@Haiwee Wind River | Il aura fallu environ dix-huit mois et un sacré coup de pouce de l'univers - et des Adams - mais, voilà, Haiwee et moi avions enfin échangé nos premiers messages. Fini les rencontres hasardeuses comme on savait si bien les vivre, on prévoyait désormais les choses. Ce qui au final n'était pas non plus désagréable. Je me suis fais à l'amérindienne, et finalement, je l'appréciais, alors avoir un peu plus souvent de ses nouvelles ne me déplairait pas. Et quoi de mieux pour célébrer ce changement d'équilibre qu'une petite sortie organisée à la fête foraine qui avait lieu en ville. Anaé dans la poussette, couverte chaudement et moi également, je tente de me frayer un chemin dans la foule qui ne cesse d'arriver pour découvrir les lieux. Arrêté à l'entrer pour attendre que la jeune femme arrive et ne pas perdre trop temps à se retrouver dans la foule, je libère Anaé de sa poussette pour le moment, sentant bien qu'elle commençait à s'énerver dedans. « Qu'est ce qu'il y a ? Qu'est ce que t'as vu là-bas qui te plait ? » Je balaye les lieux du regard, tente de comprendre ce qui à pu attirer le sien. Peut-être les guirlandes, les lumières ou même la grande roue, visiblement à des kilomètres à la ronde. Allez savoir. La petite fille dans mes bras, elle laisse trainer ses petites mains cachées par les moufles se balader partout sur moi que je fais semblant de manger quand elle les approche trop de ma bouche pour la faire rire.

C'est parfois étrange de me dire que si j'ai relativement échoué dans mon statut de parrain auprès de l'amérindienne, j'ai pourtant réussi en tant qu'ami. Si les premières rencontres entre nous - à l'époque de la Currier - avait été tendue, les choses avaient étrangement bien changée au fil des mois et des rencontres surprises. Des rencontres surprises qui s'étaient multipliées par un étrange coup du sort qui nous permettait de nous voir à des milliers de km de boston, puis un second, qui nous avait réuni dans cette même fraternité qu'est la Adams, sans que l'un ou l'autre s'en doute un seul instant. Des fois, je me sens alors un peu comme le parrain que j'aurais dû être pour Haiwee, si ma rentrée il y a presque deux ans ne s'était pas si mal passé. Mais avant tout, je me sens maintenant comme un ami de la jeune femme, et ça, c'est bien le plus surprenant. Je tourne légèrement la tête lorsqu'elle se rapproche, la main d'Anaé coincée entre mes lèvres qui se libère dès que je salue la membre des Adams. " Salut toi toute seule." Que je lui réponds, sur le même ton qu'elle, un peu puéril. Je tourne un peu plus Anaé vers la jeune femme pour qu'elle puisse la voir, malgré l'excès de vêtements pour l'empêcher d'avoir froid. " Tu dis bonjour ?" On part sur des gazouillement légèrement inarticulés, mais je suis sûr que dans le langue des bébés, ça a une vrai signification. " Je dis pas non à un café. Ca réchauffera un peu. De toute façon, tu te doutes que nos options vont quand même être un peu limitées. " Même si l'ambiance se veut avant tout romantique et familiale, certaines choses ne sont clairement pas recommandée à l'âge d'Anaé, ce qui allait limité nos options. Mais ce n'était pas grave. Je pense que la fair était avant tout une excuse pour voir Haiwee et profiter des festivités proposées par la ville.

Je suis de plus en plus à l’aise en présence d’Haiwee, c’est indéniable. Elle a le droit à des salutations chaleureuses, mais aussi une approche de moi ou d’Anaé que je ne permets pas à tous. En réalité, elle pourrait se vanter l’amérindienne, d’être l’une des rares personnes que je laisse approcher Anaé sans trop de craintes. Aujourd’hui encore, je suis serein, n’hésite pas non plus à la laisser interagir avec Anaé, même si celle-ci semble complètement absorber par autre chose. Mais elle aurait des occasions Haiwee, de s’amuser un petit peu avec le bébé, si elle ne se décidait pas à faire la sieste maintenant. « Figure toi que elle aussi. Je sais pas si ce sont les chevaux ou le manège en lui-même, mais elle aime ça. » On pouvait commencer à voir son caractère s’exprimer, doucement dans de nombreuses petites choses du quotidien, rien que sur les formes ou les couleurs. Certaines l'attirent plus facilement que d'autres, notamment les teintes vives. Alors en cette période où le rouge et le rose vifs étaient à l'honneur, ce n'était pas surprenant de la voir s'émerveiller autant. « Ca va. Bébé a fait ses premiers pas avec Papa, elle a fêté ses un ans. Les cours ça se passe plutôt bien. » C'est devenu une fierté d'annoncer les progrès d'Anaé, de montrer combien elle grandit, pour moi comme les autres. Une fierté que j'allais éprouver jusqu'à la fin de mes jours, qui ne s'effacerait jamais. Celle d'un père. En dehors de cela le quotidien était plutôt calme en ce moment, et ce n'était pas plus mal pour m'organiser sereinement entre tous les aspects de ma vie. « J'ai réussi à négocier pour faire garder bébé pour la soirée et rester avec mon chéri. La St Valentin ça avait pas l'air d'être vraiment son truc mais j'ai réussi à le convaincre en lui promettant un bon repas. Si jamais un jour t'as des doutes, passer par l'estomac d'un homme pour le séduire, ça fonctionne. » En tout cas avec Novel, c'était l'une des meilleures façons de faire. « Et toi ? T'as fait quelque chose ? Plutôt love is blind ou un tête à tête à la Adams ? » Je ne sais pas trop où elle en est depuis notre dernier échange, si c’est toujours compliqué pour elle, mais j’espérais que les choses aient pû avancer suffisamment ces derniers mois pour lui permettre de passer la soirée en compagnie d’un autre membre de notre confrérie qui me semblait envoyer des signaux plutôt clairs.

@Haiwee Wind River | « Disons que j’étais surtout soulagé, et fier. Je sais que ça a pas grande signification parce qu’un enfant marche simplement quand il s’en sent capable, mais je sais pas, dans ma tête c’était un peu comme si elle était suffisamment à l’aise avec moi pour se lancer. Et plus elle grandit, plus je regrette un peu de pas avoir pu être présent ses premiers mois, alors en soit, ça fait quand même très plaisir de pouvoir assister à ce genre de première fois. » J’avais manqué sa naissance, ses deux premiers mois, et avec la garde partagé, nul doute que je manquerais encore d’autres événements marquants qui surviendraient de manière inopiné, alors oui, avoir été celui avec qui elle avait fait ses premiers pas, ça avait fait mon bonheur. « C’est du sport quand même de tout concilier, et vraiment, rien n’est jamais simple, mais en même temps, y a pas trop le choix. » Je ne peux rien abandonner, ni personne. Tout ce qui me demande un effort d’organisation m’est essentiel, et si je voulais continuer à voir mon mec tout en assurant mon rôle de papa et terminer mes études, il fallait trouver des solutions. Alors oui, même si je n’avais jamais été un gros fêtard, il se trouvait que je sortais encore moins cette année, que beaucoup de sorties qui le permettait se faisaient avec Anaé, voire avec Novel. Je ne faisais quasiment plus rien seul, mais au final, ça ne me dérangeait pas tant que ça.

Ces derniers jours étaient l’exemple même de cette organisation qui se devait d’être infaillible pour pouvoir en profiter. Après tout, difficile d’organiser une soirée romantique avec un bébé qui court partout et qui ne comprend pas encore les notions de dangers, face à la vaisselle ou aux bougies. Je l’avais donc laissé à sa mère pour la soirée en échange d’une autre soirée à ma charge quand elle le voudrait. Ainsi, tout le monde était gagnant. Et tout le monde avait pu passer une bonne soirée. « Je ne pensais pas l’être, mais, il faut croire que l’amour peut changer un homme. » Peut-être est-ce parce que nos moments ensemble étaient limités, ou parce que j’étais follement amoureux de lui, mais Novel faisait ressortir ce trait de caractère qui je ne pensais pas me caractériserait un jour. J’interroge l’amérindienne sur sa soirée de St-Valentin. La dernière fois que le coeur avait été évoqué, c’était “compliqué”. Cela faisait maintenant plusieurs mois, et je me demandais si c’était toujours le cas, ou si l’évènement avait pu simplifier les choses. « Ca ne me surprend pas, je t’aurais difficilement imaginé dedans de toute façon. » Allez savoir pourquoi, mais pour moi, ce n’était pas le genre de la jeune femme. « Vraiment ? » La curiosité se fait quelque peu ressentir. Avait-elle réussi à passer une soirée romantique en bonne compagnie ? « Parce que ça l’est toujours, compliqué ? »

@Haiwee Wind River || Je ne m’offusque pas des mots prononcés par l’amérindienne, même s’ils sont maladroits. Après tout, moi aussi j’étais désolé, notamment pour Céleste qui n’avait connu aucune des joies que provoque habituellement la grossesse, qui n’avait pas eu le choix et qui s’était retrouvée à devoir endosser un dont elle n’avait peut-être pas voulu, aujourd’hui ou demain, tout comme moi. Il y avait de quoi être désolé sur certains points, de quoi avoir des regrets, et pourtant, ça ne m’empêcherait pas de bénir la venue de ce petit trésor. Oui, elle était un imprévu, non, elle n’était pas une erreur, et chaque jour avec elle apportait son lot de merveilles. Alors oui, après avoir eu le sentiment d’avoir manqué de si importants évènements, c’était une véritable joie que de l’avoir vu faire ses premiers pas, une véritable fierté comme je n’en avais jamais connu. Après tout, il était incroyable de se dire que ce petit bout de chou avait réussi à trouver son chemin, et qu’il grandissait chaque jour un peu plus. « Il est trop tard pour rattraper ces moments de toute façon. Et oui, il nous reste encore plein de choses à vivre. Et vu la puissance de la fierté parentale, crois moi, j’ai pas fini de la trouver incroyable. » Parce c’est ça être parent, c’est s’émerveiller sur les choses auxquelles on ne prêtait plus vraiment attention. Quand bien même c’était aussi beaucoup de travail. Un travail et une organisation. Parce que comme le souligne Haiwee lorsque je prétend ne pas avoir eu le choix, les options étaient plus nombreuses que je ne voulais bien le reconnaître. « C’est vrai, et j’y ai songé… Mais aucune autre option ne me semblait correcte et puis… Ayant moi même passé une partie de mon enfance sans père, je sais ce qu’on peut ressentir de ne pas avoir de réponse à cette question. » Céleste n’aurait pas faire le nécessaire pour m’identifier, un million de possibilités auraient pû devenir une vérité, mais en l’état, si j’avais refusé de reconnaître Anaé, il n’y en aurait eut qu’une : celle de l’abandon.

L’attente de nos boissons nous permet d’évoquer mutuellement nos dernières soirées de la semaine, notamment celle sur laquelle toutes les lumières étaient pointées, la Saint Valentin. J’évoque alors rapidement ma soirée avec Novel, notre tête à tête romantique que j’avais eu à cœur de préparer. Rien d’exceptionnel pour beaucoup, mais de quoi nous permettre de nous retrouver un peu juste tous les deux. Mais je me questionne surtout sur la soirée d’Haiwee, sur ce qu’il s’est passé ces derniers mois dans sa vie privée. J’avais bien noté sa situation depuis l’été dernier, avais même réussi à identifier avec qui les choses étaient compliquées au fil des soirées entre Adams, et je me demandais si pour elle aussi la soirée s’était révélée plus douce que les autres. « Mais … ? » Sa phrase reste en suspend, et mon regard a beau être posé sur elle, la suite ne vient pas. Je suppose que les choses sont donc toujours loin d’être simples malgré une belle soirée passée en compagnie de celui qu’elle aime. Et quelque part ça me chafouine un peu. Pas de ne pas avoir de réponse, mais que les choses soient si compliquées pour elle. Et à cet instant, j’ai surtout envie de la serrer dans mes bras pour lui dire que tout ira bien pour elle. Je ne sais pas depuis quand je suis autant attaché à la jeune femme, mais visiblement je l’étais. Pourtant, au lieu de lui montrer mon affection je me contente de sourire et de hocher légèrement la tête. « Je vais prendre un café aussi, et des churros. » Je tente de sortir mon portefeuille de ma veste, mais petit bébé à moitié écrasé contre moi m’en empêche. « Attends, prend la deux minutes s’il te plaît. » Ou une heure, parce que je savais que ce n’était pas elle que ça allait déranger, et que ça me permettrait de dégourdir un peu mes bras. Bon, il y avait toujours la poussette aussi pour ça, mais pour le moment, Anaé semblait largement préférer les bras. « C’est moi qui offre. » Je dépose sur le comptoir l’argent nécessaire pour régler nos commandes avant de me décaler un peu, en profiter pour regarder Anaé se familiariser avec Haiwee. « Fais attention à tes cheveux. En ce moment ça l’intrigue, elle aime bien s’y accrocher. Sa mère en fait régulièrement l’expérience. »