Il y a toute sorte de soirées. Tu aurais pu la passer solo, à dévorer un pot de glace et culpabiliser le lendemain. Les kilos, ils aiment s’attacher à ta carcasse. Tu aurais pu aller boire un verre avec des amis, mais il aurait fallu prétexter que tu n’avais aucun tourment et rire aux éclats pour n’importe quelle blague. Non, ça, c’était fatigant. Mentir, ça coûte de l’énergie. Tu aurais pu aussi passer ta nuit derrière les commandes de ton pc à démolir des bots, mais non, t’as préféré t’incruster dans la fête d’un trentenaire. Il est le copain d’un copain à la copine de ta copine. Une connaissance éloignée. En somme, tu es ici sans vraiment y être invité. Fort heureusement, ta une tête qui passe bien. Disons que si t’avais une espèce de pieuvre tatouée sur la face, on t’aurait dit de rester sur le pallier. Cheveux blond volumineux, non passé entre les plaques de ton lisseur, tu mordilles le bord de ton gobelet en écoutant un type qui parle de l’inflation. C’est ennuyant. Toi, t’as pas de problème avec l’argent. Papa fait attention à ne pas trop vous gâter, ton frère et toi, mais c’est plus fort que lui, votre argent de poche est phénoménal. Alors non, tu t’fiches du prix du hamburger chez Mcdo. Qu’il ait augmenté d’un dollar, ça ne changera rien à ton mode de consommation. Et alors que tu te tortilles d’ennui dans ta salopette en jean, t’as un piquet humain qui vient se coller subitement à toi. Il entre en communication et t’extraies de cette conversation assommante. « Mh Action, j’ai trop de chose à cacher » Tu glousses et tend ton index vers lui, scrutant au passage le relief de son visage. Il est charmant. Ténébreux. Joueur. Il marque des points. « De qui vais-je avoir un gage débile ? Moi c’est Gypsy et ces gens… » Tu pointes le groupe auquel tu étais affiliée et te colles à lui pour t’en éloigner « Ces gens m’endormaient, tu tombes à pic »

Il se rapproche. Tu le vois du coin de l’oeil. Il fait une entrée timide. En catimini. Dans ta tête, tout s’allume. Une menace potentielle est détectée par ton anti-virus. L’analyse est en cours. Est-il un danger ou est-il inoffensif ? Y a qu’une manière de savoir, il faut lui laisser une brèche. Une minuscule brèche. Qu’il s’introduise, ton logiciel va le passer au crible. « Mes potes ? Euh ouais, ils font toujours ça. Ils croient que je ne survivrais pas sans eux, ils se trompent, j’ai un certificat en survie dans le milieu urbain » Tu retires alors ton béret et attrapes la main de ce Cole. L’analyse commence. Tu vas le suspecter de tout et de rien. Tu vas surtout t’inventer des tas d’histoires sur lui, sauf s’il coupe court en injectant quelques bribes de sa vie. Pour le moment, il semble juste cool. Il sait pas qui t’es vraiment, tu vas pas lui préciser que ton père est ce géant de l’informatique. Il pourrait changer d’avis sur toi et ça, t’en as pas envie. Entre ses propositions, tu choisis action et le gage tombe. « C’est faisable, s’il se réveille, je t’accuse de tout » Tu pousses un rire démoniaque et te désolidarises du groupe afin de jouer l’artiste sur une toile humaine. Le feutre noir débouchonné, tu te penches sur le jeune qui a visiblement perdu connaissance. La mine glisse doucement sur son front. Un cheval est d’abord esquissé, mais il se transforme vite en licorne. La corne n’est pas qu’un pique phallique, mais la représentation d’un sexe masculin. Le mec marmonne et repousse ton bras. Prise de panique, tu bondis en arrière et pars te réfugier derrière le fameux Cole. « Qu’est-ce que tu en dis ? » C’est grossier, un humour de collégien que tu n’as pas perdu en traversant les années. Saura-t-il apprécier cette bêtise ou est-il un d’ces gars qui n’rit sur rien ? « J’voulais exprimer la lourde virilité de ce monde. Parce qu’on est dirigé que par des hommes tu vois. Ils ont le pouvoir, tout ça parce qu’ils ont un bout de chair qui pendouille entre les cuisses. Ça et la testostérone. T'as de la chance Cole, tu fais partie des hommes. » Jouant avec les bretelles de ta salopette, tu vois les autres se taper des barres en apercevant ton oeuvre. « Action ou vérité ? » @Colton Stone

Oops. T'as pas vraiment d'amis, ils sont tous sur Internet, personnifié par un petit icon fait de pixel et la plupart du temps, ils ne te connaissent que sous un pseudo. T'es pas quelqu'un qui se lie facilement en amitié. Surtout pas lorsqu'il est question d'interaction sociale en chair et en os. T'es plus quelqu'un qui butine des instants et qui tiens énormément à ses moments de solitude. Ouais, présenté de cette façon, t'as pas l'air d'être vachement intéressante. Pourtant, Cole, il a tenté un truc avec toi. Il a cru que tu étais passionnante, probablement du fait de ton accoutrement. Il t'a piégé en titillant ton esprit de joueuse et c'est ainsi que tu as dessiné une sorte de licorne à pénis sur le front d'un gars qui a visiblement abusé des substances circulant à cette soirée. La victime émerge et tu fuis en direction du brun qui t'a mis au défi. Au loin, le type enclenche son téléphone en mode selfie et se rend compte des dégâts. Le feutre encore dans la main, tu le jettes derrière ton épaule et il rebondit sur un paquet de chips. « Comment peux-tu savoir que tu n'es pas un sale con ? Aucune meuf ne t'a couru après avec un rouleau à pâtisserie ? T'as jamais trahi qui que ce soit ? » T'es bien dubitative. C'est pas nouveau, t'as plus vraiment foi en l'humanité, pour toi, le mieux qu'il pourrait arriver, c'est l'apocalypse. Le problème, c'est que cela donnerait raison aux survivalistes et autres tarés de gourous. Bref, il a choisi vérité. Le cerveau s'active pendant que tu bois une gorgée de punch. T'es pas douée pour ce genre de jeu. Il n'y a pas de question qui se fixe dans ton esprit tordu. « Est-ce que tu as déjà été infidèle ? » Pour cela, il faut déjà qu'il était en couple, chose que tu ignores totalement sur lui. « En fait j'sais pas si j'ai envie de te poser celle-là ou une autre. » Tes dents de devant mordillent le carton du gobelet alors que tes yeux d'un vert profond le scrutent. « Combien de fois as-tu été amoureux ? Ouais, je choisis ça plutôt ! » Indécise bonjour. Il doit déjà déchanter de t'avoir accosté. @Colton Stone

Tu t’emmerdais tellement. Cole est une bouffée d’air frais. Comment les mecs pouvaient parler de sujet de société alors qu’il est plus de minuit ? L’appartement est flou. Tout le monde a fumé dedans et n’a pas écouté les consignes qui spécifiaient de se droguer sur le balcon. Toi, t’as pris qu’un joint et t’en ressens encore les effets. T’as tellement peur de toucher ton oreiller et de cogiter sur le monde que t’es encore dans ce trou à rats. Personne ne sait vraiment que tu es la fille de Monsieur Gates. Tu passes inaperçue, probablement parce que le reste des invités ont un papa qui a des sous, genre, beaucoup de sous. La rencontre avec Cole tombe à point nommé. Tu sens qu’il y a le feeling. Un truc inexplicable. Il te fait rire, ce qui n’était pas arrivé depuis de longues minutes. Il est malin. Il est arrivé avec son jeu débile et t’es tombé dans le piège. Enfin, est-ce que c’est un piège ? Sait-il que tu es l’héritière d’un empire ? Faut pas se méfier Gypsy. Il y a encore des gens qui s’fichent du pactole que tu pourrais recevoir lorsque le vieux passera l’arme à gauche. Le défi relevé, c’est au tour de l’étudiant de répondre. Oops. T’as choisi la question « malaise ». Il n’a eu qu’un amour. C’est un coeur pur et brisé. Il paraît tout frêle lorsqu’il évoque ce sujet. Comme s’il n’était pas remis de cette relation. Et merde, ça se trouve il est toujours en couple, qui te dit que c’est terminé ? Il faut pas s’aventurer sur ce terrain, il est miné de toute part. Cole est un danger. « Quoi ? C’est quoi cette question ? » T’aurais dû reprendre une dose d’action, ça serait moins gênant que cette interrogation d’obsédé. « Je n’ai pas compté, mais si je dois être honnête, ça doit être moins que dix. Tu crois que c’est dans la moyenne ? » Tu te fiches pas mal de correspondre aux normes de la société. Et dans le lot, il n’y en a que trois que tu as véritablement aimé, le reste, c’était des accidents de parcours. Des pulsions animales. « Je vais interrompre notre jeu une petite seconde » Le fond du verre terminé, tu rotes et reprends la parole en t’éclaircissant la gorge « Tu es toujours amoureux ? L’histoire est finie ou tu attends toujours après cette personne ? » Il faut que tu saches, sans ça, tu ne pourras avancer correctement. Tu vas pas te permettre de le draguer s’il est épris d’une nana. T’as besoin de vérité là. Pas de mensonge. Il faut qu’il soit clair. La suite en dépend. Parce que ouais, il est pas mal Cole, t’en ferais bien ton dessert. « Me raconte pas des conneries, je sais quand quelqu’un me roule dans la farine. J’sais pas si cette expression est valable, je suis stone ok »  @Colton Stone

La soirée devient plus épicée. Tu croyais que t’allais t’endormir sur le canapé à côté de l’autre type, mais y a ce Cole qui a débarqué de nulle part. Il t’a intégré à une partie d’action ou vérité et c’est de cette façon que tu as marquée le front d’un pauvre jeune qui s’était assoupi. Le réveil est fulgurant. T’as envie d’en connaître plus sur lui, mais cette partie risque de partir en cacahuètes. Cole choisit vérité et tu l’interroges en ce sens. Tu lui lances une question, puis une autre. Finalement, tu n’en choisis qu’une et Cole répond avec une honnêteté qui te fait chaud au coeur. C’est pas un grand menteur. Il semble sincère et ça, ça te plaît beaucoup beaucoup. Les rôles s’inversent. C’est à toi d’opter pour vérité. L’interrogation est .. coquine. Tu piques un fard et ne t’enfonces pas dans le bobard. Tes conquêtes ne sont pas délirantes. Tu dois être dans la moyenne. En retour, tu adresses une nouvelle question qui te brûle les lèvres. C’est pas du jeu, t’as pas attendu le choix du brun, tu l’as doublé. Il te le fait d’ailleurs remarqué et tu rougis de plus belle. « Oh, tu viens de l’Australie. Le pays des kangourous et des arachnides redoutables. Rrrrr » Tu claques alors des dents en balançant tes griffes vers le dudley, te donnant alors une allure féline. T’es complètement défoncée, Cole doit l’avoir remarqué, mais tu préfères le lui préciser. Il te sort alors une phrase qui t’fait buger. « Tu t’appelles Cole Stone ? Quel hasard merveilleux » Tu pratiques ensuite une espèce de danse hawaïenne et tu le cognes de ton épaule avec un grand sourire béat. « Si tu choisis action, je te propose de te déshabiller et de faire le poirier en caleçon ! » Qui te dit qu’il a un sous-vêtements sous son jean ? Peut-être qu’il est anti-slip. Dans ce cas-là, il pourrait choquer l’assemblée à tout jamais, surtout les plus prudes. « Y a t’il des vierges ici ? » que tu cries en attirant tous les regards. Personne ne répond. Le silence fait place et les conversations finissent par reprendre. Tu deviens trop déchaînée à son contact. Il fait ressortir toute ta folie ce mec. « Alors t’es cap ou tu préfères que je sonde ton esprit torturé ? » @Colton Stone