Tête dans le brouillard. L’euphorie vite estompée qui à présent le maintient grâce à ses derniers vestiges. Dans le bed and breakfast silencieux, l’ombre ne sent même pas ses pas fouler le sol. Etat vertigineux. Mais tout de même conscient, il entame la montée dans les escaliers. Cherche son étage. Tâtonne ses mains sur les murs, mais sans jamais trouver un interrupteur capable de l’éclairer. Alors, il s’en remet au hasard. Le laisse le guider à un couloir. Et pendant un court éclair de lucidité – du moins le pensait-il- l’homme reconnait la porte de sa piaule. Il en est sûr. C’est celle-là. Arriver devant, il extirpe difficilement ses clés de sa poche. Enfonce la précieuse dans la serrure, mais rien ne se passe. Ça ne tourne pas. Alors, il insiste. Ne se préoccupe pas du bordel qu’il fou. Jure. Et enfin, miracle, la porte s’ouvre ! Elle s’ouvre sur Lena. Putain, y avait quoi dans ce qu’il avait avalé ? Est-ce qu’il avait été drogué ? Non, parce que y avait que Jo dans sa chambre. « Jo ?» Voix chargée d’alcool, il se redresse. Essaie d’ouvrir plus grand ses yeux. Sauf que forcément, fumer des joints n’aide pas. « T’as la gueule d’Lena »

paupières qui se soulèvent. pupilles s’élargissent dans l’obscurité. insomnie pesante, incessante, l’abîme vient me bercer. le cerveau encore trop réveillé, tourne sans trouver le soulagement. pensées emmêlées, ne veulent rien dire, écrivent des histoires qui n’ont aucun sens. juste des noms au hasard. ou pas. des moments. des mots. des regards marquants. et ça passe en boucle, l’envie d’me flinguer le crâne pour qu’il cesse de trop parler. tourne dans mes draps, d’un côté et de l’autre. finalement trouve la bonne position, allongée sur le dos, les yeux vers le plafond vide. cherche des réponses sans savoir les questions. cherche de quoi trouver le sommeil qui ne vient pas. et le bruit de la porte, écho timide d’abord puis devient plus insistant. j’fronce les sourcils, j’attendais personne. surtout pas toi. nuisette, pieds nus quand j’ouvre la porte. halo de lumière m’aveugle, pas assez pour ne pas déceler ton visage. ton image que j’rature pas. tu balances un blase, j’comprends rien. j’pige rien. - tu fous quoi scott ?! toi aussi, tes paupières sont lourdes. pas pour les mêmes raisons qu’moi. - t’es défoncé putain.. sale état. et j’me revois dans toi là, minable comme ça. pire encore. contre la porte, mon regard n’arrive pas à s’détacher de toi. - viens.. j’te ramène. que j’murmure. j’sais même pas pourquoi j’fais ça, pourquoi j’ai jamais su te blesser aussi fort que toi. - bouge pas. et j’t’abandonne là, retourne dans ma chambre. fouille dans mes affaires pour trouver de quoi m’habiller.

Let me be there

I can be, there 'til you're whole. you weren't touched by a man in so long
'Cause the last time, it was way too strong. ;;

Cette voix. Elle inonde son crâne. Tente de l’extirper de son délire. De lui délivrer un message, mais il n’arrive pas à en saisir le sens. Tout se mélange dans son crâne. La brume est trop épaisse pour qu’il y voit quelque chose. Bouge pas. Et puis soudainement, elle se clarifie l’unseelie. Apparait dans son champ de vision telle qu’elle est. Réelle. Pas une illusion. Qu’est-ce qu’il fou là putain ?! Il imagine déjà, les Dieux s’amuser de la scène là-haut. Fil rouge. Quoi qu’il fasse, ce putain d’fil le ramène à elle. Encore et encore. Inlassablement comme une mauvaise dramaturgie. Accoudé à la porte sans même s’en être aperçu, l’ombre prend conscience de ses mots. A elle. « Pas ma chambre. » La pensée qui parle. Sa bouche n’a plus de filtre. Les scellés ballotent dans le vent. A peine retenue par une charnière. La charnière de sa conscience. Divague le garçon. Ferme la porte trop rapidement. Claque son dos devant pour empêcher son ouverture. « J’pas envie d’la réveiller. » Si elle est là. Voix rauque. La fumette stagne encore dans ses bronches.

vêtements en vrac sur le sol. prête à enfiler n’importe quoi avant de te ramener. de t’éloigner de moi. parce qu’on sait pas s’arrêter, on a jamais su. même pas au début. quand on s’était dit de plus s’approcher. liés par l’au-delà. impossible à séparer. quoi que l’on fasse, quoi que l’on dise. toi et moi on était damné à ne pas s’oublier. et regarde où on en est maintenant ? presque deux inconnus. regarde comment on est maintenant ? fêlés d’partout. visage qui s’lève rapidement au claquement de porte. - scott.. j’me relève, me rapproche de toi qui fait barrage devant la porte. - tu peux pas rester ici. croise les bras, détourne les yeux. pas envie que tu remarques les séquelles qui les animes. pas envie qu’tu vois que j’sais pas si je me retiendrais si tu restais là.

Let me be there

I can be, there 'til you're whole. you weren't touched by a man in so long
'Cause the last time, it was way too strong. ;;

Ses mouvements lui donnent le tournis. Il n’arrive pas à la suivre dans l’obscurité. Ses émeraudes rougies par la drogue, le pique presque. Plissant ses yeux, il cherche à les humidifier. A se réveiller, parce que c’est peut-être ça ? Il s’est peut-être endormi dans un coin et il ne s’en souvient pas. Seulement, quand il les réouvre, elle est là. Devant lui. Comme un putain de cauchemars vivant. Le même qui se répète inlassablement. Face à lui, elle croise les bras sous sa poitrine. Fait remonter ses seins qu’il devine sous le fluide tissu. « T’vas me mettre dehors ? » Le ton de sa voix la défie. Une part de lui à pleinement conscience qu’elle ne le ferait pas. A moins, qu’il est tort ?

froideur dans mes opales. j’te regarde et j’me dis que j’aurais aimé être dans la même léthargie que toi. la même immoralité. n’importe quoi qui me donnerait une excuse de t’avoir laissé là. garder trop près. trouver n’importe quelle prétexte où j’pourrais faire croire que ça comptait pas. mes yeux s’arrêtent quelques secondes sur ta silhouette appuyée contre le bois. peine à tenir encore debout. soupire en levant les yeux au ciel. l’échec qui s’pointe encore. - c’est bon.. et j’me déteste de pas réussir à te laisser partir. ni de cette chambre ni de mon coeur. j’me déteste d’être si prévisible quand il s’agit de toi. ma main attrape la tienne, t’entraîne sur le bord de mon lit. - j’devrais te faire dormir par terre. regard noir quand j’suis accroupie devant toi. défait les lacets de tes baskets pour les retirer une par une et les balancer près de la porte. - allonge toi. j’te ramène de l’eau. que j’souffle doucement avant de me relever pour chercher une bouteille dans le mini frigo. - tiens. bras tendu vers toi. évite de trop te regarder, de trop y repenser.

Let me be there

I can be, there 'til you're whole. you weren't touched by a man in so long
'Cause the last time, it was way too strong. ;;

Défaite annoncée lorsqu’elle soupire. Il a gagné. Ivre, il savoure sa victoire. Sa ridicule victoire. Qu’est-ce qu’il cherche Scott ? A la pousser à bout. A flirter avec les limites de ce qu’ils avaient définit. A la mise à mort de ce qu’ils avaient été. Contact entre leurs deux mains lorsqu’elle l’attire hors de la porte. Loin de l’entrée. Dans son désordre qu’il ne capte même pas. Trop défoncé pour percuter quoi que ce soit. Si ce n’est elle. « Fais le. » Pugnacité faisant vibrer ses cordes vocales. Il darde sur elle, ses émeraudes trop sombres dans la noirceur de la pièce. Agenouillée devant lui, elle défait ses chaussures comme une bonne petite épouse. C’est -du moins- la réflexion qu’il se fait à l’instant et ça le fait sourire. Dans son monde. Il ne retient pas son regard sur elle. Sur son décolleté qui se plisse par l’effort. Par son derme ivoire contrastant avec sa nuisette. Puis, elle disparait. Trop vite. Revient avec un verre d’eau. Verre qu’il saisie en effleurant au passage ses doigts. S’attarde dessus. « Merci. » Puis, vide d’une traite le liquide et se rend compte à quel point sa bouche est sèche. Rendant le verre à la brune, il entreprend d’enlever sa veste. Et son putain de sweat qui recouvre encore une couche de vêtement. Putain de froid. Mais il s’embrouille Scott. Ses mouvements sont désordonnés.

t’es toujours ce même chaos qui entre et détruit tout. tout les efforts que j’fais pour te sortir de ma tête, toutes les soirées dans l’ivresse pour oublier tes caresses. tout, tout part en fumée dès que tu t’approches un peu trop de moi. et t’aimes ça. me rappeler que t’es là. - m’chauffe pas. j’aurais aucun scrupule à l’faire par contre. juste pour me venger de t’avoir vu trop regarder cette meuf la veille. de m’avoir cherché du regard. parce qu’elles croient p’têtre que t’es le bon pour elles mais la vérité scott, c’est que j’suis la seule à être faite pour toi. bras en suspends, silence encombre la pièce. jusqu’à ce que tes doigts effleurent les miens, s’arrête dessus. bouche s’entrouvre à peine, sors un léger soupir. opales qui s’évaporent dans tes yeux. s’arrêtent un instant sans battre des cils. flotte dans l’espace temps et tout reprends sa place. trop vite. j’ignore ta politesse, récupère le verre pour le remplir à nouveau et le poser sur la commode. - si jamais t’as encore soif. debout derrière toi, mes yeux s’attardent sur ton corps que tu dévoiles à moitié. myocarde tambourine. l’envie de le noyer. - attends.. contourne le lit, revient face à toi. - j’vais t’aider, tu m’fais pitié là. les mots sont secs. mes doigts se posent sur les coutures de ton haut, le soulève doucement. doigts qui frôlent ta nuque de loin avant de l’enlever entièrement. entre tes cuisses, tout devient flou. y’a ton visage à portée de mains que j’ai envie d’effleurer. tes lèvres, que j’meurs déjà d’envie d’embrasser. ta peau noircit par les lignes, celle que j’ai envie d’retrouver. et c’est dur putain, c’est dur de se retrouver face aux évidences. je reste immobile, encore et toujours ces foutus sentiments. ceux qui prennent le dessus.

Let me be there

I can be, there 'til you're whole. you weren't touched by a man in so long
'Cause the last time, it was way too strong. ;;

Il aimerait bien la voir. Le foutre au sol. Essayer de leur faire croire qu’il ne compte plus. Que sa place est vacante. Sauf qu’il en est conscient Scott. Personne n’aura sa place. Personne ne pourra la marquer comme lui il l’a fait. Comme elle l’a fait avec lui. Ce genre de lien -qui même mort- garde une part de survivance. « hm. » Le son qui veut tout dire. S’échappe de ses lèvres pour pointer du doigt son mensonge. Parfaite hôte, elle lui ramène un verre d’eau. Et il l’entend, son soupir. Il la voit, sa bouche qui s’entrouvre. Même dans la pénombre, il peut discerner sa silhouette. Elle qui se fige devant lui. Roue du temps. Tourne si vite. Tâche de faire en sorte que les évènements s’enchainent. Il n’arrive même pas à en suivre le cours. Tout va trop vite pour lui. L’esprit qui divague sur elle, il reprend conscience alors qu’elle l’aide à retirer ses vêtements. Touche sa nuque. Ses ongles qui le font frissonner. Ses iris à lui, plonger sur la vue de son corps qu’elle lui offre. Il se rend compte putain. A quel point, il a l’air d’un chien quand elle est dans les parages. Incapable de se contenir comme une personne civilisée. Dans son brouillard, il ferme les yeux. Laisse les secondes se tarirent, avant de la regarder de nouveau. Elle. Immobile devant lui. Elle attend. Il ne sait pas quoi. Il ne sait pas s’il y a une raison. Tout est bordel dans sa tête. Difficilement, il s’accroche au concret. S’ancre. D’un revers, il dégage ses chaussures sur le côté. Puis, se redresse. Effleure Lena en se relevant. Alors seulement, il desserre sa ceinture. Bruits métalliques dans la nuit. Défait son jean pour le faire glisser au sol. « T’crois qu’tu fais pas pitié à m’laisser ton lit. » Avec un train de retard, il la provoque. Se laisse tomber sur son pieux sans vergogne. Même allongé, il dirige ses orbes moqueuses vers elle.

ambiance électrique. chambre devenue abysse. encore pire qu’il y a quelques heures. je préférais encore les longs silences que le vacarme de ta présence. sommeil qui voulait pas venir est partit pour de bon cette fois. médiocre dans mes indécisions. pathétique quand j’essaye de te mentir en pleine gueule. et même là, t’arrives encore à tout foutre en l’air. même quand j’te tends la main, tu mords encore. t’amputes le peu qu’il me reste. tu te redresses, ton corps heurte le mien et je recule. coeur qui se gonfle, la rage que tu sais que trop bien réveiller. et tout me revient à la gueule. éclates les vérités. comme une bombe, explose dans la poitrine. - t’as raison, j’suis pathétique à pas te laisser crever devant ma porte. crache l’aversion. dégoût qui se reflète dans mes yeux quand je te regarde. - vas-y profite bien d’mon lit scott.. parce que la seule chose que t’auras de moi ce soir c’est mon odeur. et je me retourne, tornade qui récupère deux trois vêtements dans ma valise. tremblante. d’excès de colère. j’fous tout en vrac dans un sac sans regarder. - j’me casse. parce que tu mérites même pas que j’reste. parce que cet endroit là, ça me rappelle notre fiasco. parce qu’on aurait pu être là. toi et moi. dans un putain de chalet. baiser partout à l’écart du monde. se murmurer qu’on s’aime, mes joues encore rougies. allongée près d’toi. on aurait pu être heureux mais y’a rien eu d’tout ça. et ça m’dégoute, tout ce que t’as fait de nous. ça m’dégoute que t’ai pu autant fauter. foiré.

Let me be there

I can be, there 'til you're whole. you weren't touched by a man in so long
'Cause the last time, it was way too strong. ;;