Tu as déjà acquiescé. Tu lui as déjà, en somme, promis cette fameuse clé qu'il quémande, donc... que reste-t-il à dire ? Tu souhaitais juste le prévenir qu'il n'y trouvera peut-être pas les mystères d'esthète qu'il espérait. Une nouvelle flamme vient embraser ton corps lorsqu'il inverse vos positions et tu patientes, docilement, qu'il accepte de te donner sa clé à lui. Tu la sentirais presque tomber dans ta paume, légère et métallique. Allez, Devon... laisse-toi aller. J'veux te voir perdre le contrôle.

Sa confession produit un drôle d'effet en toi... de l'attendrissement ? C'est pas souvent, que tu ressens ça. Mais là... les stalactites commencent à fondre, dans ce palais de glace.

— C'est pas grave, tu tentes de le rasséréner en passant tes doigts dans sa nuque. On peut y aller doucement.

Tant de générosité, de patience, Silver... ça ne te ressemble pas. Et pourtant, tu vois bien que Devon pourrait être le genre de mec qui te pousse dans tes retranchements. Il descend le long de ton décolleté, puis... soupire, semblant se vider de toute cette passion que tu sentais poindre. Hein ? Pourquoi "pas naturel" ? Parce que vous avez établi que vous étiez tous les deux d'accord pour vous ouvrir l'un à l'autre, d'une manière différente ? C'est quoi le problème là-dedans, n'est-ce pas ce que les adultes matures et réfléchis font ? Trouver des compromis ? Ça recommence à cogner dans ta poitrine, mais chaque battement toque désormais à la porte de ton anxiété.

Du recul. Il veut prendre du recul. Donc... ça sous-entend que même s'il est intéressé, il n'est pas prêt ? Tu ravales un de tes propres soupirs, car ta patience commence à s'échauder.

— J'sais pas quoi te dire.

La réponse sort dans un souffle à peine audible. Tu as l'impression de t'être offerte de toutes les manières possibles et pourtant... pourtant, on dirait que ce n'est toujours pas "assez".

— J'ignore à quoi t'as besoin de réfléchir, mais... moi, je suis là, ici, maintenant.

Je le serai peut-être pas infiniment, tu ajoutes silencieusement. Serait-ce une légère menace dans ton ton, Silver ? On le sait, tu as beaucoup de prétendant.es... mais est-ce une pointe d'orgueil qui vient éroder ta patience, ou simplement l'envie de le secouer ? Il n'a pas bougé, cela dit... s'il voulait fuir, il serait déjà parti. Cela dit, tu le sens prêt à s'envoler, perçois son torse qui commence déjà à basculer sur le côté. Donc... tu tentes le tout pour le tout en le retenant contre toi, écartant les jambes autour de ses cuisses et en cherchant sa bouche de la tienne. Près de ses lèvres, tu murmures :

— On n'a qu'le présent à saisir. Arrête de bouillonner, ok ? Contente-toi de me faire... tourbillonner ?

C'est lamentable, cette tentative de poésie, mais tu espères que ça dissipera un peu de cette tension qui semble peser dans l'air.

Qu'est-ce que cela signifie quand on se sent si bien dans les bras de quelqu'un ? Tu n'en sais absolument rien, puisque c'est la première fois que ça t'arrive. Jusqu'ici, chaque rapport, chaque relation était orchestré.e. Les sentiments sagement mis de côté. L'exaltation des sens sans la profondeur de la psyché. C'est au sein de cette dernière que Devon a voulu se promener... et ses pas laissent une empreinte sur tes plates-bandes, marque de son passage qui ne veut pas s'effacer.

Il parle de plaisir différent, et tu t'interroges - malgré la brume qui assiège ton esprit - sur ce qu'il veut dire par-là. Mais tu n'as pas la force de demander. Une nouvelle conversation - pour plus tard - à aborder.

— Bien sûr que tu peux dormir ici.

C'est la première fois qu'il suggère de rester... est-ce que ce moment marque le début d'un nouveau chapitre dans votre amitié ? Il semblerait que vous ayez atteint la fin d'une page, à la lisière du papier. Sauf que tu ignores ce qui vous attend de l'autre côté.

— ... mais t'as intérêt à ne pas prendre toute la place !

Tu déposes un baiser sur son épaule, et chasses de ton esprit l'image d'une douche à deux improvisée. Il y a le temps, Silver... le temps pour refaire le monde, découvrir son territoire et y planter ton drapeau. Il y a le temps pour tout ça. Car en acceptant de te livrer, tu sais que la porte a été ouverte sur d'autres paysages inexplorés. Main dans la main, vous aurez le temps de vous y aventurer.

FIN DU RP