ONE DRINK, TWO HEARTS.
@Mina Beth Moriarty & @S. Manny Ferrer
TW : alcools

N

ouvel hôtel. Énième bar. Ce sont sans le moindre doute aucun les endroits préférés de Mina, qui s’y trouve déjà assise, sur l’un des tabourets. Inutile de s’imaginer qu’elle est ici pour faire quoi que ce soit d’autre que de boire et tandis qu’elle songe à la chambre qu’elle partage avec son amie Lilia, elle se saisit de sa bière locale, pour en avaler une gorgée à même la bouteille. Elle a toujours détesté l’idée de la transvaser dans un verre alors qu’elle en perd sa fraicheur. Quand elle le peut, elle l’évite et depuis qu’elle est en Amérique du Sud, elle se sent pousser des ailes. Ou alors, Wendy déteint bien trop sûr elle puisque, véritablement, la brune se moque du fait qu’elle puisse ennuyer qui que ce soit. Ce sont ses choix, qui priment et c’est ainsi qu’elle désire se délecter de sa boisson ambrée. Ce à quoi elle ne s’attendait pas, en revanche, c’est qu’on l’accoste audit bar. Ce brun, elle ne le connait pas et alors qu’il s’adresse à elle - c’est ce qu’elle confirme en regardant autour d’elle - elle le laisse continuer sa phrase, attendant sa chute. Est-ce qu’elle s’ennuie à ce Summer Express bien qu’elle ne fasse pas la compétition ? Elle pourrait répondre que oui, afin d’aller dans son sens, sans même envisager de lui souffler la vérité. « Non. Pas tant que ça. » Elle lui répond en conséquence, puisqu’elle s’en moque en vérité. La brune est, pour la plupart du temps, blasée. C’est du moins ainsi qu’elle aime se montrer face à autrui, et cela, depuis une bonne décennie. « Pourquoi est-ce que tu te fais autant chier ? » Elle n’y va pas de mains mortes, entre immédiatement dans le vif du sujet tandis que son regard émeraude s’ancre dans le sien. « Le whisky pour un mec seul, ce n’est pas un cliché ? » Bien qu’il ne semble pas bien âgé. Le fait est que ça et le cocktail de James Bond, c’est tout ce que commande ceux qui se pensent être des hommes, des vrais, alors que les jeunes préfèrent la bière et les cocktails. Où sont passés ceux qui sont plus raffinés et s’abreuvent d’un bon verre de vin rouge ? Le costume de James Bond ne va pas à tout le monde, mais l’intégralité des hommes, pensant pouvoir le porter, s’imagine également que les femmes, ils peuvent toutes les faire tomber dans leur filet.

M

ina n’a pas l’habitude d’être ainsi accosté. Sans doute parce qu’elle ne joue pas le jeu, en général, dans lequel la gent masculine souhaite l’entraîner. Cela a dû se savoir, avec le bouche-à-oreille rapide, qu’il y a partout, notamment à l’université. Mais ici, ils sont au Summer Express, et même si elle se doute qu’il ne s’agit pas d’un local, il est clair que celui-ci ne fait plus partie des étudiants. Sûrement à cause de ce whisky entre ses mains. Cet air in tantinet mélancolique aussi, qui ne va pas aux étudiants. Alors, la brune lui répond que non, elle ne s’ennuie pas ici et puis, elle lui retourne son interrogation, mais voudrait savoir pourquoi, lui, semble se faire fermement chier ici, selon ses dires. Ceci avant qu’elle ne lui souffle que le whisky, quand on est un mec seul, ainsi, c’est cliché et à son rire, elle ne peut s’en empêcher, d’esquisser un sourire. « Hm… » Elle pince ses lèvres et incline sa tête, sur son côté droit, puis le détaille durant quelques secondes. « Oui, je crois que tu l’es. » La brune rit de plus belle et quand il énonce le fait qu’il ne puisse pas aimer la bière, une grimace naît sur son visage. « Impossible. Les personnes qui n’aiment pas la bière, ça ne peut pas exister. » Elle est catégorique, Mina. Avec le nombreux choix qu’il y a, qu’elles soient allemandes ou bien anglaises avec toutes ses variantes, il est mathématiquement improbable qu’il n’y en ait pas une qui ne lui corresponde. « Je suis sûre que tu aimes ça. Ou on trouvera celle qui te conviendra. » C’est en quelque sorte une promesse et tandis qu’ils se mettent à boire tous deux, elle l’interroge du regard à sa question, quand il s’explique, puisqu’elle ne savait pas à quoi il faisait allusion. « La plage. Le soleil. La chaleur. Les alcools. Les ami.es. Peut-être réellement s’ennuyer ici ? » Elle regarde autour d’eux et ajoute : « De plus, il y a toujours un roman qui est censé se trouver dans notre valise, afin que l’on profite réellement des vacances. C’est le moment idéale afin de se prélasser tout en bouquinant, ou l’inverse, comme tu préfères. » Faisant signe au barman, elle lui demande de quoi grignoter, quand, elle dit à l’intention du "cliché" : « Tu veux manger quelque chose, toi aussi ? On partage ? » Peut-être que ce soit, il s’ennuiera moins ferme, à ses côtés. Qui sait.

M

ina ment. Ce n’est pas nouveau chez elle, ceci dit. Ici, en Amérique du Sud, elle s’ennuie bien plus qu’elle ne le confie à cet inconnu et en même temps, pourquoi lui dirait-elle la vérité ? Ils ne se connaissent pas et à sa manière de l’aborder, elle se doute qu’elle n’est que l’une de ses proies potentielles. Monsieur ne doit pas désirer finir la nuit seul et la brune, même si elle le trouve très beau, n’est pas intéressée. Elle était bien, ici, à déprimer. Son verre de bière face à elle, prête à s’enivrer. De plus, elle lui souffle qu’il est cliché, sans nul doute pour aisément s’en débarrasser. Mais encore une fois, en réalité, elle n’a rien contre les hommes s’abreuvant d’un délicieux whisky, elle-même adore cet alcool, surtout lorsqu’il se trouve âgé. Mais elle lui préfère la bière, pour ne pas avoir à souffrir d’une atroce migraine demain matin, à s’en rouler par terre ou encore, à s’en frapper la tête contre le mur. Le fait est que lui ne semble pas les aimer, mais la brune reste persuader qu’ils finiront par trouver celle qu’il va apprécier. « C’est que tu ne te rends pas aux bons endroits. » Elle réplique, approchant son verre sur le comptoir. « Déjà, il n’y a pas énormément de mousse. Cela dépend de la manière dont on te la serre, en réalité. Il faut incliner le verre pour éviter d’avoir de la mousse. » Elle est incollable sur le sujet, l’anglaise. « Ceci dit, tu as raison sur un point. Quand on en boit, on file rapidement aux toilettes. » Elle ne peut le nier, Mina puisque c’est purement et simplement la réalité. Et quand il l’interroge sur ce qu’il y a à faire afin de ne pas s’ennuyer, la brune répond un mélange de classiques qu’on lui a déjà soufflé ou qu’elle a entendu, au fil des années. Encore une fois, la reine des mensonges a parlé, toutefois, son passage sur les romans, est une vérité. Mina ne part jamais sans au minimum un livre dans ses bagages et elle a déjà terminé le premier qu’elle a apporté. Mourant de faim, désireuse de faire autre chose qu'uniquement boire, elle propose à l’inconnu de grignoter quelque chose avec elle, et se demande soudainement la raison qui fait qu’elle ne souhaite plus se retrouver seule. Peut-être que cela la pèse, en définitive. « Je ne sais pas. » Elle hausse des épaules et soupir. « Je ne sais pas ce qu’ils ont ici. » Après tout, il s’agit d’un bar, alors ce sera sans doute quelque chose s’apparentant à des cacahuètes. « Je ne m’attends pas à grand-chose. Je veux dire, c’est simplement pour avaler quelque chose, je n’ai rien dans le ventre. » Se tortillant les doigts, elle ajoute, en signe de confession, tête baissée : « Et tu n’es pas cliché, je… Je voulais rester seule ce soir, seulement, il faut croire que ça ne me convient pas. » Elle n’ose pas affronter son regard, Mina. « Et très sincèrement, je ne pensais pas que je m’ennuierais autant, à ce Summer Express ou Camp. C’est ma première année ici et je m’attendais réellement à mieux. » Son aveu soufflé, elle redresse le visage et interpelle le barman : « Excusez-moi, qu'y a-t-il, à grignoter, ici ? »

B

esoin de solitude et de broyer du noir. Du moins, c’est ce qu’elle s’imaginait Mina. Elle ne s’est jamais sentie aussi seule qu’ici, dans ce pays qu’elle ne connait pas. L’Amérique du Sud ne lui vend en rien du rêve et c’est on ne peut plus normal, puisqu’ils ne sont pas ensemble. Ils ne se voient pas et ça la blesse, Mina. Elle voudrait au moins le rencontrer, le débusqué, mais rien depuis le début de ce satané Summer express. À croire qu’ils ne se tomberont jamais dessus, que c’est joué d’avance, comme si la destinée l’avait souhaité. Une bière face à elle, l’étudiante est persuadée qu’elle ne pourrait pas s’ennuyer davantage qu’ici, maintenant, quand une âme charitable vient à sa rencontre. Et malgré le fait qu’il la sauve quelque part, elle énonce mensonge sur mensonge, afin qu’on la laisse tranquille. C’est sans doute, on ne peut plus idiot, mais elle voudrait pouvoir continuer à souffrir en silence, de se sentir seule. Mais c’est très con, puisqu’elle ne fait que du mal, en agissant ainsi. C’est sans conteste pour cette raison qu’elle lui avoue la vérité. Elle ne le trouve pas clicher et oui, elle se fait assurément chier. Lorsqu’elle lui explique pour la manière dont on doit servir une bière, elle se dit que c’est décidément un homme du genre qu’on a pourri et gâté, puisqu’il ne veut pas savoir comment faire les choses. Mais à quoi bon ajouter quoi que ce soit à ce propos ? Il n’est pas serveur et se fiche de connaître la manière dont on doit incliner un verre pour servir une bière bien fraîche, sans qu’il n’y ait trop de mousse. Elle ne réagit pas à son hochement de tête, se contente de lui proposer quelque chose à grignoter, car rien dans le ventre et ce dernier commence à se manifester. Alors, elle interroge le serveur et tandis qu’il lui répond dans un espagnol dont elle ne capte pas l’intégralité, il demande des tapas, fissa, en sortant sa carte bleue pour clôturer le sujet. Une sorte d’ordre qui passe bien quand on possède de l’argent, mais elle ne pipera mot, la brune, puisque cela l’arrange, son choix. « Tapas, superbe idée. » Elle approuve, lui offre un sourire et à sa question, elle pousse un soupir. « Je n’ai pas eu envie de visiter. » Elle s’est plutôt échinée à faire les étages des hôtels, afin de tomber sur Hélios, ce qui n’est pas arrivé. « Je suis, j’erre quand on s’arrête à un lieu. » Elle hausse des épaules, sa mine arborant un masque de tristesse à présent. « Et toi, tu fais quoi ? Tu es à Harvard depuis longtemps ? » Elle doit rendre le change, l’écouter, parce qu’elle a la sensation de trop parler, se dévoiler.