Avoir des bonnes résolutions, tenir une liste, s’y accrocher, c’est un principe qu’Haiwee n’a jamais eu, ou même connu. Chez elle, une nouvelle année est synonyme de renouveau, de renaissance et d’éveil de la Terre, mais plus encore, c’est en juin qu’elle débute et non en janvier. Le temps rythmé par les solstices d’été ou bien d’hiver. Mais parce qu’elle se fond de plus en plus dans cette société devenue la sienne, elle a décidé, de commencer celle de deux milles vingt-trois, en reprenant les entrainements qu’elle avait commencé avec Hanzo il y a de ça déjà plusieurs mois, qu’elle avait tenté de prolonger d’ailleurs avec Blanca. Une discipline qu’à la faveur d’autres, elle a délaissé, mais ce n’est pas le genre de la Haiwee, d’abandonner.

Alors à la fin du mois de décembre elle a repris contact avec lui, craignant de venir l’embêter dans sa vie. Mais parce que c’est positivement qu’il lui a répondu, elle a laissé passer les fêtes, son escapade en compagnie de Sheng vers les monts enneigés, le réveillon de la Saint Sylvestre et puis la rentrée. Des instants si vites passés, elle n’a même pas eu réellement le temps de le réaliser. Puis elle lui a, à nouveau, proposé de recommencer, de reprendre les choses où ils les avaient laissées.

Et parce qu’il a répondu encore une fois par la positive à son appel, elle est maintenant assise sur un banc, dans la salle de boxe, à l’attendre, docilement. Ses prunelles jonglant entre les différentes qui s’activent présentement. Certes, il n’y a pas grand monde, mais c’est assez, pour qu’elle invente plusieurs scénarios à propos de leurs existences… Haiwee ce n’est pas en regardant un écran qu’elle aime patienter, non, c’est la vie qu’elle a toujours préféré contempler. Par la moindre des réactions humaines, fascinée. Et ramenant l’une de ses jambes contre elle, elle agrippe son genou sur lequel son menton va se poser. Ne doutant pas une seconde qu’il va bientôt arriver, convaincue que le lieutenant n'est pas de ceux qui ne tiennent pas une parole donnée.

Dans un battement répétitif de ses doigts contre son genou replié, elle marque la mesure d’une mélodie inconnue qu’elle s’évertue à continuer. Le rythme n’est absolument pas soutenu, il part dans tous les sens, comme les fils de ses pensées, entrecroisées. Elle se perd dans sa contemplation de l’endroit, balade ses prunelles, ici et là. Elle s’essaie à balayer le passé, à se concentrer sur l’avenir, allant même jusqu’à songer à cet été, rêveuse sur les destinations qui, à l’occasion du Summer camp, leur seront proposé. Tout, à dire vrai, pour éviter de se remémorer le pourquoi, elle est là. Bien sûr, c’est pour s’entraîner au combat, mais il y a des maux plus profonds, n’est-ce pas ? Sa blessure, le Sidh, et Dutch qui n’est plus là… Le manque qui se creuse, qui s’impose, et le fait de ne plus pouvoir lui parler. Elle ne peut s’empêcher de les imaginer, lui et Joey, comme des criminels, passionnels, échappés d’un film qui ne saurait être plus vrai. Un couple en cavale sur une plage esseulé, un tableau qui leur va si bien et qui lui plaît. « Et l'échauffement ? » La voix connue la ramène à la réalité, en un sursaut, elle relève son minois en direction du seul et unique Hanzo Yoshikawa.

Un sourire pincé se glisse sur le carmin des lèvres amérindiennes, muette de prime abord, elle jauge l’homme qui se tient face à elle. Comme si elle avait besoin de quelques secondes afin de se remémorer les traits de son visage, sa silhouette ou encore le langage corporel qu’il peut utiliser, alors qu’elle n’est pas du style à oublier. « L’échauffement… » elle répète et reprend, l'échauffement qu’elle n’a absolument pas commencé, a assumé sa préférence à rester assise, à rêvasser, « je suis polie, » et bien éduquée, elle respecte ses aînés, elle précise, amusée, dans l’espoir de se sauver, « je vous attendais. » Après tout, c’est à deux qu’ils ont prévu de s’entraîner.

Sur son visage, il persiste, son sourire légèrement espiègle. Appréciant l’idée de se permettre durant quelques secondes de taquiner son aîné. C’est probablement sa manière à elle de lui souffler qu’elle est contente de le retrouver. Malgré les mois passés, elle est comme ça, Haiwee, elle ne laisse pas s’amoindrir ses ressentis, ce qu’elle peut éprouver, et c’est d’autant plus le cas, lorsque la personne se trouvant face à elle, elle l’apprécie. « Je vois ça. » L’expression sérieuse qui détonne devant celle de l’étudiante rieuse. « On se ménage. » Pas tout à fait, bien qu’il détende ses traits, en une grimace, l’amérindienne en a des envies de se justifier. Usant d’une faible crainte d’être ridicule à souhait. Elle qui reste une novice à ce sujet.

D’un mouvement bref du visage, il lui indique le tapis sur lequel ils vont s’entraîner, de fait, la brune se relève, positionnée du côté droit du lieutenant, elle écoute sa proposition en opinant. « Et si tu me montrais ce que tu as retenu de l’année dernière ? » Elle lie spontanément les mots à son geste, articulant ; « Pourquoi pas. » feignant une assurance qu’elle ne possède pas vraiment. Les souvenirs sont lointains, de plus, avec Blanca, lorsqu’elles venaient ici s’entraîner, elle est plutôt convaincue que ce sont des mauvaises habitudes qu’elle a gagnées. « Alors ? » Son regard sur lui relevé, « Quoi de neuf depuis…. Septembre ? » son esprit était déjà en train de fouiller dans ses souvenirs afin de ne pas trop se ridiculiser, elle reste une voir deux secondes interdites à devoir réaliser la teneur de ce qu’il vient de lui demander.

Depuis septembre dernier… Sa vie a-t-elle vraiment changée ? Elle passe les étapes en revue rapidement afin de lui répondre, comme de coutume, le plus honnêtement, « J’ai changé de cursus, à l’université, » elle n’est pas sûre que cela puisse réellement l’intéresser, « ça se passe plutôt bien, » d’ailleurs, elle a réussi ses examens, mais là encore, si ça le captive, elle l’ignore, « j’ai déménagé, ça me change de ne plus être en colocation, » même si elle vit aussi à la Adams, c’est différent dans la maison de ce grand frère sans lequel Hanzo, elle n’aurait jamais rencontré, blessée pour cause de ses affinités, « enfin, rien de bien… » transcendant, un quotidien dépeint comme désolant, quand elle s’illumine finalement, « Oh, j’ai voyagé pour une campagne de publicité. » Souriante qui s’en veut de faire ne serait-ce qu’un peu, preuve de vanité, alors elle se reprend, « Bref voilà. » Elle souffre d’incontinence verbale quand elle stresse, n’est-ce pas ?

Mais les voici en place sur le tapis, du coup elle secoue le visage avant de se positionner. Un pied un tantinet en arrière quand l’autre se place naturellement en avant. Ses paumes s’élèvent au niveau de son visage, en une position de garde approximative, si bien qu’elle tente de se dédouaner, directement, « Sois indulgent. »  

Etrangement, elle éprouve une pointe de regret dû à cette impression de s’être vantée de cette publicité. Alors qu’elle désirait simplement démontrer que son quotidien n’est pas monochrome ou encore monotone. « Moi qui ne regarde pas souvent la télé, » raison de plus qui prouve combien, dans sa bouche, sa langue, elle aurait préféré la tourner. Faute de regret, durant quelques secondes, elle est gênée, se taire parfois c’est la solution avisée, surtout en présence d’une relation composée de particularités. Ce qui les lie, ce n’est encore qu’au stade de croquis, presque mentor et pas tout à fait ami, « je vais peut-être m’y mettre, » lorsqu’il termine sa pensée sur cette idée-là, l’amérindienne se promet d’y remédier. Non pas au fait qu’il se mette à écumer les programmes télé, cette prétention, jamais elle ne l’aurait. Mais bel et bien à celui de le voir prendre une véritable place dans sa vie. Retirer le presque, le pas tout à fait, ne garder que l’ami. C’est sincèrement, qu’elle lui sourit.

Expression qui s’efface lorsqu’elle se retrouve en garde, face à lui. Qu’elle use, malgré elle, de son côté angélique pour l’amadouer, lui soupire de ne pas trop la brusquer. « Repousse-moi. » Comme si c’était aussi simple que cela. Elle inspire longuement, tandis qu’elle examine ses mouvements. Pour accepter l’exercice, elle hoche légèrement le visage. Elle observe ses pieds se mouvoir, avancer vers elle, avec volonté de la perturber comme espoir. Taciturne et instinctive, elle s’essaie à deviner les prochains gestes qu’il va effectuer, de quelles façons il va bien pouvoir tenter de l’attaquer. La Haiwee nest pas violente, mais elle se remémore ce qu’il a pu lui dicter il y a un an ainsi que des restes de son enfance. Les conseils qu’une fille de chef reçoit pour sa propre défense. Et quand il tend à aller sur le côté, elle fait de même, d’un pas bien ancré. Déterminée, elle positionne ses bras, espère le contrer armée d’une assurance en laquelle elle n’a pas réellement foi.