le monde, la foule et le bruit que toute cette cohue provoque, les rues de boston grouillent, le soleil brûle ta rétine. à trop vouloir faire comme si tout allait bien tu t’mets en danger, le souvenir bien trop présent d’une soirée qui avait tourné au drame il y a pas plus d’une semaine. les symptômes toujours présents malgré l’fait que tu t’répètes sans arrêt qu’tout va bien.
accroupie dans une ruelle, évitant qu’ton humeur massacrante n’éclate au grand jour. les maux d’tête, l’impression qu’tout les sons sont décuplés, qu’le soleil s’est transformé en projecteur hyper puissant juste là pour te brûler la rétine, puis enfin l’manque de sommeil. toutes ces choses qui s’accumulaient depuis l’accident, prouvant qu’inversement à c’que tu racontais à tes amis pour les rassurer, tout n’allait pas bien.
les genoux contre ta poitrine, les yeux fermés, les mains plaquées contre tes oreilles afin de t’isoler du vacarme, d’arriver à te calmer un cours instant. juste le temps d’pouvoir rentrer chez toi, te mettre à l’abri, dans le silence, le noir.
pourtant rien n’y faisait, la douleur ne passait pas, l’énervement provoqué par la fatigue associée à la sensibilité largement amplifiée non plus. t’pouvais pourtant pas rester ici, fallait que t’ailles te mettre à l’abri du peuple, à l’écart, loin d’tout où juste le calme pourrait peut-être t’apaiser.
au fond d’ton petit sac porté en bandoulière, la carte d’une interne en médecine qui s’était occupée d’toi à l’hôpital le soir du drame. elle avait bien compris que t’étais pas du genre à t’apitoyer sur ton sort, que si tu t’écoutais seulement tu reprendrais une vie totalement normale sans prendre le temps d’te reposer. c’était clairement c’que tu faisais.
le téléphone dans une main, la carte de visite dans l’autre tu composais le numéro, la tonalité qui résonnait au bout du fil tapait dans ton oreille comme si le marteau frappait l’enclume, comme si on t’sonnait les cloches directement dans ton oreille. tu grimaçais, éloignant ton téléphone un peu d’ton visage afin d’atténuer le bruit.
finalement, elle avait répondu, tu lui avais alors expliqué à quel point les maux de tête étaient devenus invalidants, à quel point tu avais la sensation que tout ton corps était paralysée par la douleur, elle avait pris possession d’ton corps sur tout le long d’tes nerfs, du bout des doigts jusqu’aux orteils. impossible de bouger, tu restais prostrées dans la même position. se rendant compte de l’urgence dans laquelle tu te trouvais, étant alors proche de son lieu de travail, elle avait décidé de venir elle-même et rien qu’ça suffisait à te soulager. tu n’étais pas seule. même en éloignant tout tes proches, évitant le sentiment de culpabilité ressenti lorsque tu les voyais s’inquiéter à ton sujet.

Help, I'm feeling down
with @Molly Nakdaeng and @Thea Lockhart
warning : effondrement, crise d'angoisse.
16.04.2023 City Center

Thea n’a jamais su vraiment d’où lui vient l’envie d’être présent pour les gens et de les aider à travers l’exercice de la médecine, mais c’est quelque chose de profondément ancré en elle. Preuve en est qu’elle s’apprête à sortir de l’hôpital quand elle reçoit un appel d’un numéro inconnu. Si elle hésite une seconde à répondre, elle le fait finalement et écoute attentivement ce que la jeune femme à à lui dire. Elle se rappelle vaguement lui avoir donné son numéro de téléphone plus tôt dans la semaine - chose qu’elle sait qu’elle ne devrait pas faire mais certaines patients la touchent plus que d’autres, c’est ainsi - et essaie de la rassurer autant que possible. Ce n’est pas évident, surtout à distance, mais puisqu’elle venait de finir son service, elle décide de la rejoindre. Ne prenant pas le temps de se changer, Thea récupère ses affaires dans son casier avant de prendre sa voiture jusqu’à l’endroit où la jeune Molly lui a dit qu’elle se trouvait. Elle se gare à proximité et attrape sa trousse de secours dans son sac, ainsi que ses écouteurs et son téléphone avant d’essayer de retrouver la jeune femme. “Molly ?” appelle-t-elle avant de la voir lui faire signe. Thea la rejoint à grandes enjambées et s’agenouille devant elle. “Je suis là, ça va aller, ok ?” dit-elle, en sortant son téléphone pour rapidement sélectionner des bruits blancs sur son téléphone. “Je vais te mettre mes écouteurs avec des bruits blancs. Ca va t’aider à gérer le bruit ambiant, déjà.” lui dit-elle attendant d’être certaine qu’elle est d’accord avant de mettre ses cheveux derrière son oreille et lui mettre chaque écouteur dans ses oreilles. Elle lance ensuite les bruits blancs dont elle augmente progressivement le son et maintient le regard de la jeune femme jusqu’à ce que la douleur semble se calmer. Elle attrape ensuite sa main pour la poser, de manière tout à fait décente, sur le haut de sa poitrine et l’inciter à respirer au même rythme qu’elle. Thea inspire sur quatre temps, prend une pause, et expire sur autant de temps, jusqu’à ce qu’elle voit la jeune femme commencer à se détendre. L’infirmière sait pertinemment que cela ne suffira pas et que Molly a besoin d’être examinée mais sa priorité est avant tout de la calmer, pour l’aider à supporter la douleur et la diminuer. Elle est insidieuse et se nourrit de la fatigue et panique des gens, ce qui a été prouvé scientifiquement. “Ca va aller, continue de respirer.” lui dit-elle, diminuant progressivement les bruits blancs jusqu’à ce qu’ils ne soient qu’un bruit de fond. “On ne bouge que quand t’es prête. Prends ton temps.” précise-t-elle, tenant à la ramener à l’hôpital pour qu’elle soit à nouveau examinée par un médecin. Elle a sans doute été libérée trop vite, et Thea ne peut s’empêcher de se demander combien de gens sont dans ce cas. Plus que la moyenne, c’est certain ; tout le monde a dû être traité dans l’urgence, malheureusement.

ne jamais montrer tes faiblesses, c’est ce que t’as appris au fur et à mesure que les années se sont écoulées. face à ton ex, si tu avais été faible tu aurais été détruite, tu le savais, ta force était ton caractère, celui d’une battante qui ne laissait quiconque ou quoi que ce soit l’atteindre. un peu trop obstinément, tu te répétais sans cesse que tu n’étais pas en sucre, que tout ce qui pouvait t’arriver ne te casserait pas. un peu trop certaine, un peu trop sûre de toi finalement.
à l’heure actuelle, à ce moment bien précis, tu t’en voulais de n’avoir parlé à personne de tout les symptômes post-commotionnes qui apparaissait au fur et à mesure que les jours défilaient. que peu de souvenir de tout ce qui avait pu se passer avant que l’on te trouve au sol, sous les décombres. amnésie rétrograde, c’est comme ça que ça s’appelle il paraît. les souvenirs étaient censés revenir pourtant toujours rien. pour pas inquiéter encore une fois, tu n’avais pas parlé de cette perte de mémoire, agissant de la façon la plus normale, tu te laissais aller à tout ces questionnements lorsque la solitude t’enveloppait.
la douleur était présente, le bruit qui perçait tes tympans, le soleil dont les rayons te brûlaient la rétine, la foule qui semblait se rapprocher toujours plus de toi, du mal à trouver ton air, du mal à contenir la rage, la colère dû au mal-être qui commençait à t’envahir. rapidement tu avais couru. les mains plaquées sous les oreilles, vers cette ruelle déserte et ombragée. quelques secondes pour calmer la grosse crise avant de réussir à composer le numéro de l’infirmière. plus qu’à l’attendre. recroquevillée, en boule, mains plaquées toujours contre tes oreilles, genoux repliés contre ton corps, le dos appuyé contre un mur de vieilles briques.
finalement une voix qui te sortait un peu de cette bulle dans laquelle tu t’étais enfermée afin de reprendre tout doucement possession de tes moyens, tes mains ne suffisant pourtant pas à réduire le bruit de la rue passant tout près de là où tu avais trouvé refuge. un visage connu, peu connu, mais connu quand même, apparaissait dans ton champs de vision. tu hochais doucement la tête à ses paroles. te laissant faire, encore haletante, toujours un peu de mal à respirer.
tu libérais tes oreilles afin que thea puisse y placer ses écouteurs, petit à petit, tu arrivais doucement à oublier ce qu’il se passait autour, à te concentrer sur les sons, le rythme. le regard toujours rivé vers l’infirmière, tu commençais à te détendre, tout doucement, elle pouvait l’apercevoir.
encore une fois, tu te laissais faire, étonnamment t’avais confiance en elle et pourtant tu n’l’avais rencontrée qu’une seule et unique fois. pourtant, pour la raison d’sa présence ici, en t’connaissant tout aussi peu, tu pouvais lui faire confiance.
tu t’concentrais sur ta respiration, sur les bruits blancs, associant les basses aux battements d’ton coeur. tu n’parlais pas, tu t’contentais juste de suivre tout c’qu’elle te disais de faire. finalement le bruit des alentours revenaient à tes oreilles, doucement, suffisamment pour t’habituer. pas totalement, enfin, juste le trouver un peu plus supportable que tout à l’heure.
 « — on peut contourner la foule.. ? » que tu demandais alors, redoutant plus encore ce moment.