais pu tracer ta route, mais t'avais envie de le voir. à sa demande, tu attrapes la gourde et la serviette dans le sac juste devant toi. — ton entraînement est terminé ?

─ j'te l'ai jamais dit mais j'met des rappels toutes les minutes quand c'est toi que j'vois. sérieux que j'parviens à garder plus longtemps que je ne le pensais. elle m'explique qu'elle aussi avait entraînement et que son regard s’est porté sur moi d'où le fait qu'elle soit dans les tribunes en ce moment même. j'suis la raison pour laquelle elle est encore dans les parages. jamais une fille ne m'a attendu ici et ça a son côté mignon qu’elle le fasse. un bref hochement de tête en guise de merci, je m'hydrate et essuie ma sueur perlante à l'aide de ma serviette. ─ depuis un moment. on essaye même plus de me sortir d'ici de force, c'est peine perdu. trop impliqué, grand passionné. appelez ça comme vous voulez mais ce stade est libérateur pour moi. c'est un endroit où j'me sens bien, simplement.  ─ tu restes ici t’extasier ou tu viens essayer avec moi ?

sourcils haussés à ses paroles, tentant de déceler le vrai du faux. — j'espère que tu déconnes ? sérieux déconcertant qui te ferait presque peur. t'es rassurée lorsque son visage se détend et qu'il te fait comprendre que c'est pour rigoler. ce serait flatteur, mais étrange en même temps. — à la place ils désertent tous et te laissent seul. t'as le terrain rien que pour toi. conclues-tu face à la situation. ca se voit qu'il aime ce sport pour prolonger le temps. — autant j'suis bonne pour encourager, autant j'suis nulle avec un ballon. tu préfères le prévenir, mais t'es pas contre d'essayer. tu te lèves des gradins pour venir le rejoindre sur la pelouse. tu lui choppes le ballon telle une gamine qui veut le provoquer.

─ parfois je joue même pas. juste je me pose sans rien faire et ça fait tellement de bien. j'le préfère comme ça le terrain. vide, sans bruits, plus paisible. même si l'ambiance de match est cool aussi. ─ t'as découvert un de mes refuges. parce que l'étoile de la kirkland peut être souvent occupé, c'est bien d'avoir une antre de paix #2. ─ laisse moi juger par moi même de si t'es aussi nulle avec un ballon qu'au tir de carabine. souvenir de notre soirée à la fête foraine. le point départ de notre relation d'amitié. elle essaye de s'emparer du ballon en m'prenant au dépourvu. elle y arrive mais c'est la chance du débutant. ─ ehhh reviens là ! et je lui cours après, la rattrape et la bloque pour le récupérer sans trop de mal. mes mouvements d'esquives l'empêche d'avoir l'emprise. ─ la clé c'est l'anticipation. que je glisse avant de lever ma main assez haut pour qu'elle ne l'atteigne pas.

tu peux comprendre son plaisir à être maître du terrain, sans personne aux alentours. c'est un peu le même sentiment, lorsque tu te plonges dans un livre dans un silence qui fait du bien. —je dois me sentir privilégiée, ou tout le monde le connait ce refuge ? parce que l'idée d'être la seule te plairait. tu ne peux t'empêcher de rigoler lorsqu'il fait référence à votre soirée à la fête foraine. là aussi il avait voulu t'initier à la carabine, et ça n'avait pas été très concluant. pour la peine, tu lui prends le ballon par surprise et tu t'enfuis comme une enfant. rires aux éclats, paniquée par sullivan qui te course pour le récupérer. — viens le chercher. cries-tu en courant sur le terrain sans te retourner. ça ne durera même pas une minute avant qu'il te rattrape et te bloque. — c'est pas du jeu, t'es plus grand que moi. tu tentes malgré tout de le récupérer, t'agrippant à son bras en faisant des bons pour l'atteindre, mais en vain. — tu pourrais être galant et me faciliter la tâche.

─ c'plus un refuge si tout le monde est au courant. dit-je en haussant les épaules. j'perdrais toute tranquillité, réconfort et l'but en ça est de justement en avoir. ─ ça dépend si ma mère compte mais sinon oui, tu peux. y'a quelques années en arrière, j'ai même pas eu à lui dire. elle l'a deviné toute seule. vrai fils à maman. j'peux rien lui cacher. cette femme qui m'a adopté et qui m'connait comme si elle m'avait fait de ses propres mains. ─ c'pas d'ma faute si on t'a fait manger moins de soupe que moi. la différence de taille avec loéva n'est pas énorme mais y'en a une quand même. elle râle, m'parle de galanterie et à l'entendre s'essouffler de plus en plus, je baisse mon bras finalement. trop facile comment je me laisse avoir. ─ si j'avais une adversaire comme toi, j'me laisserai perdre à chaque fois.

ton visage s'illumine lorsque tu en déduis que tu es l'une des seules à connaître son refuge. t'aimes te sentir privilégier, mais tu ne dis rien de plus pour ne pas te faire griller. même si en soit, ta réaction te grille d'office. tu te mets à courir comme une gamine sur le terrain. fière de lui avoir piquer le ballon sans qu'il s'y attende. mais ce sera que de courte durée. — ah-ah, très drôle. tu as eu déjà droit plus d'une fois à cette vanne de la soupe. après plusieurs tentatives de rattraper le ballon, il décide enfin de te faciliter la tâche. — parce que j'te fais de la peine ? demandes-tu à deux doigts de lui faire une moue. tu saisis le ballon désormais à portée de mains. — tu m'apprends à jouer ? histoire que tu ressortes plus tactique de cet affrontement.

─ mais tout ce qui est petit est mignon. que je précise suite à ma petite taquinerie sur sa taille. des phrases bateaux comme ça, j’en ai encore mais on va se stopper avant de devenir lourd. négatif de la tête. regard planté dans les siens. on s’est peu regardés dans les yeux comme on l’fait là. mots lâchés de but en blanc, sans aucun filtre. ─ parce que t’es hypnotisante. soupir échappé avant qu’elle me lance une requête. celle de l’initier au football américain. ─ tu veux m’piquer ma place dans l’équipe c’est ça l’plan ? il va falloir plus qu’aujourd’hui pour qu’elle soit au point par contre. du coup on se convient que ce sera le rendez vous hebdomadaire après nos trainings sur les prochains jours. pour mon plus grand plaisir et le sien.