Voie lactée parée de ses plus beaux atouts. En son sein, réside les lumières de l’éternité. Etoiles aux milles éclats. Il pourrait s’en émerveillé. Là, maintenant. A la place, l’ombre est enfermé dans une boite de métal. Entame sa procession vers Greenwich. Aux portes du manoir familial et de sa froideur. En partie, parce que sa mère était encore barrée à une soirée caritative pour son travail. Attraction. L’œil attiré par son espace. Son vide. Avant même qu’il ne le comprenne, l’homme gare sa voiture. Descend pour s’adosser contre la portière. Apprécier le vide d’un vingt-quatre décembre en plein campus. Les billes vertes rivées sur l’étendu désertique, il laisse ses moins onze degrés s’infiltrer sous ses vêtements. Son bonnet. En inspire l’air glacial comme pour faire taire la brulure qui pulse sous son derme. Perdu dans son enfer. Rictus esquissé sur le bord de ses lippes. L’ironie de la situation le fait rire froid. Intérieurement. Lui qui avait longtemps refusé de se faire écraser par le poids des sentiments. Lui le priviligié harvardien au confort financier. Lui, se laissait écraser par une douleur qu’il ne connaissait pas. Ou peut-être avait-il déjà eu l’impression de la ressentir en primaire quand Luzie Davenport avait refusé de lui tenir la main en sortie. Tu divagues Scott. Réalité pathétique d’un mec qui essaie de couvrir ses émotions avec un vieux souvenir pété. Sans intérêt. Incomparable.  Sans doute, est-ce son ironie naturelle qui tente de le sortir de l’obscure. Comme elle le fait à chaque fois. Soupire fantomatique. S’échappe de ses lèvres pour former un nuage grisâtre. Rencontre l’hiver mordant. Morsure quand le froid rencontre le derme nu de sa main. Qu’à ses lèvres, il porte un joint. Savoure le plaisir d’un interdit minuscule au beau milieu de l’élite silencieuse.

VOUTE CÉLESTE
@Scott Guerin & @Esmée Bourgeois

Vingt quatre décembre. Journée où tu deviens le Grinch pendant deux jours. Tu détestes Noël toi, les lumières, cette ambiance familiale et les cadeaux. Tu détestes cette période de l’année qui te rappelle combien tu es seule. Tu n’as personnes dans le fond. Tu le sais et c’est comme une vilaine gifle qui s’écrase sur ta joue. Exaspération. Tout ça n’est qu’artifice, ces familles qui ne peuvent pas se voir joueront les hypocrites toute la soirée. Toi, tu as décidé d’aller à Harvard, tu utilises les ordinateurs de la bibliothèque puisque t’as même pas d’argent pour t’en payer un. Tu fais pitié Esmée. Tu veux juste te divertir la, juste oublier que c’est le Réveillon de Noël. Sans doute que tu vas boire toute la nuit. Ou juste bouffer devant un film d’action. T’as pas encore décidé ce que tu allais faire enfaite. Tu es juste grincheuse et super grognon. T’as pas envie qu’on te parle de Noël ça pourrait te faire exploser. Alors c’est la solitude que tu cherches quand tu marches vers l’entrée. Seulement t’es pas seule et ça te surprend. Tu vois un type et l’odeur de sa clope arrive jusqu’à toi. — " C’est aussi efficace qu’on le dit ? " que tu lâches en faisant allusion au joint sur lequel il est entrain de tirer.

Résonne la voix. Sa douceur se répercute contre la voute céleste. Amplifiée, car seule au monde. Là dans ce silence cotonneux. Dans sa direction, il tourne le regard. Découvre une jeune femme. « Sans plus. » Pour décontracter les nerfs. Soulager les tensions, mais mentalement, ça n’avait aucun effet sur lui. A moins, que la douleur soit – cette fois- trop forte. Tirant une nouvelle latte, il donne un léger coup de tête en direction du sac qu’elle tient. « T’fais des heures sup pour noël ? » Qui pouvait bien bosser un jour de réveillon ? Qui plus est, s’enfermer dans les bâtiments austères de l’université. Eux qui paraissent à présent si cruellement vide. Morbide. Il pourrait presqu’entendre les sons résiduels des étudiants, rebondir contre les murs. Martyrisé l’ouïe des solitaires.

VOUTE CÉLESTE  
@Scott Guerin & @Esmée Bourgeois  

 

Décevant. Pendant une fraction de seconde, t’as cru que ça t’aiderait à faire passer cette soirée. Tant pis, tu vas continuer à ruminer en détestant la terre entière ça tu maitrises. Faut croire que t’aurais préféré pouvoir aussi bosser ce soir ça t’aurait fait penser à autre chose. Ton repas de ce soir dans la main, ça semble attirer son attention. — " Ouais, j’ai rien d’autres à faire t’façon. " que tu lâches en haussant les épaules, te risquant à entrer dans espace vital. Soudain, tu te demandes ce que lui peut bien faire ici. Toi, tu viens squatter la wifi et les ordis, mais lui ? — " C’est quoi ton excuse à toi pour être ici. "

Solitaire pour les fêtes. Harvard abrite l’élite, mais elle abrite surtout des enfants en manque d’affection ou qui n’ont pas grandi avec une famille démonstrative. Avec le temps, la sienne –pourtant si grande- avait allié le travail à la vie familial. « Pas d’famille à voir ? » Recrache la fumée de ses lèvres, alors que la question d’avant lui est retournée. « J’fais un arrêt, avant d’partir. »De s’enfermer dans la tranquillité du manoir familial. Lui qui est surement trop chargé d’œuvre d’art et qui sera surement étouffant.

VOUTE CÉLESTE
@Scott Guerin & @Esmée Bourgeois

C’est ton anniversaire Esmée, le réveillon de Noël. Tu détestes ce jour plus que tout parce que c’est la double peine pour toi. T’es juste seule et là ça te prends juste la tête. Tu dois pourtant faire face à ce gars qui a choisi de ce pointer et de taper là où ça fait mal avec sa question. — " Pas d’famille tout court. " Alors il fait simplement un arrêt avant de partir faire comme tout à chacun. Passer les fêtes de Noël avec sa famille. Ça te déçoit t’as presque cru que tu ne serais pas là seule ce soir à être seule. Tu lèves les yeux au ciel en soupirant. — " J’vois, bah perd pas trop ton temps ici alors. "