Stress naissant, vigilance fleuri qui dégage son pollen, je me retrouve à reprendre mon souffle comme si la course avait été faite à pied. Je pourrais être déboussolé, désorienté au point de vouloir prendre la fuite et rentrer chez moi me couvrir sous ma couette afin d'en cacher ma honte. Mais l'inquiétude piétinant ton ton, la hâte de ton approche jusqu'à moi me débarrassait progressivement de cette boule présente dans mon ventre. Ta bienveillance, ta douceur, agents si purs que tu convoques à mon égard n'ont rien à envier à des charmes plus directs. Il n'y a pas d'autres façons de décrire la chose que ton attitude me fait tourner la tête. ❝ Non, non, ne t'excuse pas ❞ rétorque-je en secouant légèrement la tête, ❝ tu es là, tu ne t'es pas enfui, c'est... C'est ce qui compte. Et puis... ❞ Je lâche tout de même un sourire timide, la mine assurément amusé en partie par cette courte escapade. ❝ ... C'était un peu fun, je veux bien reconnaître. ❞ Tu festoies à m'en faire rire comme un enfant et je me repais de te voir ainsi C'est terriblement rassurant, attirant, comme si je n'avais pas à avoir peur. Une ombre au tableau survient, aussitôt balayé alors que je plante mes yeux dans les tiens. ❝ Non, non, je ne vais pas te dénoncer. Je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose, surtout pour si peu, ce serait stupide ❞ et totalement à l'encontre de mon désir. Cette envie égoïste d'en savoir plus, d'en vouloir plus vis à vis de toi prend le pas sur des principes trop cadrés, sur des barrières dont j'essaie en partie de me défaire. La proximité réduite me prend de court, ta main venant chercher la mienne me fait manquer un battement, une nouvelle fois et je finis hypnotisé par toi. Pourquoi ai-je tant envie que tu me sers dans tes bras ? Ce n'est rien d'autre qu'une naissante découverte. Je ne peux me laisser emporter de la sorte. Laisse tes yeux me regarder et non m'absorber, je t'en prie. ❝ C'était à tenter, je... Je regrette pas. ❞ Parler devient difficile, mon souffle coupe court tant ma respiration se complexifie. Coup de grâce en voyant ton autre main se lever, caresser mon menton, posséder la monture de mon visage. L'espace de quelques secondes, je jure voir trouble, ne sentant que la passion émanant de toi. Est-ce donc cela que l'on appelle le magnétisme ? Je me sens électrifié. ❝ Coda, culpabilise pas, t'en fais pas, tout va bien. ❞ J'ai besoin de te rassurer au point de te dire les choses avec tant de conviction que je frôlerai presque la chute contre toi. Ton visage est près, si près, que j'ai envie de commettre l'irréparable. Connait-on vraiment quelqu'un davantage en mêlant ses lèvres aux siennes ? Ton rire vient couper court à cela, et je me sens de nouveau mieux respirer. Quel soulagement de ne plus me rapprocher d'une mort cardiaque certaine. Pourtant, tes mains ne me lâchent pas, tes yeux ne me quittent pas. Je me sens redescendre à nouveau, bien trop conscient de la machination qu'est mon myocarde enfermé dans ce putain de cage de laquelle il crie vouloir s'échapper. Me lancer ? Où dois-je me lancer ? Le vélo ? Toi ? J'ai l'impression que ton ton m'induit en erreur. Tu ne parles pas de la ballade, ton regard repeint mon visage. Tes billes sont figées sur mes lèvres, je le crois, je le sens. Il y a cette chaleur qui les brûle, mes doigts qui se resserrent sur les tiens. Je ne réalise pas que je perds l'équilibre pour de vrai, tanguant à poser semi violemment ma main contre ton torse. Le drame. Je me sens rosir, incapable de faire abstraction de l'impulsivité de mon geste, des mouvements violents émanants de ton coeur, de ton regard surpris qui me quitte et me retrouve. Je ne fais jamais le premier pas mais peut-être suis-je capable du premier geste. Un courage immense cache mes yeux, me pousse à m'avancer, la bouche entrouverte soufflant un air désirant être purifié. L'ombre de ton visage recouvre le mien, la rigidité de mon nez frôle le tien. Nos faciès se collent, cachant toute lumière, deux croissants de lune qui en font une entière. Je me sens imploser quand mes lèvres touchent les tiennes, se muent dessus et prennent en réponse l'action des tiennes. Délicate danse que nos bouches entreprennent, ma main, tendue, contre ton torse se crispant à s'en renfermer sur ton tissu, nos souffles s'accélérant en une cadence plus mure. J'en oublie les passants qui peuvent nous voir, les vélos jetés de côté comme des poivrots sortis du bar, la lente ascension vers un désir plus profond qui pousse nos langues à joindre cette passion. L'air me manque à en rendre douloureux le moindre souffle passant dans mes poumons galeux. Et je m'emporte, dominé par ma pulsion et la fougue que tu mets annihile toute inhibition. Je veux que ce moment ne cesse jamais, qu'il me laisse sur le carreau et que toi tu m'emmènes - loin ou proche, peu importe, juste là où nous ne serons que deux. Mais nul n'est immortel au point de vivre sans air. Le manquement d'oxygène fait rompre le baiser, réaliser l'écart auquel nous nous sommes adonnés. Gêne à te regarder comme si j'étais bouche-bée, sourire naissant que je tords en pinçant ma lèvre. ❝ Euh... Pardon ❞ lâche-je en ricanant comme un idiot. ❝ On... On peut reprendre les vélos et faire une ballade du coup, oui, c'est... C'est une bonne idée. ❞ Tentative d'atténuer ce qu'il vient de se passer même si mes yeux trahissent toute la joie qui me noie, je n'ai cependant pas coupé le contact qui nous lie. ❝ Et après, on peut faire ce que tu veux, enfin, je m'en fous. ❞ Vulgarité impulsive sorti d'un corps encore secoué par l'émotion. Est-ce cela que de construire une union dans sa forme la plus pure ? Rencontrer quelqu'un et s'écouter, indépendamment de vouloir contrôler où cela mène ? ❝ Enfin, je veux juste continuer à parler avec toi, échanger et... Tout. ❞ Je ne sais pas ce que je dis réellement, je reste subjugué par ce que je viens de faire. Moi, doux geek réservé, j'ai pris les devants là où je ne les prends jamais. Mise en danger sur un terrain miné, ignorant même si tu ne serais pas la bombe sur ce chantier.

Est-ce que je m'attendais à ce que tu me lâches ? Peut-être que je m'attendais au pire. Dans un sens, la pire des situation amène toujours à davantage en apprécier une absolument mauvaise. Elle ne sera que rarement au niveau de l'horreur imaginée. ❝ Oui, enfin que ce soit voulu ou non... ❞ Je n'aurai été qu'une brise dans ton trajet ayant excité l'enfant en toi. Pour la première fois, je ne me sens pas seul à vivre une part de moi à travers le prisme d'un enfant n'ayant pas passé le cap. Aspect de vie tronqué, volé ou bien abimé. J'y vois dans tes expressions, dans les fluctuations de ton sourire qu'il y a cette douce naiveté chez toi qui appartient à un Coda que je n'ai pas connu mais que je peux découvrir ici. Et il est tout aussi attendrissant que celui que j'apprends à connaître. Tu es là, taquin, satisfait de me voir finalement reprendre pied là où je me noyais. Il y a ce rictus diablement saisissant qui me coupe la circulation au niveau de mes chevilles. Des cornes se dessinent de chaque côté de ton crâne, démon du jour en mission pour me torturer. ❝ Oui, non, enfin je veux juste pas que... ❞ Cesse de me regarder ainsi. J'en ai ce sourire stupide sur ma figure qui ne veut pas partir. Je me débats avec moi-même mais que cela m'est difficile. ❝ Arrête ! Tu sais ce que je veux dire. ❞ Impossible de retirer ce sourire et de cesser de glousser jusqu'à ce que je me sente doucement tomber contre toi. Il n'y a plus de cadeau à découvrir lorsque l'emballage est défait. Et c'est exactement ce que je ressens. Les enveloppes autour de mon coeur s'ouvrent, tombent, le laissant vulnérable à la chaleur montante de mon corps. Il fond - et moi aussi - d'être si sollicité, se trouvant dans l'incapacité de se protéger. Puis le blanc s'empare de mon esprit, plus rien ne compte. Il n'y a que la force de ton corps qui cherche à me garder prisonnier, la flamme animant ta bouche qui s'imprègne de la mienne. Avais-je déjà goûté aussi pulpeuses lèvres par le passé ? Est-ce un mirage auquel je m'abandonne ou le miracle qu'est le crépuscule ? Le chant de cette danse est inaudible, et seule une musique colorée, en bourdonnement strident, vient égayer mes oreilles d'une mélodie radieuse. Je sens ce désir ardent à me répondre de la sorte. Et la pression de ma main ne peut qu'être l'évidence même que le cadre alentour nous sauve d'un meurtre de pudeur. Le baiser vient à se rompre pour notre plus grand malheur, l'âme ne pouvant donner de trop sans me forcer à te supplier de nous isoler. Difficile de se laisser submerger par des impulsions contraires à ce que les habitudes dictent malgré l'envie malsaine de s'unir. Là où la gêne cherche à prendre place pour palier à ce silence, ton rire fait son travail tout comme la taquinerie qui joue sa suivante. ❝ Non, je- ❞ commence-je en riant le plus naturellement possible. Je me sens libéré. ❝ C'est gentil, mais je ne doute pas que je n'embrasse pas mal, c'est... Je suis souvent celui qui est embrassé, c'est juste si rare que ça m'arrive. ❞ Je te regarde, presque fasciné par la tournure, m'exprimant sans filtre, sans réaliser vraiment ce que je bave. Que dieu pardonne mon corps de réclamer le tien, de vouloir damner mes lèvres aux tiennes jusqu'à ce que la terre rappelle ma carcasse. La proximité semble complexe à briser et, pour l'instant, je me porte juste à t'écouter me répondre en posant peu à peu les pieds au sol. Nos paumes respectives nous quittent, tes pas te ramènent à ton vélo - pas que j'emboite à mon tour pour faire de même. Je n'ai pas le temps de replacer correctement mon vélo que ta main me prend, me violente de délicatesse, m'attrape. Sur le moment, je veux mourir et dire "oui" à tout. Il n'y a rien que je ne veuille faire si cela m'éloigne de toi. Quand tu me lâches, une partie de moi se met à bouillir, comme si cette impulsivité corporelle venait de réveiller cette chose plus sombre, plus profonde qui ne demande qu'à exprimer les plus pervers murmures qu'à ton oreille, elle veut cracher. Sensation de force en moi grandissante, et qui continue de s'étendre alors que ton plan m'enchante à mesure que je l'écoute. Je me mets en selle, t'épiant sur ton défi qui décroche un énième sourire, faisant briller mes soleils dans lesquels les tiens s'incrustent. ❝ Okay, ça me plaît ❞ lance-je avant de commencer à avancer, ❝ prouve-moi aussi ce que tu as dans le ventre tall evil. Qui sait ce que tu pourrais gagner comme récompense à l'arrivée. ❞ Les mots sortent de ma bouche avec une telle confiance, avec une telle défiance que je réalise seulement après et me mets à stopper ma lèvre inférieure de ma rangée de dents, sourire charmant et doux aux lèvres, avant de ricaner en me lançant à toute vitesse devant. Je ne pourrais décrire ce qu'il se passe alors que je me mets même à pousser un cri. Il y a une libération de tout, une découverte de moi, un désir de toi, un futur de nous. Mes pneus crissent de toute part dans les recoins du parc, et chaque instant où nous nous apercevons, nos pieds accélèrent la cadence. Est-ce cela l'adrénaline ? Le goût du risque et de la victoire ? Je me sens murir en même temps que rajeunir, goûtant une complicité que je n'avais jamais partagé auparavant. Le coeur bat fort, si fort, mais pour l'effort. C'est comme si d'amant éphémère, nous étions à présent ami éternel. Deux êtres d'une trempe commune jouant dans une ruisseau à celui qui tiendra le plus longtemps sous l'eau. Je dérape presque, manque de rentrer dans quelques personnes au passage avant d'arriver de l'autre côté du parc. La vieille ville nous ouvre ses portes pour une virée des moins sympathiques. Du monde, des voitures, un traffic habituel peu chargé à cette heure mais non loin d'être une partie de plaisir au cours d'une course entre deux idiots, prêts à se prouver tout et son contraire. J'ai ce sourire dans les yeux quand mon regard croise le tien, le sourire figé, mine sérieuse. Il ne me suffit que d'un regard, un seul, au loin et de distance, pour sentir l'énergie que tu me transmets de part ton enthousiasme. C'est un échange, une force partagée, une énergie que je ressens et te renvoie sans broncher. Le monde sent différemment, se ressent différemment maintenant que je risque l'accident. Bêtise des neurones que de me doper à ce goût exquis, ma vigilance doublée en te perdant de vue. Bref panique qui m'envahit, je décide de continuer à foncer là où, incontestablement, nous nous retrouverons. Et je vois se dessiner au loin l'endroit du spot évoqué. Arrivé à proximité, je dévie et me jète presque contre un mur, laissant le vélo tomber au sol alors que je me mets à courir pour te chercher. ❝ Okay, je suis là ❞ dis-je en élevant légèrement la voix. Heureusement que j'ai ton meetsa pour communiquer si jamais nous sommes trop éloignés. Je ne sais pas si tu es même arrivé. Tout ce que je sais, c'est que je suis revigoré. Même plus : je me sens renais.

Provoquer. Ce mot résonne dans ma tête. La tentation devient grande, si grande, de regretter, de voir les conséquences de titiller ton primitif instinct. Nos regards se disent tout, se cherchent et s'empoignent, là où les mains ne peuvent se rejoindre. Je sens toute l'excitation impulsive qui t'anime car j'expérimente la même chose. Ce sourire figé sur mon visage ne peut s'effacer tant mes pensées restent focalisées sur le moment où les vélos seront lâchés, où nous pourrons à nouveau raccourcir cette douloureuse distance. Pourtant, foncer à toute vitesse sans se soucier du reste me donne un goût étrange, différent. L'air se diffuse de manière unique dans mon organisme, et je me sens comme si je respirais plus profondément que d'habitude. Ma peau entière palpite, renaissance de l'esprit, renaissance du corps. C'est vertigineux. Les visages s'enchaînent, les formes deviennent floues à mesure que je me concentre sur le point d'arrivée. Il n'y a que cela qui compte et rien d'autre car mon arrivée est l'endroit, mon but est toi. Pourtant, ma monture mise de côté, les alentours dégagés, nulle âme à l'horizon. J'ouvre la bouche, quémande ta présence et me retrouve en l'espace de quelques secondes tiré auprès de toi. Mon coeur se stoppe net, se brise à m'en décrocher une expression de surprise et de frayeur alors que mes soleils se figent sur tes traits. Ta voix, ta putain de voix, alliée à ce ton où je me sens désiré comme si tu en mourrais. Rictus joueur prenant place, gelant au moment où tu me pousses contre le mur à proximité. L'ombre de l'abri nous englobe et nous dévore, les arbres alentour donnant à cette scène toute la romance à laquelle j'aspirais. Je me sens frêle entre tes mains et ce sentiment fragile me dresse davantage à me lâcher, à accepter. Rien n'est plus intense que la passion suintant par tous tes pores. ❝ Tu m'excites aussi, tall evil ❞ chuchote-je presque en salivant du regard, prononçant les derniers mots en appuyant sur mon accent anglais. Ton corps se rapproche dangereusement du mien, et toute ma réflexion e bloque au moment où je comprends mon sort. Ce souffle dans mon cou, ces lèvres se posant dessus, tatouant deux croissants de lune opposés sous forme de douce brûlure. Est-ce donc cela que le baiser d'un démon, fait de magma infernal, désireux de posséder mon corps pour en extraire mon âme ? Mes mains s'accrochent instinctivement à tes bras, ma bouche ne pouvant retenir ces gémissements dont j'ai si honte. Je couine, Coda. De faiblesse, de désir, de soumission. Si tu savais les affronts auxquels je salive au lit avec celui qui hypnotise mon épicentre, tu rougirais. Mais sur l'instant, ce sont mes joues qui en paient le prix. Ta bouche quitte son terrain de jeu, et je reprends immédiatement mon souffle. Déboussolé, honteux, je racle ma gorge en riant nerveusement avec toi. Nul mot ne s'extirpe d'entre mes lèvres. Mes mirettes demeurent focalisés sur le moindre changement sur ton faciès, désireux de voir si mes vocalises ne t'ont pas écoeuré. Par chance, tu sembles en être séduit, la mine d'un animal enragé comme masque sublime que tu revêts, la poitrine se gonflant tant l'oxygène devait manquer. Impossible de ne pas te désirer de plus belle. Il m'est même difficile de totalement comprendre ce que tu dis. Comment peux-tu me me dire de pareilles choses, me regarder avec autant d'engouement sans espérer que je ne m'effondre sous l'émotion ? Tu oses amener ta bouche si proche de la mienne, la titiller comme si elle n'avait pas assez souffert de manquer la tienne. Embrasse-moi, Coda, et je t'offrirai tout. Je veux t'offrir tout. Il n'y a plus de logique, plus de paramètres, plus de codes, je perds mon état robotique et me sens vivre, prêt à bondir. Accroche-toi à mes lunes et admire avec moi les étoiles à proximité, que je te rappelle à quel point elles ne brillent pas autant que toi. ❝ C'est toi ça ❞ arrive-je à articuler comme quelqu'un sous l'emprise d'une drogue, accroché à toi par mon regard comme un poisson pris dans l'hameçon de son assassin. La valse des émotions, véritable mer agitée, s'apaise alors que tu recules sans que je ne puisse comprendre. Tes membres me quittent, et la solitude recommence à me gagner. Instinctivement, je me sens coupable. Qu'ai-je fait ? T'aurais-je brusqué ? Le sentiment de ne pas être assez, de décevoir, d'être embarrassant, tout ceci se mélange en un met que mon ombre interne veut me donner à manger. Mais la lumière émanant de toi me dit d'envoyer tout ceci en l'air. Il nous faut prendre des risques. Je veux prendre un risque. Maintenant que je t'ai goutté, comment puis-je imaginer un quotidien où je n'ose plus faire un pas en avant en direction de ce qui appelle la moindre de mes cellules ? ❝ Hé ! ❞ Onomatopée de panique, paume fusionnant avec ta nuque quand ma main la saisit. Quelques secondes s'écoulent au cours desquelles je te prends de cours - et moi avec. Je m'accroche à toi, mon torse tombant contre le tien, mon autre main se posant sur ton épaule. Au moment où tes yeux reposent dans les miens, ton expression de surprise apparaissant, je ferme mes paupières et m'accroche à toi, poussant sur ma main pour m'approcher de tes lèvres et glisser dessus. Le geste se décline dans ma tête alors que tout s'enchaîne, mais je me vois me précipiter sur toi alors même que je t'embrasse déjà. Mes doigts se crispent, se serrent, mon buste gesticule, enflammé par cette foutue fougue dont je ne peux me défaire. Sur tes lunes, le voyage commence. Je sens mon corps quitter la Terre, perdre toute notion d'apesanteur. Il n'y a plus rien d'autre que toi et moi, unis par ce contact qui pourrait durer jusqu'à l'épuisement. Tous mes muscles semblent en fonction, et je me surprends à être aussi proactif, cherchant presque te ranimer. Je m'emballe davantage en sentant tes mains se poser sur moi, étouffant dans ma gorge un gémissement de plaisir qui résonne. Je meurs sur place, entouré par tes bras, perdu dans les flammes d'une passion dont tu es roi. Puis je relâche la pression, prenant une grande bouffée d'air, la faucheuse dans ton dos s'éloignant en se voyant perdre. Apnée douloureuse que je ne regrette pas, les yeux rouverts sur les tiens, le coeur animé en y lisant tout l'intérêt que tu me portes. ❝ Et... Et tu vois dans quel état tu me mets ❞ confesse-je en entrecoupant chaque mot de mon souffle que je reprends. Mon regard se veut curieux, baissant sur tes pectoraux se dessinant avec la transpiration des efforts précédents. Je le remonte vers le tien, presque gêné de t'avoir sexualisé en me perdant sur ta sublime silhouette. Si tu te mettais à me couvrir d'amour, j'accepterais d'être sacrifié ici-même, ma chair donnée en cadeau à ton bec. ❝ Alors reste encore s'il-te-plaît ❞ implore-je presque avec douceur, ❝ et laisse-moi te montrer que je n'utilise pas ma bouche que pour te questionner, Coda... ❞ Élan démoniaque qu'est celui où je réduis à nouveau l'éloignement de nos constellations. ❝ ... Qu'elle va si bien contre la tienne comme elle le fera sur ton corps. ❞ Que m'arrive-t-il de promettre pareille luxure dans un futur proche ? Je n'arrive pas à contenir cette chose en moi appelée par celle en toi, comme deux aimants ingérés qui cherchent à se coller malgré les couches de peau qui les enferment. Le moment est si prenant à m'en donner de la fièvre, me rendant bien plus explicite que d'habitude, que je scelle ma promesse d'un baiser doux. Les yeux se closent à nouveau, les paires de lèvres demeurent posées l'une contre l'autre. Et je peux jurer sentir, entendre ton myocarde s'adonner au même battement que le mien.

La tornade nous emporte sans laisser ne serait-ce qu'un survivant. Sombres ombres décontenancées, affamées de nos doutes, s'écartent par le soleil émanant de notre fougue. Tant de mains crispées, accrochées au corps de l'autre, comme si tout lâcher signifiait s'abandonner loin du bien que l'on frôle. Je réalise à peine les propos qui m'échappent, rougissant alors que tu me renvoies à ce que je viens confesser. La bourde, la honte, j'ai tamponné sur mon profil un timbre d'affront. L'innocence est morte et je ne peux plus m'y confondre. ❝ Oui, tu me plais... ❞ Super mignon ? Super attirant ? J'ai envie de demander si je te plais même si la réponse est là. La façon dont tu me sers, les propos que tu tiens. N'est-ce que luxure ou réel désir ? Est-ce trop tôt pour juger s'il n'est question que de libido sans limite. Pourtant, mon moi sait que la mienne n'est liée qu'à mes émotions, certes éparpillées par le désir mais toujours fidèles à leur soi profond. ❝ Quelque chose me dit que tu es toujours émoustillé... ❞ Encore un sourire timide, un regard doux et animé, le mélange parfait de celui qui montre que dorée n'est pas la prison de notre passion, si ce n'est notre liberté. Je me sens rassuré dans notre étreinte, tes bras m'empêchant de me dégager comme ultime punition méritée. Et de ça, je me réjouis dans la plus grande clarté, incapable de bouger, incapable de le vouloir aussi. Nos torses se décollent, frémissant de frustration de ne pouvoir sentir la peau de l'autre en guise d'écusson. ❝ Allons-y..? ❞ répète-je en question, tentant de comprendre de quoi il retourne. Les bras retombent, déception évidente, mais les doigts gardent emprise contre tempête et fin du monde. Mes oreilles s'endolorissent, l'audition ne percevant pas ce qui suit. Je nous vois simplement avancer, paume contre paume, plus loin entre le parc ; la brise crachée perdant de sa force à mesure que nous entourent les arbres. Instant de romance que mon coeur chérie, idiot s'emballant comme dans les autres récits. Pourtant, je connais l'histoire et surtout, je retiens la fin. Ne suis-je qu'une farce contemplant un mirage ? ❝ Au fait... ❞ Surprise faite, je redresse ma main en mimant de chercher quelque chose, dressant finalement vers toi un doigt d'honneur fraichement levé. ❝ Je te l'avais promis. ❞ Air malicieux, gamin heureux de sa blague, la main serrant la tienne un peu plus. J'ai cette sensation de vivre, revivre même, m'abreuvant d'une eau résurrectrice portant comme nom Coda. ❝ Ça m'est revenu, il fallait que je le fasse ❞ ricane-je bêtement avant de m'adosser à un arbre sans briser notre contact. ❝ Je tiens toujours mes engagements. C'est important pour moi. ❞ Je suis dans l'incapacité de prédire quoi que ce soit tant mon esprit est vidé de tout sens et tout âme. Il n'y a qu'un myocarde tambourinant et des pulsions disparates. Rien n'a de logique si ce n'est ta présence hypnotique. Le calme prend son temps pour s'installer alors que mes yeux ne quittent les tiens, brillants de mil éternités. ❝ Promets-moi d'être toujours honnête avec moi et, si tu ne le peux pas, de me dire simplement que tu ne veux pas en parler... Sur le moment ou jamais. Est-ce que tu peux me promettre ça ? ❞ J'ai l'air surement si fragile à te demander cela, le ton tendre et implorant, le pouce caressant le dos de ta main. Mais j'ai peur au fond, si peur d'avoir mal. À vouloir avancer, je suis tombé sur ta toi et ma direction a pris une toute autre tournure. Tu es un chemin que je veux prendre, explorer, découvrir et bien que possiblement imparfait, il me faut conclure un pacte au risque d'en souffrir. J'espère être à la hauteur, j'espère que tu le seras. Qui sait ce qu'il adviendra au moindre faux pas.