Ca découle d’une envie venue de nulle part. Au détour d’une conversation une volonté de renouer, de le voir. Après sa pause familiale parisienne sans donner aucune nouvelle. De lui proposer, ça m’a presque semblé trop naturel. Puis de toutes les façons, j’essaie de me rassurer en me disant que ça l’est, car il est vrai qu’il est mon concurrent préféré, mon ennemi adoré, une piètre némésis… Alors oui, lorsque je repasse du rouge sur mes lèvres, j’avoue être satisfaite de retrouver Gaspard. Et parce que je lui ai quasiment ordonné de venir me chercher, je chausse mes escarpins, une paire soulignée du rouge qui ne laisse pas la place au doute quant au créateur l’ayant générée.
J’enfile l’un de mes manteaux, et à l’heure dite, mon loft, je le quitte. J’accuse la morsure du froid sur mon visage en cette fin du mois de février, une fois dehors à fouler l’asphalte de mes pieds. A l’attendre, j’use de ma patience bien que je ne sois pas du genre à savoir me faire violence. Evidemment je le sais, qu’il va arriver, jusque dans mon for intérieur, parce qu’il est au courant qu’il ne peut poser un lapin à Wendy Witter, sous peine de recevoir les foudres qui sommeillent en mon cœur. Même si… L’espace de quelques secondes, j’en craque un sourire enclin à la perversité, à l’idée de passer quelques instants à le torturer.
Boston, City center, 23 02 2023
(Wendy Witter)