L’univers est fade, ici. Multiples saveurs pourtant, dans ce cerveau trop dynamique pour n’accueillir qu’une seule sensation à la fois. L’assiette est colorée, mais tout est fade. Les épices sont absentes, le goût n’y est pas. Tu tapes un croc, dans toute celle que tu trouves pour trouver la bonne. Le bon assaisonnement. Celui qui t’feras refaire la même recette pendant des années, sans même te soucier de toutes les autres à côtés. Tu butines sans jamais rien trouver. A la recherche de ton poivre parfait. Elle, ce matin, une nouvelle assiette à déguster pour ne pas y trouver ton gout souhaité. Rencontrée au bord de la piscine, aux aurores. Le regard de biche, les cheveux de Raiponce. Un téléphone échangé pour finalement tenter de se capter dans l’après-midi, le numéro de ta chambre donnée, si naïvement. La réalité : elle vient te donner ta serviette oubliée sur ton transat à côté du sien. Vulgaire échange de tissus au détour d’une chambre. Quelques phrases disposées pour tenter de discuter : qu’elles sont ses projets pour la soirée ? Ça pourrait bien être toi et elle, à l’horizontal sur la serviette, non ? Les mots sont déconcentrés, quelqu’un toque à cette porte. Est-ce que c’est le moment où on va te virer de cette compétition et que tu dois dire adieu aux piscines parfaites ? C’est Raiponce qui ouvre à ta place, la plus proche de la porte. Silhouette de Twiggy qui se dessine dans l’encadrement, tes yeux fixés, la bouche immobilisée, un instant. Heu.. ? La grimace sur ton visage est presque trop visible. Qu’est ce que tu fais là ? T’es perdu toi. La grande blonde continue de sourire, bêtement.

goût doux et amer sur la langue. émotions qui lui brûlaient le bide tellement tout ça n’avait pas de sens. l’envie d’aller toquer à la porte, l’envie juste de se barrer dans sa chambre. mais twiggy avait ( b e s o i n ) de savoir. parce que la gamine allait nourrir son encéphale d’illusion et de cauchemar. à se dire que connaitre la vérité maintenant serait moins humiliant que l’imaginer dans ses pensées. et maintenant qu’ils se retrouvaient tous les trois dans cette pièce, elle se sentait un peu stupide. « je dérange quelque chose peut-être ? » que l’ingénue questionne avec une douceur presque trompeuse dans la voix. le danger teintant chacun de ses mots. regard perçant qui détaillait la jeune femme de la tête au pied dans l’espoir d’y déceler ce que cette inconnue avait plus « que elle ». plongée dans cette maladie compulsive de toujours se comparer aux autres. de se comparer à mieux. parce que twiggy savait qu’il y avait plus belle, plus intelligente que-elle. et le pire dans tout ça c’est que twiggy ne pouvait pas l’avoir ( l u i ) elle le savait la gamine. qu’elle n’avait aucun droit. qu’il était aussi libre de ses actions que elle.qu’il pouvait faire tout ce qu’il voulait, et rencontrer toutes les pétasses du monde. pourtant dès que ses opales se posaient dans les siennes son cœur battait à mille dans sa poitrine. de ce sentiment incertain presque trop complexe qui lui emplissait le palpitant. surtout quand il s’agissait de rafael juarez. l’unique personne qu’elle arrivait à détester et à aimer à la fois. et pourtant ils étaient là à s’observer un peu connement, comme les deux abroutis qu’ils étaient. « j’étais venu t’encourager pour la compétition mais je vois que quelqu’un s’en charge déjà à ma place » qu’elle se sentait néanmoins obligée de souligner face au silence gênant qui s’était installé, toisant de toute sa hauteur les deux ombres. espérant secrètement que l’inconnue se proposerait de s’en aller.

@Rafael Juàrez

Le regard est perdu et l’allure en dit long : tu ne comprends rien. Le système est planté et l’erreur est remontée trop loin dans les fusibles. Pourquoi elle est là Twiggy ? Ses traits fins qui font se déformer aux piqures de moustiques et ses cheveux qui vont devenir paille avec l’eau calcaire de ce pays de fou. Le regard est perdu sur elle est l’espace d’un rare instant, le cerveau s’est éteint. L’activité est réduite à zéro. Ce sont ses mots qui te rattrapent, quand ses billes se plantent sur toi. Est-ce qu’elle est venue t’étriper ? Est-ce que t’es entrain de rêver ? T’as peut-être encore pris un truc trop fort sans t’en rendre compte et t’es entrain d’halluciner. Tu jettes un regard à madame serviette qui ne sait plus où se mettre. Son regard de détresse et ses mots qui n’osent pas sortir. Ha elle ? Nan elle est venue m’apporter ma serviette que j’ai oublié ce matin à la piscine. Tu te rapproches de Raiponce, les phalanges qui attrapent le coton tissé. Regarde y’a la tâche de café de quand j’men suis servie comme nappe sur la plage. Le doigt pointé sur le coin brunâtre. Mais pourquoi t’es là ? T’as pas compris encore.

c'était bizarre de parler comme si l'inconnue était invisible. alors qu'au yeux de twiggy , cette dernière était justement un peu trop ( visible ) à son goût avec son maquillage immaculé et son bronzage digne d'une poupée. elle l'aimait pas, c'était physique. plus qu'une sensation qu'elle était incapable d'expliquer.  sourire presque sincère qui s'étirait sur les commissures de ses lèvres. ouai c'était clairement le genre de rafael de pas prendre soin de ses affaires. de toutes ses affaires .  "bah j'viens de t'le dire je suis venue te voir pour t'encourager. mais si t'as pas besoin de mes encouragements je peux repartir" qu'elle susurre d'une moue faussement désolée. passant une mèche rebelle derrière son oreille parce qu'elle ne savait pas trop quoi faire d'autre. "mais bon si la dame de la piscine t'a ramené ta serviette elle a accompli sa mission non?" qu'elle offre le ton de l'évidence qui appuyait chacun de ses mots alors qu'elle observait à nouveau la femme qui se tenait à coté d'elle. twiggy aurait pu se sentir indignée par son propre comportement mais elle ne l'était pas. parce que son encéphale lui jouait des tours. parce que s'ils séjournaient dans le même hotel il y avait cette règle implicite qui se mettait en place: aucun des deux à le droit de baiser sous le même toit. sinon ça serait trop gênant. parce que l'équilibre mental de la gamine oscillait dangereusement en fonction de son humeur. et que là elle voyait déjà le ciel gris et les orages réapparaitre au dessus ça tête. signe maussade qu'elle retombait dans sa déprime. vielle amie qui continuait à se cacher dans son ombre.

@Rafael Juàrez