Un petit restaurant en compagnie de Kassim. Ayant reçu pour noël, deux repas au Foodverse, j’avais directement pensé à mon ami. De quoi nous retrouver après notre accident. Je ne l’avais pas encore revu depuis. Mais j’étais prête, à le revoir, à passer un moment avec lui. A le retrouver et construire une nouvelle amitié avec lui. J’espérais seulement que cela ne soit pas trop bizarre. Il faut dire que je rêve pas mal de lui. Des rêves plus différents les uns que les autres. Cela passe au meilleur ami, au frère jusqu’à l’amant. Oui, je peux le dire, il hante mes pensées. Une fois vêtue d’une petite robe, et de mes béquilles, je pris un taxi pour le retrouver au restaurant. Une fois à l’extérieur, je le vis sur le trottoir, à m’attendre. Quelle drôle de duo on faisait là. Doucement j’arrivais vers lui, lui tapais la bise. « Bonsoir Kassim. Tout en beauté… et j’adore l’accessoire. » Vaut mieux en rire de nos béquilles qu’en pleurer.

@Kassim Malacki

T'avais pas de rancœur envers Rébecca. Ca ne t'a jamais traversé l'esprit. Tu t'es toujours dit que c'était une épreuve que la Vie t'avait réservé et que tu devais l'accepter. Qu'importe qui conduisait, elle avait autant souffert que toi. Tu sais qu'elle culpabilise mais pour toi, elle n'est pas fautive. Ca devait se passer de la sorte. Pour que toi déjà, tu te réveille de ta fuite avant. Tu lui avais pardonné et tu le feras toujours mais tu supposes qu'elle avait besoin de l'entendre aussi de vive voix. Un restaurant en guise de rencontre post accident, ça te va bien. T'aime manger. Muni d'une béquille en guise de soutien, une partie du corps ne suivant pas vraiment la cadence, t'avais enfilé un costume et t'avais pris un taxi jusqu'au lieu de rendez-vous. C'est avec un grand sourire que tu l'aperçois et lui rends une accolade chaleureuse. - Je me suis dit qu'il fallait t'en mettre plein la vue. T'es sublime !

Je pensais que ça allait étrange entre nous, mais j'ai plutôt l'impression que le malaise n'était pas présent. En tout cas, j'y mettais de l'Energie pour ne pas le ressentir. Je sais qu'elle avait merdé. Mais je refuse de lui en tenir rigueur. Jamais, elle n'aurait voulu nous mettre en danger. En tout cas, c'est dans cette état d'esprit que je continue de tisser notre amitié. Une œillade sur sa robe et je hoche la tête. - Oui, tu vas pouvoir te trouver un p'tit branleur pour la nuit, comme ça. Clairement, c'était une belle femme, elle pouvait avoir qui elle le voulait si tant elle acceptait que son époux n'était plus là et qu'elle avait bien le droit de refaire sa Vie. J'attrape la carte des menus, en sachant qu'avec les médocs, l'alcool était pour le moment exclu. Je commande donc un coca et une planche de divers mets. - J'ai toujours faim, faut entretenir la bestiole que je suis. Alors quoi de neuf ?

Je m’étais fais belle, oui. Mais plus pour moi que pour réellement Kassim. J’avais bien trop peur de le perdre pour le moment pour entrer dans un jeu de séduction avec lui. Il est ce qui se ressemble le plus à un meilleur ami, et j’en avais bien besoin. Il savait ce que j’avais vécu : le coma et tout ça. On se ressemblait de plus en plus, bien qu’au tout début, tout nous aurait séparé. Personne n’aurait parié sur notre amitié. Moi la première. « Non, non, je ne vois que toi ce soir. » Pas du tout dans mon esprit d’aller trouver quelqu’un d’autre. Trop tôt pour ça. Je le regardais commander, tout en souriant. Il avait choisi si vite, alors que moi je suis toujours plus ou moins indécise. J’avais donc opté pour une limonade et des quésadillas pour commencer. L’appétit quant à moi venait comme il pouvait repartir aussi rapidement. « Oh bah pas grand-chose. Je me focalise sur ma rééducation, je ne compte pas garder ces trucs toute ma vie. Ca casse tout mon charme. » Je posais mes bras sur la table et après que mon regard ai parcouru le reste de la salle, je rajoutais. « Je m’en veux… la moto de mon mari est irréparable. » Et c’est surement ce qui me faisait le plus de mal, avec le fait que j’avais mis en danger Kassim.

- J'en suis honoré dans ce cas. Les boissons arrivent en premières et je trinque avec mon amie. Sujet de discussion que je n'aurais jamais cru avoir un jour dans ma vie ; la rééducation de son corps et son cerveau par extension. - Il n'y a que les hommes pouvant prétendre à une troisième béquille, laissez nous au moins cet avantage là. Ce n'est pas trop douloureux ? Parce qu'il y a des jours où je grimace fort et j'ai envie de tout foutre en l'air. J'allais reboire une gorgée mais je me stoppe dans mon élan à son commentaire. - Pas du tout réparable ? Tu veux que je jette un oeil ?

« Je te la laisse avec plaisir. » Dis-je en riant, car si seulement je pouvais m’en débarrasser aussi facilement, je le ferais tout de suite. « Surtout en fin de journée, surement à cause de la fatigue. » Mais en soit je n’avais pas plus de douleurs que ça. Peu importe où. Surement étais-je plus blessée intérieurement et cela prenait plus de place. Mais je sentais que ça allait mieux. Avec le temps. Et voir Kassim m’aidait beaucoup. J’aurais compris s’il m’en avait voulu, mais le fait que ce ne soit pas le cas m’aidait davantage. Savoir qu’il restait dans ma vie me faisait plaisir. « Tu peux, mais tu perdrais ton temps, crois-moi. » J’aurais vraiment voulu la garder sa moto. Telle une relique. Mais ce n’était plus possible. « Bon allez mangeons. » Je fis signe au serveur pour qu’il vienne prendre nos commandes respectives. « Que fais-tu de tes journées ? » Lui demandais-je une fois les commandes passées.

Des sourires à foison, parce que je sais qu'elle s'en veut. Mais ce n'est pas le cas. Oui, on aurait pu y passer. Mais c'est mon amie, elle était dans un mal-être, c'est tout ce que je retiens. J'annonce que je passerais y jeter un œil, lui demandant quand même si elle était prête à la mettre à la casse au cas où. La ferraille ne pardonne pas. Une fois, les plats arrivés, nous trinquons. - Tu comptes pour moi, n'en doute jamais. Plus que je ne voudrais me le faire croire. Elle est une constante, que je ne veux pas perdre. Je goute avec grand plaisir mon assiette et ne taris pas d'éloges. - Le matin, c'est examens ; le midi, sieste ; l'aprem, rééducation ; soir, muscu parce qu'il faut que je reste un sex symbol ! Je fais semblant d'embrasser un bicep. C'était surtout pour ne pas sombrer totalement. - Je tente de récupérer mon droit d'éducation avec les jumelles également. Visiblement avoir failli crever n'émeut pas des masses leur mère.

Des amis je n’en avais pas eu des masses non plus. Je pouvais tous les compter sur les doigts de la main. Et Kassim en faisait partie. D’où le fait que je m’en voulais encore plus de lui avoir fait vivre cela. Car non, ce n’est pas ce qu’on a envie de faire vivre à un ami. Encore moins à un ami aussi proche. Je ne savais pas comment il pouvait encore me regarder dans les yeux et me sourire comme il le faisait. Mais je le prenais. J’avais un peu de mal, mais j’allais m’y faire. Au fait qu’il était le meilleur des amis que je pouvais avoir. « Avant que tu ne parles de sex symbol, on aurait presque dit une journée de petit vieux. » Je ris, car au fond, je suis la plus vieille des deux. Mais je comprenais ce qu’il voulait dire. Malgré notre âge, on a envie de voir que l’on peut encore plaire. Surtout au vu de nos précédentes relations. « Attends quoi ? » Je me redressais face à lui. Là il venait d’attiser ma curiosité, mais surtout mon sérieux. Trêve de plaisanterie. « Quand est ce que tu as perdu tes droits ? » Pourquoi je n’en ai pas entendu avant maintenant ? « Tu as oublié que tu as en face de toi la meilleure des avocates dans ce domaine ? » Je lui en voulais presque qu’il ne m’en ait pas parlé dès le début. Ou avait-il tenté de m’en parler sans que je ne sois réceptive… ce qui était surement le cas, et beaucoup plus probable.

- Parce que j'ai trouvé justifié qu'elle s'en aille avec les filles. Je te rappelle qu'à la base, on devait partir en road trip. J'avais tout plaqué, boulot et famille et que je comptais partir sans me retourner.. ou presque. Faut croire que le Destin n'a pas accepté ma decision, pour que je reprenne mon rôle un peu partout. Sauf que .. depuis, elle refuse de me laisser une nouvelle chance. Mais ça commence à me faire perdre patience. J'ai merdé et je ne peux donner tort à personne. J'ai compris la leçon et j'aimerais vraiment me rattraper auprès de mes enfants. Ca m'épuise de devoir combattre .. Je réalise que c'est entrain de m'abattre totalement. Les filles me manquent. Je sais que j'ai raté des étapes cruciales dans leur quotidien, que j'ai cherché la merde mais maintenant .. J'ai repris du poil et je suis prêt à recommencer. - Enfin bon, je suppose que ça finira par passer avant de finir mal. Parce que je ne comptais pas rester les bras croisés