Drunk in love
with @Horace Dawson

Corps de poupée appuyée contre l'un des murs de la rue, les bras serrés contre la poitrine, les jambes qui sautillent et les dents qui tremblent. Froid hivernale qui l'accable, bien trop longtemps qu'elle était plantée là, l'alcool qu'elle avait dans le sang n'était plus capable de la réchauffer. C'est le brouillard dans son esprit, elle a même du mal à comprendre ce qu'elle fait là. Ah si, elle attendait Horace. Sûrement parce qu'il était celui à qui elle pensait lorsqu'elle tombait dans cet alcool triste, état qu'elle n'avait pourtant pas l'habitude de fréquenter. Parce qu'elle ressentait ce sentiment de solitude, cet étrange besoin d'être à ses côtés, parce que c'est souvent quand ça s'écroule qu'on se rend compte de la réalité. Pourquoi elle continue de faire comme si il était son ami ? Pourquoi l'avait fait-elle fait passer après pour la soirée la plus importante de l'année ? Des tas questions qu'elle se pose, des questions qu'elle n'aurait jamais osée se poser si elle n'était pas dans cet état. Y'a la silhouette masculine qu'elle reconnait, un large sourire qui s'affiche sur ses lèvres et son bras qu'elle n'attends pas d'attraper. Sans un mot, elle le tire vers elle, ses mains qu'elle glisse contre ses joues colorés par le froid. Ses lèvres qui retrouvent ensuite les siennes sans attendre, lui offrant passion mais aussi une certaine douceur qui pourrait presque sembler inédite. Parce que parfois, l'alcool révèle les vérités, sa vérité était que ce soir, elle avait besoin de lui. D'une certaine manière qu'elle avait du mal à comprendre. Tu m'as trop trop trop manqué Dawson !  Dit-elle souriante, idiote heureuse, le corps incapable de se reculer, cherchant certainement la chaleur qui lui est due. J'veux que tu dormes avec moi ce soir.. Petite moue qu'elle affiche, presque comme l'enfant à qui il serait bien difficile de dire non. Sa main qui s'enfonce dans les boucles brunes, le sourire de l'illuminée qui reste ancré. Oh je sais ! On prends une putain de chambre d'hôtel pour la nuit ? Enthousiasme qui continue de dégouliner, oubliant que lui, peut-être, n'était pas dans la même humeur qu'elle. Surtout après ce qu'elle lui avait fait.

Drunk in love
with @Astra Rothschild

Tu veux que je te dise quoi, hein ? Si je suis là, si je viens, c’est que j’ai trop peur des regrets. Du fait divers où je te retrouve dans des draps blancs ; mais pas de ceux où je rêve de m’y allonger. Considère que c’est mon dernier geste, un dernier sauvetage pour 2022 et pour celles à venir. J’en prend un morceau d’abord, je vais pas vous mentir, je la repousse d’accord - mais non sans avoir réchauffé ses lèvres des miennes un moment trop long pour être sur de c’que je veux. C’est ça le problème, je sais jamais vraiment ce que je veux quand il s’agit de toi Astra. Et quand je le sais, quand ça semble enfin clair et que j’bute seulement sur les mots pour te les verbaliser, toi tu te casses avec le passé. Déjà que j’en voulais pas, de ce truc qui secoue le cœur, mais j’en veux encore moins quand il se tord d’un nouveau sens. C’était mieux quand j’m’en foutais, que tu soupires dans d’autres cous. Nouvel an c’est toi et moi. C’est tacite, et j’accepte le reste du monde autour parce que j’sais qu’à la fin ce sont mes draps que tu retrouves. C’est toi et moi, y a quoi que t’as pas compris dans cet énoncé simple ? Toi et moi, pas toi et je sais pas quel mec que t’as nexté un jour et dont tu ne t’es finalement pas lassée. Il avait quoi de particulier, lui ? J'veux dire, pour que j'sois même plus envisagé dans le tableau. Alors quand j’estime que ta bouche ne risque plus rien, mes doigts te repoussent doucement. J’ai ton parfum éthanol sur la peau, mais j'arrive pas à l'ivresse ; gueule de bois à sec. « Astra.. arrête, arrête. »  Juste pour mettre une distance nécessaire à mon discours. C’est pas beaucoup, à peine décalée de mon corps,  mais j’y crois à mon courage soudain. Une résolution prise un jour avant les officielles. « Je te ramène chez toi. » Enfin, je file quelques billets que la loi qualifierait de sales à ce chauffeur de taxi qui m’attend. Il patiente. S’impatiente. Doit sûrement se demander ce que tu me trouves ; et surtout pourquoi j’ai eu l’audace de mettre fin à l’échange. Même la salive Rothschild vaut de l’or. « Tu montes. » J’en accroche la poignée de la portière pour l’ouvrir et te guider vers une nouvelle année. Je peux déjà te promettre qu’elle ne ressemblera pas aux autres.

Drunk in love
with @Horace Dawson

La vision est pas vraiment net, semblable aux pensées qui divaguent vers les raisons qui l'ont emmenés ici. Perdue dans cette ruelle, le corps qui l'a supplie de rentrer au chaud, l'esprit qui ne demande qu'à boire à nouveau et son coeur, c'est celui qui a réussi à prendre le dessus. Parce qu'il tambourine encore et encore, lui criant de le rejoindre, lui criant à quel point l'air était difficile à avaler lorsqu'il n'était pas là. Et tout ça, c'était pas normal. Elle n'écoutait jamais rien et son coeur, était certainement celui qui passait toujours en dernier. Destructrice de son propre bonheur, elle continuait de faire les mauvais choix. Les choix qui font mal, parce que c'est grâce à ces mauvais choix qu'elle sera capable d'éloigner les conversations qu'elle redoute, et ça, depuis trop longtemps. Parce qu'elle aimait vos moments éclairés, mais c'est peut-être grâce aux sombres que vos âmes sont toujours enchainés. Les azurs qui détaillent les courageux qui osent passer par ici, le manque qui se creuse au fond de la bouche, moment ancrée dans la solitude, silence qui lui permettait d'ouvrir les yeux. Aucune de ses actions n'avaient réellement de sens, elle agissait sans réfléchir, courant droit dans les murs. Mais parmi tout ça, elle restait sûre d'une chose. Il était ancrée en elle, dans ses pensées, son corps et son âme. Elle a essayée, encore et encore, mais peut-être que cette fois, les armes doivent être déposés, combattante prête à dresser le drapeau blanc, drapeau de la honte pour une gagnante face à sa défaite. Mais peut-être que, c'était juste le début d'une nouvelle partie ? Sensation de chaleur qui s'instaure lorsque leurs lèvres se retrouvent, sensation bien trop chaleureuse pour durer plus longtemps. Parce qu'elle retrouve son sourire, satisfaite d'être avec celui qu'elle attendait tant. Quoi ? Non, non, je veux rester avec toi. La tête qui se secoue, incompréhension face au visage. Je t'ai pas appelé pour que tu me sauves... Juste parce que je veux que tu sois là. Le regard qui se pose un instant sur la voiture, la main qui se tient à la portière, prête à utiliser les dernières forces qu'il lui restait pour qu'il accepte de la suivre dans cette voiture. Tu viens avec moi, j'ai une surprise qui t'attends à la maison. Stupide excuse qu'elle se trouvait pour qu'il l'accompagne, peut-être préférable à la menace de rester sous la neige tant qu'il ne se pliera pas à ses désires. Le corps qui se recule vers l'entrée de la voiture, le fessier qui retrouve trop facilement la banquette alors qu'elle avait tirée son bras pour qu'il tombe à l'intérieur avec elle. Rire candide qui s'échappe, la porte qu'elle se dépêche de refermer. En route chauffeur ! Dit-elle à l'intention du conducteur, presque trop fière de son petit jeu. Parce qu'elle a décidée que tu resteras avec elle ce soir, et toi, tu sais mieux que personne que y'a rien qui l'arrêtera n'est ce pas ?

Drunk in love
with @Astra Rothschild

Perdu dans un énorme pogo, où mon corps se fait balader d’êtres en êtres, percutant elles et elles, heurtant les peaux dénudées et les âmes données. J’suis balancé et j’ai appris que cet énorme bordel, où j’en perds mon orientation, c’est ma maison à moi. C’est mon fonctionnement, toujours ballotté d’une vie à une autre. J’remarque même pas que je t’ai mise au centre. Là, je t’ai installé sur un trône, couvert de ma peau et se balançant au rythme de mon cœur. J’ai vu que ça piquait pas comme d’habitude, y a quelques jours. J’suis idiot selon certains, mais pas au moins de ne pas avoir senti que ça dérapait depuis un moment. Dans ma descente, j’ai arraché toutes les branches, même les herbes, espérant ralentir la dégringolade vers le ridicule. Ca m’fait pas peur, pourtant, tu sais. J’me suis blindé des railleries. Mais, le ridicule, le vrai, qui ne s’assume pas, celui qui secoue les entrailles d’un mec qui aime trop. De façon plurielle. Se donne par morceaux. Assumé et sincère. Dans notre lutte et nos éclats, j’ai ralenti mon tourbillon, et j’crois que j’ai fini par trop m’approcher du tien. Ridicule. Combien c’est cliché, que ça m’foute en l’air que tu bascules pas dans l’année suivante avec moi ? Ce n’est qu’une soirée, on en a eu pleins. Mais dans celle-là, j’ai décidé de tout mettre. Le tapis, mes fringues et mon maigre ego. Quand est-ce que t’as commencé à me grignoter ? J’reconnais pas cette colère sourde qui éteint mes lueurs. En t’aimant plus, je les aime moins, les autres. Elles qui méritent, elles qui me caressent sans me griffer. Elles qui m’laisseraient pas, tu vois, demain. Ou peut-être que si ? J’en sais rien putain. J’sais plus ce qui tient debout et sur quoi m’appuyer ; c’est toi qui boit et c’est moi qui tangue. La nausée d’un esprit qui flotte et d’entrailles qui se serrent. Ridicule, ridicule, ridicule. Ca martèle, les syllabes frappent contre les parois du crâne. J’en recule un peu, et j’veux te virer. Du paysage, de la soirée, de ma vie. Alors j’comprends pas comment je passe de ce désir à mes lèvres contre les tiennes. Par lâcheté. Pitoyable. J’me raccroche à l’idée, crachant : “Arrête de dire ça.” Qu’tu veux que j’sois là, parce que c’est que des conneries. “J’ai pas envie de baiser Astra.” C’est ça, non, ta surprise ? Parce que c’est un peu mon job, mon utilité, hein ? La fonction du type toujours dispo, gigolo pas trop désagréable, qui connaît ce qui te déclenche. J’peux souffler la cartographie de tes frissons au prochain, si y a que ça. J’lui dirais quand ta respiration saute, j’lui dirais aussi de mieux te regarder le matin, quand y a que Morphée qui t'accueille. Quand t’exultes et que t’es jamais aussi belle. Je peux tout leur souffler avant de partir. Qu’il faut se méfier, aussi, de tes doigts qui s’agrippent et s’imposent, m’entrainant dans la boîte de métal qui démarre à peine tu l’ordonnes. Je peste et tout le monde s’en fout. On est pas dans le même monde. “Tu fais chier putain.” J’me calle contre la porte. Distance. “J’te ramène, et je me casse juste après.” On arrive trop vite. J’file des billets, des petits qui font une somme à la fin. Dernières économies. On est dehors et le taxi se barre. Peur que j’paye pas le reste, j’suppose. L’apparence du raté, qui s’exclame, les bras illustrant : “Non mais sérieux ?!” Le vert des orbes qui suit la caisse se barrant dans la rue, les traits portant une lassitude multicauses. Un soupire. J’veux même pas voir ta mine réjouie. Passe à tes côtés, attrapant ton bras pour guider ta démarche. Le chemin jusqu’à chez moi, j’le connais aussi par cœur. “J’reste pas toute la nuit.” Et le pire, c’est que j’y crois à mes mensonges.

Drunk in love
with @Horace Dawson

Y'a cette couleur au fond de ton regard, cette couleur qui présage vraiment rien de bon. Parce que t'es en colère et que cette fois, elle a peut-être fait l'erreur de trop. Mettant de côté ce moment solennel que vous viviez chaque année, lorsque les compteurs de la nouvelle année sonne et que vous fêtiez ça autour d'un baiser passionné, partageant votre bonheur de survivre une année de plus. Mais cette année, elle a fait les choses différemment, parce que c'est plus simple quand tu penses que t'es qu'un jouet qui fait partie de sa collection, un jouet échangé par Loyd pour cette soirée. Parce que c'est plus simple quand tu penses être loin de toute la vérité. Pourtant, il suffit d'un excès de conscience pour comprendre le venin qu'elle avait délaissée, comprendre que sa place était pas avec son ex, mais avec toi. Parce qu'il est le passé et que toi, t'es peut-être son avenir depuis trop longtemps. Y'a l'inconscient qui prend place, y'a des papillons qui se creusent au fond du ventre, comme cette envie de bonheur qui décide enfin de s'exprimer, cette fois éloignée des barrières qu'elle s'imposait. T'as accepté de l'embrasser, mais tu voulais fuir autant qu'elle voulait que tu restes. Parce qu'un pas en avant, dix pas en arrière n'est ce pas. Mais non j'veux pas qu'on baise, tu comprends rien. Dit-elle, comme si ce qu'elle avait en tête était une évidence. Tu vois Astra, t'es même pas capable de t'en rendre compte, mais t'as réussi ton jeu. Il se voit maintenant comme ce qu'il n'est pas, ce pantin que tu utilises pour les bons moment. Et pourtant, c'est de lui dont t'as besoin pour les mauvais. Reine qui joue sa dernière carte pour que ses désires soient réalisés, mauvais coup réussi lorsque la voiture décolle avec le brun à l'intérieur. Sourire trop fière, persuadée qu'elle avait encore assez d'atouts pour le convaincre de rester prêt d'elle. L'extérieur qui se retrouve une fois garé, rire presque trop vile qui s'échappe au départ du chauffeur. Tu vois, même lui pense que c'est une mauvaise idée de s'enfuir. Silhouette féminine qui le retrouve jusque l'entrée de son immeuble, le fidèle concierge qui observe leurs déboires, comme à chaque fois qu'ils rentraient chez elle en plein milieu de la nuit. Si tu voulais pas rester, tu serais déjà partie, mais on sait tous les deux que tu peux pas t'en empêcher. Léger murmure qu'elle écrase contre son oreille jusqu'au ding de l'ascenseur. Sa main qui attrape la sienne pour le tirer avec elle, mettant toutes les chances de son côté pour ne pas le voir fuir. Le dos qui se colle au mur. Tu m'en veux pour le nouvel an, c'est ça ? Parce que pour une fois, elle veut pas se délecter de ta colère pour y mettre feu, faut que les mots s'échappent, le besoin d'être sincère devient presque tordant. Son appartement qu'elle retrouve à ses côtés une fois l'étage atteint, son manteau et son sac qu'elle fait voler au sol, une bouteille qu'elle n'attend pas de retrouver, parce que ce doux élixir, c'est peut-être sa force de la soirée. C'est peut-être grâce à lui que les blessures sont capable de se guérir. Gorgées qu'elle avale les unes après les autres, les azurs qui retrouvent les siennes. T'as raison, j'ai merdée, parce que.. Je sais même pas pourquoi j'ai fais ça, en fait ? Alors que je savais très bien que j'voulais passer ce nouvel an et tous les autres qui suivent avec toi. La tête qui se secoue, ses erreurs et son idiotie auquel elle fait face et peut-être pour la première fois. Alors peut-être qu'on s'fait du mal, qu'on devrait s'éloigner, mais grâce à toi, je ressens mon coeur battre et j'suis capable de me remettre en question. Alors peut-être qu'en fait, tu me fais du bien et que c'est peut-être grâce à toi, que je pourrai être quelqu'un de meilleur ?

Drunk in love
with @Astra Rothschild

J’comprends rien. C’est vrai, tu vois t’as raison, j’comprends rien. A ce que je fais, maintenant, ce que je fais là, ce que je fais dans cette vie qui est la mienne, et ce que je fais dans la tienne. J‘improvise la majorité du temps. Tout le temps en fait. Manque de connaissance ou de réflexion, manque de recul et d’expérience. Je manque de tellement de trucs que tout est contradictoire. J’veux te repousser et j’accoure. Tourner la page mais arriver devant chez toi. La dépendance me colle encore à la peau. Y a encore de toi partout. Mais c’est fini. Pour une soirée que tu choisis dans d’autres bras, j’ai bien conscience du ridicule. Mais passe encore les autres jours, je me fous que ca soit hier ou le lendemain, cet instant là, c’était pour nous. Pas même envisagé. Pas assez lourd dans la balance. Tu le sais pourtant, que j’ai beau nourrir ma carcasse des pires mets bostoniens, j’galère à m’épaissir. Comment tu veux que je lutte ? Forcément je bascule, la balance ne tangue même pas, elle s’incline franchement vers l’Autre. Il mérite une majuscule, au moins ? Ma colère aiguisée, pointue, tente de se frayer un chemin entre tes côtes pour y chatouiller n’importe quoi. A défaut de capter un morceau de cœur, peut-être un bout d’ego, au moins. Toi qui supporte si mal la contradiction et les corps qui se refusent. Trop habitué à s’incliner quand tu l’ordonnes, ou même le sous-entend, j’ai la silhouette même qui galère à ne pas te suivre. L’esprit faible. Et ce clou que t’enfonce, en désignant de l’index, moqueuse, mon effective incapacité à me soustraire sous tes ongles, sous tes lèvres. Tu l’verras même pas que j’ai le regard qui se baisse un peu. Honte passagère. De mon autorité qui s’est perdue dans ce taxi qui se barre, et dans mes belles résolutions qui s’effacent quand je te suis. “J’peux pas m’empêcher de vérifier que tu vas pas encore faire d’la merde, ouais.” Sifflé, en quête d’un peu d'orgueil à recoller à ma carcasse. “Aucun rapport avec une envie de rester.” J’te dépose dans ton lit, j’me prends un taxi, et j’y retourne. J’y crois encore ; regarde cette naïveté. Même que je réponds pas à cette vérité que tu me balances. Evidemment qu’on parle de nouvel an. Mais formulé comme ça c’est ridicule. J’sais qu’à peine j’me vautrerais dans cette espèce de jalousie mal placée, risible, j’ouvrirais des portes que j’serais seul à passer. Pas prêt, pas envie. Le truc c’est que je comprends pas moi-même pourquoi ça tonne si fort à l’intérieur ; pourquoi j’arrive pas à en avoir rien à foutre. Ca m’fait mal au crâne ces conneries, j’en veux plus, j’veux que ça dégage. Faut que je dégage. “File.” J’te l’arrache des mains j’crois, la bouteille, autant pour que t’arrêtes de t’enfoncer, que pour m’enfoncer moi-même à mon tour. J’me détourne déjà, prêt à repartir dans une réplique cinglante. Mais tu m’arrêtes. Sans vraiment faire un geste, juste avec tes trucs sortis de nul part. Ca m’adoucie deux secondes, du miel qui dégouline à l’intérieur. La tête qui se secoue. Bordel Dawson.  “Fait pas ça.” J’te fais face à nouveau, la bouteille solidement maintenue entre mes phalanges. “T’as merdé c’est vrai.” J’te l’accorde. Et j’crois que rien que ça, ça fait du bien de l’entendre. “Et clairement, tu vas passer un nouvel an merdique parce que j’serais pas là.” Auto-persuasion, rictus à la bouche. “Mais me sors pas des trucs que tu penses pas, juste pour effacer ce que t’as fais.” L’index se décroche du verre pour te désigner. “Essaye même pas de me manipuler.” Le problème c’est qu’ça risquerait de marcher, j’nous raccrocherais à nos branches. J’ai juste besoin d’une excuse pour nous sauver.

Drunk in love
with @Horace Dawson

Ça fait des mois que les choses sont différentes, des mois que tout a changé. Parce que vous avez jamais été capable de le dire à voix haute, mais vous êtes plus ces supers potes, ces fêtards, ceux qui se moquent du monde sérieux et qui en oublie le reste. Y'a tous les bons côtés qui ont été jetés, parce que y'a la colère, la jalousie et la possessivité qui ont pris le dessus. Peut-être parce qu'on a finis par se perdre à notre propre jeu. Incapable d'imaginer qu'on deviendrait si faible l'un face à l'autre. Y'a une époque où on était capable de se comprendre, parce qu'il suffisait d'un sourire pour savoir quoi faire ou quoi dire. A cette époque, c'était nous contre le monde, on tourne à l'envers alors que le monde continue de tourner à l'endroit. Guerre perpétuelle qui s'est maintenant éprise de votre relation, la peine et la colère qui en fait son meilleur festin, pourtant plus ça fait mal, plus ça devient difficile de s'éloigner. C'était un soir comme les autres, mais peut-être assez différent pour qu'elle se rende compte de la fatalité. Accrochée depuis trop longtemps à ce qu'ils représentent. Il était le seul capable de lui infliger une telle colère, le seul pour qui son coeur était capable de se révolter. Le seul qui reste dans un coin de sa tête lorsqu'elle s'endort et que les rêves lumineux viennent effleurer ses pensés. T'es qu'un menteur. Sourire dans le coin des lèvres, fierté qu'elle ne peut s'empêcher d'afficher, parce qu'elle aurait retournée la terre pour te faire rester, la quête s'avérant finalement plus facile qu'elle était prévu. Jusqu'à ce qu'elle arrive à la dernière épreuve, celle où elle arrive à mettre de côté tout ce qu'elle représente, ce moment où elle sera capable de déverser ce qui bouillonne depuis trop longtemps. L'appartement retrouvé, sa fidèle amie tequila qu'elle n'attend pas de récupérer, des mots qui s'échappent et qui suffisent pour arrêter ses pas. Elle comprenait son erreur et elle savait qu'elle devait parler avant de le perdre, définitivement. Peut-être parce qu'elle a encore assez de conscience pour savoir qu'elle le supportera pas. Un monde sans Horace, n'est pas celui d'Astra. Elle voulait réparer ce coeur tiraillé qu'elle n'a jamais cessé de torturer, en le serrant entre ses ongles aiguisés. C'est vrai, t'as raison, il sera sûrement merdique. Les épaules qui se haussent, la tête qui se secoue lorsqu'il l'incrimine de manipulation. C'est vrai, elle ruse, elle est perfide. Mais putain, c'est la première fois qu'elle a envie d'être sincère. Est ce qu'on peut arrêter de faire ça ? De faire comme si on était des bons potes de soirées ? La tête qui se secoue une nouvelle fois, rire presque jaune qui s'échappe face à la situation. On peut arrêter de faire comme si c'était normal que tu veuilles me virer de ta vie parce que je suis pas avec toi au nouvel an ? Et comme si c'était normal que je sois passée dans un lit d'hôpital parce que je supportais pas, de pas t'avoir avec toi ? Les azurs qui restent fixés sur les siennes, les pas qui s'avancent au fur et à mesure de ses paroles.  La plupart des choix que j'fais sont mauvais, j'fais tout pour m'éloigner de toi, j'fais tout pour que tu me détestes, j'fais tout pour que tu te rendes pas compte de la vérité. Seulement quelques centimètres qui les sépare à présent, l'index pointé sur elle qu'elle avait rabaissé. Mais j'crois que j'en peux plus d'être une lâche, j'en peux plus de fuir ce qui nous pend au nez depuis des mois. L'une de ses mains qui se retrouve contre sa joue, plus confiante que jamais, aucune hésitation dans ses paroles, force qu'elle n'aurait jamais pensée trouver un jour. C'est pas de l'amitié que je ressens quand j'te regarde Dawson, t'es dans ma peau et j'arrive pas à t'en sortir. T'es le seul capable de me faire ressentir quelque chose, mon putain de coeur il arrive à battre quand on est ensemble ou que je pense à toi, j'ai du mal à comprendre tout ce que ça représente, mais j'crois que je suis amoureuse de toi et que je pourrai rien faire contre ça. Peut-être que tu voulais pas entendre tout ça, peut-être qu'elle était allée trop loin et qu'elle regrettera ses mots toute sa vie. Mais y'a cette sensation de légèreté, parce qu'elle a été plus forte que votre petit jeu, elle a réussi à le dépasser.

Drunk in love
with @Astra Rothschild

Et j’crois que mine de rien, j’suis toujours dans le jeu. Dans celui qu’on a construit, et dont personne ne connait les règles. J’suis enfermé dans la boîte et je continue à jouer comme un con, avec tous les pions que je trouve, en commençant par la fin puis en recommençant depuis le début. Je joue même quand tu joues plus. Tu relances quand j’abandonne. Quand on est perdu dans l’truc, que tout semble fonctionner, qu’on risquerait presque de s’accorder main dans la main ; on secoue la boîte et tout se remet en désordre. Voilà qu’on souffle à nouveau. Comme si notre monde, ce n’était que bordel. Comme si nos inspirations étaient plus simples quand tout se mélangeait. Parce que tu vois, eux, ceux qui nous regardent et nous lisent, le savent, combien on est clichés dans nos répliques. Combien on est lisibles, dans nos jalousies dont on tait le mot. Le gros mot inscrit, d’un métal brûlant, dans notre chair cramée. En plein milieu du front, puisque caché dans le cœur, on est incapable de le lire. Alors oui, j’suis dans la boite et je joue tout seul. Au mec vexé, qui veut se barrer mais monte quand même. Au mec énervé mais incapable de se taire, de mettre fin à cette discussion ridicule. Au mec qui relève la tête, un peu, quand tu déshabilles ton humeur. J’ai davantage l’habitude de l’effeuillage de vêtements. J’suis un peu perdu quand c’est ta cuirasse que tu dégages. J’m’étais pas rendu compte que j’avais tellement gratté le cuir, que j’avais atteint ta peau. La vraie. Celle du début, sûrement, celle avant que la vie ne gâche tout. Et on me susurre que tu pourrais me mentir, encore. Kââ, brillante, sublime, Kââ dont le poison grignote depuis des mois, des années, mes idées. Une obsession faite femme. J’en dessine les traits, j’me rends même pas compte que mes modèles ont ton regard. Qu’elles me regardent comme tu le fais maintenant. Mon esprit gamin a déjà imaginé tout un tas de trucs ; des guerres et des paix, où est drapée de blanc puis de noir. Mais le rouge, celui avec lequel on maquille les amoureux, j’l’ai jamais osé. Probablement parce que c’est là, ta seule vraie peur. Tu mens ? Est-ce que tu mens ? Parce que j’ai la bouche qui s’assèche vitesse grand V, quand tu t’approches et que tu récites. Dis-moi que tu l’as bossé. Ca s’écrit, ce genre de discours. Il faut s’armer de courage, noyer ce qui tord les entrailles, il faut supporter le regard vert que j’arbore, ces paupières qui oublient de cligner. Faudrait pas que tu t’arrêtes, dans un battement. Faudrait pas que tu disparaisses parce que j’t’ai lâché pour un voile de peau. “Arrête” J’ai supplié dans un souffle, comme une mise en garde, quand j’ai tes phalanges sur la joue et que c’est déjà trop tard. On arrête pas un train lancé d’un soupire. Arrête parce qu’après ça, j’pourrais plus jouer. J’peux déjà plus respirer, plus rien faire fonctionner de la machine. J’crève de l’intérieur. Y a toutes les braises que t’as laissé un peu partout, qui s’réunissent pour faire de mon être un brasier. Mes doigts qui effleurent tes lèvres, j’crois même que j’te souffle de te taire à nouveau. Avant de renverser le jeu. “Dis-le encore.” Carton sur le sol, nos pièces enlacées. “Que tu m’aimes, dis-le encore.” Orbes vivantes, palpitant qui s’invite partout où on peut le voir. Dans ce baiser que j’te donne. Une fois, deux fois, dix fois, trop forts et trop brefs. Trop nombreux. J’crois que j’t’ai jamais si mal embrassé. Mes doigts qui s’enfoncent dans ta nuque, marque de mon empreinte ta peau. Redis moi qu’elle est à moi, cette peau. “Parce que moi j’en suis sûr, que j’deviens taré et que j’arrive plus à gérer.” J’en oublie quand respirer et comment le faire. “Et je sais que j’devrais pas, qu’c’est ridicule, que c’est pas nous..” Pas ce qu’on s’était soufflé, au début. “Mais t’es partout et ça me rend dingue.” Inspire, expire. “Enfin bref, j’crois pas, j’suis sûr.” Avec ton bordel t’as finalement réussi à m’faire lire la phrase finale de notre jeu. Et pour une fois, les lettres ne se mélangent pas quand j’la déchiffre. On grave ce qu’on savait déjà. “Tu sais..” Le sourire enfin, lumineux et candide, vient récupérer toutes les couleurs qu’on avait laissées. Gamins qui découvrent ce qui bat, sous le cuir. “Le truc d’être amoureux tout ça.” J’ai déchargé mes épaules, et puisque t’es nue, j’fais pareil, j’arrache le métal qui s’était soudé à ma chair. J’en laisse sûrement quelques morceaux de peau ; pas conscient d’être ainsi trop vulnérable pour la prochaine partie.

Drunk in love
with @Horace Dawson

Comme sauvés par le gong, la cloche de fin de partie qui résonne entre les murs. Parce qu'ils ont joués, ils ont eu le temps d'accumuler les victoires, parfois ardentes, mais aussi, les défaites, bien trop souvent destrusctrice. Parce qu'on veut souvent prolonger ce qui nous fait du bien, mais plus on le prolonge, plus s'rend compte qu'il est pas si bénéfique que ça. Parce que ça fait des mois qu'elle représente cette bombe à retardement, des pensées qui s'apparentent à un amas de sentiments et de vérité qu'elle gardait en elle. Alors ça tient, quelques temps, jusqu'à que ça explose. Et qu'une fois la vérité révélée, elle peut pas s'arrêter, ça dégouline et y'a rien qui peut faire barrage. Parce que ces mots qui s'échappent, ils sont énoncés avec le coeur. Coeur en réveil, en ébullition, fatigué d'avoir passés tant d'année ensevelie sous la pierre. Mais ça fait des mois que tu fissures cette pierre, qu'elle se casse et que des morceaux s'échappent. Pour mettre à nue ce qui existe vraiment au fond d'elle. Pauvre princesse persuadée de n'avoir besoin de personne, princesse perdue au fond d'une pièce, désorientée face à ce monde qui l'abandonne et qui la juge.  Parce que cette fois, elle t'offre la possibilité de voir cette réalité, tu verras au fond de son regard, y'a sûrement tout qui devient logique. Une fois le soleil levé, tout sera peut-être différent, mais à cet instant elle y pense pas une seconde. Y'a qu'une seule chose qu'elle a en tête, exprimer ce putain d'amour qu'elle ressent pour toi. Cette sensation qu'elle commence à découvrir aujourd'hui, nouveauté qui l'illumine, parce qu'il n'est certainement jamais trop tard pour une première fois.  Le yeux à l'affût de la moindre réaction, des mots coupés par de mauvais baisés échangés. Elle en riait entre deux, cette excitation, cette adrénaline si communicatrice. Peut-être parce que vous ressentiez la même chose en ce moment, parce qu'après des mois, vous étiez enfin capable de vous comprendre. Y'a le coeur qui continue de s'affoler, les yeux pourraient même paraître humide face à tant d'émotions. Parce que ouais, ça fait du bien. J't'aime Dawson, c'est pas des conneries. Des mots murmurés contre ses lèvres, tel un secret bien gardé, ses pupilles qui n'ont pas flanchés, ce putain de courage qui s'enflamme, cette force surhumaine qu'elle avait retrouvée face à toi. Y'a ce sourire idiot placardée sur ses lippes quand elle te regarde, ses mains qui restent serrés autour de ce visage heureux. J'sais que c'est ridicule, on a l'air de deux débiles comme ça.. Mais j'en pouvais plus d'me cacher la vérité, j'y arrivais plus. Sourire qui ne cesse de s'étendre, lorsqu'à son tour, sa vérité, à lui, se faisait dévoiler. C'est drôle, cette sensation, elle a connue et reconnue toutes les drogues possible, elle découvrait ce soir que y'avait peut-être pas besoin de passer par là pour vibrer, tout ça, facilement comparable à la drogue de l'amour. Alors elle ne réfléchissait pas à l'après, elle pensait à cet instant, juste à cet instant. Parce qu'au fond d'elle, elle le sait, rien ne sera plus pareil après ça. Des sentiments sont dévoilés, mais cette envie, de réellement quitter leur liberté ? Ça c'était une autre discussion, sûrement encore plus difficile que la première. Parce que normalement c'est pas pour eux, ils l'ont bien dit. J'sais pas trop ce que ça représente, mais j'veux plus faire en sorte de t'éloigner, c'est pas ce que je veux. C'était à son tour de venir retrouver ses lèvres, sauvagement, passionnément, comme ce feu d'artifice qui explose pendant si longtemps. Elle le serrait en même temps contre elle, si fort, si fort qu'elle pourrait en oublier de le laisser respirer. Parce que y'a ce bonheur qui jaillit, une sensation presque oubliée depuis trop longtemps.

Drunk in love
with @Astra Rothschild

Vous savez quoi ? Arrêtez tout. Arrêtez le film, y a plus besoin de rajouter des chapitres et de relancer des intrigues juste pour vous faire rester un peu plus. Rien à foutre des spectateurs, des lecteurs, rien à foutre de satisfaire la soif de chaos. Moi j’veux le rose, le coton, les nuages. Moi j’veux les papillons et j’exige qu’ils soient multicolores. J’accepte même qu’ils me bouffent de l’intérieur. On arrête. Plus besoin de nouveaux protagonistes. Parce qu’on a attendu tout le long de ce bordel d’histoire que ça arrive, alors y a pas besoin de suite. Brûlez la bobine, arrêtez là maintenant. Là, coincé entre tes bras fébriles et ta bouche plus courageuse que nos corps entiers. On choisit le bonheur même éphémère. Même chiant, même dégueulant de clichés. On s’arrête avant que le monde nous gâche. Happy end. Celui qu’on nous avait pas prévu. Qu’on s’était marré en l’insultant. J’dis toujours que j’ai l’air con, mais ça a jamais été aussi vrai. Le sourire qui prend toute la place sur les traits, et j’ai chassé tous les nuages qui obscurcissaient mon verbe juste avant. J’vomis des rayons de soleil. J’suis un soleil, un putain de soleil à perruque bouclée. Dis-moi dans quel film on trouve ça ? “Juré ?” J’ai le rire crétin, glissé entre des morceaux de phrases sans que ça soit justifié. Ouais, tout est drôle, tout est beau. Surtout toi. “Et tu croises pas les doigts.” J’te les attrape, ces doigts, pour m’en assurer. Tu peux pas m’décevoir parce que j’suis monté trop haut. Parce que tu dois le savoir, que si cette fois tu m’laisses tomber, j’me briserais les os et le cœur en premier. “On s’en fout de ce que ça veut dire, on verra demain.” Ou jamais. On verra jamais, on s’en tamponne de connaître les définitions. Ca se saurait si j’étais littéraire. Réfléchir, ça c’est bon pour ceux qui anticipent, ceux qui pensent au lieu de vivre. Nous on vit. On va vivre l’truc aussi intensément qu’on sait le faire, aussi mal qu’on sait le faire. Y  a juste quelques mots de plus dans la phrase, pour désigner cette chose qui secoue le ventre et qui disparaît pas avec un spasfon. Les autres connaissaient, ils en faisaient une pub qu’on trouvait risible. Maintenant que j’ai la gueule dedans, j’trouve ça merveilleux. J’regrette vraiment, tout ce que j’ai dis sur ces amoureux qui se réunissent. Battant abîmé, percuté contre sa paroi. Le mien en tout cas, je le sens comme jamais. Respiration douloureuse ; délicieuse. “On bouge plus ?” Parce que quand tu vas te décoller y aura les autres, et si je savais partager hier je sais plus pour aujourd’hui. Peut-être ? Probablement ? Dans le doute je te garde. J’marque ta peau de baisers, d’une morsure-vampire contre ton cou. J’m’invite sur ta chair, j'en fais mon festin de type dévoré de notre propre feu. Probablement que j’t’ai cogné contre quelques coins, quelques meubles. Deux gamins qui jouent au jeu le plus sérieux de leur vie. “On se laisse plus jamais.” Soufflé.  J’ai dis que je partais ? Je reste ; je reste cent fois. Alors mes lèvres confrontent les tiennes, plus fort. La brûlure partagée qui se propage par les stries de ma bouche insatiable. Mélange de mon sucre et de ton sel, on vise l’overdose. On s’quitte plus jamais. Sans savoir que jamais c’est déjà demain.