Illuminé sont les ténèbres. Brille en son sein, les astres. La tête levée. Les émeraudes abandonnées à la voute céleste. Son manteau sombre, habille l’Eglise. L’enserre dans son étreinte. La fait éternel. Rappel aux hommes, qu’elle sera toujours là quand eux, finiront par redevenir poussière. Scott n’a jamais cru aux religions monothéistes. Dans l’intimité de ses convictions, il aime dire que ce sont eux qui ont tout volé aux païens. A la nature. Transformé pour mieux lobotisé les esprits de ses fidèles. Les guider qu’il dise. Mon cul. Pourtant, il sait qu’il n’a pas la vérité. D’ailleurs, qui est-elle vraiment ? Personne de vivants ne pouvait savoir. Ce qui était que des images. L’esprit encore en éveil, l’ombre pousse la porte de la bâtisse. Sans savoir réellement ce qu’il fou là. Ce qu’il recherche. A l’intérieur, il rencontre le plus pure des silences. Dérangeant. Il pourrait presque entendre les battements de son cœur résonner à ses oreilles. Produire des milliers d’échos. Mordu d’histoire, il ne peut s’empêcher d’imprimer les détails de l’architecture. Celles qui ressortent dans l’obscure. Et puis, il les sent. Les désincarnés. Leur immatérialité les pares d’invisible. Energie. Défunt. Peu importe. L’Eglise entière est imprégnée d’espoir et de souffrance. Opposition en parfaite osmose. A mesure qu’il avance dans la noirceur, il fait glisser les doigts sur le bois vieillis des bancs. Le cerveau déconnecté. Ailleurs.

plafond haut, chemin de bougies. guide à la spiritualité. sur les murs, des histoires racontées, vraies ou fausses peu importe dans l’fond. tant qu’on croit. foi abstraite, imposée par la lignée familiale. et juste le besoin de s’attacher à quelque chose. divinité qu’on implore dans les pires moments. celle qu’on remercie quand la joie nous foudroie. minables hypocrites, se souviennent seulement dans l’besoin. ambiance harmonieuse, laisse l’esprit s’envoler, le regard s’attarde sur les vitraux. malaise, quand je m’installe sur ce banc de bois. inspire profondément. expire. qu’est ce que j’foutais là ? question qui traverse l’esprit un quart de seconde. sûrement retrouver un peu ma mère. celle que je ne viens jamais voir. rancoeur de l’abandon laisse des traces, m’avoir laissé l’plus nocif des géniteurs en guise de dernier pilier. reste muette devant les statues sans savoir quoi dire. reste dans le myocarde les questions, les demandes, les tristesses évacuées. le manque tord le coeur, remonte à la gorge pour déborder au bord des yeux. laisse une ligne humide se dessiner le long de la joue, effacée rapidement par la paume de ma main. loin. trop loin, pour entendre tes pas lourds  faire écho au sein de la bâtisse.

L’odeur particulière. Elle flotte dans l’air. Mélange d’encens et d’émotion. Incapable de dire s’il en apprécie la senteur ou si ça l’écœure. Résonne ses pas. Aspirer par la pierre. L’écho de ce qu’il a été une seconde avant. L’enregistre. Transformé en énergie résiduelle. Comme avant un fantôme parasite qui se rejoue inlassablement. Devient une présence qui le suit. Dans l’obscure, il avance. Ignore le froid humide. Lui qui s’insinue sous ses couches de vêtements. Sur l’autel, ses opales hypnotisées contemplent le sacré. Il ne la voit pas toute suite. Isolée, l’âme errante. Jusqu’à ce qu’un rayon lunaire tente une percé. Transperce les vitraux pour venir luire sur la silhouette. Attire le regard de l’ombre. Soubresaut du cœur. Il est surpris Scott. Imagine aisément faire face à une entité qui n’est plus. Trop hardi pour reculer, il s’avance en silence. Les lèvres scellées, il continue sa traversé. Ce parfum. Pénètre ses sens. Eveil en lui les souvenirs encore vif de la porteuse. Il la reconnait. Lena. Surréaliste. Tombé sur elle au hasard. D ans un endroit qui ne leur va pas. Pas de coïncidence. Est-ce que là-haut, ils s’acharnent à les faire se rencontrer. A s’empoisonner l’existence. Jour après jour. Sans repos. Part. Sa conscience endormie, se réveil pour lui intimer l’ordre de reculer, mais il ne l’écoute déjà plus Scott. En mouvement, sa carcasse se rapproche. S’assoit pas trop loin. Deux rangées derrière. Il refuse de battre en retraite et il refuse de s’avouer vaincu. Alors, il se fond dans la noirceur. Loin de la lumière.

cherche la guérison. le réconfort dans cette maison où la pureté règne. où les démons n’ont plus de places, s’effacent pour ne laisser que le mutisme d’une âme qui se vide. déverse les colères et les déceptions, là, à ses pieds. coeur bavard sans prononcer le moindre mot. rayon aveugle la rétine, met en avant l’humidité qui s’accroche aux pupilles. reflet vulnérable, les armes à terre. pour une fois. juste le répit. chapelet autour du poing, touche les perles inconsciemment. jusqu’à ce que la silhouette se démarque, retombe dans mon monde. l’ange de l’abîme. turbulences dans la poitrine. pas besoin de regarder plus, je te respire encore en vain. choc dans la cage thoracique, l’étau se resserre quand tes pas approchent. encore. encore. et continue ta route. s’échoue à quelques mètres, mince mouvement de la tête. comme pour s’assurer que t’étais encore là. mauvais réflexe qui trahit. frisson qui s’empare de l’épiderme sous les couches de tissus. camoufle les effets secondaires. de lui. aucun mot ne sort, paraît qu’on avait plus rien à se dire. plus rien à s’offrir. mais t’es là, comme un signe, une prédiction déjà achevée.

Let me be there

I can be, there 'til you're whole. you weren't touched by a man in so long
'Cause the last time, it was way too strong. ;;

Il le perçoit. Le léger mouvement de tête. La respiration étouffée comme l’oxygène la délaissait elle. Et puis, il l’entend. Sa respiration. Basse. Comme si elle essayait de se rendre invisible. C’est du moins, l’impression qu’il a. Sur son dos, se balade ses émeraudes. Et il ne tient plus. En silence, il se relève. Glisse jusqu’au banc derrière elle. Sur sa droite à elle, il croise les bras et y appuie sa tête. « J’suis sûr qu’ils s’foutent bien d’notre gueule là-haut. » Inconscient. Emmuré dans le silence des idoles, le Jesus crucifié fait mine de ne pas les voir.

vile comédie. faire semblant de t’ignorer, de ne plus y penser, de ne pas te regarder. quand même le son de ta voix parle encore dans ma tête. l’envie de se fondre dans les murs, que le ciel me rappelle pour me sauver d’toi. de toi qui te rapproche, regard qui s’immobilise dans le vide. face à moi. juste ton souffle qui me dit que t’es là. tout près. brise le silence, seuls mes paupières se baissent pour te regarder rapidement. ravale les émotions dans une gorge nouée, redresse la tête. - mh. froid. - ou alors ils nous disent d’bien allez s’faire foutre. après nous avoir obligé à s’aimer.

Let me be there

I can be, there 'til you're whole. you weren't touched by a man in so long
'Cause the last time, it was way too strong. ;;

Il devine le regard rapide qu’elle lui jette. Lui qui n’offre que son profil. Ne se rendant même pas compte qu’il évite de croiser ses orbes. « Ça revient au même. » Elle. Lui. Deux entités bien distincte, mais si similaire. Trop pour s’harmoniser. Trop pour s’aimer correctement. Pourtant, c’est pas les sentiments qui manquent. Ceux qui se fracassent contre son myocarde. Le plonge dans ses ténèbres. Floute son raisonnement. Plus rien n’a de sens quand il s’agit d’eux. Toujours en appuie sur ses bras, il s’arme enfin de courage. Tourne vers elle sa tête. Appose ses yeux injectés de sang à cause de la fume. Garde les lèvres closes. Se contente de regarder celle dont il n’a plus rien.

haussement d’épaules. rien à foutre de toutes ces banalités, de ces phrases dénuées de sens juste pour remplir le vide. écraser le silence. de ces phrases qu’on jette comme un appât, comme une raison pour se captiver. s’attraper. là, à l’antipode de tout ce qu’on a connu. ça s’agite, ton regard qui m’enveloppe. m’étouffe. fourmis dans le corps, n’ose plus bouger. même battre des cils devient un supplice. paralysée par tes billes. - arrête.. murmuré la mâchoire serrée. - ne me regarde pas comme ça. chuchote, les billes qui recommencent à brûler avant d’enfin se tourner vers toi. minces sont les millimètres qui nous séparent, laisse la vue de nos yeux esquintés. raconter notre histoire.

Pas la regarder. Mais il arrête pas Scott. Il se perd dans le brouillard qui se dresse autour d’eux. Les entraine dans leur perte. L’ovale enfin tourné, il se fait happer par ses azurs. Elles qui ressortent dans la pénombre. « Comment j’te regarde Lena ? » Le murmure recouvre celui de son interlocutrice. Le timbre profond. Presque Suave. Sa serpentine laisse glisser chaque syllabe. Chaque consonne. Et il continue. A l’observer. Le joint faisant enfin effet, sa conscience bat en retraite. Il l’a chargé celui-là. Plus que d’habitude. Assez pour qu’il ressente quelque chose de différent. Peut-être aurait-il mieux valu qu’il ne tombe pas sur elle. Pas maintenant. Mais les voies des Dieux sont impénétrables, non ? L’esprit en perte. Il pourrait presque rire de l’absurdité de ses pensées.

fauchée par tes yeux. erreur fatale que de m’aventurer dedans, me balader dans tes édens ensanglantés. comme seule conviction. tes lèvres formulent la question, les mots deviennent faibles pour décrire les émotions. - comme si j’étais unique.. balancée rapidement. dévale les pulpeuses en un éclair. me rappelle qu’il y en a une autre là-dedans. - tu me regardes comme aucun autre. et la sentence fait mal. carbonise le myocarde qui cherche à s’échapper. trouver refuge vers le saint crucifié. - ça compte pas. t’es défoncé. sourire mélancolique qui fend les lèvres. t’étais beau. trop. tout l’temps. le besoin de te regarder encore une fois.

Let me be there

I can be, there 'til you're whole. you weren't touched by a man in so long
'Cause the last time, it was way too strong. ;;