13.03.23 • @Eleanor Wilshere | depuis le début du spring break, auquel tu ne te trouves pas pour des raisons financières, ce parc aquatique te fait de l'oeil. tu sais qu'il est présent que sur la durée des vacances de printemps et tu t'es dit que c'était forcément une bonne idée d'y emmener la gosse perdue avec toi, pour lui montrer que la vie n'est vraiment pas ce qu'elle a toujours connu. alors t'es sortie de ta chambre ce matin avec la ferme intention de lui faire vivre une journée de folie. t'as avalé ton café avant toute chose, puis t'es entrée dans son espace personnel avec toute la bonne humeur dont tu es capable de faire preuve depuis quelques temps maintenant. « allez bloody girl, on s'réveille, on prend une douche, on prépare un maillot de bain, une serviette et tout le bordel, on va au parc aquatique, et non t'as pas le choix ! » t'as un grand sourire en ouvrant ses volets, parce que tu sais quelle tête elle est en train de tirer avant même de te retourner.

13.03.23 • @Kahena Malacki | Quand j'y repense, c'est drôle. C'est drôle de voir à quel point ma vie a changé. Avant vivais avec une multitude d'hommes - paix à ton âme, Hellebore (promis, je reviendrai te voir bientôt) - qui, selon les jours, étaient plus ou moins cinglants, plus ou moins violents. Maintenant, je vis avec une jeune femme pimpante et qui, je pense, ne lèvera jamais la main sur moi. Avant, après quelques brèves heures de sommeil, j'échappais à ma vie tôt le matin, dégourdissant mes jambes au passage. Maintenant, il m'arrive de ne plus me réveiller aux aurores, de profiter de plusieurs longues heures de sommeil. Comme aujourd'hui. Et, pour la première fois de ma vie, c'est ta voix dynamique qui me tire pleinement de mes rêves - enfin, non. En réalité, j'ai sursauté en entendant la porte s'ouvrir. « Mmmmmh Kahena... » que je grommelle presque, frottant mon visage contre le doux oreiller que je lui emprunte depuis quelques semaines (mois) déjà. Mais je me redresse bien vite, même si j'ai besoin de me cacher les yeux un instant, avec tous ces rayons de lumière soudains. « Le parc aquatique...? Je me frotte les yeux quand une illumination me vient, a-attends, tu veux dire, ce gros truc qui a ouvert il y a peu ? » Ce grand espace que j'ai déjà aperçu lors de mes quelques balades dans Boston ? Duquel on pouvait entendre des cris, mais pas les cris de terreur ou de fureur auxquels j'ai pu être habituée ?

HJ:

c'est bizarre quand même, ce lien entre vous deux. la première fois, c'était froid et méfiant de part et d'autre, toutes deux prêtes à dégainer une arme pour la pointer sur l'autre. puis c'était face à un oiseau perdu et apeuré que tu t'es retrouvée au beau milieu du cimetière, dont le nid s'était retrouvé détruit, dont tous les repères s'étaient volatilisés. tu étais le dernier rempart. la dernière marque de son passé. unies par un symbole gravé sur la peau, unies sous le même toit, avec pour nouvelle mission de lui apprendre ce qu'est la vie hors de ce groupuscule, hors de la violence qui sommeille peu, ce qu'est la vie qu'elle aurait dû connaître. t'as pas toutes les clés mais tu fais de ton mieux pour lui donner les codes de la société "classique". et ça commence par ce réveil dynamique qui se veut bruyant pour marquer ta présence dans son sommeil. « j'aime bien quand on dit mon prénom mais pas comme ça. » humour claqué mais humour qui te convient bien. tu la regardes, le dos collé à la fenêtre, te donnant des airs de mirage avec le contre-jour qui se joue derrière toi. « ouais, ce gros truc avec des toboggans, des attractions, tout ça. » que tu répliques en cherchant sur ton téléphone les différentes activités possibles, avant de t'approcher en lui montrant l'écran. « tu vas découvrir ce que c'est de s'amuser comme le commun des mortels, ma p'tite Eleanor. » sourire en coin, tu sais que tu la sors de sa zone de confort, mais on apprend en pratiquant, non ?

13.03.23 • @Kahena Malacki | J'en ai appris et découvert, des choses, avec toi. J'en apprends et en découvre toujours au quotidien, d'ailleurs. Les recettes de cuisine, les promenades dans les rues de Boston ou en pleine nature, faire des courses dans un supermarché, la vie sans violence quotidienne, mais aussi... les allusions un peu coquines. Avec mon sommeil relativement léger et alerte, je crois même avoir... entendu... enfin bref, ta remarque fait chauffer mes joues et, dans une tentative de dissimuler cette espèce de, euh, gêne (?), je saisis l'oreiller et te le lance au visage. Seul truc auquel j'ai pensé pour ça. Focus, Eleanor. Des toboggans, huh ? Je m'assois en tailleur dans le lit et jette un œil à ton téléphone quand tu le présentes. Il y a des photos, quelques petites vidéos que tu lances en tapant dessus. « Ça a l'air génial ! » que je m'exclame après une courte vidéo et un bout de lecture. « Ce grand toboggan, là, que je dis en me permettant de scroller un peu plus haut, il fait vraiment plusieurs mètres de haut ? Il faut monter tout ça pour le faire ? » Il y a ce truc en moi qui commence à grimper. Une espèce de sensation étrange dans mes poignets, un truc qui fait accélérer les battements de mon cœur, une chose que je ne contrôle pas et qui étire mes lèvres dans un sourire que j'essaie de contenir. Puis, alors que je quitte me lit, je réalise, « Mais Kahena, je- je n'ai pas de maillot de bain. » Tu m'as fait découvrir ce qu'est le shopping - la majorité de mes affaires ayant brûlé dans l'incendie qui a ravagé la maison dans laquelle j'ai grandi -, et tu m'as montré ce qu'était un maillot de bain, mais nous n'avions rien acheté car il y en avait peu. Et car c'était l'hiver.

la gamine que tu as désormais sous ton toit ne connaissait rien de cette vie normale. les sorties, la sociabilisation avec le monde extérieur, l'amitié, le partage sans rien en retour. et tu essaies de la sortir de cette coquille dans laquelle elle a été forgée, de l'extirper de ce schéma qu'ils lui ont inculqué. le monde entier n'est pas un ennemi. le monde entier n'est pas mauvais. le danger n'est pas partout. ce n'est pas un mirage, il existe, mais pas à l'échelle qui lui a été fournie toute sa vie. tu lui apprends la vie qu'elle aurait dû connaître en dehors de ces murs. tu ris un peu quand elle t'envoie cet oreiller en pleine tronche, que tu gardes un instant avant de lui renvoyer. tu la laisses découvrir ce que l'écran de ton téléphone affiche au sujet de ce parc, la laisse s'extasier sur ces éléments festifs qu'elle n'a jamais pu voir ou fréquenter avant aujourd'hui. « ouais, il fait plusieurs mètres de haut et t'as un tas de marches à grimper pour y accéder. t'as un tas d'autres attractions aussi cool. » tu la vois la joie et l'excitation de la nouveauté qui se dessine sur son visage de poupée. tu ris doucement quand elle réalise qu'elle n'a pas de maillot de bain. « j'ai pensé à tout, t'as un paquet qui t'attend dans la salle de bain. tout beau, tout neuf, t'avais lorgné dessus une fois quand je faisais un panier sur shein. et il t'ira bien au teint dans la couleur que j'ai trouvée. » alors tu l'avais commandé dans son dos et tu l'avais reçu il y a quelques jours. « allez, va te préparer, je t'attends dans le salon. »