Corps brulant. Détendu par la fraicheur de la fin de journée. Déjà dehors, le ciel se teinte d’un gris bleuté. Entre ses doigts, danse le joint. Il le fait rouler sans l’allumer. Inerte. Hésitant est l’ombre. Désireux de garder ses moyens. De ne pas laisser les vapeurs de la défonce l’assommer. Le dos marqué par le crâne, les orbes vides observent la silhouette allongée dans le lit. Sans la regarder, il devine sa posture. Allongée dans sa tenue d’Eve, l’ivoire souligné par ses draps. Ebène chevelure emmêlée. Preuve de leur ébat. De la folie des corps. Apocalypse. La leur. Mais malgré ça, sa tête reste remplie. Niché au cœur de sa poitrine, la désagréable sensation. Traque ridicule dont il ne se pare jamais. Lui qui se fou de tout. De l’avis des autres. Pourtant, il redoute. Impossible de nier ce qui se passe. Tournoie encore. Le bâton empoisonné. Défouloir émotionnel. Abandonne le brouhaha dans sa tête. L’envie de faire mieux. De faire un pas plutôt que reculer, mais il ne sait pas Scott. Comment faire. Carte en main sans savoir quoi en faire. Se tient immobile sur les ruines. Elles devient plus éparse.

émerge. au milieu des draps encore humides. de nous. doigts s’étirent, cherche le contact sans le trouver. comme un mauvais rêve, ouvre les yeux, découvre le vide. le creux que t’as laissé dans le lit. habitué à te voir trop souvent déserté, poitrine se sert en t’imaginant partir encore. affronter l’énième perte. toi, qui ne reste jamais longtemps. qui prend la sale habitude de te volatiliser quand tout va trop vite. que tout est trop fort. quand ça te dépasse. moment d’arrêt, palpitant effrayé. encore nue sous les draps, me redresse pour chercher n’importe quel tissus. ton t-shirt que j’enfile, abandonnant les lieux du crime passionnel. jardin d’eden. le corps encore épuisé de tes mains. avance dans la chambre, incertaine. jusqu’à ce que mes orbes retrouvent le tableau obscur. le regard mort dans ton dos. baie vitrée entrouverte, assez pour passer entre. derrière toi, cachée par ta stature, les bras enveloppent tes cotes lentement. paumes de mains se posent sur tes pectoraux. respire ton derme, soulage la peur encore battante. pulpeuses embrassent ton derme tiède. - j’pensais que tu t’étais barré.. reflet de notre histoire. la fuite perpétuelle, le rejet quand tout s’canalise au même endroit. coeur apeuré, toujours le même coupable. sur la pointe des pieds, lèvres qui effleurent ta nuque dans un sourire. trop vrai pour le retenir. - tu comptes l’regarder longtemps comme ça ? ce joint entre les doigts. éteint. comme toi à cet instant.

Let me be there

I can be, there 'til you're whole. you weren't touched by a man in so long
'Cause the last time, it was way too strong. ;;

Enlace son corps, les bras frêles. Surpris, il reprend doucement, le contrôle de son rythme cardiaque. De sa paume, il recouvre le dos de l’une de ses mains. Avale les mots représentatifs de leur relation. L’un avec l’autre, mais sans jamais l’être totalement. Les ombres qui se fuient. Se chassent. Cherche quelque chose d’inatteignable, mais sans jamais se contenter de ce qu’ils ont. « Je t’ai dit que j’restais la nuit. » Sur ses avants bras, le poil se dresse, traversé par le frisson. Sa nuque garde encore, le fantôme de ses lèvres. « Ouais. Faut croire qu’il aime être maté. » Ironie sans vie. Ne déclenche même pas l’humour. Serrant sa main dans la sienne, il tire doucement dessus. La lève pour en embrasser l’ivoire tiède. «Dimanche soir, j’suis sortie dans un bar.. » Fixe l’horizon. Garde la position pour ne pas croiser son regard. « J’y allais pour avoir des informations sur un type qui loue un entrepôt sur les quais à mon vieux.. » Plonge d’une traite dans l’eau sombre. Sans savoir ce qu’il va rencontrer.

prunelles accrochées à ton profil, trop loin pour happer ton regard. celui que tu caches dans un horizon abstrait, insignifiant. et j’l’a vois pas, cette guerre dans ta tête. j’suis pas prête pour les aveux qui l’a torpille. l’ivresse fait encore effet, la sensation d’planer au-dessus d’tout ces grattes-ciels. sevrer d’nos peines, dopamine sature encore les veines. talons qui se posent au sol, se contente de cette tendresse inhabituelle. ta main dans la mienne, comme une pause dans le chaos acharné. joue qui se repose contre ton dos, serre plus fort tes doigts entremêlés. - j’sais pas, t’es imprévisible.. et, c’est trop beau pour l’croire. comme si on avait pas l’droit à la paix. serenité endommagée, à attendre les tornades comme si elles étaient forcées d’tout saccager. pas l’même timbre de voix qui résonne à tes lèvres, la raison l’entend mais l’coeur veut l’ignorer. baiser qui arrache un frisson. tiraillée entre deux eaux. pouce et index capture un bout de peau qu’ils pincent doucement. inanimé, robotique quand les mots sortent sans cohérence. du mal à capter, l’encéphale se remet en activité. assimile les révélations trop soudaines. visage que je garde collé à ton derme. - c’est en rapport avec ton père ? tu cherchais quoi là bas ? l’incompréhension. l’flou. trop de questions qui remontent et pas assez d’infos.

Let me be there

I can be, there 'til you're whole. you weren't touched by a man in so long
'Cause the last time, it was way too strong. ;;

Imprévisible. Tempête dans ses mouvements. Le caractère lunatique que le ciel lui avait conféré, le faisait paraitre comme tel. C’est peut-être pour ça, qu’il était attiré par les femmes au tempérament tempétueux. Instable. « J’suis pas l’seul à l’être. » Le sourire qui apparait sur ses lèvres, ne fait pas disparaitre la boule dans son estomac. Présente, elle continue de grossir. De tirer sur chaque organe. Pincement. L’éloigne de sa caboche trop encombré. De la torture qui se joue de lui en faisant s’éterniser le silence. Toujours dos à lui, il pourrait presque sentir les battements de la brune. Pulsant tambourinant contre son derme. Transmet sa crainte à ses neurones. Ne fait qu’amplifier l’inquiétude. « Non. » Inspire silencieusement. Saute. « Sur l’père d’Ollie. Il a disparu et récemment on a découvert que le signal d’son portable émettait dans un des entrepôts. » Déblatère les mots. Fausse lenteur entre chaque parole. Il fait mine d’être calme, mais à l’intérieur, la boule fait des rebonds. Déchire les membranes. « J’voulais aller voir si j’pouvais entendre des trucs. Dans son bar. » Omet de parler d’Ollie. Garde le supplice pour la faim. Profite de l’étreinte de ses bras. De sa chaleur.

alliage explosif. entre feu et glace. combat meurtrier entre deux forces bruts. sauvages blessures. en attente, secousses de ta respiration fait trembler ta carcasse. ressens l’echo de ton coeur bourdonner à travers tes murailles de chaire. sème l’inquiétude jusqu’à ce que tes mots glissent de tes lèvres. douleur lente, agonie que tu fais durer au fil de l’histoire. main qui lâche la tienne, sensation du noeud au milieu de la gorge. le contact rompu, me détache de toi, recule d’un pas. acidité des déclarations se mêle à la salive, pendant que le coeur, lui, dérive. aveu frappe, met à terre. penche la tête en arrière, les orbes qui s’illuminent d’une clarté cadavérique. vers le ciel, cherche un repentit. soupire, détourne ta silhouette pour accrocher les doigts à la rambarde gelée. rire qui n’en est pas un, nervosité reflétée par le pouce qui tapote le fer inconsciemment. - juste d’la baise hein.. hoche la tête. fatal compte rendu, retrouve les mots, les messages, les doutes. - j’connaissais pas ton petit côté altruiste, serviable.. attentionné. jamais avec moi. toujours pour les autres. palpitant meurtri, fracasse la poitrine. bulles d’eau dans les yeux, les azurs luisent d’un liquide qui picote les rétines. la brise accroît la sensation, le sourire s’efface pour ne laisser qu’une grimace amère. détourne le regard, tristesse qui s’enterre dans les traits. - au point d’aller t’mettre en danger pour elle et ses histoires d’merde ! constat douloureux. elle compte. plus que c’que t’avais prétendu. respiration lourde, l’envie de tout casser contenu fébrilement. - y’a autre chose ou c’est tout c’que t’avais à m’dire ? essaye de canaliser les émotions. celles qui se reverbent que trop sur le visage. me retourne, te fait face à moitié. l’amer déception m’empêche de trouver tes yeux. - si c’est tout, prends tes putains d’affaires et casses toi d’chez moi. agressivité dans les ongles qui grattent le fer.

Let me be there

I can be, there 'til you're whole. you weren't touched by a man in so long
'Cause the last time, it was way too strong. ;;

Silence. Parait éternel. Glacial. L’air attaque son derme quand de lui, elle s’éloigne. Solitude du corps. Près de lui, elle se positionne. Enroule le fer forgé de ses doigts. Cordes vocales vibres d’un rire sans vie. Le poignarde bien plus que des mots. S’ouvre devant lui, le champ de bataille. Reculé dans sa tranchée. En première ligne d’une guerre sans fin. Il attend qu’elle lance le premier tir. Ne tarde pas à raisonner dans la grisaille de cette fin de journée. Sa peine à elle, s’insinue dans les failles de son âme. Imagine elle-même les raisons. Façonne sa propre vérité sans entendre la sienne. Sans lui accorder ne serait-ce qu’une chance. Le passé encore trop vif. Reconstruire sur des ruines, mais ne jamais réussir à construire un seul bloc de béton. Le profil en offrande à son regard assassin, il finit pourtant par la regarder. Tente de tempérer la colère qui cherche à le décimer. A l’emporter. « T’écoute pas c’que j’te dis ? C’mon père qui loue à c’type. J’ai pas envie qu’ça nous retombe sur l’coin de la gueule. » Vérité. La seconde, c’est que oui, il voulait aider Ollie. Comme si la participation involontaire de sa famille paternelle, le rendait coupable. Soupire. Se frotte les yeux entre le pouce et l’index. « Non. » Reprend contenance l’ombre. Déplie sa carcasse pour se tourner pleinement face à elle. « J’vais pas m’casser. Tu vas m’écouter jusqu’au bout. M’faire confiance. Parce que si c’que tu veux, c’est que j’sois honnête avec toi, t’vas devoir m’écouter. M’laisser une chance. » Tirade épuisante. « Nous laisser une chance. » L’égo qui ricane devant l’ombre qui se met à genou. Essaie d’écraser l’autre. Le Scott qui tente d’être sincère. De se faire violence. D’accepter de s’ouvrir. « J’ai croisé Ollie là-bas. J’savais pas qu’elle y serait. Je l’ai fait sortir du bar pour l’empêcher d’faire une connerie. » Se replace de profil, mais dos à la rambarde cette fois. « J’pouvais pas m’barrer et la laisser dans c’te merde. J’peux pas partir et laisser quelqu’un prendre le risque d’se faire buter ou pire. » Elle l’avait vu ce côté-là. Le soir de la soirée mondaine. Avec son père. Et s’il s’était montré raisonnable, c’est parce qu’elle le lui avait demandé. Ou plutôt supplier du regard pour être exacte.

même scénario qui s’dessine. retrace les vestiges d’un passé aux spectres encore lancinants. revois les mêmes dérives, celle d’autrefois. où t’es tombé dans le vice d’une autre, nous laissant sur le carreau. me laissant m’noyer dans une affliction insupportable. la peur, d’te voir recommencer encore. jouer encore. essayer d’autres bras que les miens jusqu’à c’que tu t’en lasses. jusqu’à c’que j’te revienne comme une sale camée. comme si j’avais jamais souffert, jamais passé mes nuits à te pleurer. à te hurler dans mes maudits cauchemars. la crainte de revivre encore, ce même putain d’schema qui se répète. le coeur s’emmure, mécanisme de défense. pour ne pas récolter d’autres plaies. d’autres tortures. lui, qui aime démesurément. secoue la tête, n’entends rien d’autres que les voix qui capturent la tête. le harcèle des mêmes appels à la condamnation. « non ». explose entre tes lippes, retiens l’attention. toi, qui d’habitude aurait déjà claqué la porte, appuyé là où ça fait mal. toi, qui serait déjà partit avant, laissant les peines derrière toi. le regard qui se soulève, te sonde. mots qui bouscule, entrave la colère déjà battante. sourire mort sur les lèvres. - évidemment.. elle était là. abandonne la barre de fer. frissons hérisse le derme, l’air frais parcourt la peau dénudée à moitié. - tu comptes accourir à chaque fois qu’elle va chialer ? tu comptes la suivre jusqu’où ? le ton aux allures calmes cache la tempête. - regarde moi putain ! s’élève la voix. en une demie seconde, j’me retrouve face à toi, les doigts emprisonnent ta mâchoire. te force à te mêler à mes yeux. tornade dans les gestes, font échos aux émotions en combustion. - c’est pas elle qu’t’es censé sauver. c’est moi. c’est nous ! les phalanges blanchissent dans la pression de mes doigts. - et moi.. j’compte pas te regarder jouer les agents secrets à la con pour une d’tes chiennes. serpentine trempée dans l’acide, les doigts relâchent doucement l’étreinte. te libère lentement pour me rapprocher entièrement de toi. te faire barrage contre cette rambarde. - j’compte pas t’laisser m’foutre en l’air encore une fois.. les océans agités. entre colère et détresse. luisent plus forts, les souvenirs du mal qui les traversent. tête contre tête, tente de tenir encore debout. me détache, de toi. recule de deux pas en arrière. - si tu l’as baisé, dis le moi. j’veux l’apprendre d’ta bouche.. fuyante. corps tremble, croisent les bras contre la poitrine. cache les battements d’appréhension, palpitant anticipe la déception.

Let me be there

I can be, there 'til you're whole. you weren't touched by a man in so long
'Cause the last time, it was way too strong. ;;

Le calme en apparence, mais sa voix vibre d’une colère contenue. Imagine le scénario dans sa tête. Elle délaissée. Une autre mise en avant. Elle redoute le joueur Lena. Il le sait. Lui-même le redoute. L’impossible contrôle. C’est tellement plus simple de jouer. De fuir les responsabilités. De s’enfoncer dans l’immaturité plutôt que d’assumer ce qui nous tiraille. D’affronter les sentiments. Ceux qui ont le pouvoir de vous détruire. De vous faire vivre. Elle est tout ça à la fois Lena. Son cauchemar comme son rêve. De sa main, elle encadre sa mâchoire. Serre fort jusqu’à ce qu’il ressente une tension. Empli l’atmosphère de sa frustration. De son désespoir. Les azurs devenues aigues-marines. Entre vert et bleu. Tempête océan dans les iris. Se prend la vague en pleine face. La peur qui l’assaille elle, le clou au sol lui. Il ne dit plus rien. N’essaie même pas d’argumenter. Se mure à la place dans un silence inconfortable. Arrachée à lui, il ressent encore la pression de ses doigts. Bras croisés. Tentent de l’affronter. « Je l’ai pas baisé. » Voix rauque. Articule difficilement. Silencieux, s’avance vers elle. Les pieds nus sur le balcon. La brise effleure son torse dénudé. A sa hauteur, il arrive. De sa large paume, dénoue ses bras. Maintient l’une de ses mains pour tirer doucement dessus. L’amener à lui. Avale la beauté de ses traits à elle, d’un regard. « Tu crois que je t’aurais raconté tout ça, si je l’avais fait ? »Du pouce, il caresse les lignes de sa main. Imite le motif.

attends le sacrifice. l’inconscient imagine tes lèvres livrer le pire. attends le poignard qui tranchera les espoirs en deux. fais le vite. murmure le coeur silencieux. la faute, attendue comme une évidence. le silence perdure, paraît interminable sous tes lèvres scellées. en apnée, le cerveau déconnectée, oublie même de respirer. jusqu’à ce que tu parles. inspire trop brusquement, l’temps de réaliser. d’reecouter ta voix dans ma tête. paume chaude couvre la peau, délie mes bras pour chercher ma main. traîne des pieds jusqu’à toi, dépose les armes peu à peu devant la brèche. l’une des rares que tu m’offres. celle qui laisse naître ton vrai toi, celui auquel je m’accroche. quelque part. quand personne ne comprend pourquoi. les bleutées s’éclaircissent, trouve la douceur des tiennes. ressens la sincérité dans ton vert bouteille. détaille les tâches de filaments sombres. l’envie d’y arriver. à tout rebâtir. jalousie qui grogne encore mais, l’espoir tape plus fort. - me mens jamais. même si tu cèdes un jour, même si tu m’perds.. j’voudrais savoir pourquoi j’pars. pense au pire plutôt que d’penser au meilleur. routine pessimiste. corps qui vient se blottir contre le tient, visage qui se niche dans ta nuque. - j’flippe.. t’imagines pas à quel point. regard dans l’vide. traumatismes qui vivent encore. sûrement qu’tu sais, qu’tu vis pareil. - c’que t’as dit dans l’motel.. c’était vrai. et, j’ai peur que tu fasses la même.. pulpeuses collées au creux de ta clavicule. seuls les yeux dépassent de ton épaule. - coucher avec une autre parce que c’est l’meilleur moyen de m’faire m’éloigner d’toi. ta technique. ta manière de faire. faire mal avant d’avoir mal. sans nous laisser d’chance de survivre. de s’accorder le bonheur. bras qui s’enroulent autour de ta taille, les paumes qui se plaquent à ton dos. - j’te jure.. j’ai tellement peur. répète encore. les mots fluides, coeur devient bavard.

Let me be there

I can be, there 'til you're whole. you weren't touched by a man in so long
'Cause the last time, it was way too strong. ;;