Forêt immense, verdure splendide, paysage à couper le souffle, queue de cheval, casque sur le haut de la tête, tenue adéquate pour cette partie de paintball. Tu ne sais pas dans quoi tu t'es embarqué Julia, parce que soyons honnête, tu ne sais absolument pas viser, mais ton esprit de compétition entre rapidement en jeu. Deux groupes, une victoire, t'as pas eu le temps de voir les visages, trop concentrée sur les instructions. L'occasion de t'adonner à ce genre de divertissement ne se présente pas toujours à toi, mais tu as bien aimé le concept dans cette forêt. Ceci dit, si ton groupe encaisse le fiasco de l'année, ce sera forcément de ta faute. Ils vous laissent le temps de vous placer, de trouver la cachette du siècle et donner le feu vert. Toi, tu sembles avoir trouvé ton bonheur derrière cet arbre. Cachette du siècle, mh Julia ? Non parce que là, tu crains. Et pour preuve, tu reçois une bille de peinture précisément dans le dos. Sursaut et surtout douleur. — Aïeuuuuuuh !!! Cri qui échappe à ton contrôle, main qui masse instinctivement la partie endolorie. Tu contournes rapidement l'arbre pour échapper à une autre bille. — Je ne sais pas qui t'es, mais prends garde à toi ! T'es ma cible et je ne vais pas te lâcher ! Hurles à travers les bois tandis que tu cours vers une autre cachette sans pour autant quitter ta cible du regard. Glissée dans la peau d'un tireur d'élite, enfin c'est ce que tu penses, alors qu'en réalité, tu fais n'importe quoi à mal viser.

engin chargé. bonhomme équipé de la tête aux pieds. me voilà fin prêt à débuter cette séance de paintball. de toutes les activités qui sont proposés durant ce summer camp, c'est l'une des rares à avoir capté mon attention. et pour cause. faut pas me lâcher avec un fusil et l'autorisation de tirer sur tout ce qui bouge. équipe ou pas équipe, je vais en dégommer plus d'un. le but n'est pas de marquer des points, c'est de tirer dans le tas. c'est pas malsain. enfin pas trop. j'y vois là une façon de me défouler mais ce n'est pas la seule raison de ma présence ici. la deuxième s'appelle julia. oh toi julia. douce julia. si je suis là, armé jusqu'aux dents, prêt à tout ravager, c'est aussi à cause de toi. j'estime mériter une explication et je ne te lâcherais pas tant que je ne l'aurais pas. t'es ma proie aujourd'hui. mon objectif à atteindre et crois moi, j'obtiendrais cette discussion de gré ou de force. t'es repérable à des kilomètres avec ta silhouette et ta queue de cheval. le psychopathe en moi se met en chasse. je commence la traque jusqu'à ce que tu apparaisses dans mon viseur. sourire derrière ce masque. en joue. je tire le premier. tu échappes au deuxième tir. je me cache aussi derrière un arme. je sais à quel point tu peux être redoutable quand tu t'y mets. « c'est la guerre que tu cherches, steiner ? » ma tête sort de sa cachette pour te voir courir. un rire s'échappe de mes lèvres. ce genre de jeu m'amuse au plus haut point. c'est pas bien. « t'as une dernière volonté avant que j'te dégomme ? »  je cours à mon tour pour trouver un meilleur spot. t'es agile. tu arrives à te faufiler derrière n'importe quel arbre, c'est pas mon cas putain.

Tu sais impunément que la vie n'est qu'un jeu et que le passé ressurgit toujours pour vous rappeler le côté sombre de votre existence. Côté sombre que vous tentiez d'ailleurs d'étouffer. Lueur de surprise se lisant sur ton visage, sourcil haussé à la prononciation de ton nom de famille. Cachée derrière cet arbre, il semblerait que ta cible en connaisse un rayon sur toi. Il ne s'agit pas d'un ex puisque t'en as jamais eu dans le passé. — Alors comme ça, on se connaît ? Oreilles tendues avalant ironiquement sa menace. Tu le sens, cette petite pointe d'arrogance dans sa voix. Ce timbre de voix propre à lui-même, il n'y a que lui. Plutôt beau garçon, personne n'aurait dit le contraire, car il avait ce truc, qui le rendait très sexy et certainement aux yeux d'autres femmes. Mais toi, toi Julia, toi ? Tu n'étais pas du genre à te laisser impressionner. — Tu devrais plutôt te la poser, cette question... Ne termines pas ta phrase, tête qui penche légèrement sur le côté et regard qui le suit. Identité révélée. Comme tu t'en doutais forcément. — Venancio. Le rictus au coin de la lèvre, ta curiosité l'emporte sur le reste et l'envie irrésistible de le dégommer avant qu'il ne le fasse en premier te tente plus que tout à cet instant. — Tu sais que tu n'es pas très discret là ? Paroles suivit d'un sourire narquois t'arrachant un léger rire. Charge alors ton arme pour arroser le garçon jusqu'à ce qu'une bille le touche enfin à l'épaule. — Trouve-toi une autre cible ! Parce que la Julia d'avant, la sans cœur, celle qui a coupé les ponts du jour au lendemain sans aucun remords, n'en n'est pas fière aujourd'hui. Venin aussitôt craché, tu cours rapidement vers une autre cachette, moins exposée et surtout voulant lui échapper.

quelle mauvaise idée de me lâcher en pleine nature avec un fusil de paintball. je ne vais certainement pas faire de gros dégât mais y'a une chance plutôt énorme pour que je pète un câble. c'est le genre de truc qui ne réveille pas que du bon en moi. loin de là. je me mets en chasse de ma proie. de toi. te trouver n'a pas été compliqué. les équipes ne sont pas grandes. j'ignore d'ailleurs si tu fais parti de la mienne ou non mais ce détail n'a absolument pas son importance. je veux mon explication et tu vas me la donner. j'ai quelques pistes qui pourraient expliquer ton silence mais je veux l'entendre de vive voix. « t'en fais pas pour moi, ça fait longtemps que j'nai plus aucune dernière volonté » âme égarée. errant sans but précis. je n'attends plus rien de la vie. comme si elle n'avait plus rien à me donner. à m'offrir. mes parents sont parti avec mon âme. je ne survis que pour ma soeur. le reste n'est qu'éphémère. qu'illusion. sourire pervers sur mes lèvres quand tu me reconnais. mon nom de famille fait écho dans la forêt. enfin tu me reconnais. « ouais j'sais, pas d'ma faute si y'a que des petits arbres ici » je ne peux pas m'empêcher de rire avec toi. je dois dépasser de l'arbre. forcément, t'as de grandes chance de me toucher. c'est à l'épaule. j'ai un mouvement de recul et un « putain » s'échappe de mes lèvres. je profite qu'elle bouge pour faire de même. je change d'arbre pour en choisir un, un peu plus gros. mes yeux se posent sur la peinture bleue sur ma combinaison. « t'es la cible à abattre aujourd'hui, steiner » je me prends une nouvelle bille dans le mollet. la vache. j'étais tellement focus sur toi que je n'ai pas vu l'autre gars arriver. viseur dans sa direction, j'attends le bon moment pour tirer. l'enchaîner. le faire partir. et quand il n'est plus là, je me retourne. toi non plus tu n'es plus là. merde. « tu peux te cacher autant qu'tu veux steiner, tu ne m'échapperas pas. pas cette fois. » hors de question que tu ne m'échappes une seconde fois. mon instinct primaire en alerte, je me fais plus discret que jamais. je contourne l'endroit où tu étais. je te traque, analysant le moindre bruit. et quand enfin tu apparais dans mon champ de vision. je m'abaisse légèrement. mes pas sont discrets. j'arrive derrière toi, à quelques mètres. tu ne m'as pas vu. l'envie est trop forte. j'appuie sur la détente pour te toucher et me réfugie derrière un arbre qui me cache entièrement cette fois. « t'es disposée à parler ou faut que j'te mette la misère avant ? » que je te demande en rigolant.

Âme errante comme tu l'as été autrefois, lorsqu'il t’est apparu, si exquisément pure, tu as tout de suite été attirée par son âme torturée. Et tu regrettes maintenant, de n'avoir pensé qu'à toi, d'avoir enfoui son image, en ton âme, de l'avoir sûrement laissé souffrir en silence. Lorsque que tu le regardes là, tes révoltes d’autrefois, te reviennent, toi qui détestes vivre avec des remords. — Âme errante, je suppose ? Pourquoi ? Pourquoi abandonner si jeune ? Pourquoi ne mets-tu pas toutes tes forces à trouver l'bout du Tunnel ? Pourquoi ne te déteste-t-il pas ? Tu es celle qui est tombée sous le charme d'un autre pourtant, tu es celle qui est tombée amoureuse confusément et follement avec le meilleur de ton être. Tu es celle qui l'a abandonné, qui a coupé les ponts comme s'il n'avait jamais existé... Alors pourquoi ne te déteste-t-il pas ? Pourquoi continue-t-il de te sourire, de rire avec toi, alors que t'as agi comme une pauvre garce agirait ? — Il y a pourtant meilleure cible, si tu prenais la peine de regarder autour de toi... Parce que là, c'est clair qu'il n'a yeux que pour toi. Tu le sais, Julia, ce qu'il veut, ce qu'il cherche et tu n'as pas envie d'en dire plus. Alors tu fuis, tu fuis comme toujours. N’est-ce pas merveilleux, tout ce que la vie renferme de paradoxal, d’ironique ? T'as jamais été douée pour les explications. — Tu ne m'auras pas, Hebert. La dentition qui mord légèrement ta lèvre, retrouve autrefois cette complicité et te rappelle pourquoi tu t'entendais si bien avec lui. Ce jeu de chat et souris auquel vous aimiez bien vous adonner lorsque vous couchiez ensemble. Et alors que tu pensais avoir été discrète, d'avoir trouvé la meilleure des cachettes, une bille vient se loger au creux de tes fesses, un nouveau cri surgit, ce coup-là, il fait très mal. — T'as fait exprès de viser là avoue ! Tu sais bien qu'il kiffait tes fesses, ils kiffent tous cette partie et tu ne comprends pas pourquoi d'ailleurs. — Ok c'est bon, on fait une trêve ! Lève les mains en l'air pour lui prouver ta bonne volonté, pas qui réduisent la distance et bonhomme qui se laisse imprudemment approché. Ne jamais faire confiance à une renarde. Sourire qui s'élargit. — Je t'ai eu Venancio ! Stoppes tes pas et charge à nouveau ton arme, cette fois, tu vises son ventre, mais évidemment, c'est entre ses jambes que la bille décide de frapper. Aoutch, ça fait super mal ça. Tes yeux qui s'écarquillent, visage grimaçant, une mine désolé se lit quand même sur tes traits. Pour cela que tu prends la fuite, que tu cours, loin, rire qui pompe tes poumons. Tu t'éloignes encore plus du campement de jeu. Cherche un endroit où te cacher.

sujet sensible julia. beaucoup trop sensible. ne t'embarque pas là dedans avec moi. c'est jamais une bonne idée. j'ai pas envie d'expliquer pourquoi la vie n'a plus de sens pour moi. pourquoi, en dépit de tous les efforts que je peux fournir, je suis une cause perdue. pas maintenant et encore moins à toi qui m'a tourné le dos. «  et il ressemble à quoi le bout du tunnel mh ? donne moi une bonne raison de ne pas abandonner » une seule bonne raison qui pourrait me redonner goût à la vie. foi en mon existence. il n'y en a aucune. la culpabilité me ronge à petit feu. détruisant tout ce qui a de bon en moi. évidemment qu'il y a des meilleures cibles que toi mais elles ne m'intéressent pas. pas cette fois. j'ai l'intention d'obtenir ce que je suis venu chercher et, si tu ne l'as pas compris encore, je n'abandonnerai pas. « on sait tous les deux pourquoi j'te traque alors crache le morceau » plus vite tu assumeras le passé et plus vite tu te débarrasseras de moi. t'en as ma parole, julia. une explication et je m'éclipse aussi vite que tu l'as fait y'a peu. à trop être focus sur toi, je me fais avoir par un autre joueur. mon mollet est touché. je me venge et retrouve ta trace. même s'il y a un but derrière tout ça, je m'amuse beaucoup. te suivre. te traquer. ça doit alimenter mon côté malsain parce que je jubile de ce petit jeu. et quand j'arrive enfin à te retrouver, je te tire dessus. « à ton avis ! » évidemment que je l'ai fait exprès. j'ai peut-être un peu minimisé la douleur parce que lorsque je reçois une bille dans les couilles. je douille. je me suis fait avoir comme un bleu. aveuglé par mes réponses, elle m'a prit en traitre. « mais quelle salope » je râle vulgairement. me tenant les parties. je rigole ironiquement. vraiment je suis con. et quand je reprends mes esprits, tu n'es plus là. disparu la julia. je te vois courir au loin. t'aimes ça que je te cours après en fait. jeu malsain. brebis qui m'échappe une nouvelle fois. je grogne. ce n'est pas mon genre d'abandonner mais t'es coriace. c'est quoi ce truc si horrible que je t'ai fait pour que me fuis comme la peste. langue qui humidifie mes lèvres. je te regarde courir au loin. tu joues ta vie à me fuir. à m'échapper. pourtant j'en ai besoin de ces explications. je trace. ne prends pas le même chemin que toi. je fais un détour. je te contourne. quelques minutes de courses pour arriver là où je voulais. je suis dans ton dos, tu ne m'as pas vu. pas encore. je dois faire vite alors je me précipite vers toi. mes bras se déploient et t'encerclent, t'empêchent de bouger. « fini de jouer ! » ma respiration est forte, tu m'as fait courir. première fois que je cours derrière toi. une fois, pas deux. je ressers mon emprise pour pas que tu te débattes trop fort. « pourquoi tu m'as ghosté steiner ? réponds moi et j'te laisse partir. t'entendra plus jamais parler de moi mais j'veux une réponse » t'as été l'une des rares à faire parti de mon cercle proche. j'ai baissé quelques barrières, j'estime avoir le droit à une explication. tu peux me mentir, m'en tape. je prendrais ce que tu me diras mais il m'en faut une. et après on s'étonne que je ne fasse confiance à personne.

Julia la garce, a laissé place à Julia la mature. Julia la grandit. Julia la moins garce. Julia la changée. Il veut une bonne raison de ne pas abandonner, mais es-tu réellement la bonne personne à lui dire de ne pas le faire, quand toi-même, tu ne vois plus ce bout de tunnel ? Que lui dire, que lui servir de mensonges ? La vie est simplement une chienne et tu le sais, mais tu ne peux pas t'empêcher de positiver, parce que c'est tout ce qu'il reste. — Une bonne raison ? Ta sœur ? Tes proches ? Ceux qui comptent encore sur toi ? Et puis... Un jour, qui sait, un mini toi ? Celui ou celle qui portera ton nom, qui te fera laisser une trace dans ce monde ? Tes rêves enfouis, ceux que tu penses qu'ils ne se réaliseront jamais, mais viendras un jour où t'en seras tout étonné, où la vie te sourira à nouveau, où tes maux disparaîtront. Vie pour laisser ta marque Venancio ! Laisse parler ton cœur, parce que c'est comme ça que vous en viendrez à bout, en gardant un tout petit espoir. En ne voyant pas que les mauvais côtés. En restant positif et en acceptant toutes les erreurs, les mauvais choix, qu'on puisse faire. Cette insulte, tu l'as bien mérité, pas de ta faute si t'es maladroite, si tu ne sais pas viser, si tu ne sais pas tenir une arme correctement. Le rire te prend aux tripes et tu cours, tu t'éloignes de sa silhouette en pensant que tu peux le semer. Que t'es plus rapide, mais la réalité te rattrape. Il te chope, te garde dans ses bras avec force. Immobilisée, incapable de bouger et tu as beau te débattre, tu ne fais pas le poids face à cette force musculaire. Alors t'arrêtes de lutter. Laisse tes bras retomber le long de ton corps. Tu sais bien qu'il cherche des réponses et qu'il les veut à tout prix. Soupire. Paupières qui se ferment. — Qu'est-ce que ça changera ? Si ce n'est l'obliger à te détester ? À détester la fille que tu étais. — J'ai été une belle garce avec toi. Mon passé me hante tous les jours, celle que j'étais veut à tout prix sortir de l'ombre et je ne veux pas, je ne veux pas la laisser ressurgir, elle n'apporte rien de bon... Mais ce n'est pas vraiment les réponses qu'il cherche et ça t'embête de le lui dire cash. — Je t'ai ghosté parce que je ne pensais qu'à moi. À ce que je ressentais pour cet autre homme, il n'y avait plus de place pour toi. Je suis tombée amoureuse et je n'aurais pas dû. Voilà, c'est dit. Cette garce que tu étais n'avait pas de cœur, tu l'as sûrement fait souffrir et toi, tu ne pensais qu'à toi. Pour ça que tu comprendrais qu'il te méprise aujourd'hui. — Je n'en suis pas fière... C'est peut-être trop tard, mais je le regrette et je suis désolée... Voix à peine audible, excuses sincères. Il peut s'éloigner de toi maintenant qu'il a eu des réponses.

yeux qui se plissent lorsque tu évoques ma petite soeur. je me redresse. sur la défensive. tu sais à quel point c'est un sujet sensible pour moi. heureusement que tu n'épilogues pas. tu l'évoques juste sans aller plus loin. tu me parles de famille, de bébé, de petite amie. je te regarde d'un air désabusé. tu me fais quoi là ? « tu t'épuises pour que dalle. c'est réservé aux autres ça. rien ne disparaitra, j'suis bloqué ici avec mes maux. » je n'ai plus aucun espoir. six ans se sont écoulés depuis la mort de mes parents et tout ce que j'ai réussi à faire, c'est devenir un putain de boderline ingérable. l'instabilité rythme ma vie. rien n'a de sens. je m'accroche à la seule chose qui m'apporte un tant soit peu de stabilité, ma soeur, en sachant pertinemment qu'elle va disparaitre de ma vie un jour. tu me tires dans les couilles puis te barres en rigolant. j'attends que la douleur passe puis me remets en chasse. la tension monte. je commence à perdre patience. je te retrouve. cette traque va prendre fin maintenant. j'arrive dans ton dos et te capture. mes bras te bloquent. mes muscles se contractent pour t'empêcher de bouger. de me faire mal. de t'enfuir de nouveau. t'es au pied du mur. obligée de te livrer et me donner une explication. « j'suis pas ghosté moi. j'pensais pas que tu m'ferais ça. un message aurait suffit » que je te retourne avant que tu ne te lances dans des explications qui ne font clairement pas plaisir. tu me parles de ce mec dont t'es tombée amoureuse. t'en as rien eu à foutre de ma gueule. tu m'as nexté d'une sale manière, sans prendre la peine de me prévenir. j'aurais compris tu sais, julia. mes bras te lâchent. t'es libre de tes mouvements à présent. tu t'excuses. je soupire et me recule d'un pas. je ressens cette dualité dont tu me parles. cette fille que tu as été et que tu n'es plus ? « donc là t'es en couple et tu vis ta best life ? » mon arme le long du corps, je ne suis pas sur la défensive. j'ai juste envie de comprendre. « tu regrettes vraiment ? j'ten veux julia, en vrai jt'en veux beaucoup. tu t'en ai peut-être pas rendu compte mais j'laisse pas n'importe qui devenir une régulière. j'pensais qu'il y avait un minimum de respect ou de complicité entre nous pour qu'tu m'préviennes avant d'te barrer. j'taurais pas fait d'crise. j'taurais laissé partir sans faire d'histoire » peut-être même qu'on aurait pu rester amis. moi je t'estime mais visiblement je suis le seul.

—  Rien n'est réellement impossible, tout peut arriver lorsqu'on ne s'y attend le moins. Ça peut prendre le temps qu'il faudra. C'est ce que tu te répètes tous les jours lorsque t'ouvres les yeux aux premiers rayons de soleil. Tu t'en persuades, te mens à toi-même pour toujours garder la face. Personne n'a encore véritablement connu le fond de toi, peut-être une ou deux personnes, ceux qui te connaissent mieux que ton ombre et ils ne sont pas nombreux. Tu n'as aucune excuse pour ce que tu lui as fait, la manière dont tu lui as tourné le dos, et c'est pour cela que tu comprends sa réaction, pour cela que tu ne lui en veux pas, quand bien même il t'avoue tout ce qu'il a sous le cœur. T'as vraiment été une belle connasse et tu t'en rends compte encore plus maintenant. Face à ta propre vérité. Face aux mots cruels que tu emploies. Il te lâche et tu baisses la tête, joue avec les plies de ta combinaison. Retire ton casque parce que tu es en train d'étouffer en dessous. Parce que ce n'est pas facile d'avouer que tu as été une pure et simple garce sans cœur. — J'pensais pas une seconde que je me laisserais séduire par un homme au point de lui donner ce que j'ai de plus précieux. Ton cœur. Et ça t'a rendue encore plus dingue. Jules avait peut-être raison sur le fait que tu devenais chelou une fois amoureuse. Peut-être que ça ne te réussit pas finalement et que t'es mieux sans hommes. — Je ne suis pas en couple, ça n'a pas marché et j'pense même que c'était déjà voué à l'échec. Qu'il n'était pas fait pour moi et qu'aucun homme ne l'est visiblement. Une éternelle solitaire, voilà ta vraie nature Julia et peut-être que ce n'est pas plus mal. — Celle qui partageait tes draps avait tout sauf de la compassion, alors elle a réussi à te berner, comme tous les autres. Jusqu'à ce qu'elle se fasse berner à son tour. Et cette histoire m'a donné une belle leçon, m'a fait prendre conscience de beaucoup de choses. J'ai changé, tu sais, j'ai enterré cette garce au plus profond de mon être et ce n'est pas dans mes plans de la laisser reprendre le dessus. Il paraît qu'on récolte ce que l'on sème. T'as fait du mal et t'as été récompensé en retour. Retire l'élastique de tes cheveux pour qu'ils retombent sur tes épaules. Tu prends place au pied de cet arbre et pose ton arme sur l'herbe fraîche. — Allez, vas-y t'as cinq minutes pour jubiler. Je le mérite tellement. Juste cinq minutes avant que je ne dégaine de nouveau mon arme pour te dégommer. Petit rire qui s'estompe machinalement, n'osant plus lever les prunelles vers sa silhouette. Te livre davantage, mis en confiance par votre complicité encore présente étonnement, les traits saillants de regrets. Oui, tu le regrettes sincèrement, Julia.

mouvement de recul. un pas en arrière. m'éloigner de toi. échapper de cette proximité. je me doutais bien du fond du problème. j'avais besoin de l'entendre. maintenant que c'est fait, je ne sais pas quoi en penser. tu m'as lâché pour un mec qui n'a visiblement pas été à la hauteur de tes attentes. je ne sais pas ce qui est le pire dans cette histoire. ce qui fait le plus pitié. toi ou moi. tu retires ton casque. je garde le mien. te mets à nu dans tes paroles. yeux qui se plissent en découvrant la vérité. tu n'es pas en couple et tu te dénigres. je pourrais être désolé pour toi mais je ne le suis pas. je t'écoute dans le plus grand des silences. j'entends chacun de tes mots. tu parles de changement. tu n'es plus cette fille là. plus la même julia. dommage. je l'appréciais bien cette julia la. tu m'accordes cinq minutes pour jubiler. tu t'assois même dans l'herbe. je te regarde de haut. tu m'as l'air sincère. t'as joué avec ma gueule mais pour le nombre de fois où moi je l'ai fait avec d'autres, je ne peux pas trop me permettre d'être hypocrite. « j'vais certainement pas t'plaindre julia. t'as eu que c'que tu méritais. pourquoi tu t'es lancé avec c'gars si tu savais d'avance que ça allait foirer. t'as foncé droit dans l'mur. j'pari que j'suis pas l'seul à qui t'as tourné l'dos ? » haussement d'épaule. « t'as plus qu'à faire comme moi. tu t'blindes et tu laisses personne t'approcher » ça me réussi plus ou moins. mon coeur est blindé. entouré de béton armé. « t'as d'la chance d'être canon » je m'approche de toi et te tends la main pour t'aider à te relever. « j'veux pas t'voir te lamenter. t'es une putain de battante alors maintenant tu reprends ton arme et on reprend cette partie. » contre toute attente, je ne m'énerve pas. pas une once de colère. la rancoeur était là mais maintenant que j'ai l'explication, je comprends mieux. mon égo a été touché mais tu l'es visiblement plus que moi. avec le temps, je me suis attaché à toi. je tolère de toi bien plus que les autres. et dans le fond, je suis content de te revoir. en souvenir du bon vieux temps.