Aveuglante est la lumière des projecteurs. La défonce qui imprègne ses veines n’arrange rien. Ne fait qu’accentuer la brulure sur ses rétines. Noierait presque ses sens. Alors, il s’en éloigne le brun. Regagne l’ombre. Elle qu’il connait si bien. Dans la foule, il jette un coup d’œil. Recherche ses collègues. Putain. Il a fallu qu’il s’éclipse cinq minutes pour aller pisser et voilà qu’il se retrouve orphelin. De sa poche, il s’apprêtait à dégainer son portable, mais son intuition lui murmure de lever les yeux. C’est là qu’il la voit. Lena. Foutu karma. Accoudé au bar. La silhouette aguicheuse en direction du barman. Etire ses lippes, un rictus narquois. Il sait qu’il ne devrait même pas s’approcher d’elle, mais il le fait. Il fend la foule. Atteint sa hantise. « Pour moi. » Sa voix forte couvre suffisamment le brouhaha pour se faire entendre. « Et tu me met la même chose. » Un billet tiré, il le glisse en direction de la main tendu, avant de finalement, s’accouder à son tour. Apposer ses émeraudes sur elle. « De rien. » Moqueur. Toujours la parole mauvaise. Il a parfaitement conscience de ce qu’il peut réveiller.

oublie le myocarde fracassé. laisse les brisures dégouliner encore, en silence. pousse à l’amnésie, éteint l’organe défectueux pour ne plus le ressentir. pour ne plus souffrir de l’échec. la déception. de l’amour perdu dans cette même image qui reste gravé à chaque fois que les paupières se ferment. oublie le reste, tout ce qui fait encore mal parfois. me force à avancer, à ne plus regarder en arrière. attendre l’interdît. me sevrer du venin dans un autre. dans ce bar aux allures rocheux, baroque. coudes sur le comptoir, sur la pointe des pieds, affiche un sourire mort. travaillé pour faire en sorte qu’il paraisse vrai. la vérité, c’est que tout est vide. mais ta voix, elle résonne. elle percute, elle foudroie sur place. fais trembler tout ce que j’ai essayé d’enfermer dans les profondeurs d’un esprit fragmenté. coeur qui se serre et regard qui se noircit en une fraction de seconde. le sourire se perd doucement, tourne doucement la tête en espérant que c’soit faux. qu’tu sois pas là. pas c’soir. pas ce foutu toi qui persiste à exister encore. retombe légèrement sur mes talons, l’estomac en vrac mais j’ai plus envie d’te montrer. que tu sais m’faire tituber. soupire, roule des yeux avant de détourner le regard. langue qui se pose sur mes canines. - on trinque à quoi ? que j’balance en récupérant le verre. le cerveau noyé dans l’alcool, je me retourne entièrement vers toi. - ton nouveau couple ? les mots brûlent les pulpeuses. l’agonie au fond de la cage thoracique balayée d’un sourire hypocrite. forcée.

Let me be there

I can be, there 'til you're whole. you weren't touched by a man in so long
'Cause the last time, it was way too strong. ;;

Il pourrait presque la percevoir. La raideur. Elle immobilise son corps. Le rend tendu. Et même dans ce bordel, il le capte son soupir. Celui qui fait rouler ses opalines. L’ovale tourné, elle pose son regard sur lui. Déclenche le soubresaut de son pulsant. Pointe douloureuse. Elle l’assaille. La serpentine qui caresse ses canines. Il en suit le mouvement. Sans jamais se départir de son sourire. Même quand –le verre en main-, elle use de sarcasme. Dans ses pupilles, nait un éclat. L’attrait amplifié. Il aurait pu faire demi-tour. Ne serait-ce que par raison, mais l’alcool, le pousse dans ses limites. Dans ses mauvais choix. Diable sur son épaule. Chuchote. « Tellement prévenante. » D’une main, il attrape son verre. Se penche vers elle pour trinquer avec douceur. Au milieu du tumulte, résonne le son cristallin. « A toi Lena. » Là, penché vers elle. Ses onyx pénètrent ses orbes devenues marines. « A ton incroyable perspicacité. » La raillerie fait vibre ses cordes vocales.

douleur permanente reste silencieuse. jusqu’à ce que tu viennes la réveiller. à chaque fois. comme si le ciel me refusait d’t’oublier. et bordel, j’en avais marre de prier. de supplier qu’on défasse les chaînes. qu’on m’libère enfin. d’toi. de ce nous qui n’existe même plus. croyances qui deviennent fébriles, personne m’entendait là haut. j’le vois c’soir, dans tes orbes qui s’mélangent à mes vagues. déchaînées. dans ton sourire, là, m’oblige à m’attarder sur tes lippes. celles qui ont changées d’goût, depuis qu’elles ont la saveur des siennes. l’envie d’gerber, d’tout fracasser. même toi et ta putain d’arrogance. tu t’approches, réduit l’oxygène, m’étouffe dans cette proximité. myocarde furieux, poitrine qui fait des bonds sous les pulsations devenues sauvages. carnage dans la tête. liquide qui tremble sous la secousse, n’y accorde même pas la moindre importance. foutue dans tes billes addictives. - toujours à moi scott.. minable fatalité. murmuré, le regard qui devient provoquant. insolent. m’approche encore un peu, assez pour te respirer. ce souffle aux effluves d’whisky. mince est la distance quand j’viens boire mon verre d’une traite. laisse le liquide glisser le long de mes lèvres, couler sur mon menton, goutte termine sa chute sur la naissance de mon décolleté. - merci pour le verre. va jouer ailleurs.

Les mots qui veulent dire autre chose. Son subconscient, avale leur écho. Garde une trace d’un instant qui n’est déjà plus. La distance réduite, elle s’approche. Le nargue de son regard capricieux. Exprime sa rage. Son défi. Quand d’une lampée, elle avale le contenu de son verre. Dégouline le liquide. Serpente sur son cou jusqu’à la naissance de sa poitrine. « T’aimais ça avant. » La stature redressée, il boit une gorgée. Puis, reprend la parole. « Jouer. » L’alcool s’insinue dans ses veines. Tournoie. Se mêle à la fume. Mauvais mélange. Contre le bar, il prend appuie. Termine son verre. Accumule la toxine. Augmente l’euphorie. Il a toujours fait de la merde Scott. Encore plus quand il perd les barrières qui limitent son instabilité. Sur le bar, il repose le verre. Fait tinter son matériau. Fait vivre un son qui finit étouffer par le bordel du bar.

te regarde. inlassablement. j’te demande d’te barrer mais j’en aucune envie ce soir. ce serait pourtant la meilleure solution, pour toi. pour moi. qu’on s’quitte une énième fois. mais j’ai aucun soupçon de bonne conscience là, juste des envies impulsives qui viennent cogner dans le cerveau. qui viennnent renverser c’maudit bon sens. tes mots se mêlent à la musique en fonds, arrache un rictus à mes lippes. les azurs qui s’animent, viennent prendre vie quand je me positionne en face de toi. bloque le passage, mes mains qui prennent appuis contre le bar de chaque côté. bras qui effleurent tes côtes, l’assurance qui prends l’dessus. - c’est ça qu’tu veux ?.. soufflé contre tes lèvres. le regard féroce planté dans l’tient. - que j’joue ? mordille ma lèvre dans un léger sourire. reprends le sérieux quand je laisse glisser ma jambe entre les tiennes. lentement. caresse tes cuisses lascivement. poitrine qui s’sent à l’étroit, y’a plus qu’toi qui existe. là. plus rien, plus personne d’autre. que toi que j’vois, tout devient lointain. mon visage à quelques centimètres, les yeux se perdent sur tes lèvres. trop proches, que je pourrais presque les sentir contre les miennes. en apnée, une poignée de secondes. genou qui remonte entre tes cuisses, appuie contre ton entrejambe. le désir brûlant dans les rétines. - t’assumerais pas scott. que j’viens souffler dans l’creux de l’oreille avant de décoller lentement mes doigts du bois. prends mon temps pour me détacher d’toi. réduire la pression que mon genou t’inflige.

Elle l’encercle. Lena. De chaque côté, ses mains prennent appuient. Sur ses lippes, la malice surgit. Frôlent ses côtes. Les bras de l’unseelie. L’adrénaline qui explose. Emballe son pouls. Pourtant, son visage n’exprime rien. Qu’une arrogante confiance. Il la voit. La flamme du jeu. Ranimer dans ses azurs. Le corps penché vers lui, ses pulpeuses murmurent le départ. Entre ses jambes, il sent le genou baladeur de la ténébreuse. Pression sanguine mise à mal. Elle augmente. Trop vite. Propulse en avant, un désir qu’il avait réussis à réprimer. Dans sa lèvre inférieure, se plante ses dents. Inonde sa vision. Fait naitre des souvenirs. La conscience -déjà presque détachée de son corps- est réduit à un mince filament. Le bruit se fait lointain. Il n’y a que sa voix qui lui parvient. Perce le brouillard cotonneux dans laquelle la défonce l’avait amenée. Lentement, il déglutit, alors que son genou appuie sur sa virilité. La martyrise. Elle le nargue Lena. Son souffle provocateur chuchote à son ouïe. Fière de son effet, elle rompt tout contact. Le laisse lui et son pulsant en souffrance. Une souffrance dont il se repait. S’en imprègne pour la transformer en une adrénaline plus forte. Mêlé à quelque chose d’autre. De la colère ? De la frustration ? Le bar délaissé, il pénètre son sillage. Dévie sa trajectoire pour marcher à sa hauteur. Séparer par quelques âmes. Disparaissant entre les visages, avant de réapparaitre. « C’est qui, qui assume pas ? » Sa voix railleuse questionne, alors qu’à présent, il est près d’elle. Attrape brusquement son poignet. La plie pour le bloquer derrière son dos. Lui qui à présent, la domine. Devient son ombre. « Tu sais plus jouer Lena. Tu veux faire la grande, mais tu maitrises rien. » La douceur inexistante, il la force à présent à se retourner. Mouvement sec. « La joueuse, aurait jamais fait son petit numéro au feu de camp. » La tête qui s’abaisse. « T’aurais rien montré. »

est-ce que l’jeu en vaut la chandelle ? non. jamais. la chandelle finira par tout cramer. on sait faire qu’ça pas vrai ? tout s’est toujours résumé à ça, hein ? éparpiller les cendres. mais le cerveau ne suit pas ce soir, ni lui ni la raison. seuls remparts à nos limites. à nos faiblesses. et moi, j’ai envie de fondre dedans. envie de te voir prisonnier d’mes flammes. d’savoir que tu danses encore dans mes brasiers. je te sens te raidir, contemple tes muscles se contracter. sens ta virilité se gonfler sous le poids d’une caresse prononcée. pousse le vice. encore. m’amuse de tes yeux, prends toute la saleté de place. celle que tu m’as enlevé. recule lentement, te laisse sur un goût d’inachevé. glisse hors de ta portée, à reculons, jusqu’à ce que les corps nous séparent. coeur encore affolé, en souffrance. ton parfum qui s’imprègne partout dans l’air que j’respire. qui chasse tout les autres, ne laisse que ta trace. jusqu’à ce que tu refasses surface. la surprise dans un sursaut avant de me canaliser. écoute ta voix, serre le poing du poignet pris au piège. je te sens contre moi. ferme les yeux. me rappelle ce soir là. toi et elle. j’te hais scott, j’te hais encore plus fort ce soir. tout est amplifié, tout me submerge. - je jouais pas. au feu d’camps. j’ai arrêté de jouer depuis trop longtemps. je tire sur mon bras, enroule le poignet pour te faire lâcher prise, attraper tes doigts que je viens poser contre ma hanche. me colle à toi, mes bras qui viennent se poser sur tes épaules. les doigts capturent ta nuque. - mais maintenant c’est différent. menteuse. toujours les mêmes putains d’sentiments. ongles qui s’enfoncent dans ta chaire, relève la tête pour te faire face. - j’suis guérie.. que j’laisse échapper, paraît trop sincère. parce que j’veux que t’y crois. j’ai plus envie d’être cette meuf minable qui s’accroche encore. - de toi. les yeux qui t’cherchent, brillent de l’éthanol. brillent d’mélancolie. de désir inassouvi.

Let me be there

I can be, there 'til you're whole. you weren't touched by a man in so long
'Cause the last time, it was way too strong. ;;

Non. Elle ne jouait pas. Lui non plus. Il a toujours donné l’image de celui qui s’amuse. Contrôle dans l’unique but de se jouer des autres, mais c’est faux. Toujours quand ça la concernait. La pensée l’égare et Lena en profite. Se débarrasse de son emprise. Le prend à son propre piège. Sa main capturée, elle l’appose de force sur sa hanche. Presse son corps. Resserre l’étreinte en posant ses deux bras de part et d’autre de ses épaules pour finisse par s’enrouler sur sa nuque. Les ongles plantés, elle lui distille son poison. Il pourrait presque la croire. Presque. Mais il y a quelque chose. Dans son regard. Assombrie par une haine qu’il sait existante, parce qu’elle ne vivrait pas sans les sentiments. Le désir. Il le ressent, alors même qu’elle est contre lui. Le souffle manquant, l’esprit s’égare pendant un bref instant. La paume de sa main levée, il caresse du pouce le haut de sa pommette. Frôle le dessous de son œil. « T’sais pas mentir Lena. » Puis, l’autre main levé, il la force cette fois, à écarter ses mains de sa nuque. Instaure une nouvelle distance. « T’as jamais su. »

t’as raison. j’sais pas mentir quand c’est toi. quand c’est tes yeux qui me sondent. qui distinguent le moindre éclat d’émotion. à force, on se connaît que trop bien, j’sais pas comment tricher avec toi. inspire doucement quand ton pouce s’abandonne à une caresse. douloureuse. vicieuse. et l’instant se rompt, tu m’forces à m’éloigner de toi. toujours le même scénario, se repousser pour se retrouver toujours. j’me laisse faire, recule un peu. - tu vois.. te fixe de loin. presque satisfaite. - j’t’ai dis que t’assumerais pas. le jeu. nous. moi. sourire qui fend les lèvres, les billes passent le long de ta silhouette lentement avant de remonter vers toi. - t’es pas un assez bon joueur. secoue légèrement la tête en haussant les épaules. passe près d’toi, frôle ton épaule et m’arrête à ta hauteur. - merci pour le verre. cynique. j’abandonne ton ombre, traçant un chemin entre la foule pour retrouver les toilettes. pousse la porte, m’adosse dessus et lève les yeux au ciel. réalise. que c’était toi. digère les envies encore vives. expire. et me décolle lentement pour retrouver mon reflet. fouiller dans mon sac un rouge à lèvres, glisse le bâton coloré sur mes lèvres. l’artificiel pour cacher le réel.

Let me be there

I can be, there 'til you're whole. you weren't touched by a man in so long
'Cause the last time, it was way too strong. ;;